Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Mar 13 Fév - 13:28
Bertram C Godfrey & Beckett Campbell
Oppressant. Voilà le bon adjectif.
C’était le deuxième jour après l’enlèvement. Je croise les mêmes regards fatigués qui n’ont pas pu dormir plus de quelques heures, les lèvres serrées,. A l’heure du dîner les assiettes restent à moitié pleines. Les estomacs se serrent.. Les coeurs saignent, inquiets pour leur famille, leurs amants, leurs camarades de classe et je n’y échappe pas. Autour de moi les démonstrations se multiplient. Certains pleurent, d’autres se rongent les ongles, morts d’inquiétude. Il y a des étalages d’affection et de solidarité. Des étreintes, des tapotements sur l’épaule, des murmures réconfortants. Des voix qui se murent dans le silence et au contraire d’autres qui devraient s’arrêter de parler.
Et moi je suis au milieu de tout ça, de ce puzzle qui se disloque. J’ai l’impression d’errer dans un cauchemar collectif.
Everything is messed up
Ce matin, Andy et Dave ont été retrouvé. Edwyn n’est toujours pas rentré, il est sûrement à Sainte-Mangouste à veiller sur sa soeur. La nouvelle s’était répandue, bourdonnant comme un essaim d’abeilles entre les couloirs. Redonnant de l’espoir à certains et replongeant les autres dans un profond désarroi. Dans la salle commune des serdaigles tout le monde se perd dans cette angoisse effervescente. Tout le château retient sa respiration en ce qui concerne les disparus. Et moi j’ai juste besoin d’expirer.
Discrètement je quitte la salle commune. Tout le monde est préoccupé par des choses plus importantes que de surveiller mes faits et gestes. Et mes pas me mènent jusqu’au balcons. D’ordinaire bondés, ils sont désormais déserts. L’interdiction de sortir des murs du château a poussé les élèves à se retrancher en groupe dans les salles communes, dans les salons communs comme une meute d’animaux blessés cherchant le réconfort des siens. Sauf que je n’y trouve aucune réconfort. J’y trouve une angoisse débilitante.
Dehors, le soir commence à tomber, le relief et la forêt se détachant en noir sur un ciel gris morose. Il pleut un peu, comme tous les jours dans ce maudit pays. J’ignore les bancs et je grimpe directement sur le rebord en pierre brute pour une meilleure vue. La pierre n’est pas confortable, mais assis en tailleur, le dos contre le cadre de l’arche j’ai la meilleure vue tout en restant protégé de la pluie. J’enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et joue un peu de musique sur mon pineapple. Mélomanie, mélancolie. Deux mots si proches.Mélocolie Je ferme les yeux. L’air frais s’engouffre dans mes poumons avant de ressortir. Ca fait du bien. De respirer un peu.
Il paraît qu’inconsciemment, l’on porte ce dont on a besoin. Aujourd’hui je n’ai pas fait un grand effort de style. Converses blanches, un vieux jeans avant des poches suffisamment larges pour emporter ma baguette et mon téléphone sans sac. J’avais le coeur déjà assez lourd, je souhaitais voyager léger. Contre ma peau, un simple T-shirt gris clair me protégeait de ce pull que je ne mettais presque jamais. Un pull en laine de mouton Irlandais blanc cassé.
Blanc. Pureté, espoir. Mais aussi mort selon les cultures
Il était doux et chaud. Rassurant. Il était aussi un peu trop grand. Les manches descendaient jusqu’à aux articulations de mes doigts. Le col épais remontait sur mon cou, adorné de deux boutons en bois. Le problème de ce pull, c’était sa taille et sa production en électricité statique. Mais aujourd’hui ça m’était égal si j’avais les cheveux en pagaille.
Je regarde dehors. J’avais envie de courir mais c’était impossible avec tout Poudlard en lockdown. J’ai envie de sentir mon coeur battre dans ma poitrine, vivant. Je pressais mon crâne contre la pierre. Je suis fatigué. Toute la nuit, les mêmes idées noires, les mêmes théories avaient pourri dans ma tête. Des idées morbides et putrides. Un raisonnement qui m’effrayait. Mon regard lorgne sans cesse sur l’écran de mon téléphone.
Qu’est ce que tu attends ?
Je pensais que je voulais être seul. C’était faux. Si c’était le cas pourquoi est-ce que j’attendais un message de sa part ? Nous n’échangeons pas tellement de SMS...C’est dommage. Dans ma poitrine, il y a une sensation de dépression. Non plutôt…a longing. Sur le coup je blâme, la fatigue, la solitude, l’angoisse et la mélancolie. La peur de la mort. Je n’ai juste pas la force d’admettre la vérité, parce qu’elle me ferait du mal.
J’ai envie de te voir…
Mais mes doigts écrivent une histoire différente sur l’écran. Quelque chose se perd dans la traduction, mais l’essentiel reste. Je soupire et presse l’écran froid contre mon front. Il ne viendra probablement pas. Il doit être occupé à autre chose, avec d’autres amis. Ses vrais amis. Ceux qui n’esquivent pas d’être vus en public avec lui juste pour leur gain personnel. Une soudaine envie de jeter le téléphone du 7ème étage me prend par les tripes.
Je suis tellement fatigué.
Les minutes s’écoulent, comme la pluie sur mes chaussures. J’ai changé de position, laissant mes jambes se balancer dans le vide. Je n’ai pas l’intention de sauter même si pendant un instant l’idée me traverse l’esprit. Il suffirait juste d’une petite poussée pour glisser. L’appel du vide . Mais ce n’est qu’un fantasme produit par ma curiosité mal placée. Des bruits de pas, le froissements de vêtements. Je tourne la tête et le voilà.
Oh. Tu es venu.
Il a l’air pâle et soucieux. Moi non plus je ne souris pas quand je l’accueille, bien que je sois content de le voir, même dans cet état. J’enlève mes écouteurs.
Hey….tu tiens le coup ?
Je me tourne complètement vers lui, mes jambes balançant désormais à l’intérieur.
Comment ça se passe, là, en bas ?
Je doutais que l’ambiance chez les serpentards soient bien différentes de cette atmosphère oppressante qui étouffait le château.
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Mar 13 Fév - 22:46
Disparitions
debrief
Avec 15 élèves manquants, l'ambiance n'était pas à la joie. Depuis le retour du ministère de la magie, le doute planait. L'hypothèse d'un groupe d'ami parti boire un verre était encore possible, mais au retour d'Andy et Dave, elle avait été écartée pour laisser place aux craintes. On dit qu'ils sont amochés. On dit qu'ils auraient été enlevés et retrouvé dans un parc à Londres, et que cela ne ressemblait pas à une soirée trop arrosée. Pour lui même avoir vécu des soirées trop arrosées, il savait que cela n'avait rien à voir avec une telle agitation. Le premier jour, sur le chemin du retour, Beckett était resté silencieux. Il avait trainé, inspectant le ministère du regard, mais rien ne laissant supposer qu'ils étaient simplement parti dehors. Disparus. D'un moment à l'autre, plus rien. Cela lui rappelait des souvenirs. Contrairement à ces derniers, les disparus avaient laissé leurs affaires derrière eux, ainsi qu'un vide aux tables et dans les conversations. Dans quel état allait on les retrouver ? Allons nous les retrouver ? Le jeune homme faisait partie de ces gens qui se terraient dans le silence si on ne leur adressait pas la parole, le regard rivé sur leur assiette à manger sans envie. De temps en temps il levait les yeux pour chercher Nassim ou les serpentards manquants, comme s'il s'était imaginé toute cette histoire. Mais ils n'étaient pas là. Alors il cherchait les autres du regard, son correspondant memesque, sa grand mère préférée, Cannelle, Bertram... Présents. C'était déjà ça.
Et pourtant l'absence de Nassim se faisait lourde. Non pas uniquement parce qu'il avait tout ses cartons chez lui, mais parce qu'il s'inquiétait. Une fois à Poudlard, il avait passé le reste de la journée à chercher comment le retrouver, mais n'avait aucune piste. On lui disait de laisser les aurors s'en occuper, mais la frustration de rester là à ne rien faire le gagnait de plus en plus. La frustration, l'inquiétude, ajoutée de celle des autres et de ses propres cauchemars... Il avait besoin de s'éloigner de cette masse qui se stressait plus qu'elle ne s’apaisait. Beckett s'était terré dans ses dortoirs, enfouis sous ses couvertures. Il avait besoin de souffler et récupérer un peu de sommeil. Sa solution à tous ses soucis se résumait à l'isolation. Terrer le tout au fond de lui et s'il ne pouvait rien y faire, attendre. Dans ce genre de moment, il laissait Hal sortir de sa cage et la laisser faire ce qu'elle voulait, ce qui se résumait souvent à se faufiler sous son oreiller ou juste rester près de Beckett, sautant éventuellement sur l'islandais pour jouer. Ou carrément en train de faire tomber des trucs dans la chambre, dont son pineapple. Qui vibra, faisant fuir Hal, bondissant sur le lit et se réfugiant sous les couvertures. Des messages de Bertram. Beckett tendit la main dans un soupir et attrapa son téléphone. Discuter ? En ce moment ? Il imaginait facilement autour de quoi la conversation allait tourner, et il ne s'était jamais estimé comme le meilleur interlocuteur du monde. Pire encore, le septième étage, c'était huit étages plus haut ! Il voulait sa mort !!
Et pourtant, une quinzaine de minutes après, il était là. Visiblement inquiet, fatigué, épuisé, protégé du froid par un large sweatshirt qui cachait un furet dans sa capuche, idée piquée à l'incroyable Billy. BEckett n'avait même pas pris la peine de répondre au message. Et, incroyable mais vrai, il préférait ne rien faire et s'isoler avec Bertram qu'avoir l'air pathétique dans son lit. Aussi, il n'avait jamais vraiment fréquenté le serdaigle hors aventure dangereuse... Peut-être que sa compagnie était tout aussi agréable sans cette bucket list. Beck haussa les épaules et s'approcha de Bertram, les yeux baissés. - Des gens ont disparus. Des amis.
Il tenait le coup comme il pouvait, inutile, que ce soit aux balcons ou sous le lac dans son lit. C'était inimaginable... Un grand gaillard comme Nassim ! A part un chien, rien n'aurait quand même pu venir à bout de lui non ? Bertram se tourna vers lui et il daigna remonter son regard, mettant ses mains en poche. L'islandais ne devait pas être la meilleure compagnie qui soit en ces conditions, vraiment. Il l'a voulu, il l'a eu, tant pis ! - J'irais bien les chercher.
Mais l'Angleterre est vaste. Peut-être qu'ils n'y étaient même plus. Il prit son temps avant de répondre à nouveau, détaillant Bertram du regard. Il avait négligé les bancs pour s'asseoir au bord du vide, envoyé un message pour le retrouver... Eh, il avait du mal à réfléchir ce soir. Encore plus quand un poids tirait sa capuche en arrière, et qu'il devait régulièrement tirer son col en avant pour pouvoir respirer. Peut-être avait-il trop nourri son animal récemment...
