we are such stuff, as dream are made on ♛ Edwyn (fini)

Il haussa un sourcil, faisant mine d'examiner les yeux de sa comparse un moment et sembla soudainement se rappeler quelque chose.

Mais attend... J'étais dans ce club avant toi, c'est peut-être toi qui es venue pour mes beaux yeux.

Oui, ce devait être ça. Elle s'était sentie envoutée par l'aspect méphistophélique de ses prunelles hétérochromes. Prunelles qui brillèrent d'un éclat renouvelé lorsqu'elle mentionna la perspective d'aventures épiques pour le mois à venir.

Il aimait assez ces "jeux de rôle" auxquels elle les faisait jouer périodiquement, lui et quelques autres. Les éléments combinés du théâtre d'impro, de la création d'histoire, de défis à résoudre et de chance lui plaisaient bien. Et il avait conçut un personnage plutôt fantastique. C'était amusant et détendant et, d'une certaine manière, cela laissait deviner les mondes qui se bousculaient dans la tête de la Poufsouffle. Même si sa chance aux dés fluctuait étrangement. Comme si ceux-ci conspiraient pour mettre son personnage dans des situations abracadabrantes et se décidaient à faire des scores dignes de ce nom uniquement lorsqu'il tentait de s'en sortir. Mais ça faisait des histoires assez palpitantes, il fallait l'avouer.

Pas trop durs quand même, ce serait dommage de faire pleurer ces beaux yeux qui te fascinent tant.

En toute honnêteté, il aurait été bien incapable de savoir si ses yeux étaient beaux ou non, mais l'occasion de la taquiner un peu était bien trop belle et l'ambiance propice à la légèreté.

En tout cas, j'ai hâte de voir ce que tu nous auras concocté. C'est une des choses qui m'a manqué l'année dernière.

Il lui était souvent arrivé de se demander comment le reste de leur petit groupe s'en sortait. Parfois à des moments tout à fait inappropriés. Comme cette fois, où il avait failli se faire bouffer par un alligator et que ça lui avait fait penser à l'une de leurs précédentes aventures... Il faudrait vraiment qu'il travaille sur ce qui concernait la concentration et la discipline, maintenant qu'il y songeait.

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Mais attend... J'étais dans ce club avant toi, c'est peut-être toi qui es venue pour mes beaux yeux.

Aelys mime une peur digne des tragédies les plus mal jouées.

▬ Mince, repérée.

Aelys essayait de ne jamais trop jurer, et bannissait autant que son sang-froid lui permettait un langage plus familier. Cela ne collait pas avec son image de gentille petite fille bien élevée.
Alors que le Serdaigle surenchérit sur sa plaisanterie, elle amorce un coin de sourire du bout des lèvres, tout en levant les yeux au ciel. Bribes de légèreté à travers la poussière de la scène. Aelys sort sa baguette et range le pauvre faux blaireau mort sur le parquet dans sa boite d'un mouvement de wingardium. Elle s'émeut nébuleusement. Elle se romançait toujours plus les voyages d'Ewyn dans sa tête qu'il ne les romançait lui-même dans ses mots. Y avait-il tant à manquer de mondes imaginaires quand c'était l'étendue du monde qui s'ouvrait sous ses yeux. Elle baisse le ton de sa voix et garde une risette attendrie d'amour-propre alors qu'elle répond timidement.

▬ Vraiment ?...

Elle marque une pause en lui souriant.

▬ Merci. Ça me fait plaisir d'entendre ça, vraiment.

Quelque part entre deux neurones il y avait un petit compteur qui disait Aelys 1 Réalité 0. Elle n'était pas sûre de tenir le score indéfiniment mais elle le prenait comme une victoire.

▬ Tu nous as maqué aussi!

Elle se corrigea rapidement. Chaque absence lui creusait un douloureux vide dans le cœur mais elle ne pouvait pas tant parler au nom de tout le monde. Peut-être dans des aspects pratiques il y aurait eu des "le personnage de Ned aurait été utile dans cette situation", mais on ne pouvait pas affirmer avec seulement ça qu'il leur avait véritablement manqué. Et contrairement aux autres ils étaient aussi membres du même club. Cela devait dire qu'il y avait quelque chose de spécial non ?

▬ Enfin... Tu m'as manqué.

