Moi, j’avançais directement jusqu’au bureau de la bibliothécaire pour présenter mon autorisation. J’avais un devoir en occultisme qui demandait un ouvrage avancé, le genre de ceux qu’on ne peut pas sortir de la bibliothèque. On me confia l’autorisation ainsi qu’une paire de gants en latex - pour des raisons de sécurité et de préservation. Je passais donc dans la réserve pour aller chercher un exemplaire de “ rites occultes des cercles de sorciers et mages noirs du Moyen- Âge”. Une épaisse couverture sombre et griffée protégeait le livre et le titre y était imprimé étrangement en lettres d’un rouge cramoisi.
Je traversais les tables, cherchant du regard l’endroit parfait pour m’installer. Non, pas avec les premières années, non pas avec les quatrièmes, non certainement pas à côté du couple dont les mains n’étaient suspicieusement pas posées sur la table…. Ah, mais n’était-ce pas que je remarquais un visage familier ? Cheveux d’ébènes, une grosse paire de lunettes sur le nez...N’était-ce pas Harrison Prewett ?
Alors je vous vois déjà venir, Prewett. Un nom qui en disait long. On s’attendait à quelqu’un de hautain, voire même d’infect et pourtant… Harrison était la personne la plus ordinaire,la plus ennuyeuse que je connaissais. Et donc il était un parfait exemple sur lequel me calquer. Et puis il faisait de bons gâteaux. Vraiment. Et en plus il étudiait la médicomagie ce qui me permettait de lui emprunter quelques notes de temps en temps histoire d’apprendre quelques sortilèges utiles. J’avais l’impression que c’était une constante dans l’univers : les gens ennuyeux avaient généralement bon coeur.
Par contre Harrison ne semblait pas particulièrement éveillé aujourd’hui. Il ne me voyait même pas alors que j’étais juste devant lui et je laissais tomber le lourd volume sur la table afin d’attirer son attention.
Hey Harrison .
Je lui adressais un large sourire ainsi qu’une salutation à voix basse.
Est-ce que ça va ? Tu as l’air un peu….distrait.
De toute évidence il ne faisait pas attention à sa tâche, perdu dans ses pensées. C’était un de ses états de la matière si on pouvait le dire comme ça. Quand son regard se perdait au loin, on pouvait presque apercevoir ses pensées quitter le sommet de son crâne. A moins qu’il n’ait mal dormi ?
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