- Ils essaient de se rassurer, mais je crois qu'ils sont encore plus nul que moi pour consoler les gens. Je n'y suis pas resté très longtemps.
C'était dire ! Il laissa s'échapper un soupir avant de s'appuyer au balcon, observant vaguement la vue. Quelque part, sa couette lui manquait. Il faisait moche et froid. Beck osa un regard vers le sol. Quelle chute c'était...
- Cela t'arrive souvent de t'asseoir si près du vide ?
Le serpentard l'accompagnerait bien, s'il n'avait pas un animal suffisamment maladroit avec lui. Le vide ne lui faisait pas peur, et le bon sens était en sourdine depuis bien des années. Il ne serait pas étonnant qu'un jour il finisse à l'hôpital pour une idiotie du genre. Le plus surprenant était qu'il n'y soit pas encore !
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Mer 14 Fév - 13:24
Intermission - Day 2
Bertram C Godfrey & Beckett Campbell
En dépit des circonstances, j’étais content de le voir. Sa simple présence, même avec ce visage las et fatigué, suffit à m’apporter un peu de réconfort. Aujourd’hui, plus que jamais, je me sens comme une anomalie. J’ai l’impression d’être perdu au mauvais endroit, au mauvais moment, déconnecté. Mais quand Beckett est là, mon fardeau s’allège. Je suis peut-être bien une anomalie, mais au moins je ne suis pas seul. Et puis, je ne comptais pas lui avoir fait monter ces étages pour rien. Si je pouvais alléger son fardeau, je le ferai avec plaisir.
Et puis, je voulais voir comment il allait.
Perché sur ma tour, au milieu des serdaigles une partie de mes pensées s’étaient dirigées automatiquement vers lui.Car parfois il pouvait être si énigmatique, si imprévisible que je n’avais pas la moindre idée de comment il pourrait gérer ces évènements. Taciturne, ses réponses se limitent à quelques syllabes. Les yeux baissés, ses mains cachées dans les poches, il s’approche du balcon. Il ne le dit pas, mais évidemment que ça va mal.
Il a l’air particulièrement abattu quand il mentionne des amis. Ces syllabes qu’il laisse échapper dans un souffle, les lèvres serrées. J’ai envie d’en savoir plus. Mais je suspecte que dans son état, Beckett ne m’accorde qu’un douloureux silence.Moi je faisais partie des chanceux. Les disparus ne faisaient pas partie de mon cercle restreint d’amis proches. Mais ils étaient des connaissances, des camarades, des visages familiers dans la foule des jours ordinaires. Et cela ne m’empêche de sentir mon coeur plonger à l’idée qu’on ait pu leur faire du mal. Ou de me sentir coupable de n’avoir rien vu.
J'irais bien les chercher.
Si seulement on savait où il se trouvent...
Je regarde vers l’extérieur. La pluie, la forêt. Tout le monde pense comme Beckett mais nous devons demeurer ici, enfermés, impuissants, retenant notre souffle dans l’angoisse d’apprendre une mauvaise nouvelle et que tout bascule. Torturés par nos propres pensées.
Je déteste ce sentiment
Mais le moment d’être en colère était passé, c’était hier. Aujourd’hui je pense qu’il ne me reste pas assez d’énergie pour maudire quoi que ce soit.
Ils essaient de se rassurer, mais je crois qu'ils sont encore plus nuls que moi pour consoler les gens. Je n'y suis pas resté très longtemps.
En temps normal j’aurai eu un rictus moqueur. Les serpentards n’étaient pas réputés pour leur chaleur humaine. Si je devais donner mon opinion, je les imaginerais bien en train de chamailler. Et les poufsouffles en train de changer koombaya autour de la cheminée en se faisant des câlins. Eux ils devaient être doués pour se consoler.
Honnêtement je ne savais pas ce que Beckett faisait là-bas. De mon point de vue, il avait du coeur. Et du courage. Et aujourd’hui j’aurai été prêt à laisser ces pensées franchir mes lèvres si seulement j’étais sûr qu’elles ne feraient pas plus de mal que de bien. Alors je me contentais d’un :
Ca ne me surprend pas.
Plus politiquement correct. Après tout les serdaigles n’étaient pas plus doués en contact humain. Ce qu’il venait de dire soutenait mon idée que nous étions deux marginaux. Je regarde le serpentard s’approcher et regard par dessus le rebord.
Cela t'arrive souvent de t'asseoir si près du vide ?
Je change de position, assis en tailleur, de profil, le dos contre l’arche du balcon. Je lui laisse la place de venir s’installer à son tour s’il le souhaite. Je regarde le vide et je lui réponds simplement d’un ton détaché :
Pas aussi souvent que j’aimerais. D’habitude c’est bondé par ici. Et tu sais, un accident est si vite arrivé.
Je marque une pause. J’ai l’impression que c’est la phrase de ma vie “ pas aussi souvent que j’aimerais”. Ne pas faire des choses dont j’ai envie, ne pas dire ce que je souhaite. Juste parce que j’ai peur. A cause du regard des autres. L’envie de susciter l’affection et la crainte d’être rejeté. Tout ça me semble un peu inutile sur le moment.
Je sais que c’est dangereux mais j’aime bien quand mes jambes pendent dans le vide.
Pensif, je suis probablement plus pensif et local que d’habitude. Vais-je ennuyer Beckett ? Je me sens bizarre. Plein et vide en même temps. Un silence s’installe. Mes pensées s’empilent, insupportables. Je souhaite qu’elles se taisent. De frustration,je me cogne l’arrière du crâne contre la pierre. Une douleur pas désagréable irradie mais ne me soulage pas. Je soupire, en plein désarroi.
Je n’arrive pas à penser à autre chose.
Les mots me remontent dans la gorge, près à être vomis. D’ordinaire je les aurai ravalés mais c’est Beckett qui se trouve à mes côtés. Je cherche son regard, désolé. J’hésite.
C’est toi qui est bizarre, Bertram
Je me souviens de ça. Beckett avait eu un aperçu de qui j’étais vraiment et cela ne l’avait pas repoussé. Aujourd’hui, plus que jamais, j’ai besoin d’un ami, de quelqu’un avec qui je peux parler librement et décharger ce qui me pèse sur le coeur. C’était prendre un gros risque je le savais. Je me doute que ce n’est pas ce que Beckett veut entendre, qu’il préférerait probablement une plaisante distraction… Je craignais de le décevoir, mais je ne pouvais pas me contenir plus longtemps.
Je ramène mes genoux contre moi, mes mains nerveuses jouent avec le bord de mes manches. C’est doux. Réconfortant. Je n’ai pas le courage de regarder Beckett alors je fixe le mur.
Ceux qui ont fait ça...Ils avaient préparé leur coup.Ils ne les ont pas choisi aux hasard. Ils savaient. Ce qui veut dire qu’ils avaient accès à des informations, que ce soit de Poudlard et du Ministère. Cela expliquerait aussi comment ils ont pu les enlever si facilement. C’est la seule possibilité...
En d’autres termes ils devaient avoir eu accès aux dossiers des élèves. Autant les cracmols et les moldus étaient reconnaissables à leur uniforme, autant les sorciers enlevés….Ils n’avaient pas pu être pris au hasard.Et comment se défendre contre nos propres institutions fonctionnaient contre nous ? En tout cas c’est ce qui me tournait dans la tête depuis 48h.Ca et d’autres choses. Je confiais mes théories, mon raisonnement malade et incomplet à Beckett, faute d’informations, qui filtraient peu. Nous étions les premiers concernés et pourtant les derniers informés.
Et puis si Andy et Dave s’étaient enfuis, on aurait déjà retrouvé les coupables. Mais non. On les a torturés et on les a juste déposé là. Ils ont probablement été oubliettés...C’est ce que j’aurai fait. Mais c’est plutôt bon signe. Ils auraient pu simplement les tuer. Ca aurait été plus simple. Donc ça veut dire que soit ce n’est pas nécessaire, soit ils sont des états d’âme, soit que ça fait partie de leur plan. Ce qui veut qu’il y a plus de 50% de chances que les autres soient encore en vie. La vraie question c’est pourquoi n’ont-ils pas déjà été relachés et ça, ça c’est inquiétant.
Je sais que je prononce les mots que personne ne voulait entendre. Mais j’avais besoin de le faire, j’en avais assez de marcher sur des oeufs, à faire semblant de ne pas voir l’éléphant au milieu de la pièce. Depuis 48h ces idées me trottaient dans la tête, elles pourrissaient à l’intérieur. Elles devaient sortir d’une façon ou d’une autre.
J’élevais la voix, frustré. Ma propre réflexion me mettait en échec. Je détestais être capable de penser à tout ça. Moi qui croyait être incapable de m’énerver aujourd’hui j’avais eu tort.
Mais qui fait ça?! Qui fait ça, putain ?! Qui enlève des gens, les torture et puis les relâche au milieu de Londres ?! Et surtout POURQUOI ?!!
Je pressais mes poings contre mon front. C’était l’information qui m’éludait. le “pourquoi.” Sans attendre je reprenais mon raisonnement.Un peu calmé par le son de ma voix rauque qui rageait. Je parlais plus vite, retombant dans la réflexion.
Ca n’a pas de sens. Quel est leur but ? Les enlèvements sont-ils reliés aux détraqueurs du train? La seule raison que je peux trouver à ces agissements c’est… la terreur. Quelqu’un veut s’attaquer aux cracmols et au moldus de Poudlard. On veut leur faire peur. On veut qu’ils se sentent en danger, que les sorciers se sentent en danger à cause d’eux. C’est la seule explication logique. On veut les exclure, les faire partir. Du terrorisme.
Enfin, j’avais pu lâcher tout ce que j’avais dans la tête. Je me sentais un peu mieux. J’avouais ensuite à demi-mot, mon front posé sur genoux et les bras croisés.
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Mer 14 Fév - 17:05
Disparitions
debrief
Un accident ? Était-ce le bon moment pour prononcer ce mot, cette phrase même ? Il n'avait pas envie de perdre un autre compagnon aujourd'hui, pour quelque chose d'aussi stupide. Beckett garda ses réflexions pour lui; il allait surtout le surveiller du coin de l'oeil et éviter qu'il ne glisse. Mais d'un coté, il comprenait bien l'envie de se percher si haut, si près du gouffre. Il ne se gênait pas de le faire pendant les vacances, sur le toit de l'immeuble ou à sa fenêtre, ce qui effrayait à chaque fois son père. Observer la ville, dans ce cas ci le château, hors de portée... Les soucis semblaient ne plus pouvoir nous atteindre une fois qu'on était installé, jambes dans le vide.
