remembering the good times ★ ruben

Cheveux attachés en un chignon laché, plusieurs mèches égarées tombent sur tes épaules. À moitié en pyjama, les genoux ramenés sous toi, un coude posé sur le bord du canapé. Lunettes rondes sur ton nez, tasse de thé brulante en équilibre sur l'accoudoir, dragon endormi sur ta tête. Tu profites d'un rare moment de calme et de solitude dans la salle commune de gryffondor, qui pourtant déborde bien souvent d'activités même après minuit. Mais il est onze heures, et il n'y a personne. Un véritable miracle. Débardeur au nom de l'équipe de hockey de ta sœur, legging couleur chocolat, chaussettes en laine et couverture moelleuse jetée sur tes épaules. Dieu c'que t'es bien installée. Éclairée seulement par la lueur de la cheminée et quelques bougies, tu lis d'un air passionné un livre sur l'astronomie. Ensorcelées, les illustrations du ciel bougent, les constellations s'animent. Orion le Chasseur se bat avec le Taureau, aidé de ses deux chiens. Le lion de Némée rugit quand tu tournes sa page. Aquarius te regarde avec dédain et détourne le regard quand tu passes au chapitre suivant. Tu observes souvent ce genre de bouquins, quand le ciel est couvert comme ce soir. Oreilles apaisées par le crépitement des flammes, les ronflements d'Edgar et les battements des gouttes aux fenêtres. Posant ton livre, prenant ta tasse à deux mains, tu observes l'eau ruisselante comme un torrent vertical. À ce moment-là tu ne peux être plus reconnaissante d'avoir un toit. L'odeur épicée de la cannelle, la cardamome et des clous de girofle achève d'apaiser ton esprit et tu te dis que tu pourrais presque dormir là cette nuit, dans la salle commune tellement tu y es bien. Et dans ce faux silence, un bruit de frottement de tissus et de pas étouffés sur le sol. Tu tournes la tête vers le nouvel arrivant, histoire de savoir au moins qui vient déranger la douce tranquillité de la salle plongée dans la pénombre. Tu ne discernes même pas encore son visage que tu sais que c'est lui, car tu reconnaitrais sa carrure au milieu d'une foule tellement tu le connais par cœur. ▬ Bonsoir toi. Sourire chaleureux. Tu es toujours contente de le voir.

Il reste un instant planté là, droit comme un piquet, avant de revenir à lui. Il s'installe à côté de toi mais... il n'a pas tout à fait l'air en forme. Ta main vient ébouriffer ses cheveux humides. ▬ Bah alors, t'es pas dans ton assiette mon Ruru? Tu le taquines, bien sûr. ▬ Il fait toujours bon dans la salle commune, surtout avec un temps comme ça dehors. Ton attention se reporte sur ton bouquin, attirée par la constellation du Centaure qui tape du pied, tu reprends ta lecture. Edgar se réveille et se met à renifler très fort autour de lui en voyant que quelqu'un t'a rejoins. Il quitte le confort de ton chignon rose pour venir sentir Ruben de plus près. Peu sociable, il semble pourtant qu'il ait toujours toléré la présence de ton ex. Du moins, il ne lui a jamais cramé le nez, et c'est déjà quelque chose. Tu relis avec attention un passage sur l'histoire des centaures quand la main du Gryffondor trouve quelques mèche de ta chevelure. Tu ne réagis pas, comme si de rien n'était, comme si c'était encore normal. Même si c'est plutôt... étrange, et que ça te rappelle des souvenirs. Le minuscule dragon noir, lui, laisse échapper un filet de fumée dans une toux vexée devant ce spectacle, avant de s'enfuir vers les dortoirs des filles à tire d'ailes. ▬ Oh, je crois qu'tu viens de faire un jaloux. Rire amusé. Tu tournes la tête pour le regarder dans les yeux. ▬ Évidemment, me voilà déconcentrée par tant de grandeur, impossible de détourner mon regard de toi. Tu ris de plus belle et refermes ton livre pour le poser délicatement sur la table et reprendre ta tasse.

Il est vrai que tu l'avais aimé comme personne avant lui, au point de ne plus savoir penser droit quand il était dans les parages pendant quelques temps. Ses manières de grand prince protecteur t'avaient beaucoup énervée au début de votre relation. Parfois c'est vrai, tu te sens stupide en pensant à ton attitude de connasse avec lui, parce que c'est complètement con quand on y pense. Et faut pas se mentir, il t'arrive de regretter ses baisers et ses étreintes emplis d'une douceur naïve. Quand tu te sens mal, quand tu n'arrives pas à dormir, tu voudrais encore pouvoir tout oublier dans ses bras. Parce qu'il avait ça de magique. Il a toujours eu ce petit quelque chose que tu n'arrives pas à comprendre et que tu ne retrouves chez personne d'autre. Ce petit quelque chose qui fait que c'est souvent à lui que tu penses quand tu es triste. Ruben c'est un peu le mec qui a réussi à t'adoucir le cœur, à te faire comprendre qu'il y a plusieurs façon d'aimer, même si tu n'arrives pas forcément à les appliquer.

