The wolf among us - Beckett

The only thing to fear is fear itself

⋅ ◆ ◈ ⟐ ◈ ◆ ⋅

Nassim sort d'un air satisfait de la poste, les bras enfin libérés de la masse conséquente de colis à envoyer pour aujourd'hui. Frisquet , il remonte le col de son blouson pour se protéger du vent, et regrette de ne pas avoir pris d'écharpe pour avoir plus chaud. Si il est né en Angleterre,
il dispose tout de même d'une prédisposition certaine aux climats chauds -rien à voir avec Pré-au-Lard en décembre, donc, et le raccourcissement des jours ainsi que la baisse drastique de la température ne lui conviennent pas du tout. Un regard à son compagnon de route pour l'après-midi, Beckett, fidèle ami, et un large sourire, avant de lui envoyer une grande claque amicale dans le dos.

"Beckett, mon ami, merci encore pour la boite postale. Je sais pas comment je me serais débrouillé sans ton aide, tu vois."


Il rit de ses dents blanches, s'imaginant devoir déménager seul de Dubaï jusqu'en Angleterre sans aucun moyens, en une seule fois, et en toute discrétion. Heureusement que le serpentard était là, main secourable dans l'adversité,
pour récupérer ses affaires au compte-goutte au fur et a mesure des années, petit paquet par petit paquet. Cela coûtait une fortune en hibous, certes, et les pauvres bêtes devaient être épuisées, mais cela garantirait une fuite vers le monde moldu toute équipée. La business class de la fugue, sommes toutes.

"Il nous reste drôlement plus de temps que prévu avant de rentrer, et on pèle. Fait un temps a pas mettre un arabe dehors, j'te jure! Ça te dit pas, on se pose aux Trois Balais avant de repartir? Je t'invite."


Nassim lui-même ne boit pas, mais il aime l'environnement du pub et la présence agréable de source de chaleurs en son sein, sans compter les quelques options sans alcool qu'il propose. Grelottant, il écoute à peine la réponse de son ami, et l'entraîne avec lui boire un verre, cherchant dans un coin de sa tête une blague qui lui avait fait penser, quelques jours plus tôt, à l'Islandais.

"Et là, donc l'Islandais rentre dans un bar, et il demande à l'Anglais si..."


Il s'arrête net, pilant net en plein milieu du chemin. Il a entendu quelque chose, au loin, un son qui se rapproche d'eux. Un son qu'il déteste au plus haut point. Mais seul le silence lui répond lorsqu'il tend l'oreille. Puis, ténu, à l'autre bout de la rue, un genre de halètement. Pas un halètement d'humain qui court, ou de jeune sorcière à sauver, non. Un halètement canin. Le ventre de Nassim se serre et son estomac se fait lourd comme une pierre, alors qu'il accélère le pas en direction de la taverne qui se rapproche, entraînant de façon plus ou moins consentante Beckett dans son sillage. Mais il y a urgence, là. Si un chien est là, il faut partir, et vite, sans quoi non seulement la face serait totalement perdue, et de plus , l'animal pourrait sentir sa peur et l'attaquer. Nassim accélère, encore, en silence, tentant de rester calme.

Derrière eux, des bruits de pas dans la neige, et un aboiement sonore, retentissent coup après coup.

The only thing to fear is fear itself

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Il accélère encore, Nassim, comme si il avait le diable en personne à ses trousses, mais il est rapidement dépassé par un Islandais à réaction qui court à toutes jambes en hurlant. En temps normal, il aurait pris le temps de se retourner, de réfléchir, et de faire montre de courage, mais le temps n'est pas normal, c'est un bon gros temps de chien, et ils en ont un aux basques de gros chien, alors pas le temps de niaiser, il faut tracer. Nassim remonte à hauteur de Beckett, et va pour bifurquer vers la taverne, mais son ami part de l'autre coté, vers le grand néant, et il le suit, avant de réfléchir à la terrible erreur qu'ils viennent de commettre.

"Bordel, Beckett, y'a rien, par là!"