- Je vois de quoi tu parles.
Le jeune homme prit une grande inspiration et se redressa, avant de le rejoindre et de s'asseoir au bord du vide, dos contre l'arche également, avec beaucoup d'attention. On ne rigolait pas, avec sept étages de hauteur ! Il voulait rester en vie pour voir le retour de ses camarades, après seulement il s'autoriserait à faire l'inconscient à nouveau. Personne n'avait besoin d'un nouvel incident à Poudlard. Beckett n'avait rien à rajouter. Lui qui d'ordinaire remuait dans tout les sens, ou cherchait avec énergie de quoi s'occuper, il sombrait dans une inertie plus puissante que son goût pour l'aventure. Il n'avait envie de rien d'autre que de dormir jusqu'à ce que tout soit remis en ordre. Mais quand il se réveillait, tout était aussi mauvais que quand il s'était mis au lit. Quoique. Andy et Dave était de retour. Il laissa le silence s'installer, le regard perdu sur le château et ses tours. Il ne remarqua même pas que Bertram s'était cogné la tête, mais tourna les yeux vers lui quand il reprit la parole, ramené à la dure réalité alors qu'il s'était perdu dans ses rêveries, loin de la journée des droits des moldus et des disparitions.
Quelque chose était différent dans son regard, et il ne fallut que peu de temps pour qu'il ne lui dise pourquoi. Et oui, il aurait préféré penser à autre chose et surtout se défouler. Tiens, il aurait dû chercher la bagarre avec quelqu'un... Mais dans la vie on a rarement ce qu'on veut. Parfois, on a droit à une surprise, comme un serdaigle qui finit par dire ce qu'il a en tête sans avoir besoin d'être dans le noir complet. Peut-être même que celui qui avait besoin de parler au final, c'était lui, et avait tourné son sms d'une autre manière pour ne pas se l'avouer. Beckett l'écouta en silence : c'était le mieux qu'il puisse faire pour l'instant. Le fait que tout soit orchestré, comme le pensait Bertram, était plus effrayant encore. Ils savaient qui enlever, pourquoi, quand et comment. Cela ne le surprenait pas de la part des bons élèves de Serdaigle; toujours à réfléchir en profondeur et pousser la réflexion un peu plus loin quand lui se prenait tout les murs du monde à chercher où commencer ses recherches. Il n'était pas taillé pour briller par son intelligence, Beck ne se voilait pas la face et l'admettait. Cependant, et c'est ce qui avait surement joué en faveur des Serpentards lors de la cérémonie de répartition, il était suffisamment futé que pour s'entourer de gens qui comblaient ses faiblesses. Immobile contre son mur, fixant toujours les tours voisines et donnant l'impression d'écouter vaguement, il intégrait tout ce que lui racontait Bertram, y réfléchissant en silence. Découvrir les motivations des gens lui plaisait, c'est vrai... Mais là, c'était bien trop compliqué pour lui et n'avait pas la fibre d'un détective. Dans ce contexte, il n'était que le sidekick de son interlocuteur, l'abruti qui met le doigt sur un élément important de l'intrigue par pur hasard, ou qui alimente les hypothèses d'éléments inutiles qui rarement se révèlent intéressants.
Bertram haussait la voix, à en faire tressaillir Beckett, qui déposa à nouveau son regard sur lui, qui venait de gagner son attention toute entière. S'il y avait une chose qui frôlait la vérité que le jeune islandais cherchait tant, c'étaient les sentiments, et sa voix en transpirait. Tellement, que même Hal le furet sortit de la capuche pour se percher sur l'épaule de Beck, définitivement réveillée. Pourquoi ? On ne le saura probablement jamais. Mais Bertram n'avait pas l'air de vouloir entendre ce genre de chose, pire encore, cela n'avait pas l'air du bon moment pour être défaitiste. Il ne le quittait pas des yeux, n'avait aucunement l'intention de l'interrompre. En plus, il n'aurait que gaffé, mis les pieds dans le plat comme il a si bien l'habitude de faire. Puis tout ce monologue l'avait intimidé. Comment devait-il répondre, lui qui n'avait pas autant fourni d'effort dans ses réflexions ? Cette terreur ne l'effrayait pas autant que lui, idiot heureux qu'il était, et il avait visiblement besoin de réconfort. Beckett reconnaissait cette pose recroquevillée et n'avait aucune idée de quoi faire pour aider son compagnon d'aventure. Aucune blague ne lui venait en tête, et clairement, c'était pas le moment de sortir des boutades à deux balles.
- J'ai peur qu'ils ne reviennent pas.
C'était ce qui lui venait en tête en premier. Peut-être était-ce rassurant de savoir qu'on n'était pas seul à avoir peur, comme cela l'avait soulagé de savoir que Nassim partageait une peur relativement commune.
- Mais je ne suis pas d'accord.
Revoilà le vrai Beckett, celui qui ferait mieux de garder sa langue en poche et de ne pas briser l'ambiance. Mais la terreur, il avait pu la voir chez les moldus. Il était peut-être jeune, mais il avait compris qu'elle fonctionnait par menaces, bombes et explosions.
- Si la terreur était la seule raison, ils seraient tous mort. Nous avec, au ministère, à la journée des droits non magique. La terreur se fiche de qui est cracmol ou non. Ils ne se seraient pas donné tant de mal pour nous faire peur, je pense que leur but est différent. Ils ont eu besoin de les enlevés, et les ont relâché après sans demande de rançon, ni aucune revendication...
Beckett soupira et croisa les bras. Quel profit y avait-il dans un kidnapping d'un jour ? Avaient-il uniquement torturé Andy et Dave pour le plaisir ?
- On les enlève, on les torture et on les relâche. Quelque chose manque.
Des informations, par exemple. Celles auxquelles ils n'avaient bien sûr pas accès, parce que trop jeune, uniquement élèves, non concernés... Son attention se posa à nouveau sur Bertram, et il se tut. Bon sang, pourquoi c'était inévitable, ces moments où il fallait réconforter ses proches ? Aucun cours ne lui avait appris cela, et internet n'était pas d'une grande aide. Une petite tape sur le dos gênante ne faisait pas l'affaire, pas vrai ? Peut-être montrer une vidéo de chat... Même si cela semblait plus marcher sur les filles que les hommes. Après on dit que ce sont les filles qui ont des cheveux longs, comme quoi, il ne fallait pas se fier à ces clichés !
- Hmm...
Ah la gêne. C'était clairement hors de sa zone de confort. - Si jamais tu as besoin d'un câlin...
Et dans un élan de bonté, il attrapa non pas Bertram mais Hal, et la tendit vers le pauvre Serdaigle. Oui, il proposait simplement de prendre le furet dans ses bras. Ce n'était pas grand chose mais cette bête lui avait été d'un grand soutient pour bien des moments tristes.
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Jeu 15 Fév - 0:25
Bertram C Godfrey & Beckett Campbell
Je n’avais même pas le courage de le regarder alors que je crachais tous ces mots, toutes ces idées qui envenimaient mon esprit. Elles plantaient leurs crocs dans la chair tendre de mon cerveau, s’en repaissaient avec acharnement et avidité. Elles prenaient de l’ampleur et occupaient tout l’espace étouffant tout le reste. La peur. La panique. La corruption. Et soudainement, je ne voyais plus que ça, je ne pensais plus qu’à ça.
Je ne le regarde pas parce que j’ai peur de la façon dont il va me regarder en retour. Je crains qu’il ne s’énerve, ces théories, c’était la dernière chose qu’on avait envie d’entendre en ce moment. Ces mots froids et pragmatiques, ces mots qui font peur.
J'ai peur qu'ils ne reviennent pas.
J’ose relever les yeux vers lui, l’observer entre mes mèches. C’était du Beckett tout craché, qui s’inquiétait pour ses amis et même pas pour lui-même. Il aurait pu être pris pour cible aussi. Un né moldu. Qu’il soit en danger ne lui effleurait même pas l’esprit.Et oui, quelque part cela me soulageait de savoir que je n’étais pas le seul à avoir peur. Enfin, je le savais. Dans ma tête. Mais entre savoir quelque chose dans sa tête et le ressentir dans son coeur, il y avait un monde de différence.
Si c’est tout ce qu’il a à dire sur mon monologue, je m’en sors plutôt bien. Il semble calme.
Mais je ne suis pas d'accord.
Ah. C’est à son tour de partager son point de vue. Je l’écoute avec attention alors qu’il articule sa pensée. Et lui aussi apparemment a eu le temps de réfléchir à la question. Contrairement à moi, sa voix est posée. Quand avions-nous échangé les rôles ? J’écoute sa voix, ses arguments sont valides… Et c’est comme si, à chaque tournure de phrases, il faisait un peu de jardinage dans ma tête. De grandes cisailles tranches les plants stériles. Ces vignes de l’angoisse flétrissent et sèchent, tombent en morceaux. Seules les racines saines et logiques survivent, celles qui pourront porter leurs fruits.
J’hoche la tête à répétition. Oui-oui-oui. C’est sensé.Moi aussi j’avais écarté l’option de la demande de rançon...
Oui, tu soulèves un point intéressant. Il manque définitivement quelque chose dans cette équation.
J’expire. J’ai l’impression que tout est plus clair dans ma tête, qu’on a allumé les lumières et fait les poussières. Parler ça aide à faire un peu de ménage là dedans. De nouveau, le silence s’installe, laissant la vedette à la pluie. Mes jambes se détendent et je m’assieds en tailleur, les sourcils froncés par la réflexion.
- Hmm...
Mon regard se pose sur lui avec intérêt. Il a l’air mal à l’aise… Est-ce que c’est quelque chose que j’ai dit ?
Si jamais tu as besoin d'un câlin...
Hein ? Est-ce que-
De sa position, il me tend une petite boule de poil que je n’avais pas aperçu auparavant. Un furet. Où l’avait-il caché ?
AHAHAHA- mais oui bien sûr, le furet pas lui. Of course, of course *aheum* je suis con. Se faire un câlin entre mecs ça serait bizarre,n’est-ce pas ?
Je masque mon embarras avec un faible sourire et je recueille maladroitement la petite créature entre mes mains. Elle me fixe avec ses petits yeux de fouine dans son masque de fourrure. Je ne suis pas certain de la manipulation appropriée d’un furet, donc je le pose dans le creux de mes jambes pour les caresser. Un sourire doux naît sur mes lèvres alors que l’animal accepte les caresses et joue avec mes doigts.
Il est tellement mignon….oh, ou est-ce que c’est une femelle ? C’est quoi son nom ?
Un rat en tube. C’est comme ça que ma mère l’aurait appelé. Mais elle ne supportait pas les animaux. Personnellement je les trouvais plutôt mignon. Un animal, ça ne juge pas et surtout c’est un très bon confident.