Non ?

Ses réactions étaient amusantes et il se retint avec peine de poursuivre sur la même voie en enchérissant d'un triomphal « Je l’ai toujours su ! »
En vérité, il était heureux de la voir souriante et pleine de vie. Il avait souvent craint durant son absence de rentrer trop tard et ne plus la retrouver. Il avait promis, c'était son plus grand défi et il le remporterait pour elle. Ou pour lui, d'une certaine manière. Parce qu'il ne voulait pas la voir partir comme ça, c'était hors de question.

▬ Enfin... Tu m'as manqué.

Le temps s'arrêta. Et repris aussitôt. Non, il devait se faire un film. L'air gêné, se passant la main dans les cheveux, il regarda avec insistance le plafond durant un moment avant de répondre :

Tu ne devrais pas dire ça comme ça, certains pourraient y voir plus que ce que ces mots veulent dire.

'Certains' dont lui, peut-être. Mais il ne savait s'il voyait trop derrière ces mots ou non. Peut-être voulaient-ils juste dire ce qu'ils voulaient dire ? Et si ce n'était pas le cas, était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Il lui accorda un regard furtif et s'abima dans la contemplation du plancher. Cet endroit était réellement remarquable. Un murmure :

Tu m'a manquée aussi...

Et lui, qu'entendait-il par là ? Il aurait été facile de dire "rien de plus que ce qu'elle entendait elle-même par là", mais c'était une fuite. Non, il l'appréciait beaucoup, ils s'amusaient plutôt bien, et il avait toujours eu une certaine tendresse à son égard. Cela restait dans les normes d'une amitié tout à fait normale, non ?

... mais je suis revenu pour rester.

Il lui avait promis l'immortalité, dans le genre "ne balance pas ça n'importe comment, ça pourrait être interprété" ça se posait là. L'hôpital, la charité... Cette araignée qui avance entre deux sièges du premier rang est véritablement fascinante.

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Le plafond. Surface sombre et distante, parsemée de lampes au repos. Il devait y avoir quelque chose de spécial dans l'architecture de ce dernier puisque le serdaigle vint s'y perdre un moment. Un peu confuse et intriguée Aelys leva aussi les yeux au ciel, cherchant ce qui pouvait bien y avoir de si intéressant d'un coup. Elle fronça les sourcils. Pas de chauve-souris voyeuse pour leur dire de ne pas occuper la scène hors des répétitions -était-ce seulement interdit ?- ou de créature fantastiques. Juste une étendue ombrée presque oppressante. Aelys fut tentée de lancer un stella luxis pour l'égayer un peu l'espace d'une seconde mais Edwyn reprit la parole avant qu'elle associe la pensée au geste.

Et elle s'empourpre.
Elle tente de bafouiller une contestation, une excuse improvisée qui sonnait comme un Oh. Euh. Nan je euh. Hum à peine audible. Une envie de disparaître. Les sous-entendus ne lui avaient pas traversé l'esprit, jamais. Elle ne s'autorisait pas, Aelys, à ne serait-ce que penser à ces choses là. Elle n'oserait pas. Cela serait cruel, et injuste. Alors elle fuit du regard en se grattant la joue, toute aussi gênée que lui. Elle cherche un moyen de revenir en arrière. Si elle disait se contentait qu'elle de dire qu'elle ne voulait rien dire par là de plus que le sens littéral des mots, est-ce que cela suffirait ? Était-ce la chose à dire, la chose qu'il voulait entendre ? Elle ne sait pas,
mais elle amorce une inspiration, un début de parole, mais se fait devancer avant que sa bouche se décide à ne dire quoi que ce soit.

Tu m'a manquée aussi...

Elle retient son souffle, ses mots s'évanouissent sur ses lèvres soudainement pincées. Elle aurait accueillit les mots comme de la chantilly sur un dessert aux fraises, mais au vu de ce qui avait été dit avant, les pensées fourmilles et s'entrechoquent. Qu'est-ce que lui dire par là. Que répondre maintenant. Comment fuir.

... mais je suis revenu pour rester.

