Made of Iron ♦ Caïn [Done]

Caïn c’est le gouffre.
Caïn c’est le hurlement dans la nuit, le déchaînement d’émotion, l’amertume du citron mélangé à un goût de cendre.
Caïn c’est la méprise. La méprise dure, celle qui frappe, celle qui tire les larmes. Celle qui arrache de gros sanglot alors que le cœur tombe en morceau et que la fierté se déverse par la peau lacérée de ses remarques acerbes
Caïn c’est la menace froide d’un homme en colère. C’est l’ombre qui plane au-dessus comme une épée de Damoclès. C’est les émotions primitives, exacerbés en une pointe de lance parfaitement aiguisée. Il frappe, il assène, il domine. Il manipule
Caïn c’est l’homme du contrôle. L’homme qui anticipe, qui contrôle, qui a toujours trois coup d’avance. C’est celui qui mesure, qui calcule derrière un masque de fausse empathie. C’est l’acteur, le comédien qui se pavane sur la scène une heure durant. C’est celui qui domine. Ses relations, les autres, son monde. C’est une main de fer sans gant de velours. C’est un chat, un félin terrible, qui joue encore et encore avec ses proies, qui en extrait tout ce dont il pourrait avoir besoin.
Caïn c’est l’absence de cœur, l’absence d’amour. C’est la haine en excès et une colère grandissante. C’est le joueur d’échec, le manipulateur de mot.
Caïn c’est le leader par excellence. C’est un charisme suintant par ses pores, lourd, voire presque écrasant. C’est la voix posée, douce, qui rassure. C’est le démagogue.
C’est la froideur logique d’un homme qui sait, qui comprend, qui apprend seulement par profit.
Caïn c’est le travailleur et l’ambitieux réunit en un seul être. Etre le meilleur, partout en tout, en une éreintante course éternelle vers la victoire.
Caïn c’est le désespoir et la solitude, le handicapé social qui ne sait plus vivre en communauté mais seulement jouer un rôle auquel il est accro. C’est le gamin perdu au milieu des grands, c’est le petit bout qui pleure dans son coin puis qui se reprend.
Caïn c’est aussi le romantique, qui croit au grand amour, comme si un bout de son enfance perdurait dans l’âme fragilisée du jeune homme.
Caïn c’est l’épuisement, le vieillard arrivé au bout de sa course. C’est l’être faussement lasse qui ne croit plus en rien parce qu’on a jamais su lui apprendre.

Shrewbury. Un nom. Un simple nom qui ne devait pas sonner aux oreilles des sorciers. Ne devrait pas. Mais ça, c'était il y a 200 ans.

Shrewbury. C'est le pouvoir. La marque de l'appartenance à deux mondes. Celui des sorciers, abhorré, haï jusqu'à la moelle mais pourtant si respecté. Si impressionnant. Celui des Moldus. L'amour. La paix. L'argent. La reconnaissance.

Shrewbury. C'est l'histoire d'une famille à deux facettes, le déchirement entre l'obscurité et la lumière. C'est l'affrontement de deux espèces. C'est la magie face à la technologie. L’anonymat face à la célébrité. Le commerce face à la politique.

Shrewbury. C'était le pouvoir. Un pouvoir qui devait devenir absolu. Pour corrompre absolument.

Le nom Shrewbury court les rues de Londres depuis des siècles. Ils sont une race puissante, hors du commun. Richesses, savoir, pouvoir, ils regroupent tout ce que l'homme peut aduler. Tout ce que l'homme peut craindre. À la tête de nombreux commerces, à la tête de nombreuses magouilles, on chuchotait même qu'ils étaient l'arme secrète de la Reine. Mais Dieu leur a donné un pouvoir en plus. Un pouvoir prenant la forme d'un nouveau-né. Un homme, fils d'Abel de Shrewbury. Alistair. Et ce-nouveau-né était le premier d'une longue descendance de Sorciers.
Caïn lui, c’est la descendance de ces femmes et hommes sorciers. Il est la dernière pierre d’un temple bâtit à leur gloire, à leur ascension. Fils d’un homme sorcier et d’une femme Moldue (il en a toujours été ainsi et ça depuis des générations), c’est un soir d’automne qu’il fut appelé à ouvrir les yeux. Fils aîné de la branche principale de la famille, Caïn était destiné à un avenir radieux aux yeux des autres. Un destin monstrueux à ceux qui connaissaient le revers de la médaille. Il était le prisonnier d’un combat dont il ne serait qu’un pion. Comme tous ceux avant lui, il avait pour mission de continuer à graver le nom des Shrewbury dans la mémoire de tous les sorciers. Et au fer rouge si possible, de sorte que personne ne puisse les oublier. De sorte qu’ils gravent l’histoire à jamais.
Alors Caïn, grandit d’abord dans l’innocence de la petite enfance. Jusqu’à ses cinq ans, ce ne fut que jeu, apprentissage, léger et délicieux. Ce ne fut que rire, bonbons et mille délices. C’était uniquement l’amour et la tendresse. Mais dans le ciel radieux qu’était sa vie, il fallait que des nuages apparaissent et noircissent l’horizon.
Caïn devait apprendre. Apprendre ce que c’était d’être un homme. Apprendre ce que devait faire et comment devait-il agir en héritier. On aurait pu penser qu’il détesta cela. Qu’il avait l’impression de voir sa vie brisée par le poids des chaînes que lui imposait son nom. Mais Caïn était fait pour ce rôle. Comme déjà préconçu dans l’esprit de ses parents. Il était parfait. Ce rôle, qu’il devait et devrait jouer à chaque seconde de son existence sociale, il l’enfilait à la perfection, épousant chacune des courbes comme si elles avaient toujours été siennes. Il fallait qu’il parle trois langues et qu’il connaisse le monde sorcier sur le bout des doigts. Il fallait qu’il soit doué autant en sport que dans les jeux de réflexion. Il fallait que son vocabulaire s’élargisse encore et encore au fil des jours.
Parce que bientôt, la lettre allait arriver et Caïn devait être prêt. Prêt à dévoiler à nouveau la puissance des Shrewbury et à la répandre dans les couloirs de Poudlard comme bon nombre de ses ancêtres avant lui. Il devait conquérir la nouvelle génération et se faire des alliés. Il ne devait échouer sous aucun prétexte. Et même si cela finirait par le tuer avant l’heure, le petit être était déjà accro à cette pression. Au défi qu’on lui imposait.

Et quand la lettre arriva, Caïn était au comble de la joie.