Hmmm...Il me rappelle Gollum...
C’est avec une certaine affection que je me souviens du niffleur baptisé Gollum. C’était il n’y a pas si longtemps. Je me tourne vers la forêt, nostalgique.
Je me demande s’il va bien.
Après avoir supporté mes caresses, le furet bondit , grimpe sur mes genoux et part rejoindre son maître le plus naturellement du monde. Je croise le regard vert de Beckett, les yeux remplis de gratitude avant de les baisser. Je suis tellement plein d’émotions différentes que j’ai peur qu’elles débordent si on me secoue un peu. Et qu’il les remarque à travers mon regard.. Je soupire, mon fardeau sur mon coeur désormais plus léger. Machinalement, mes doigts s’entrelacent pendant que mes pouces jouent sur ma paume. Un geste pour me relaxer.
Quand tout part en vrille comme ça...j’ai besoin de comprendre. Tout tourne dans ma tête à 200 à l’heure. Et ça donne n’importe quoi.
Je lui avouais que j’étais incapable de maîtriser mon esprit. Et je réalisais... C’était lui qui m’avait apporté du réconfort avec toute sa gentillesse, me proposant son animal de compagnie. Quand j’étais avec lui, il balayait le chaos qui régnait en moi. Tout ce qui était compliqué devenait simple. Il me donnait cette sensation d’être… accepté, tel que j’étais. Et là tout de suite, dans mon état émotionnel, ça avait une valeur inestimable. Ce soir, ce n’est pas la peine de faire des mystères. Mes pensées franchissent mes lèvres librement. Il me mérite, plus que qui que ce soit. C’est donc avec la plus grande sincérité que lui dis :
Merci...de m’avoir écouté. Tu es tellement gentil...
Si je me souviens bien je n’avais pas encore eu l’occasion de le remercier pour quoi que ce soit. Et pourtant la liste de raisons pour le remercier commençait à devenir aussi longue que la Bucket List.Je ressentais un léger tremblement, jusque dans ma main gauche. Vite, je la plaque contre ma nuque, visiblement embarrassé. Je lui adresse un large sourire, un peu forcé parce que je ...je réalise autre chose aussi. J’opte pour un ton plus léger, devenu fragile malgré moi. Ma voix tremble un peu. Mince
Regarde moi ça. Je te fais monter jusqu’ici pour discuter et je monopolise toute la conversation !
Un petit rire nerveux. Une tentative vaine d’enfouir de ce sentiment qui serre ma cage thoracique. Je relève la tête vers lui, force un sourire et d’une voix douce… je masque cette vérité derrière une simple plaisanterie.
Je suis un très mauvais ami.
Je ferme les yeux prétendant la nonchalance. En vérité, je sais qu’ils vont crier ma détresse pendant que les lèvres s’étirent.Mes doigts planqués derrière ma nuque serrent nerveusement une mèche de cheveux. C’est vrai. Je suis un ami horrible, médiocre, mauvais. Un ami sur lequel il ne pouvait pas compter, un ami qui prenait et ne donnait rien en échange. Un ami qui refusait de passer plus de temps parce qu’il avait honte d’être vu en public. Je le réalisais maintenant. Mais assez sur moi, il était temps d’essayer de rétablir l’équilibre et de servir à quelque chose.
Alors...si tu veux parler...de tes amis...ou de n’importe quoi d’autres...je suis là.
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Ven 16 Fév - 0:12
Disparitions
debrief
Beckett l'observait manipuler Hal avec attention : hors de question qu'il ne le fasse tomber du balcon, il n'avait pas envie d'aller ramasser la confiture de furet au rez de chaussée s'il venait à la lâcher. Jamais il n'aurait pensé autant d'attacher à un animal lorsqu'il l'avait acquis. Il fallait une sorte de familier, disait-on, et Beckett ne savait pas du tout quoi prendre. Un hibou ne lui convenait pas, encore moins un chat. Les amphibiens ne l'attiraient pas et un reptile, au final, ne fait pas grand chose d'intéressant. Il était arrivé à Poudlard avec un furet, du coup. Surement son plus beau coup de chance !
- Elle s'appelle Hal.
Encore une de ses propres références qui ne faisait rire que lui. Au moins maintenant, Bertram pensait à autre chose. Une brève diversion pour le serdaigle, et pour lui aussi. Une pause légère.
- Gollum ?! Elle est bien plus futée que Gollum !
Contrairement au niffleur, elle ne se laissait pas avoir par les objets brillants ! En revanche, elle n'en ramenait pas et c'était dommage... Peut-être devrait-il l'entrainer à voler des pièces, histoire de profiter pleinement de sa vie d'étudiant. Il n'avait pas revu le petit voleur depuis leur visite de la forêt interdite, ni même perdu quoique ce soit. Et Hal revient vers lui, animal fidèle qu'elle était. Beckett la regarda faire, grimpant sur ses genoux et allant se réfugier dans sa manche. En plus de lui apprendre à voler, il pourrait apprendre à faire des tours de magie avec un furet. Même si, désormais, c'était inutile. Il est un sorcier, pas Houdini, plus un prestidigitateur. Beckett croisa le regard de Bertram, loin de ressembler à ceux qu'il avait l'habitude de lui adresser habituellement. Lui qui avait l'air toujours contenu, impassible et modéré... Ces évènements devaient le bouleverser pour le secouer autant. Beck ne put s'empêcher de lui adresser un léger sourire. Les pensées qui se pressent dans son esprit, oui, il connaissait, de temps en temps. Cela lui arrivait de s'embrouiller et finir par dire des choses qui n'avaient plus aucun sens, quand trop d'émotions s'entremêlaient, comme dans la forêt interdite. Bizarrement, c'était à son tour d'être calme et le plus rationnel.
Beckett haussa les épaules au compliment, dans un sourire. Gentil à sa manière, disons. La première fois, il l'avait qualifié d'idiot. Un gentil idiot, cela lui convenait parfaitement. Son sourire s'effaça légèrement en remarquant l'embarras de Bertram. Quoi, il avait vraiment besoin d'un câlin ? Il songeait encore aux enlèvements et autres ? Le jeune homme s'avança légèrement, ne sachant pas trop quoi faire d'autre. Il le laissa continuer de parler alors, réagissant avec un énième sourire en coin. Oui, il avait beaucoup parlé. Son comportement et sa voix étaient différent. Il avait l'air ébranlé et Beckett n'arrivait pas à savoir si c'était uniquement à cause de la situation à Poudlard. Beaucoup de choses semblaient se passer dans sa tête en ce moment... Il choisit ce moment pour oser un léger rire ainsi qu'une plaisanterie;
- Qui êtes vous et qu'avez vous fait de Bertram Godfrey ?
Ce dernier se confiait, semblait visiblement en pleine détresse et avait perdu toute sa confiance en lui ! Rien à voir avec celui qu'il côtoyait en cours ou qui interagissait avec d'autres élèves dans les couloirs. Un serdaigle dans toute sa faiblesse se présentait à lui.
- Je ne pense pas que tu sois si mauvais.
Beckett n'avait pas l'impression que Bertram profitait de lui. Il continuait de partir à l'aventure avec lui, et contre toute attente, lui avait véritablement prit des notes, en plus de le convier à discuter aux balcons. Sa proposition le surpris. Parler ? De ses amis ? De ce qu'il veut ? Le serdaigle le prenait de court. Il avait prit l'habitude de rarement parler de lui, notamment parce que s'il s'agissait de son père, il s'énervait. Puis personne ne s'intéresse réellement à ce qu'il avait bien pu vivre, il s'agissait d'une histoire banale, qui plus est. Cette habitude de tout ramener à sa petite personne, il l'avait laissé de coté. C'est donc avec un silence qu'il réagit à l'offre, l'air stupéfait. Un léger soupire s'échappa de ses lèvres et il posa l'arrière de sa tête contre le mur, pensif. Il pourrait parler de ses amis, oui... Nassim, qui manquait, ces jeunes élèves qui promettaient de poursuivre sa carrière de fauteur de trouble...
- Ca ne me dérange pas que tu monopolises la conversation. Tu avais visiblement vraiment besoin de parler, et je suis nul en conversation.
Beckett prit cependant une pause, pensif. Il venait tout de même de s'ouvrir un peu, et cela méritait également des efforts de sa part.
- A part Nassim, qui... A disparu... D'ailleurs, j'espère que tu n'auras jamais à subir la disparition de quelqu'un... Attendre leur retour est bien plus pénible que partir à leur recherche.
Les pieds dans le plat sans doute, pour changer. Mais il avait assez donné, à passer des soirées près de la fenêtre à attendre un miracle. Ce genre d'histoire ne finissait jamais bien. Il resta silencieux, plus longtemps que prévu, le regard perdu, fixant vaguement les tours de Poudlard.
- Est-ce que je suis une mauvaise influence, Bertram ?
Sorti de nulle part. Mais il avait emmené un type classé premier de la classe dans la forêt interdite, avait changé les sons de démarrages de la salle informatique ainsi que le fond d'écran et ne parlons même pas de ces toilettes pour filles... Sans mentionner ce qu'il avait bien pu faire avant tout cela.
- Je ne sais pas si tu as entendu le mystère des ordinateurs de la salle informatique... Ou les toilettes du deuxième étage ? Ou pire encore, la fois où j'ai emmené l'un des élèves modèles de Poudlard dans la forêt interdite.
Il prit un air qui se voulait sérieux et se pencha vers lui.
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Ven 16 Fév - 14:31
Intermission - Day 2
Bertram C Godfrey & Beckett Campbell
Alors que je fixe mes baskets, embarrassé, je le sens se rapprocher. Je tente de me maîtriser, de masquer ce que je peux mais aujourd’hui… je n’arrive pas à cacher ce que je ressens. Je réalise que je suis un très mauvais amis. Et même si ça me brise le coeur, je délivre mon texte avec un sourire, sous le masque de la plaisanterie. Parfois il faut forcer pour être convainquant. Parfois il fallait creuser le fossé encore un peu plus entre qui je suis et qui je parais être. D’habitude cela fonctionne mais aujourd’hui je déborde et tremble. J’ai la sensation d’être en verre, transparent et fragile. Je déteste ça.
Qui êtes vous et qu'avez vous fait de Bertram Godfrey ?
Il dit ça comme une blague. Je suis censé rire, donc je le fais. Je baisse la tête pour me cacher derrière mes longues mèches et j’éclate de ce rire poli et clair que je réserve aux mauvaises blagues. Mais même ça je peux pas le soutenir, ce rire que je maîtrise si bien finit par se briser dans un souffle. Je n’ai pas envie de rire. J’ai envie de pleurer. Cette phrase m’écorche.