Et soudain, le silence. Dans sa tête, dans la pièce, dans ses tourments et son désarroi. Soudain elle est à nouveau cette petite fille, assise seule sur le rebord d'un trottoir, effrayée, seule, qui regarde les enfants jouer à des jeux qu'elle ne peut rejoindre, à espérer que l'un d'eux vienne s'asseoir à côté d'elle. Reste pour elle. Elle n'est jamais seule, véritablement, à Poudlard. Il y a toujours des gens et des rires non loin de son ombre sur le pavé. Mais ce n'est jamais assez. Pour combler la brise, le froid dans ses yeux. Elle sait qu'il ne s'agit qu'un demi-mensonge, qu'il sera parti d'ici deux ou trois ans. Mais pour l'espace d'une seconde, d'une poussière qui tombe, elle veut y croire. Elle refoule l'humidité naissante dans ses yeux d'un revers de manche.

▬ Promis ?

Une larme fuyante sur le coin des lèvres, elle sourit.

C'est drôle comme quand on dit certains mots, la perception de ce qui nous entoure change. Le temps, surtout. Les secondes qui s'allongent, s'allongent et s'allongent. C'en était presque stressant, alors que ce n'est qu'un instant. Et l'on a tout le temps de s'imaginer les mille-et-unes réactions possibles. Souvent les pires, d'ailleurs. Mais ce que son imagination n'aurait jamais pu entrevoir, c'était ce petit mot, « Promis ? ». Il y avait quantité de choses qu'il voulait répondre. Certaines peut-être trop spontanées, d'ailleurs. Mais on avait pas besoin de phrases grandiloquentes pour dire la vérité, un seul mot suffisait. Un geste, parfois. Une légère pression de sa main sur celle de la jeune femme à côté de lui, pour lui montrer qu'il était là, tourner la tête vers elle avec un sourire qui se voulait rassurant et juste ce même petit mot.

Promis.

Il n'avait pas besoin de se poser de questions, de tergiverser ou quoi que ce soit d'autre. Cette vérité balayait tout cela comme une tempête. Quoi qu'il se passe ou ne se passe pas, que les mots aient un ou plusieurs sens, cela resterait. Néanmoins, l'atmosphère s'était quelque peu alourdie et c'était probablement sa faute. Alors, il ajouta, avec plus de légèreté :

Tant que tu voudras de moi, en tout cas.

Ce qui, sommes toutes, pouvait faire assez court. Même s'il serait dans le coin pour les trois prochaines années au moins. Quoique... vu l'attitude de Scamander frère, il anticipait presque un clash qui risquerait de se terminer par son exclusion. Mais il connaissait assez de passages secrets pour tout de même être là chaque fois qu'elle en aurait besoin. Ou simplement envie.

Il aurait aimé dire quelque chose de plus, quelque chose pour encore alléger l'atmosphère et la faire revenir à ce qu'elle était avant. Une part de lui ne regrettait pas vraiment ses paroles d'avant. Il les assumait, mais il aimait aussi la voir sourire, peupler son existence d'assez de moments heureux pour contrebalancer les épreuves auxquelles elle était confrontée. Mais même quand on est un grand bavard, il y a des moments où il est difficile de trouver les mots. D'autres où il vaut mieux se taire. Et d'autres où on ne sait si l'on doit enterrer le sujet ou creuser un peu plus. Heureusement pour lui, il n'était pas tout seul dans cette pièce et il pouvait passer le relai.

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Quand ses sourires étaient-ils devenus sincères ?
Quand est-ce qu'au-delà des faux rires et des masques de candeur bienveillante avait-elle commencé à croire vraiment au petits bonheurs qu'elle se voulait incarner ? Elle ne saurait dire, quel serait le début et la fin d'un authentique sourire, discret, une ligne presque imperceptible sur son visage de poupée, née d'un moment éphémère prêt à se dissiper en poussière d'étoile dès qu'un marteau de fer viendra rappeler la réalité. C'était moche, la réalité. C'était pâle et faible et froid et tremblant. C'était comme sa main à elle. C'était tout ce que celle d'Edwyn n'était pas.
(mais si ce qui est vrai est brûlant comme la glace, d'où vient la chaleur des doigts d'Edwyn sur les siens)
(peut-elle croire au mensonge)
(juste une fois)
Elle rit avec légèreté alors qu'elle commence à ressentir le poids de ses paroles. Dans le temps qui leur était imparti, avait-elle vraiment ce droit. De rajouter encore des fardeaux sur les épaules du jeune homme, de s'agripper à ses rêves et ses ambitions alchimiques du bout des doigts. Être toujours un poids, une ombre dans la lumière. Mais une partie d'elle se l'autorisait, à peser dans le cœur des autres n'était qu'un autre moyen d'y rester. Et même si Edwyn quitte les murs de Poudlard après son diplôme, même si il finit à Azkaban pour voir tenté d'étrangler le directeur, même si il vieillit et l'oublie, même si il pose des fleurs sur sa tombe à l'aube d'un lundi et ne revient jamais vers elle ensuite, elle ferme les yeux et
juste pour cette fois
elle y croit.