Mais il va bien falloir se contenter de ce par là, car le bruit des pattes du monstre se rapproche à toute pompe, et les solutions se font de plus en plus maigre. Il accélère encore, Nassim, et entraine Beckett à sa suite en lui saisissant le poignet au vol. Il a un plan, dans sa terreur. Si il passe par ici, puis par là, puis encore par ici, il arrivera face à chez Zonko, et ils pourront rentrer dedans, mais il s'est perdu, dans sa terreur, et il tourne en rond face à rien, suivi de prêt par une créature haletante et poilue éminemment dangereuse. Seule la silhouette d'un arbre au loin lui donne une lueur d'espoir, qu'il saisit au vol.

"Par ici! Je te fais la courte échelle, tu grimpes, et tu m'aides à monter, allez!"


ll traînerait presque son ami derrière lui si lui-même n'avait pas des ailles aux pieds, jusqu'au large tronc ou il s'arrête bravement, les yeux rivés vers la masse sombre qui bouge dans la brume. Il met ses mains en coupe, dans la panique, et crie presque sur Beckett de se mettre en position, le temps pour lui aussi de grimper sur une solide branche basse qui les mettrait à l'abri. Le son du chien continue à se rapprocher, alors qu'il tente l'athlétique manœuvre, à bout de souffle.

" Je veux pas avoir l'air te de paniquer, Beckett, mais c'est le moment de te sortir les doigts du cul! "

Son ami est finalement perché, alors qu'il hurle encore dans la panique. Il tente de prendre ses appuis, de s'agripper à la main de l'Islandais, à sa cheville, aux branches, mais il panique de plus en plus, et ripe. Il n'arrive plus à grimper sous l'effet de la terreur, Nassim, alors qu'il voit le chien, énorme créature velue tenant plus du loup que du chihuahua. Et, dans une dernière tentative de se sortir de ce très mauvais pas, il lève les bras vers le Serpentard.

"Beckett, mon frère, me laisse pas là!"

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Le chien est là, et Beckett est perché, mais Nassim ripe encore. Ses mains glissent, il panique, le tronc devient une surface intégralement lisse sur laquelle il ne peut grimper. Il va se faire dévorer par l'animal, il en est à présent convaincu, et une grosse boule dans sa gorge se forme lentement. Mais c'est sans compter sur la rapidité salvatrice du Serpentard à l'aider, qui lui indiqua qu'il fallait non pas qu'il saisisse sa main, mais juste ses poignets pour plus de solidité. Crétin, Nassim. Gros Crétin. Il agrippe fort son ami, et tente de soulever son postérieur de terre pour atteindre la branche bénie qui lui assurerait un peu de sécurité. Il force, pousse, et lorsque l'animal est là, il parvient enfin à se hisser dans un effort non négligeable sur son refuge aérien.

"Merci...Beckett."


Il reprend sa respiration avec difficultés. Il ne fume pourtant pas, et n'est pas asthmatique, mais il semblerait que la terreur lui fasse perdre ses moyens avec une rapidité déconcertante. Mais ils sont perchés. Et le chien va s'enfuir. Forcément. Allez. Il est temps de partir. Et le jeune homme réalise avec angoisse que le canin n'a aucune envie de partir d'ici, trop occupé a les tourmenter, comme l'indiquent ses yeux brillants de fureur et sa queue qui s'agite, mue certainement par une joie mesquine.

"B....Barre toi! Sale...sale créature de merde!"


Beckett jure en islandais, mais il ne relève pas, trop occupé à essayer de ne pas paniquer alors que la station est plus qu'inconfortable. Il croise les doigts, plein d'espoir, lorsqu'il lance les bâtons, mais regrette instantanément, après les avoir vus tomber par terre sans même effleurer l'animal. Ils sont coincés dans l'arbre comme deux idiots, avec le chien à leurs pieds, et il est hors de question qu'il mette un pied sur le sol tant que quelqu'un n'a pas contrôlé cette créature. Il leur faut de l'aide, et vite. Arrachant une branche a son tour, il tente de la lancer, avec autant de succès que son camarade. Un juron en arabe déchire le silence, tandis qu'il tente de se réinstaller sur la branche. Il prie intérieurement pour que Leila ne passe pas par là, et ne le voie pas coincé comme un abruti dans le premier chène venu a cause d'un misérable clébard. Et il n'a pas l'air de vouloir bouger, l'animal, alors qu'il lève la patte pour pisser gaiement sur le tronc de leur refuge.