Qui est vraiment Bertram Godfrey ? Quelque part, je l’avais perdu. Toujours sur le fil à se balancer comme un funambule. D’un côté le gentil et doux élève modèle, celui qui ne souhaitait que plaire et gagner l’affection de sa mère, pour la rendre fière et gagner de rare compliments. Pour gagner l’affection de ses professeurs et de sa pairs. Cela avait commencé comme ça. Mais évidemment, pour devenir cet être parfait, pour être digne, il avait dû ravaler ses sentiments, couper les bords et recouvrir le tout d’un joli voile. Il devait mentir. Et à chaque fois qu’il souriait quand il n’en avait pas envie, à chaque fois qu’il courbait l’échine pour plaire, le vrai Bertram s’éloignait un peu plus. A chaque coup de poignard dans l’âme.
Je devais être moi et quelqu’un d’autre en même temps. Parce que Bertram Godfrey avait aussi peur. Peur d’être découvert, peur d’être rejeté. Il était aussi en colère et amer et toutes ces choses négatives qu’il ne s’autorisait pas à exprimer. Et donc ces sentiments restaient là, dans le noir, à s’alimenter et à croître à ses dépends.
Je ou il. Lequel utiliser quand je me perds ? Je ne sais plus qui je suis. Il ne sait plus qui il est.
Et donc le masque fusionnait avec ma peau, jusqu’à la base du cou de sorte que je ne pouvais ni l’enlever, ni respirer. Le masque était devenu une partie de moi, qui s’était accroché avec chaque mensonge. Je ne pouvais pas vivre sans, je ne pouvais pas vivre avec toute ma vie. Une prison dont j’étais le prisonnier, le gardien mais aussi les barreaux.
L’image était si parfaite...que lorsque j’essayais de me montrer, il disait : Qui êtes vous et qu'avez vous fait de Bertram Godfrey ?. Et ça me donnait l’impression que je devais tout ravaler et me conformer, pour lui plaire. Redevenir l’image à nouveau.
Vas-y Bertram, tu peux le faire. C’est facile. Tu sais comment faire.
Si seulement je n’étais pas aussi plein de sentiments. Ca rendait tout compliqué et dangereux. Parce que j’avais réalisé que la vie était courte, et que s’il m’arrivait quelque chose, personne ne me connaîtrait vraiment. Le vrai Bertram Godfrey, perdu dans l’oubli. A part peut-être Beckett...Mais je pouvais faire un trait là-dessus maintenant.
Une tentative de me remonter le moral. Je n’étais pas un si mauvais ami. Je reste silencieux. Je ne confirme pas, je n’infirme pas. En ce moment j’essaie de reconstruire la muraille et de contenir l’inondation. Ramasser les morceaux de verre et les recoller.
Ca ne me dérange pas que tu monopolises la conversation. Tu avais visiblement vraiment besoin de parler, et je suis nul en conversation.
Je relève les yeux, ajustant mes mèches de cheveux d’un geste et je le regarde. Apparemment ça l’arrangeait que je sois le seul à parler. En temps normal Beckett était rarement loquace et même lorsqu’il s’agissait de répondre à des questions, il pouvait se montrer évasif. Comme lorsque je lui avais demandé de parler de ses parents dans la forêt. Certains sujets étaient sensibles et j’avais peur de le trop le pousser. Je savais que Beckett n’était pas du genre à se laisser bousculer sans rien dire et sans rien faire.
Ma voix douce revient, détachée.
Je trouve que tu t’en sors plutôt bien.
A part Nassim, qui... A disparu... D'ailleurs, j'espère que tu n'auras jamais à subir la disparition de quelqu'un... Attendre leur retour est bien plus pénible que partir à leur recherche..
Il avait réussi à me remonter un peu le moral tout à l’heure.Je garde mes réserve et je l’écoute en silence. Il mentionnait Nassim. Ben Khalil ? Ce grand gaillard riche à la barbe si bien fournie que même certains professeurs la jalousait ? Il se connaissaient ? J’allais devoir lui poser plus de questions à ce sujet. Moi j’avais eu de la chance. La personne mystère avait disparu bien avant mon entrée sur la scène. Mais son absence, quoi qu’il arrive, laissait des traces. J’hochais la tête, je comprenais ses sentiments.
Oh. J’ignorais que vous étiez amis.
En même temps, j’ignorais encore beaucoup de choses sur lui. Mais lui demander de parler de lui alors qu'il avait disparu n'était pas une bonne idée. Je lui reposerais des questions sur le sujet. En attendant, la conversation était ouverte, il pouvait ajouter ce qu'il désirait sur le sujet.
Pragmatique. Retiens-toi.
Je vois ce que tu veux dire. Il n’y a rien de plus frustrant que ce sentiment d’impuissance cependant...parfois il faut reculer et laisser faire les professionnels. Un jour, c’est nous qui réglerons ce genre d’affaire.
Et voilà ce n’était pas compliqué. Pas de “Je déteste ça aussi” , pas d’appel à ce que les autorités incapables se sortent les doigts. Pas de cri contre cet état faiblesse assistée dans lequel nous étions. Nous retenions tous notre souffle, à tourner comme des lions en cage. En d’autres termes, il y avait un vrai fossé entre ce que je disais et ce que je pensais. C’était beaucoup mieux comme ça.
C’était ce qu’il voulait, après tout
Un nouveau silence. Je ne le brise pas. Parfois le silence permettait d’apprécier le reste. Un moment. Un souvenir. Le furet, le regard vert de Beckett perdu vers l’horizon. Mes baskets mouillées. L’odeur de la pluie et de la pierre. J’inspire profondément. Ca commence à fonctionner, je retrouve mes marques et je contiens mes émotions derrière un masque calme.
Est-ce que je suis une mauvaise influence, Bertram ?
Je me tourne vers lui, surpris comme d’habitude par ces petites phrases imprévisibles. Qu’est ce qui peut bien remuer dans sa tête à lui ? Je ne parvenais pas à déterminer si ça le rendait soucieux ou s’il souhaitait que je l’encense. Quelle réponse souhaitait-il recevoir à cette question ?
Je ne sais pas si tu as entendu le mystère des ordinateurs de la salle informatique... Ou les toilettes du deuxième étage ? Ou pire encore, la fois où j'ai emmené l'un des élèves modèles de Poudlard dans la forêt interdite… On dit qu'il en est revenu différent...
J’aime bien ce mot. Différent.
Il se penche vers moi pour dire ça, avec ce regard si sérieux, j’ai comme un sursaut à l’intérieur. Un choc électrique.Mais tout ce qu’il fait c’est me raconter une rumeur. Amusé, je décide de jouer le jeu. A mon tour, je me penche vers lui. Nous sommes assis sur le balcon, au bord de vide, comme à s’échanger des rumeurs comme deux pucelles bavardes. Je feins d’être scandalisé, posant un instant le bout de mes doigts sur mes lèvres
Vraiment ?! Tu as fait ça ?! Je n’arrive pas à le croire….Tu es un si vilain garçon, Beckett Campbell, tu corromps tout ce que tu touches.
Je me redresse et pouffe d’un léger rire. Ca c’était pour le faire mousser. Si du moins c’était ce qu’il voulait. Il n’était pas présomptueux au point de croire qu’il avait tout fait tout seul quand même. Nan, il fallait tenter de rétablir la vérité et rendre à Bertram Godfrey ce qui appartenait à Bertram Godfrey. Ou du moins semer la confusion.
Mais attends, j’ai entendu une autre rumeur...
Je lui lance un regard et je lui fais signe d’approcher. Je me penche vers lui comme pour lui raconter un secret. Il est proche désormais, très proche. Je baisse les yeux. Soutenir son regard à cette distance, c’était une recette pour un joli désastre. Mon visage glisse sur le côté pour s’adresser à son oreille. Je lui confie donc dans un murmure :
Okay, garde ça pour toi mais… il paraîtrait que Bertram Godfrey n’est pas vraiment celui qu’il prétend être. Et il peut être vraiment sournois. Tu devrais peut-être faire attention...
Au moins il était averti.
N’est-ce pas une loi de la physique que plus la distance entre deux objets se réduit, plus l’attraction est forte ? Etre si près de lui, lui murmurer des choses en direction de son oreille...Je ne pouvais pas nier que je ressentais de la tension. Du magnétisme. Mais la deuxième loi de la physique chez Bertram Godfrey, c’est que plus l’attraction est forte, plus la force opposée résiste. J’imaginais Beckett me repousser, dégoûté et déçu s’il devait jamais découvrir ce que je ressentais. J’étais sûr qu’il voulais être mon ami et rien de plus. Il était si précieux à mes yeux, je ne pouvais pas me permettre de le perdre à cause d’une attraction mal placée.
Lentement je me redresse et retrouve ma position. La tension se dissipe mais sursaute quand mon regard croise le sien. Je fuis, décroisant mes jambes pour me rapprocher du bord de balcon et les les balancer dans le vide. Une façon de fuir comme une autre, de ne pas lui accorder le plaisir de lire mon expression. Les gouttes s’écrasent sur le bout de mes baskets. D'un ton purement objectif je lance :
Mais si je devais choisir, je préfère la version où tu es d’une influence si néfaste que tu m’entraînes avec toi. Ca te fait une sacrée réputation pour un fauteur de trouble avec un palmarès si impressionant.
Est-ce que c’était ce que j’étais ? Un élément à accomplir sur sa liste ? Je me le demande….D’un ton faussement enjoué, je lui demande en balançant nerveusement mes jambes dans le vide :
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Sam 17 Fév - 1:50
Disparitions
debrief
Il avait vaguement remarqué qu'il allait encore moins bien, mais n'avait pas fait le rapprochement avec sa remarque., qui n'était qu'une blague pour lui. Il se fichait bien de cette fameuse image qu'il s'évertuait à renvoyer au monde entier ! A l'entendre parler, il avait l'impression de l'avoir cassé. Il avait l'air sur le point de pleurer, et maintenant Bertram parlait de nouveau comme s'il était, comme à son habitude, calme et inébranlable. C'était presque au tour de Beckett de perdre le sien : laisser faire les professionnels ?! Ridicule ! Ils ne se sortaient pas les doigts du fondement pour un sous ! Et il comptait bien remplacer ces pourris à leur propre job et leur prouver qu'ils le faisaient mal ! Nassim était encore perdu dans la nature et tout le monde se tournait les pouces ! Mais soit. Tant pis. La conversation avait continué sans qu'il ne prenne le temps de s'y attarder.