▬ Qui ne voudrait plus de toi, Edwyn Ollivander, tu attires les chats.

Sur ces mots elle pointa du doigt la petit créature encore là, à attendre le moment opportun pour réclamer l'attention du serdaigle que la poufsouffle avait l'audace de monopoliser. Sa valeur était bien plus grande à ses yeux que le simple fait d'être une herbe à chat mouvante, mais un compliment honnête lui aurait semblé inapproprié, bizarrement. Elle ramasse le script et lui donne rapidement une oeillade distraite, sans lecture, simplement en considérant la valeur des lettres imprimées.

▬ Tu sais quoi, je pense que j'ai tord. Ulric n'était probablement pas triste à la fin de la pièce.

Cela n'invalidait pas tout ce qu'elle pensait avant, la solitude, son envie de croire et d'atteindre autrui. Mais à ce moment-là, il y avait un autre sentiment qui naissait dans son cœur et transparaissait sous ses pupilles entre les lignes. Demain son sentiment changerait peut-être. Mais demain était tellement loin. Alors elle sourit de toutes ses dents, un sourire large, niais, et un bêta qui seyait parfaitement à la couleur de sa cravate.

▬ Il était simplement content d’avoir essayé.

Oh ! Ainsi ta compagnie a toujours été intéressée. Tu ne voyais en moi qu'un moyen d'assouvir une obscure addiction féline !

Il surjouait visiblement la fausse vexation à l'écoute de cette affirmation et contenait à grand peine son amusement. Reportant son regard sur son rival poilu, il l'observa un instant et fut bien forcé d'admettre une vérité essentielle de cette affaire.

Il est vrai que je n'ai pas d'aussi belles moustaches...

Et il ne se risquait pas à laisser pousser celles-ci pour tenter de concurrencer le chaton, ça ne lui allait pas et sa bouteille de mousse à raser risquait de bouder pendant des mois. Quoi qu'il en soit, il n'était pas homme à laisser passer une opportunité lorsqu'elle pointait le bout de son nez. Sa part de Serpentard lui aurait donné des coups de pieds au cul jusqu'à-ce qu'il soit incapable de s'assoir, autrement. Enfin, d'une manière très métaphorique et tout.

... néanmoins, ce crime ne doit pas rester impuni et tu mérites un chatiment à la hauteur de ton acte.

Il se leva, ramassa le chat et le plaça au creux de ses bras, à la satisfaction manifeste du félin, puis annonça d'un air sentencieux :

Aelys Llywarch, je vous condamne à m'accompagner dans la plus dangereuse, la plus éprouvante, la plus terrifiante aventure que nous devions affronter de toute notre existence - pour cette année, en tout cas.

Certes, la fin diminuait un peu l'impact de la chose, mais il ne fallait pas s'arrêter en si bon chemin. Il avait besoin de son accord pour ça. Puis, il ne comptait pas vraiment lui faire courir un risque réel, ce serait contreproductif avec ses objectifs. Rien ne l'empêchait de la taquiner un peu, cela dit. Et, à ce sujet...

Acceptez-vous d'honorer la sentence en digne héritière des enseignements d'Helga Poufsouffle ? Ou n'êtes-vous même pas digne d'être un poulet rôti ?

Ahah. Si son côté Serpentard n'était pas trop occupé à s'étouffer d'un rire hystérique face à l'évidente absurdité tout cela, il aurait certainement laissé échapper un rire machiavélique du plus bel effet.