" Urgh. Manquait plus que ça. "


Il fronce le nez, et passe en revue les différentes solutions possibles. Il pourrait, bien sur, téléphoner à Leila, et lui annoncer sa mésaventure, et elle se foutrait de sa gueule jusqu'à l'heure de sa mort, mais il s'y refuse absolument. Hors de question qu'elle le prenne encore pour un con. Par contre, téléphoner à quelqu'un, c'est une bonne option. Mais il faut que le quelqu'un soit discret et disponible, pour ne pas être la risée du Stupeshit et de Poudlard tout entier. Que faire, alors.... Non. Il faut se débrouiller seuls, et faire preuve de courage. Courage qui lui manque quand il croise le regard cruel de la bête. Mais courage qu'il va bien falloir trouver quand même.

"J'ai...peut-être une idée, attends. "


Après tout, la débrouille, c'est quand même son domaine. Il inspire un grand coup, regarde le chien, ravale son envie de pleurer, et évalue les distances et le temps nécessaires pour mettre son plan à exécution. De son perchoir, il se dresse, pour voir les Trois Balais au loin. Il doit y avoir quoi, 200m? Courir 200m, c'est jouable, même après ce qu'ils ont couru. Mais il faut convaincre Beckett du bien fondé de son plan.

"Ecoute moi bien. On va tenter une diversion, d'accord? Je vais descendre de l'arbre a moitié et faire l’appât, pendant que tu cours jusqu'à la taverne là bas. T'as confiance en tes jambes, encore? Une fois que t'es arrivé au milieu de la piste, tu appelles le bestiau pour que je puisse descendre, et tu cours jusqu'à la porte et tu rentres. Moi, pendant que tu l'appelles, je descend aussi et je fais le grand tour pour te rejoindre. T'en dis quoi?"

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Nassim n'a pas le temps d'expliquer à Beckett qu'il lui semble drôlement plus dangereux de faire l'appat plutôt que de courir comme un forcené et attirant le chien vers lui que le Serpentard a déjà mis son plan a exécution: il reste donc planté comme un con pendant une petite seconde tandis que l'animal, l'oeil brillant de vice et la queue frétillante d'un plaisir certainement cruel , commence a venir renifler en aboyant très très fort les pieds de son ami. D'un coup, son esprit sort des nuages, suite au cri désespéré de son ami, et il réalise qu'il doit se sauver, et que ça se passe maintenant.

"Tiens bon, mon pote, j'y vais!"


Et avec le sourire des héros qui s'en vont combattre dans une guerre perdue d'avance, il saute de l'arbre, et parvient a ne pas se tordre une cheville dans la manoeuvre. Le chien est trop occupé par Beckett, et ni une ni deux, il se met à courir, conformément au plan de toutes ses jambes, en hurlant à la mort afin que l'animal se désintéresse de l'islandais. Et le spectacle doit être fort cocasse, Nassim courant à toute vitesse en beuglant, les bras grand ouvert, dans l'espoir que la créature le suive.

"PAR ICI LE CHIEN PETIT PETIT PETIT GENTIL TOUTOUUUUU!"


Il ne repère même pas la sorcière au loin, une laisse à la main,
qui se demande ou a bien pu passer son compagnon à quatre pattes. Mais son arrêt en plein milieu du chemin lui indique que l'animal est resté complètement sourd à ses appels, et qu'il ne compte pas lâcher son innocente victime suspendue à l'arbre. Il faut être courageux, Nassim, alors qu'il a juste envie de vomir de trouille et une envie d'aller aux toilettes de manière générale de plus en plus poussée. Bon sang, il a les mains et les genoux qui tremblent à l'idée d'appeler l'animal. Mais il faut qu'il le fasse. Pour lutter contre sa propre peur. Pour Beckett.

Il cherche dans ses poches quelque chose à lancer au chien, un truc, n'importe quoi, et il ne trouve que le cadeau un peu idiot de Noël de la part de Poudlard, cette espèce de boule de neige éternelle, déjà pas mal salie par ses nombreuses farces dans les dortoirs, et il prend sa décision. Il est plus à l'aise au pied, pourtant, mais c'est à la main qu'il tire sa boule de neige qui s'écrase mollement sur la tête de l'animal qui se retourne, qui avise la petite masse de neige qui se reforme devant ses yeux ébahis, et qui fait preuve de toute la fourberie dont la gent canine est coutumière. Il ramène la balle, le petit salaud.