Non, il était reparti dans un sujet plus léger, histoire de se changer les idées de toutes ces histoires. Avec un peu de chance, cela ressortirait Bertram de son état étrange. Bertram se penche vers lui, lui arrachant un léger sourire. Au moins il ne le laissait pas seul dans son petit jeu ! Son choix de mot le surprend et le fait rire un peu. Vilain garçon... Il aurait bien entendu sa grand mère le lui dire ! Beckett Campbell, l'homme qui rendait les autres mauvais d'un touché. Son père achèterait cette histoire sans sourciller... Et il le laissait croire cela aussi. Voilà que le Serdaigle prenait la main. Il lui faisait signe de s'approcher. Intrigué, l'Islandais s'approcha en douceur. Bertram réduit la distance entre eux, plus encore qu'à la visite de la cabane hurlante. Lui ne baissait pas les yeux, attendant la rumeur, profitant de cette proximité pour laisser son regard se promener sur son visage. En plus il ne regardait pas, donc rien de creepy non ? Devait-il faire attention aux cheveux ? Ne pas finir par en avoir dans la bouche ou dans le nez, s'il osait respirer trop fort ? Il ne lui laisse pas le temps de le détailler en détail, filant lui murmurer quelque chose à l'oreille.
Beckett expira, amusé et en même désabusé. On le prenait pour un débutant ? Bertram C. Godfrey était trop sage et trop poli pour être vrai. Il venait de se montrer vulnérable et parlait librement il n'y avait même pas deux minutes alors qu'en public, cela n'aurait jamais été possible ! Il se savait idiot, mais pas à se point là quand même. Tiens... Lui qui avait l'air d'avoir besoin d'un calin, cela aurait été le bon moment. Savoir ce qu'il se cachait sous ce pull en laine et.. Ah, il se retirait déjà. Beckett leva les yeux vers ceux de Bertram, plus fringuant qu'en début de conversation. C'était... Étrangement vivifiant. Ce moment avait filé avant même qu'il ne puisse en profiter comme avec cette fameuse bataille de boule de neige.
- Est-ce vraiment un secret, Bertram ?
Il haussa les sourcils avec un léger sourire. Ces gens répondaient "oui ça va" quand ils voulaient juste crier et pleurer, il les repérait. C'était comme ces cordes de guitare mal grattées qui, techniquement est une faute, mais qu'on avait pris l'habitude d'entendre. Voilà qu'il esquivait son regard et se tourna vers la vue, le laissant sur le coté. Est-ce qu'il venait juste de lui glisser entre les doigts, encore ? Niffleur... Il continue, et Beckett retourne le dos contre son arche dans un léger soupir. Vilain garçon qu'il était, il entrainait le pauvre et innocent élève modèle du coté obscur de la force !
- Uh... Les méchants ont toujours été les plus cools. Ca me va.
Quelque part, cela ne donnait pas beaucoup de mérite à Bertram dans l'histoire, qui soit était en train de devenir le bras droit du génie du mal, soit qui développait un sérieux syndrome de Stockholm, à participer à toutes ses aventures. Beckett n'avait pas quitté Bertram des yeux depuis, et ce malgré les allers et retour de son furet de sa manche à ses mains, ignorant où aller ensuite. Ce fut à son tour de recevoir une question venue de nulle part, et c'est comme s'il ne l'avait pas entendue : le jeune homme continuait d'observer son interlocuteur en laissant un nouveau silence s'installer. Pour réfléchir à son aise, peser ses mots -enfin-, et aussi parce qu'il prenait gout; cela avait un effet plutôt spécial. Gênant et en même temps qui procurait un peu de contrôle.
- Tu t'inquiètes pour ça ?
Le ton de la voix avait beau être égayé, si son corps était raide et son regard fuyant, quelque chose clochait ! Et cela semblait être le bon moment pour le bousculer. Lui qui avait peur d'avoir gaffer plus tôt, il était prêt à reprendre le risque. Un inconscient qui prenait des risques uniquement parce que son instinct s'éveillait, laissant la raison et la prudence de côté. Tant pis si cela ne lui plaisait pas : c'était lui tout entier, ou rien. Pas de façade à afficher aux autres pour leur bon plaisir et aucun compromis sur sa personne et sa personnalité.
- Je ne suis pas sûr de comprendre...
Une petite introduction, avant d'attraper son furet et le glisser dans sa capuche, rejoignant Bertram, les pieds dans le vide, face à la vue. Il délaissa Bertram du regard pour le moment. - En plus du hasard, je t'ai demandé de venir à la forêt interdite parce que je veux en savoir plus sur Bertram Godfrey. Voir si tu étais aussi insipide que tu ne le laisses paraître.
Une roulette russe avec 5 balles dans le barillet. Les mots sont dur mais c'était tout ou rien. Vous comprenez surement mieux comment il arrive à se retrouver avec un oeil au beurre noire sans sommation. Mais c'était ses premières impressions du serdaigle. Poli, serviable, retenu, calme, sans défaut apparent. Un élève vanilla. Un figurant. Beckett savait que les figurants n'existaient que dans les films, donc forcément il ratait quelque chose. Frappait-il un homme à terre ? Surement, vu l'état dans lequel était Bertram. Comme dit plus haut : Beckett ne savait pas réconforter les gens.
- Tu m'as montré que non. Un peu. Pas grand chose. J'ai vu quelque chose de suffisamment intéressant et intriguant pour vouloir avancer la bucket list avec toi. Tu as l'air d'un bon compagnon d'aventure. Je meurs d'envie de voir la salle de bain des préfets aussi.
Il afficha un large sourire et posa son regard sur lui. La fameuse salle de bain, sûrement mieux que celle réservée aux élèves. Peut-être pouvaient il la retourner complètement et filer en douce !
- Du coup j'ai aucune idée si ça répond à ta question !
Mais cela l'amusait visiblement beaucoup. Le problème avait été contourné, ce n'était plus son problème ! Il ne restait plus qu'à attendre et voir s'il n'y avait pas été trop fort.
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Sam 17 Fév - 14:10
Intermission - Day 2
Bertram C Godfrey & Beckett Campbell
La délicatesse, la retenue de ce moment où je lui soufflais la vérité. Un dernier morceau de vérité avant de partir - du moins c’était ce que je pensais. Il n’avait même pas esquissé un mouvement de recul au moment où je m’étais approché. Surprenant.
Je savais que je songerais à ce moment plus tard, à ce qui aurait pu se produire. Deux corps au bord du point de friction. J’aurai pu profiter du fait qu’il avait baissé sa garde. J’aurai pu attraper les deux cordons qui pendaient sur son cou l’attirer vers moi. J’aurai pu déposer un baiser timide sur sa joue, près de son oreille ou contre son cou. Laisser mes doigts courir sur la courbe de sa nuque et s’enfuir dans ses cheveux. Mais je savais que c’était stupide, que j’étais le seul à brûler pour lui. Que la réaction opposée serait aussi violente et douloureuse que mes désirs. Alors je les gardais enfermés à double tour, avec le reste. Ces fantaisies n’avaient pas de raison d’être, je devais arrêter de les alimenter et les laisser mourir, comme tous celles qui avaient précédés auparavant.
Est-ce vraiment un secret, Bertram ?
Je sais. Je ne fais que confirmer ce qu’il suspecte déjà. Je suis incapable de de le satisfaire, un pas en avant, deux pas en arrière. En revanche, je ne compte pas lui donner davantage d’informations. J’ai déjà trop parlé. Je fuis cette confession en faisant face au vide.
Ce qui est révélateur en revanche, c’est sa façon de faire l’amalgame. Les méchants sont les plus cools, en soi j’étais d’accord avec cette affirmation. Ce choix de mot avait été délibéré. Naughty. Paradoxalement enfantin et un peu obscène, un mot qui sous-entendait surtout l’enfant désobéissant qui avait besoin d’une bonne punition. Mais vilain ne voulait pas dire méchant et si beaucoup d’adjectifs pouvaient qualifier Beckett Campbell, méchant n’en faisait certainement pas partie. Avec surprise j’avais découvert qu’il était au contraire, bon. Il avait du coeur, savait faire preuve de compassion et d’empathie….Pour moi il n’y a rien de mauvais ou de malveillant en lui. Il est juste rebelle et peut-être bien à juste titre.
A la mention de sa réputation de son palmarès naît un soupçon. Il s'enorgueillait d’avoir débauché le premier de la classe, l’élève modèle...Est-ce que cela avait été son objectif depuis le début ? Etais-je un trait sur cette liste, un projet ? Ce qui l’intéressait c’était juste de corrompre l’élève docile que je représentais - ma fonction, pas ma personne ? Ou encore, n’étais-je qu’un outil dans son plan anarchique ?Si c’était le cas, il allait être déçu. Un silence s’ensuit. Je ne dis rien, le laissant dans ses réflexions.
Il me rejoint et s’approche, les pieds aussi dans le vide. Je fixe mes baskets mouillées. C’était le moment de consolider les murs.
Arrête de me regarder
Regarde-moi
Laisse moi tranquille
Retrouve-moi
Va-t-en
Reste.
J’avais tellement eu envie de le voir et maintenant je souhaitais juste qu’il me laisse seul. Je n’avais pas besoin de tentations alors que je reconstruisais mon masque, mes murs, mes défenses. S’il venait s’immiscer là dedans il allait manquer des pièces ou en avoir en trop.
En plus du hasard, je t'ai demandé de venir à la forêt interdite parce que je veux en savoir plus sur Bertram Godfrey. Voir si tu étais aussi insipide que tu ne le laisses paraître.
Un rictus se dessine sur mes lèvres.Insipide.. Je je passe une main distraite sur mon visage pour le cacher avant de ranger une mèche derrière mon oreille. C’était exactement l’image que je cherchais à donner comme image.Inexistant, insignifiant.Je n’arrivais pas à croire en un tel coup du destin. Pour le faire partir, tout ce que je devais faire c’était redevenir “insipide”. La tête basse, je bats des jambes en rythme, comme un enfant.
Tu m'as montré que non. Un peu. Pas grand chose. J'ai vu quelque chose de suffisamment intéressant et intriguant pour vouloir avancer la bucket list avec toi. Tu as l'air d'un bon compagnon d'aventure. Je meurs d'envie de voir la salle de bain des préfets aussi.
Il faudrait savoir ce que tu veux, Beckett. Bertram Godfrey ou Bertram Godfrey ? Décide-toi.
Ne le laisse pas d’atteindre.
Les mots de Beckett étaient doux mais rebondissaient sur ma carapace toute neuve. Je ne me sentais plus fragile et transparent comme du verre, mais froid et inflexible comme du métal. Est-ce que cela répondait à ma question. Oui et non. Quelque part j’étais une curiosité pour lui. Un terrain à découvrir. Je ne sais pas quoi en penser. Est-ce que ça a de l’importance de toute façon ? Est-ce que quelque part on ne s’utilise pas tous les uns les autres ? Ca me donne envie d’hausser les épaules. Je me le promets, finis les débordements et les effusions.
Je lui réponds calmement, avec cette fausse innocence, ce faux sourire qui m’égratigne encore un peu :
Oui, merci Beckett.