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Rires discrets mais biens réels devant le surjeu et la pensée d'Edwyn avec des moustaches. Elle ne saurait dire si cela serait mignon ou totalement ridicule. LA réponse était : mignon car totalement ridicule - surtout de la façon dont elle imaginait les moustaches, dignes d'Hercule Poirot. Son sourire s’effaça rapidement pour laisser place à une surprise teintée de curiosité. Elle le regardait un peu abasourdie. Elle comprenait qu'il y avait de la légèreté dans l'idée de punition que Ned proposait, bien qu'elle aurait mérité tous les châtiments du monde pour son égoïsme, d'être abandonnée et traînée dans la boue, mais elle ne comprenait pas trop où il venait en venir, et surtout à quoi.

Son esprit fil à toute vitesse à mesure qu'il parlait, intriguée, cherchant à comprendre les sous-entendus et les secrets de ses paroles. Le Serdaigle était bien trop prévenant et pas assez fou pour l'emmener dans un endroit qui soit un véritable danger pour sa santé. Bien qu'elle devait avouer que cela avait de l'attrait, accompagner Edwyn dans une de ses aventures, dans des histoires qu'elle n'oserait même imaginer.
Elle s'attendait à moitié à ce qu'il dise un truc un peu stupide comme "se débarrasser de se chaton" ou "tirer ma sœur hors de la bibliothèque en période de révision", mais rien de très concret ne se forma dans son esprit. Incapable de deviner. Elle n'avait plus qu'à dire oui.
Elle arqua un sourcil, sourire en coin un peu moqueur.

▬ Tu m'as l'air tellement certain de mon approbation que j'ai vraiment envie de dire "nope", tu sais ? Mais soit. Que dire, tu m'as convaincue à accepter à partir du moment où tu as réussi à prononcer mon nom de famille sans l'écorcher.

C'était suffisamment rare pour être souligné.

hrp; j'ai peur.

Il y avait un certain plaisir à la voir se demander dans quoi il allait l'embarquer. C'était un petit peu cruel, aussi. Etait-il un sociopathe ? Non, il était juste un peu taquin. Et il aurait été triste qu'elle refuse, même s'il pensait que la véritable raison de son acceptation tenait pour moitié à la curiosité et moitié à la peur d'être considérée comme un poulet rôti.

A force de voyager un peu partout, on apprend des trucs.

Savoir acheter des sucreries dans un tas de langues était la base, en ce qui le concernait. Puis, il y avait des phrases étranges, retenues pour des raisons oubliées. Là n'était pas le sujet, cependant. Il interrogea son compagnon à pattes en le portant à hauteur de son visage « Hm... on lui dit ou pas ? ». Le miaulement et la tentative de lui mordre le nez qu'il reçut en guise de réponse semblaient positifs, puisqu'il annonça finalement la couleur - en prenant soin de garder le dangereux prédateur nosophage plus bas :

J'espère que tu as une jolie robe et le cœur bien accroché, car tu viens d'accepter de m'accompagner au bal de fin d'année.

Un peu tôt pour parler d'un évènement qui se déroulait au mois de juin alors qu'on était encore en décembre ? Certes, mais c'était justement l'idée. Il savait qu'elle ne se lançait pas dans des projets à long terme, prenant sa maladie comme excuse. C'était une tentative de la sortir de sa zone de confort et de la pousser à y croire, à faire des paris sur l'avenir, parce que si elle n'en faisait jamais, elle passerait à côté de plein de choses.

Après un instant de silence, il se sentit presque obligé d'ajouter « Sauf si tu as une raison de refuser ? » Et, afin d'être juste, il ne brandit même pas la boule de poils aux yeux craquants et aux moustaches incomparables comme moyen de pression. Ça n'aurait été ni juste, ni respectable.

Cela dit, il n'accepterait pas une raison triviale, il faudrait au moins un mot de sa maman pour la sortir de cette situation. C'était un châtiment, après tout.

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Des particules immobiles de poussières vinrent se loger sur des lèvres ne sachant que répondre, yeux étourdis et pris de court face à un châtiment qui n'en ressemblait pas à un. Elle brisa l'immobilité de son visage d'un battement de cil. Cela avait plus des allures de mauvaise blague que d'aventure, et les dangers annonçaient ne devinrent plus que des mots habillant l'idée. Même les fleuves de son imagination n'auraient su prévoir la mer dans laquelle Edwyn avait décidé de la jeter.