" Bordel de merde. "


Et il court vers lui, le poil au vent, alors que Nassim reste sur place, pétrifié par la terreur qui arrive vers lui. Il ne regarde plus son ami, pour le coup,
et il espère vaguement qu'il a eu le réflexe de courir, tandis qu'il voit l'animal se diriger vers lui comme une balle de fusil qu'il ne parviendra pas à éviter. Il ne faut pas qu'il s'approche il ne faut pas qu'il s'approche il ne faut pas qu'il s'approche bon sang il ne faut surtout pas que cette bête s'approche de lui avec son machin dans la gueule arrière vile créature arrière arrière arrière putain de bordel de merde. Et les jambes se débloquent à nouveau. La porte des Trois Balais est là bas. Il faut y entrer, et maintenant, en faisant suffisamment gagner de temps à Beckett pour qu'il puisse le rejoindre rapidement.

"Ohputaindebordeldemerde"


Il sprinta, en direction des portes du pub, avant de réaliser ta faille tragique de son plan . Si il rentrait dans l'établissement, Beckett se retrouverait coincé dehors avec l'animal. Mais lui serait sauf. Mais Beckett serait coincé dehors. Mais à l'intérieur, il trouverait certainement de l'aide. MAIS BECKETT SERAIT COINCE DEHORS.
Il réfléchit un instant, et écoutant le peu de courage qui lui restait, fit volte face et se mit à courir en rond pour éloigner l'animal de la porte.

"Sauve toi, Beckett, et va chercher de l'aide!"

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⋅ ◆ ◈ ⟐ ◈ ◆ ⋅

Nassim tourne littéralement en rond, à l’heure actuelle, tant mentalement que physiquement. Et il n’a qu’une hâte : que Beckett sur lequel il a reposé tous ses espoirs finisse par lui trouver une solution pour se sortir de sa course frénétique face a l’animal. Et ça tarde, bon sang. Il a de plus en plus mal aux jambes, le chien aboie, c’est infernal, et il envisage de plus en plus sérieusement de s’allonger là pour se laisser dévorer une bonne fois pour toutes, avant de songer que Leila se mettrait très certainement aux arts les plus noirs pour tenter de le ressusciter pour lui coller son pied dans le derrière. Il couine vaguement détresse , et voit avec bonheur, du coin de l’œil, une dame d’un certain âge (expression hautement ridicule, se dira-t-il plus tard : tout le monde à un « certain age », et « vieille » n’est pas un gros mot) armée d’une laisse, prête à dompter le molosse. Et il lui suffit d’un sifflement et d’un petit « Youki. Au pied. » pour que le chien vienne, gueule ouverte, se poser à ses pieds.
Il souffle, alors que la dame le regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes, se demandant bien que les deux garçons ont bien pu faire a son chien, que Nassim tente désespérément d’éviter de regarder.  Mais elle réclame une explication sur l’incident, face au grand barbu a bout de souffle, et il va bien falloir lui fournir quelque chose. Esquivant encore et toujours l’œil brillant du chien, il prend sa respiration, et lance sa technique secrète spéciale Nassim. Bullshito no jutsu mode, activé.


"Ce qui s’est passé ? Ce qui s’est passé. Eh bien figurez-vous , madame, que votre animal nous a été d’un grand secours. Parce que nous sommes étudiants, voyez-vous, étudiants à Poudlard, le château que vous apercevez là-bas, oui ? Etudiants, plus spécifiquement en soin aux créatures magiques. Et Youki, c’est bien son nom, oui ? Comme il est charmant. Et bien Youki, madame, est d’une incroyable intelligence, ça se voit dans son regard. Impressionnante. Et il est volonté prêté à nos expériences sur …sur la fonction motrice rotative chez les canidés, qui nous permettent…de mieux…comprendre…les déplacements…des Cerbères ? Cerbères qui sont évidemment au centre de notre projet de fin d’année, qui comporte le titre suivant : « Cerbères, comment les adopter », et qui consiste a faciliter l’insertion de ces animaux sans danger au sein des foyers sorciers adaptés, et à la création d’une série de normes de sécurité, par rapport aux enfants, notamment, vous voyez ? Parce  les enfants ne réagissent pas toujours bien à la présence des Cerbères. Et Youki réagit très très bien non seulement a la fonction rotative, mais aussi à la présence de sons, n’est-ce pas. Le son , comme vous vous en doutez, qui est la première chose a réguler lorsque l’on entre en possession de l’une de ces créatures. Youki nous a beaucoup aidé dans nos recherches, madame, et nous ne pourrons jamais vous remercier assez. Madame, Youki. Jamais nous ne vous oublierons. "