Je marque une pause et déglutit avant d’ajouter, pensif
Tu sais, tu pourrais demander le mot de passe à ta capitaine. Pour la salle de bains des préfets. Les capitaine des équipes de quidditch y ont accès.
Cette remarque innocente avait pour but de voir le terrain. Quelle relation entretenait-il avec Fenry Williams, la queen bitch légilimens ? Etaient-ils en bons termes ? Et puis, je souhaite insidieusement insinuer qu’il pourrait y aller seul. Après tout, aller dans la salle de bain des préfets avec Beckett pour un bain de minuit me semblait être une terriblement mauvaise idée dans mon état actuel. Ce qui la rendait, bien évidemment, excessivement séduisante et donc effroyablement dangereuse. Et vice versa.
Pendant quelques secondes, le seul bruit que l’on peut entendre c’est le ricochet apaisant des gouttes de pluies qui s’écrasent sur la pierre froide. Je me redresse, m’affaissant un peu vers l’arrière. La paume de mes mains sont posées sur les pierres du balcons, désormais aussi froides que ces dernières. J’observe le ciel gris et la silhouette des gargouille sur les tours. Je brise le silence d’un ton détaché et contemplatif.
C’est un drôle d’exercice que tu m’as demandé de faire. Une Bucket List. Une liste de choses à faire avant de mourir, surtout en ce moment, ça remet tout en perspective.
Il y avait beaucoup de choses sur ma liste qui ne concernaient ni Beckett, ni nos escapades. D’ailleurs elle était toujours en cours d’écriture. Est-ce qu’on peut vraiment terminer la rédaction de ce genre de liste avant la fin.
J’ai du me poser beaucoup de questions pour la compléter. Et encore, tu n’as que la version qui te concerne.
J’énonce ça comme un fait. La connexion est coupée. Je vais bien. Je peux repenser à tout ça sans me sentir perdre le contrôle. Maintenant un dernier exercice, juste pour être sûr. Je me tourne vers mon camarade. Si je peux croiser son regard sans me sentir bizarre, c’est que tout est bon. C’est que je n’ai eu qu’un moment d’égarement et de faiblesse.
Qu’est ce qu’il y a sur ta Bucket List ? Je veux dire...à part tes escapades dangereuses et tes méfaits ?
S’il me répondait, j’en apprendrai un peu plus sur lui, sur ses désirs pour le futur. Si du moins il y avait pensé. J’étais curieux de le savoir.
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Dim 18 Fév - 0:00
Disparitions
debrief
Et ce fut un pari perdu. Il n'était aucunement bousculé, de retour à cette facette impassible qu'il avait eu l'habitude de voir jusqu'ici. Beckett ne se gênait pas, ne se donnant même pas la peine de cacher sa déception et sa frustration à un simple oui en retour. Ces interactions était décidément fort compliquées et les misères de Poudlard lui manquait presque. Le jeune homme leva les yeux au ciel, comprenant au moins l'un des sous entendu quant à la suite : il pouvait aller dans ces fameux bains seuls.
- Tu sais Bertram, si tu veux garder cette partie de la liste pour toi, tu peux juste me le dire. C'est ta liste. Mais oui, je pourrais lui demander. Tu n'aurais qu'à demander à Béring de ton coté.
Beckett n'était pas spécialement en colère, juste frustré d'avoir complètement raté son coup avec Bertram. A peine s'était-il ouvert à lui qu'il s'était refermé brutalement. Beck avait agi trop lentement et s'était prit un mur. S'il avait senti le sous texte, il passait à côté du but de la question : lui et Fenry c'était fluctuant. Tant qu'elle ne fouillait pas ses souvenirs il la supportait. Même en mauvais termes il irait lui demander le mot de passe, de toute façon ! Il se tut, et resta immobile, à se perdre à nouveau dans ses pensées, le regard perdu. Un précieux silence s'installait, un que Beckett ne se serait pas permis de briser. Il était venu au bon moment et lui permettait de s'échapper dans ses songes, loin des autres et de l'inquiétude. Jusqu'à ce qu'il reprenne la parole. De retour parmi les autres, et brillamment ramené à l'inquiétude rien qu'en entendant la fin de sa phrase. Beckett prit une grande inspiration, fermant les yeux et s'accrochant à la pierre sur laquelle il était assis. Oui, parlons de mourir et d'une fin possible, de dernières volontés, en ces périodes troublées de kidnappings ! Ces pauvres gens avaient sûrement des choses à réaliser, à dire et à voir avant de disparaitre. Il savait très bien que Nassim avait un but, avant de s'évaporer dans la nature. Le Serpentard se retenait de tout commentaire pour le moment. Bien sûr qu'il n'avait que la version publique de la chose ! Quel sombre idiot partagerait sa liste entière ? Beckett Campbell, bien sûr. Ce dernier serra la mâchoire, loin d'être surpris d'une telle révélation. C'était d'une évidence telle que parfois il oubliait qu'il était le seul à avoir juré allégeance à une honnêteté aveugle, et se retrouvait face à une vérité qui l'effrayait parfois : il était seul à s'offrir au monde dans son entièreté, blessures et secrets compris. Bien qu'il gardait ses doutes pour lui, ravalait ses frustrations pour un moment plus opportun, il suffisait de lui poser la question pour qu'il les délivre à contre cœur. Beckett ne savait même plus d'où venait cette idée saugrenue qu'il s'infligeait, mais il était hors de question qu'il se rabaisse à ces listes secrètes et autres mensonges. Une solitude pesant parfois lourd mais apportant de temps à autres de grandes récompenses. Bon sang, à vouloir secouer Bertram, il avait fini lui même bousculé.
Il soupira, cherchant un peu de courage au fond de lui pour affronter ses propres émotions, baissant le regard sur le vide sous leurs pieds. Il sentait le regard de Bertram posé sur lui, et ne comptait pas le croiser. Sa propre liste n'était plus si longue. Quelque part il avait l'impression d'avoir déjà tout fait de nécessaire. Il y avait des extras, comme voir un dragon de près, créer l'un des plus grands coups fourrés de Poudlard sans se faire virer de l'école, voyager et découvrir le monde sorcier en profondeur... Des sidequests. Beck avait déjà affronté sa peur -et avait quelques remords-, s'était finalement lié d'amitié avec quelques personnes, ne se privait de rien malgré ses moyens... Si la bucket list était la liste des choses à faire avant de mourir, il était presque prêt à partir.
- Sans les méfaits elle est presque vide.
Il joignit ses mains entre ses jambes, les balançant doucement. D'abord son père, maintenant sa mère... C'était frustrant de se livrer à quelqu'un sui venait tout juste de refermer la porte sur lui et verrouillé au moins sept verrous pour qu'il n'ait aucune chance de l'atteindre.
- Du coup.. Retourner en Islande.
Un classique. N'importe qui l'aurait compris. Ses contrées vides et inhospitalières lui manquaient terriblement.
- Rencontrer mes frères. Revoir ma mère et lui expliquer que non, je n'ai pas dix-neuf ans.
Recevoir une lettre un mois après son anniversaire marquée d'une telle erreur l'avait pas mal refroidi.
- Voir leur maison. Possiblement voler deux trois trucs là bas.
Ou retourner complètement leur maison, et voir avec quel genre d'homme elle avait refait sa vie. Il n'y avait rien de plus, rien sur un futur plus lointain. Beckett n'avait pas imaginé sa vie plus loin que cette visite familiale. Beckett avait resserré ses mains l'une sur l'autre. Il allait définitivement avoir besoin de se défouler dans les jours à venir. Et dans un geste rapide il descendit de son perchoir pour revenir sur le sol ferme du balcon, daignant un regard en coin à Bertram, finalement. Il s'efforçait à penser à autre chose que sa famille et à ne pas trop montrer sa rancoeur.
- Mais d'abord, retrouver Nassim. Je vais les bombarder de lettre jusqu'à ce qu'ils le retrouvent.
Finalement il se laissa emporter, osant quelques pas, agité;
- Si dans trois jours ils n'ont trouvé aucun des disparus, je vais les chercher moi même.
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Dim 18 Fév - 13:27
Intermission - Day 2
Bertram C Godfrey & Beckett Campbell
C’est marrant. Le dictionnaire définit la distance comme la longueur, l’éloignement qui sépare deux objets. La définition ne prenait pas en compte qu’on pouvait se trouver assis à quelques centimètres de quelqu’un et pourtant, avoir l’impression de se trouver à des kilomètres.
Tu sais Bertram, si tu veux garder cette partie de la liste pour toi, tu peux juste me le dire. C'est ta liste. Mais oui, je pourrais lui demander. Tu n'aurais qu'à demander à Béring de ton coté.
Moi demander à Béring ? Jamais. Ca serait trop suspicieux…A moins que je ne trouve le moyen de le convaincre que c’était pour les cours. Pratiquer des sorts aquatiques par exemple. Mais bref ce n’était pas la question. Ce qui me surprenait c’était qu’il avait perçu mon intention, mon sous-entendu. J’avais tendance à le sous-estimer… Et c’était particulièrement frustrant, qu’il puisse lire en moi aussi facilement. Je réalisais à quel point il pouvait se montrer dangereux et en ce moment je n’avais qu’une envie, c’était de le repousser encore plus loin. Alors je ne lui accorde même pas une réponse, les lèvres serrées, j’observe les alentours,innocemment, faussement distrait.
Pas sûr que ce soit utile vu qu’apparemment, Beckett n’est pas dupe. Mais c’est tout ce que je peux faire. Quelque chose m’échappe cependant. Il est déçu, il est frustré, peut-être même un peu fâché. Je déteste décevoir. Mais il est toujours là. A sa place, j’aurai trouvé une excuse pour m’enfuir. Mais il reste, il ne s’énerve même pas. Pas vraiment. Pourquoi ? Ca m’intrigue…
Alors je laisse mes pensées s’égarer sur mes lèvres. La Bucket List. Quelle drôle d’idée, quel drôle d’exercice. Je le regarde et je ne ressens rien à part le froid du métal. Quelque part cela me rassure. Je suis invulnérable. Et quelque part cela m’effraie. Je me sens lourd et pourtant...vide. Creux. Que si je venais d’arracher quelque chose qui était censé être là et qui me manquait. Des mauvaises herbes . Je l’observe, ses paupières se baissent, il me regarde pas. Mon regard, libre de sa surveillance, s’égare sur ses paupières, ses cils, son col, Hal et puis ses mains alors qu’il prononce ce triste constat :
Sans les méfaits elle est presque vide.
De nouveau, ces phrases courtes comme soufflée par quelqu’un qu’on vient de frapper dans l’estomac. Je remarque sa mâchoire serrée, sa pomme d’Adam qui descend et remonte alors qu’il déglutit.