Des jolies robes elle en avait par dizaines, bouts de tissus qu'elle avait déjà fait entrevoir à Snežana qui lui avait promis de la faire belle. Mais un cœur bien accroché, cela lui manquait, elle n'avait qu'un organe dysfonctionnel qui n'en faisait qu'à sa tête, pompait le sang quand cela lui chantait et la balançait entre des humeurs fébriles et insensées.

▬ Tu vois plutôt loin dans le futur, Edwyn Ollivander.

Elle qui comptait ses souffles, et ne se fixait pas plus loin que de vivre un jour de plus. Le bal ne serait là que dans des mois. Des mois et des mois, avec leur lot de souffrance et de joie. Elle soupire, tente de sourire maladroitement pour cacher son désarroi.

▬ Tu es sûr que tu n'as personne de plus important à inviter.

Elle ne savait pas trop, si elle cherchait un moyen de se déresponsabiliser. Elle aurait préféré être juste le plan b, celle qu'on invite de dernière minute. Elle avait envie. Mais elle avait peur. Peur d’espérer, d'avoir des attentes, et de les voir brûler sous ses yeux et disparaître en cendres.

▬ Bon, je suppose que je n'ai pas le choix, alors.

Et si elle doit tomber de haut, assure-toi de la rattraper.

Il avait, dans l'espace entre chaque phrase de la jeune femme, envisagé toutes les réponses possibles et imaginables, pour la plupart peu agréables. Finalement, ça ne s'était pas si mal passé, mais il était à deux doigts de pousser un soupir de soulagement. Il aurait pu être plus direct, lui demander simplement "veux-tu être ma cavalière pour le bal qui, au passage, est dans six mois, mais j'ai trop peur que quelqu'un ne passe avant moi pour faire sa demande et puis, tu fais jamais de projet, c'est bien d'avoir des projets...", sauf qu'il n'aimait pas devoir demander des faveurs, c'était trop difficile de placer l'avenir entre les mains d'autrui, de perdre le contrôle de sa vie. Et ç'aurait été un peu trop sérieux aussi, peut-être. Peut-être qu'il aimait bien se mentir à lui-même de temps en temps pour se faire oublier que, parfois, il avait peur aussi. Et que ce n'était pas pour des situations de vie ou de mort, juste des choses du quotidien.

Désolé pour cette manière un peu alambiquée de présenter la chose...

Faute avouée est à moitié pardonnée, dit-on. Et puis, il était plutôt content d'avoir obtenu une réponse positive, ne le nions pas.

Aelys, si je voulais inviter quelqu'un d'autre à venir au bal d'une façon maladroite, je ne l'aurais pas fait avec toi.

D'habitude, il se retrouvait toujours à reporter le choix de sa cavalière au lendemain pour finir par en trouver une quelques heures avant le bal. Là, il avait envie que ce soit elle.

Tu peux encore refuser, si tu veux. Je préfère ça au fait d'avoir l'impression de te forcer la main.

C'était un peu l'aspect négatif de cette façon alambiquée de faire sa demande, en réalité. Il aurait dû y songer. Il était plutôt intelligent, mais socialement, c'était toujours difficile de tenir compte de tout. Il avait plutôt pris le pli d'être franc et sincère, la plupart du temps, mais le reste lui échappait un peu, parfois.

Il revint s'assoir, le chaton dans ses bras tentant d'attraper le bas de sa cravate, il aurait bien aimé céder à ce tic de se passer la main dans les cheveux - signe évident de sa gêne et du fait qu'il ferait probablement un joueur de poker médiocre. Et, au fond, tout au fond, un petite voix posait la question "pourquoi n'avoir pas simplement été heureux et s'être contenté de la réponse, au lieu de lui offrir une échappatoire de plus ?" Parce que son bonheur lui importait, parce qu'il n'aimait pas qu'un doute subsiste et parce qu'il faisait encore ce qu'il voulait, nom d'un snargalouf tordu !

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Elle considéra les choses un instant. Le bal. Elle n'avait jamais fait trop d'état d'âme sur cette célébration, contrairement aux romantiques qui l'attendaient de pied ferme et les amateurs de potins qui savouraient de voir qui irait avec qui, Aelys n'y voyait qu'une formalité de plus, rien de bien différent d'un noël ou d'une soirée pour célébrer l’inéluctable victoire des poufsouffles au quidditch. Ce n'était ni quelque chose qu'elle attendait, ni quelque chose qu'elle honnissait. Juste une date dans le calendrier, un point sur la ligne du temps. Elle faisait parfois semblant, semblant d'attendre, semblant d'être enthousiaste, pour rester dans le groupe, ne pas se sentir à part. Faire semblant, elle savait. Elle soupira.