Et sur ces bonnes paroles, il est grand temps de partir, laissant la sorcière totalement décontenancée, laisse à la main, pour rejoindre le courageux Beckett qui l’a sauvé par sa présence d’esprit, et qui réclame la boisson chaude du combattant.

"Je t’offrirais une baignoire de chocolat si ça nous permettait de ne plus jamais avoir à vivre ça. "


Une fois installés dans la taverne, et après avoir commandé suffisamment de cacao pour tenir un siège, il s’installe et s’effondre un peu dans son fauteuil. Nassim jette un regard un peu fatigué à son ami.

"Je ne savais pas que t’avais peur des chiens aussi. Ça aide à se sentir moins con."

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Nassim boit une longue gorgée du chocolat chaud posé devant lui, et se brûle la gueule comme l'idiot qu'il est, en gardant un silence anormalement poli sur l'action en cours. Une expression de dépit glisse sur son visage, tandis que Beckett lui annonce qu'il n'a pas peur des chiens, lui. Alors, il est passé pour un absolu crétin, n'est-ce pas? Personne n'avait peur des chiens, à part lui. Il se sent idiot, subitement, et se brûle une seconde fois pour tenter de se donner une contenance. Mais il esquive le regard du Serpentard, avec application. Il n'a pas envie qu'on le voie ridicule.

Mais Beckett ne semble pas se moquer, et a même l'air gêné, de son coté, comme si il allait confesser l'inavouable. Nassim ne dit rien, et le regarde, en penchant la tête sur la gauche, interrogatif. Alors, son ami a peur des loups. Le Gryffondor aurait pu rire, ou se moquer, mais ne dit rien. Il ne comprend que trop bien les tenants et aboutissants d'une telle terreur, et de leurs applications respectives. Du bout des doigts, il repose sa tasse, et se trouve étrangement sobre dans sa réponse. Mais ils parlent de sujets sérieux, très sérieux, et ce serait être un très mauvais ami que de se livrer à une bouffonnerie en cet instant présent. Et ça, même Nassim peut le saisir.

"Je comprends."

L'observation de Beckett le fait grincer des dents discrètement. En effet, le monde sorcier anglais est friand des histoires de loup, de lycantrophes, et de la compagnie de ce genre d'animaux ou de choses qui s'en rapprochent peu ou prou, et il imagine fort bien comme son ami doit se sentir: brebis parmi les prédateurs, en proie à la peur plus ou moins constante face à tout ce qui rôdait dans l'ombre et qui n'attendait qu'un seul instant inattention pour lui sauter à la gorge. Un peu comme les chiens.

Il n'a pas un sourire, lorsque Beckett évoque la présence des chihuahuas.

"C'est...plus compliqué que ça. J'ai peur, pour tout te dire. Mais je me contrôle, et j'essaye de ne pas paniquer. Alors, avec les petits, ça va. Mais quand ça devient plus gros..."

Sa voix s'étrangle un peu.

"Là, c'est la catastrophe. Je contrôle plus rien. C'est con, mais je crois qu'on contrôle pas ce genre de trucs. Là, genre, le Youki de l'enfer infernal, là, c'est mon pire cauchemar. Et c'est pas comme les araignées, ou tout le monde trouve ça dégueulasse, mais genre, là tout le monde trouve ça adorable? Genre quand un chien vient me dire bonjour , c'est l'horreur, et en plus tout le monde se fout de ma gueule en mode "ah, mais le chien il est mignon, il mord pas", et toutes ces conneries."