Tu écoutes ce qu'il dit sans rien dire, intriguée par son attitude inhabituelle. Un petit silence plane, la tasse au bord des lèvres, ton regard passant et repassant sur ses traits fatigués, son visage que tu connais par cœur. La chanson incessante de la pluie fouettant les vitres installe une ambiance étrange, qui te rend presque nostalgique. Quand à Ruben, tu te rends compte que tu l'as rarement vu comme ça. ▬ C'est vrai que t'as l'air un peu tristoune, ça va pas en ce moment? Un petit air de malice flotte dans ta voix, tu es bien curieuse de savoir ce qui peut le tracasser, et pourquoi il a caché si vite son livre. T'as pas eu le temps d'en voir le titre mais tu sais bien qu'il n'est pas spécialement du genre à se poser tous les soirs avec son bouquin. Du coup, t'as fais style de rien voir, pour pas le brusquer. Tu te décales un petit peu pour te rapprocher de lui et prend une gorgée de thé, fixant la cheminée et ses flammes vacillantes avant de lui jeter un regard en biais. ▬ Aller, dis-moi tout. Parce que Céline Dion quoi, alerte! Il manquerait plus que tu manges un plein pot de glace et on s'rait bon.

Aller, il essaye. Sois patiente avec lui Elenore. ▬ Mais si t'as le droit va. Dommage que j'en ai pas sous la main, ça t'aurait ptet rendu moins bougon. Patiente on a dit. Tu hoches doucement la tête en réponse précoce mais tu n'arrives pas à te retenir de pouffer de rire en le voyant renverser du thé partout, heureusement que t'étais pas entrain de boire parce que sinon, bonjour la catastrophe. Tu prends un ton léger et lèves les yeux au ciel. ▬ Aller arrête de râler et détends-toi un peu, je sais que t'es pas toujours énervé. Et j'te supportais pas tout le temps. Puis comment toi t'as fais pour me supporter moi? J'suis pas un cadeau. Tu lui donne un petit coup de pied taquin dans le genoux, toujours le sourire aux lèvres. Ce que tu aimes l'embêter.

En quelques gorgées, tu vides enfin ta tasse et la poses sur la table basse avant de profiter du silence de Ruben pour t'étirer et t'installer autrement sur le canapé. Tu balances tes jambes par dessus l'accoudoir et te laisses glisser en arrière pour t'allonger et poser la tête sur les jambes de ton ex. Alors que lui se redresse un peu pour parler, comme traversé par un éclair de génie, tu écoutes calmement ce qu'il dit, sans réussir pourtant à cacher un petit rictus amusé. ▬ Ce que j'en pense? Moi? Tu le regardes droit dans les yeux, les sourcils froncés. ▬ J'en pense que je crois que je le connais, ton pote. Il serait pas capitaine de l'équipe de Quidditch par hasard? Et je crois qu'il me sous-estime un peu. Tu fais monter ta main le long de son torse en faisant marcher l'index et le majeur comme deux jambes, espiègle. Puis tu poses doucement la paume sur son épaule et reprend un air plus sérieux. ▬ Et je pense qu'il ne devrait peut-être pas faire de conneries. Enfin... moi à sa place j'aurais déjà tout gâché, alors il est fort, ton pote. Mes conseils amoureux ne valent peut-être pas grand chose mais tu- il aurait bien plus mal au cœur si elle le détestait. Tu redescends la main et fait semblant de te nettoyer les ongles. ▬ De toute façon Ruben, tu fais déjà bien assez de bêtises comme ça tu crois pas? Et puis l'amour c'est... Tu croises les bras et tournes la tête pour fixer le feu calme et crépitant. ▬ C'est très compliqué, mais ça passe tout seul au bout d'un moment. Parfois ça reste en arrière plan. Ou bien ça revient seulement pour quelques heures. Mais ça il ne faut pas lui dire.