▬ Désolée... Je suis juste. Pas habituée à ne pas être le plan B de dernière minute.

Celle dont on ne peut jamais être sûr de la présence avant la dernière minute. Et à raison. Elle avait passé le dernier bal la tête dans l'oreiller, pliée en deux à maudire le monde. Mais au moins personne ne l'attendait. C'était tellement plus facile, de n'être attendue par personne. De ne décevoir personne. Et cette année encore, elle ne pouvait rien promettre. Elle vivait sur des instables peut-être. Et alors quoi? Edwyn serait seul? A cause d'elle ? Est-ce qu'elle s'en souciait ? Encore des peut-être. Plus qu'elle n'aimerait se l'avouer. C'est pour ça qu'elle ne pouvait rien panifier, rien promettre, jamais, rien d'autres que des objectifs flous qui ne concernaient qu'elle. Pas d'engagement. Pas d’espérance. Pas de condamnation à l'échec et la désillusion. Pas de peut-être. Il fallait être raisonnable. Être une lâche, mais une lâche prudente, une lâche sage. Il fallait refuser tant qu'elle le pouvait, briser les enchantement maintenant pour ne pas se meurtrir si les peut-être prenaient une tournure négative.

▬ Non, non c'est d'accord.

Elle sourit.

▬ Je te promet que j'y serais.

Petite sotte.

Oui, il fallait bien l'admettre, autant sur l'aspect "plan B" que sur l'aspect "dernière minute", ce devait être une première pour elle. A peu près autant que cela l'était pour lui, si ce n'était plus. Et c'était dommage, parce qu'elle faisait une excellente personne à inviter dans une soirée. Avec une imagination comme la sienne, il fallait vraiment que son partenaire fasse un effort pour s'ennuyer. C'était probablement la chose qu'il appréciait le plus chez elle, d'ailleurs, cette imagination, cette créativité.

Merci...

Il était heureux, même s'il ne se sentait pas encore la force de l'assumer totalement, là, tout de suite. Peut-être même qu'il ne réalisait pas tout à fait ou que, dans un sens, ce n'était qu'une invitation au bal et qu'il ne fallait pas nécessairement en faire tout un plat. Elle avait dérogé à ses habitudes, cela dit. Et une petite part de lui était fière d'avoir provoqué cela, même si le gros du travail, c'était plutôt elle qui l'avait fait.

Je te promets que ce sera une soirée inoubliable.

Il était confiant et d'une humeur plutôt enjouée. Quoi qu'il arrive, il tiendrait cette promesse. Il avait la moitié d'un an pour préparer des plans de secours en cas de pépin et la magie pour l'aider à les mettre en œuvre. Ça marcherait. Et sinon, il serait content d'avoir essayé.

...

Le silence se creusa un petit peu. Il était arrivé dans un état où il n'était pas souvent : il n'avait plus rien à dire. Hm, comment l'exprimer ? Avec subtilité, en changeant le sujet vers un autre plus générateur de conversations, et hop. Comme s'il suivait ses propres conseils, pff.

Que dire après tout ça ?

Cela le fit sourire, un peu. L'après-midi avait été plutôt intense, mine de rien. D'une certaine manière, il n'était même pas certain d'avoir complètement tout assimilé. Enfin, il mettrait ça sur son temps pré-dodo de réflexion sur la journée passée. Ou sa période de douche, mais elle était normalement réservée à ses projets d'artisanat magique.

