This is not a dream // ft Nath

ft. Nath

You can't wake up, this is not a dream

Je ne supportais plus les regards qui me suivaient tout au long de la journée. Je leur préfère presque ceux qu'on m'adressait avant, quand je venais d'arriver, avec une pointe de haine et beaucoup de mépris, ceux qu'on lance à une personne qui ne mérite pas d'être ici, qui dérange par sa présence. Au moins, il me faisait rire, un peu cynique, et j'avais toute la largeur de mes épaules, ajoutée à celle de ma colère, pour faire miroir à leur haine. Mais maintenant que je ne suis plus que la moitié de moi même, une expérience sur patte, qu'on attend certainement de voir crever la gueule ouverte, j'ai le droit à la pitié dans leurs yeux, et pour ceux qui doutent encore, les regards lourds d'indiscrétion sur mes bras, à la recherche du tatouage, le fameux tatouage, celui qu'on a gravé dans la peau de toutes les expériences, comme du bétail. Et comme mon cou, je l'ai caché ce maudit tatouage, enroulé dans des bandages bien serrés, comme si, quand je les enlèverais, il aura disparu.
Et tout ça, je ne le supportais plus.
J'en avais marre.
J'aurais voulu m'en aller, mais ce n'était pas possible. La nuit je ne dors plus, j'ai peur de fermer les yeux et redevenir un cobaye, j'ai peur qu'on me touche encore, qu'on modifie mon corps, qu'on me déshumanise derrière cette marque sur mon poignet. Je fuis les foules, je longe les murs, je pleure quand je me sais seule. Et je fume, je fume jusqu'à ce que je ne puisse plus percevoir cette réalité, me déconnecter de toute cette douleur. Comme si la fumée s'échappait de mon corps pour créer une carapace protectrice, tout autour de moi. qui m'empêche de voir ces regards de pitié.

J'erre, dans le château. Je me sens comme un fantôme, ou un zombie en décomposition, je ne sais pas ce qui est le plus approprié. Je m'en fous. L'après midi va bientôt taper une bise au début du soir, quand le soleil se couche et que la foule se dirige vers la grande salle pour manger. Et moi je m'enfonce dans les tréfonds du château, pas pour rejoindre les cuisines non. J'ai pris la désagréable habitude de vomir les trois quarts de ce que je mange.

Sous mes pas crissent les dalles usées du château, dans un rythme sinistre qui pourrait faire une chouette instru pour un freestyle d'emo rap. J'ai les idées vides le regard flou, et pas un seul mot qui sort de mes entrailles pour aller avec tout ça. Juste un sentiment d'abandon, qui me pince le coeur et me fait avancer, pas encore titubante mais comme sur des nuages gris, qui tonnent et crachent la foudre. Suivant le mouvement d'un groupe de filles, qui se taisent quand elles me reconnaissent, je passe la porte du dortoir des jaunes. Et je suis accueillie par la chaleur de la pièce, cette ambiance apaisante dans laquelle évoluent la plupart de ceux avec qui je m'entends bien dans cette école. Arya, Sloan, Nath. Mais aussi Ellia, qui veut ma mort, à presque jusque titre. Mais je ne suis pas venue voir mes ennemis ou mes amis.
Je suis venue chercher du réconfort.
Et plantée dans un coin de la salle commune, je cherche Nath des yeux, les baissant à la vitesse de la lumière quand ils venaient à croiser ceux d'un autre élève.