Il se laisse tomber en arrière, épouse mollement la forme du vieux canapé. Tu l'observes en silence, et l'écoutes vider son sac. Parfois tu laisses échapper un petit rire discret ou bien tu hoches la tête sans l'interrompre. Tu trouves ça con, quand même, qu'il ne pense pas un peu plus à lui plutôt qu'à l'avis des autres. ▬ T'sais, c'est pas si important ce qu'ils pensent de toi les gens. Ça ne devrait pas t'empêcher d'être toi-même. Ce qui est important c'est le respect des personnes qui comptent pour toi, c'est tout. J'suis sûre que Fenry te considère comme un ami. Et même si c'est pas ce que tu veux... bah c'est déjà bien, tu peux toujours lui parler, non? Est-ce que c'est vraiment ce qu'il veut entendre? Et est-ce que tu es vraiment la meilleure pour parler de ça? Trop tard. Tu ne réfléchis pas trop avant de balancer ce genre de trucs. En vrai tu voudrais juste l'aider à retrouver la bonne humeur, mais t'es pas bien sûre de savoir de quelle façon tu devrais t'y prendre. Tu fais mine de chuchoter, comme si on pouvait t'entendre ailleurs que dans cette salle commune vide, tout en lui faisant un clin d’œil. ▬ Et puis moi je trouve que t'es le meilleur capitaine de Poudlard, de toute façon. Tu termines en lui pokant une de ses joues gonflées. T'as toujours trop envie de l'emmerder quand tu le croises.

Ce qu'il te raconte ensuite sur ses envies de quitter Poudlard et la vie de sorcier le plus rapidement possible te fait froncer les sourcils et lever les yeux au ciel. Le ton de ta voix se raffermi un peu, mais t'y peux rien, tu croirais être assise avec Cassiopée sur ce putain de canapé. ▬ Pour Poudlard, j'suis d'accord, j’attends qu'une chose c'est que ça se termine. Mais tu sais à qui tu me fais penser là? On dirait ma sœur. Elle est pas jalouse de pas être une sorcière, mais dès qu'il lui arrive des trucs chiants elle me dit qu'elle préférerait venir vivre avec moi dans le monde magique. Mais vous êtes tous les deux complètement stupides, elle est super douée en hockey, elle est même capitaine, comme toi, et elle serait en dépression au bout d'une semaine si elle devait partir de New York. Toi c'est pareil, t'as du talent au Quidditch, et tu sais faire plein d'autres choses que voler sur un balais, c'est juste que t'ouvres pas tes yeux pour le voir, gros balourd. Et crois-moi que sans ta magie, je suis sûre que t'irais pas bien loin, c'est pas facile d'être no-maj. Tu gardes les sourcils froncés encore un moment, t'espères que le message est passé. Tu peux pas le laisser se rabaisser comme ça, c'est juste pas possible. Et puis tu regagnes le sourire. C'est sûr que pour le coup, il te fait vraiment penser à ta jumelle. ▬ T'inquiète pas va, j'dirais rien à personne, tu le sais bien. Tu tournes la tête pour regarder un instant le feu s'éteindre lentement, à la fois agacée et amusée par ton abruti de Ruben adoré.

Et puis, c'est lui qui vient t'embêter. Ta ripostes ne se fait pas attendre. ▬ AAAH non arrête tu m'chatouilles!! Tu secoues les jambes dans tous les sens et repousses sauvagement son attaque avec tes bras. Enfin, son attaque. Disons que pour toi qui est très sensible aux gilis, s'en était une. Tu replaces tes cheveux et te réinstalles confortablement en gigotant à droite à gauche sur le canapé, sans pour autant changer de position. Et puis tu t’esclaffes. ▬ Toi? Me manquer? Pfff naaaan t'étais trop collant! Tu lui donnes un faible coup de coude dans les côtes pour le taquiner, avant de reprendre en plissant les yeux. ▬ Enfin... Tu prends un air pensif, la main calée sur le menton et le rire déjà présent dans ta voix quand tu continues. ▬ J'aimais bien quand j'avais froid et que tu me serrais tout fort dans tes bras pour me réchauffer, comme quand on allait dehors où que je sortais de la douche. Ça c'était bien. Tu lui lances un petit sourire nostalgique en y repensant. C'est vrai que c'était un peu sa spécialité, le truc qui te faisait tout le temps craquer même si t'osais pas toujours le dire. La façon qu'il avait de te prendre dans ses bras pour dormir est bien la première raison pour laquelle tu n'as pas beaucoup dormi dans ton dortoir pendant que vous étiez ensembles. Tu croises les bras sur ta poitrine. ▬ C'est à cause de toi en fait si j'aime encore plus les câlins qu'avant maintenant. Le bruit de la pluie tambourinant aux fenêtres t'enfonce un peu plus dans ces souvenirs chaleureux.