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Ce n'était pas grand-chose, une soirée, après tout. Un grain de sable dans le désert d'une existence, quelques heures parmi tant d'autres. Mais une promesse, qu'elle soit futile ou lourdes de conséquences, c'était une dune entière, cela comptait, pour les blaireaux, pour elle. On ne brisait jamais une promesse, et réflexion faite, Aelys fut prise de doutes et de panique. Et si sa malchance naturelle la rattrapait ? Comment diable irait-elle, alors ? Comment allait-elle y aller, juste y aller ? Il n'y avait pas vraiment de bonnes ou de mauvaises réponses. Elle essayerait. Elle ferait au mieux. C'était un début. Un petit pas, un demi-pas, un léger mouvement de pied, une œillade vers le futur. Un pas après l'autre, elle avance.
La question du pourquoi la taraude légèrement aussi. C'est vrai, pourquoi elle ? Pourquoi pas Cannelle, ou n'importe quelle amie dont il était plus proche ? Aelys ne tenait pas spécialement des comptes sur la vie affective de Ned mais elle était à peu près sûre que même si il prétendait le contraire il avait quelqu'un de plus important à inviter. Mais la question resta coincée dans sa gorge, dans a peur d'une réponse insatisfaisante, trop désintéressée ou pas assez.

Aelys n'avait pas spécialement l'impression d'avoir fait quelque chose de bien mais elle accepta le remerciement d'un hochement de tête. Inoubliable, hein. Elle s'en tiendrait à ses mots, et les chérirait jusqu'à la date de l’événement. Peut-être trop. Peut-être aurait mieux valu qu'elle accepte sans rien attendre du tout, mais c'était trop tard maintenant.

C'était étrange, de voir Ned soudain à court de choses à dire. Il avait beau être silencieux au premier abord, il devenait assez bavard lorsqu'on prenait la peine de l'écouter et de s'intéresser à ce qu'il avait à dire.

▬ Est-ce que j'ai mangé tous tes mots ?

Aelys se releva et épousseta ses jambes d'une poussière inexistante. A vrai dire elle ne savait plus trop quoi dire qui ne serait pas étrange ou inapproprié pour une fois. Elle regarda discrètement sa main. Elle lui semblait plus chaude que d'habitude. Elle allait avoir beaucoup de choses à ressasser ce soir, suffisamment de choses pour garder les pensées sombres loin d'elle, et peut-être dormir convenablement, pour une fois. Elle se gratta l'arrière de la tête.

▬ Hm. On devrait probablement y aller de toute manière, il est presque dix-huit heures passées.

Elle avait encore des devoirs à faire, et ce même si elle donnait toujours la priorité au club et ses actions dérivées. C'était aussi un moyen de fuir, à vrai dire, fuir des mondanités dont l'envie lui manquait, et des confession que son cœur juste assez pétulant pourrait laisser échapper si elle s'éternisait dans cette salle de bois et de velours.

Avait-elle mangé tous ses mots ? Alors qu'il s'apprêtait à considérer une réponse, un grognement de bête affamée s'échappa de son estomac. Depuis quand n'avait-il plus mangé ? Il se souvenait vaguement d'un petit déjeuner, ce matin...

Ça expliquerait que j'aie aussi faim.

Dormir, manger, c'était chiant. Il y avait tant de choses plus intéressantes à faire et Edwyn reléguait souvent ces deux choses, pourtant vitales, dans un coin où il tendait à les oublier jusqu'à ce que son corps les réclame. Néanmoins, il ne put retenir une réflexion sur le goût que pouvait avoir les mots, amers pour les paroles pleines de fiel et de jalousie ? Sirupeux pour les clichés amoureux ? Doux pour les mots d'amitié et de tendresse ? Épicé pour les paroles les plus torrides ? Il secoua la tête, c'était probablement n'importe quoi, un reflet de son manque de nourriture sur la qualité de sa pensée. Il fallait qu'il aille manger. Il avait une ou deux choses à finir avant, par contre. Mais ça ne devrait pas durer bien longtemps.

Pars devant, je vais terminer de ranger un peu et puis j'irai dîner.

Oui, il allait faire ça. Comme ça, il aurait un peu de temps pour cogiter tranquillement dans son coin et se fustiger sur les choses dites ou pas dites, faire des plans sur la comète, sous la comète, autour de la comète...
Il posa le chat à côté de lui et se leva à son tour, ajoutant une dernière chose avant de se mettre à l'ouvrage.

Merci pour le coup de main, au fait.

Ils avaient pas mal dévié avec leurs bavardages, mais à la base, elle était venue l'aider à répéter. Il aurait presque oublié, pour le coup. Entre les promesses et les invitations, un rôle dans une pièce de théâtre perdait pas mal de son intérêt.

DEV NERD GIRL