Il fronce les sourcils un instant, avant de réaliser ce qu'il est en train de faire. Il est en train de se livrer, pas grand chose, mais tout de même un peu, sans même savoir si Beckett est réellement de confiance. C'est dangereux, c'est idiot, et sa méfiance naturelle, derrière un sourire de façade, reprend sa place confortable et, maîtresse, le pousse à changer de sujet.

"Enfin. J'imagine qu'avec toutes ces rumeurs à la con sur le Stupeshit, tu dois pas être super serein non plus."

Il reprend une gorgée de chocolat, un peu moins chaud, et peut enfin en apprécier le goût, avant de fouiller dans sa poche pour en sortir quelques gallions pour régler l'addition, et au moins deux services supplémentaires si Beckett le désire. Il passe une main dans ses cheveux, et soupire, en s'étirant dans son fauteuil.

"C'est la merde, tout ça. Y'a pas grand monde qui comprend, en plus. Enfin... on s'en est pas si mal sortis que ça, tout à l'heure. Tu crois pas?"

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Nassim pourrait rire à l’idée d’envoyer un coup de pied sonore dans un petit chien fourbe, mais il a trop peur pour se gausser complètement. Il sourit à peine, pensif, alors que son chocolat achève son inévitable trajet au fond de son ventre. C’est sûr, que c’est ridicule d’avoir peur de trucs aussi petits, mais il ne contrôle pas, c’est comme ça, voilà. Et encore, il a cessé de paniquer devant les petites créatures de ce genre, concentrant sa terreur sur les plus grosses.

Il hausse un sourcil à l’évocation de la chaussure, et rit enfin, se détend complètement, lorsque Beckett lui dit qu’il lui a sauvé la vie. Alors comme ça, sans magie, il n’était pas digne d’être Gryffondor ? Dans les dents, les débiles ! Le courage, ça se joue même sans baguette, et il adresse un sourire radieux à son pote.

« T’en aurais fait autant pour moi ! T’inquiète, Beckett ! »

Un clin d’œil amical.

« Puis pour tes pompes, tu me donneras le modèle et la pointure, je t’en reprendrais une paire neuve, comme ça tu pourras jeter celles-ci, et tous les souvenirs de Youki avec. »

A quoi bon pouvait bien servir l’argent si on ne le dépensait pas pour faire plaisir, après tout ? Mais ça ne semble pas remonter le moral de Beckett, encore pensif. Nassim comprend, et ne dit rien, lui laissant le temps de digérer. Au moins, il n’était plus seul, maintenant. Ils étaient deux grands mecs, virils et baraqués, qui trembleraient de peur ensemble à la vue d’un croc, mais ensemble ce serait moins grave.

Il grince des dents, néanmoins, à l’annonce du plan du Serpentard. Aller vérifier l’existence des loups-garous alors qu’on en a peur ? C’est de la folie, de la pure folie, lui indique son instinct a première vue. Mais la réflexion l’éclaire assez rapidement. Vaut mieux t’il ne jamais savoir et prendre le risque de se faire surprendre, ou affronter l’ennemi directement et gérer ensuite avec ce que l’on sait ?
Beckett a raison, et il le sait. Mais…c’est beaucoup, pour lui. Beaucoup trop, certainement.

« Ecoute, Beckett… Je suis ton pote, d’accord, mais je suis pas le meilleur pour gérer tout ce qui ressemble de près ou de loin à un chien. »

Il tapote la table du doigt.

« Mais si jamais tu dois faire ça, j’aime autant pas que t’y ailles seul. SI jamais c’est dangereux, faudra bien un débile qui court vite pour aller chercher les secours. Donc….si jamais t’as besoin…ben…tu sais ou me trouver, ok ? Comme ça, même si ta grand-mère à raison, le grand méchant loup aura jamais assez la dalle pour manger deux personnes.»

Il rit, et se redresse.
Les boissons sont finies, et c’est l’heure de partir.

« Retour maison, mon pote. Je te cache pas que j’ai une envie de douche, j’ai sué comme un bœuf en courant, c’est dégueulasse. »

Il lui envoie une petite claque amicale dans le dos, alors qu’ils partent. La poste, l’arbre, Youki et les chocolats chauds… ça aura été une grosse journée, pour Nassim.
Mais il a redécouvert un pote. Est-ce que finalement, c'est pas le plus important?