Triste constat, en effet. Ma liste venait de commencer et elle était pleine. Gagner un match de quidditch. Créer de nouveaux sortilèges. Découvrir l’identité de mon père. Vivre près de la mer. Avoir des rapports sexuels ( histoire de voir si c’était aussi incroyable que tout le monde disais - bien que vu mon expérience avec mon premier baiser, je suspectais que ça allait être tout aussi décevant). Ecrire un livre, n’importe quel sorte de livre. Voir le monde, voyager. Passer le printemps au japon. Se tenir au bord d’un volcan. Dire à Redmond d’aller se faire foutre. Ecrire une éloge de l’incompétence d’Orphan Scamander et la diffuser dans tout Poudlard.Faire en sorte que ma mère soit tellement fière de moi qu’elle en ait les larmes aux yeux. Etre moi-même ( ça c’était le plus dur). Faire la fête - mais vraiment. Passer une nuit blanche à refaire le monde. Tomber amoureux. etc….etc…
Bien que...je ne savais pas ce qui était le plus triste. Réussir à venir à bout de sa Bucket List parce qu’elle était courte, ou savoir que je n’arriverais jamais à compléter la mienne. Un frisson, sensation de boule de neige qui coule dans mon dos.. A nouveau ces mots me parasitaient, ceux de mon rêve, comme un avertissement constant, un signal.
Il y a une pièce fermée, dans une maison, sous l’eau, Et dans cette pièce se trouve une foule de personnes portant en elles de grandes espérances, sachant qu’elles ne se réaliseront jamais
Au moins, on pouvait dire que Beckett réalisait ses espérances. Même si j’étais sûr qu’il avait plus de potentiel qu’il ne pensait, plus de désirs sans aucun doute.
Je m’attendais à des désirs communs, ordinaire. Ceux de tous sorciers voire même moldus de 18 ans. Une fois de plus, j’ai tort d’attendre l’ordinaire de la part de Beckett Campbell. Il est hors du commun. Ses courtes phrases saccadées se succèdent et s’entrechoquent. Et devant mes yeux se dévoile Beckett Campbell, qui avec le talent d’un narrateur, raconte son histoire... Juste avec quelques mots. Quelques images maladroitement choisies mais brutalement honnêtes. Tout en retenue. Si seulement son regard se tournait vers moi, il verrait à quoi je ressemble une fois captivé.
Et juste comme ça, ce dont je pensais être débarrassé revient en force, battant, brûlant. Ce que je suspectais s’avérait vrai. Beckett était une anomalie tout comme moi. Il était triste, en colère, frustré. Il avait une voix dans son coeur qui criait et refusait d’obéir, refusait d’abandonner. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres lorsqu’il mentionne voler quelque chose. C’était donc ça. Ce besoin de s’approprier les choses… d’appartenir…Et pourtant, il le montrait si peu…Je le revois dans ma tête. Beckett avec son sourire mutin et les yeux brillants. Beckett en train de faire des conneries, l’air de rien... Je n’avais rien vu venir.
Beckett, je ne savais pas….
….Bertram t’es un gros con.
Deux choses se produisent en même temps. En sachant cela, je regrette de l’avoir repoussé. Ce n’était vraiment pas la bonne décision à prendre. Je ne pouvais pas détourner mon regard. Il était blessé. Je pouvais presque voir les fissures maintenant. Autant que moi. Sans doute plus. Les pensées virevoltent dans ma tête, aucun mot utile ne me vient. Il n’y a pas de mot. Ma main gauche se lève. Je veux la poser sur son épaule, lui signifier qu’il n’est pas seul. Je veux le réconforter, comme il l’a fait pour moi. Je veux caresser le haut de son dos puis l’attirer contre moi….Avant que je ne puisse le toucher, il se retourne et se lève. Nerveux et honteux, je la range en un poing contre mes lèvres, faisant mine de réfléchir.
Le moment était passé. J’ai beau mourir d’envie de le serrer dans mes bras, je me doute que mon camarade a son orgueil et sa fierté, comme moi. Il ne souhaite pas attirer la pitié. Je n’étais pas rempli de pitié. Je débordais de sentiments pour lui. . Je ferme les yeux, j’inspire. Calme-toi.
Mais d'abord, retrouver Nassim. Je vais les bombarder de lettre jusqu'à ce qu'ils le retrouvent. Si dans trois jours ils n'ont trouvé aucun des disparus, je vais les chercher moi même.
Il s’agite. Je prends ça pour de la gêne de s’être révélé ou encore une façon de gérer son angoisse. Il doit y avoir un moyen de rattraper mon erreur. J’expire et je retrouve une forme de calme. Je trouve un compromis.
Toi-même ? J’espère que tu plaisantes.
Ca ressemble plus à un reproche qu’à une question. Rapide virement à 180 degrés, à mon tour je bondis de mon promontoire et je le rejoins. Je retrouve un léger sourire et ce ton doux de premier de la classe. Doux et faussement menaçant, appuyant mon index sur son torse pour ponctuer cette phrase :
Je viendrais avec toi que ça te plaise ou non. Et n’imagine même pas essayer de m’esquiver parce que sinon, j’irai te dénoncer ~
C’était un Bertram Godfrey qu’il n’avait pas encore rencontré. Personne d’ailleurs. Je ne suis pas du genre insistant avec les autres d’abord parce que c’est très malpoli, ensuite parce que la plupart des gens ne valaient pas l’énergie dépensée à ce genre d’exercice. Je ne doutais pas une seule seconde que Beckett serait mécontent à l’idée que je l’accompagne. Et je n’avais pas la moindre intention de lui créer des ennuis non plus. C’était juste...une façon détournée de lui montrer que j’en étais, que je ne l’abandonnais pas et qu’il était important pour moi.
Trop important pour le laisser filer.
Pareil pour la liste. Je suis un homme d’honneur.
Je ne peux pas décemment croiser son regard alors que je lui avoue, que oui, j’accepte d’aller faire un tour dans la salle de bain des préfets avec lui. Alors je regarde ailleurs, rangeant une mèche derrière mon oreille de la façon la plus naturelle du monde.
Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Dim 18 Fév - 15:53
Intermission (event#3 jour 2)
Quelle heure était-il ? Tu ne sais plus réellement. Tu avais passé plusieurs heures à fixer le plafond de l’infirmerie. Mal au cou, mal aux bras, mal partout. Des difficultés à respirer, tu avais espéré, désespéré. Tu ne comprenais pas pourquoi Dave et toi aviez été les seuls retrouvés, ta mémoire altérée, souillée, tu avais beau la remuer et chercher.. sans jamais rien déceler.
Le soleil s’était couché tôt, tu n’avais rien avalé du repas plateau qu’on avait posé sur la table de nuit. Felix et Edwyn à tes côtés toute la journée, ils étaient parti se coucher et t’avaient laissé à contre-coeur sous ordre des professeurs et de l’infirmier. Tu dois te reposer, te disaient-ils tous, alors que tu étais tout bonnement incapable de fermer l’oeil. Le réveil et les pieds gelés dans Londres, te hantait toujours. La disparition de tes meilleurs amis te torturait sans détour.
A peine fermais-tu tes paupières que tu imaginais le pire. Tremblante, transpirante et angoissée, tu finis par te redresser dans ton lit. Tu n’en pouvais plus, d’être allongée sans rien pouvoir faire. Tu n’en pouvais plus qu’on te dise d’attendre sagement que les choses redeviennent à leur normalité. Tu voulais juste courir le plus loin possible d’ici, prendre l’air pour te changer les idées. Tu voulais un endroit ou méditer, pouvoir regarder l’horizon et continuer d’espérer.
Tu mets enfiles tes chaussures au pied de ton lit, passe devant Dave qui semblait déjà dormir et demande à Soukup l’autorisation d’aller prendre l’air sur les balcons. De te laisser une demi-heure de liberté sans te dénoncer. Celle-ci en poche, tu t’éclipses de l’infirmerie pour roder dans les couloirs extrêmement désert. Tu avais cru entendre parler d’un couvre-feu qui demandait aux élèves de rester dans leur salle commune pour ce soir, et d’éviter de trainer en groupe dans les couloirs. Soulagée de ne rencontrer personne sur le chemin, tu voulais éviter d’attirer l’attention, de devoir répondre à des questions…
Grimpant difficilement les dernières marches du dernier escalier, tu sens que tu t’essouffles facilement. Une sensation inhabituelle pour une sportive avérée comme toi… Tu ne comprends même plus ton corps qui semble ne pas vouloir te répondre. Les mains sur les genoux, pliée en deux tu reprends ta respiration et ouvre la porte qui mène au balcon. Le vent frais vint se claquer contre ta figure. L’impression de réapprendre à vivre. Tu retires le gilet en laine qui couvrait ce bras aux veines noires apparentes. L’idée que ça se répande de plus en plus, comme un poison inconnu, ça te donne des idées noires.
Tu poses tes mains sur le bord de pierre et tu fixes cet horizon silencieux. Témoin de ta décadence, de ta démence. Quelque chose clochait, quelqu’un t’observait. Tu tournes la tête alors vers deux individus que tu n’avais pas remarqué en arrivant. Deux silhouettes aux traits familiers.
— « Godfrey ? »
Un ami et camarade de ton grand frère. Le deuxième tu n’avais en tête que son sourire, mais son prénom t’échappait encore. Tu essuies alors une des larmes qui venait de discrètement se fracasser le long de ta joue. « Désolée de vous déranger, je pensais qu’il n’y aurait personne. » marmonnes tu avec discrétion.
D’habitude si forte, si combative, tu ne supportais pas l’idée même qu’on puisse être témoin d’un état pareil. La tristesse t’envahissait, rongeant cet espoir qui te faisait encore tenir debout.
Beckett Campbell
Eleve né-moldu
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Re: Intermission - Day 2 | Beckett Campbell Dim 18 Fév - 22:08
Disparitions
debrief
Son agitation l'avait empêché de voir cette main tendue, un trop plein d'émotion qui le coupait de son environnement, jusqu'à ce fameux reproche. Est-ce qu'il était en train de le sous-estimer, ou de se mettre dans son chemin ? L'islandais fronça légèrement les sourcils, l'observant se tourner vers lui. Bertram avait l'air d'avoir reprit ses aises, et osait l'approcher avec assurance alors qu'il venait juste de le défier. La distance fut encore réduite, posant ce doigt menaçant sur son torse. Confus, il le laissa continuer, avant de laisser s'échapper un léger souffle, surpris. Beckett ne comprenait plus rien à la situation : son acolyte panique, se montre froid, puis revenait vers lui pour le provoquer de la meilleure manière qui soit. Désormais il n'allait plus se creuser la tête et juste laisser les choses venir à leur rythme, cela lui réussissait mieux visiblement. Beck afficha un léger sourire en coin amusé, plongeant son regard dans celui de Bertram. Jamais il n'aurais imaginé être aussi heureux d'entendre cela, surtout quand on pense aux proportions d'une telle mission ! Cela le rassurait de possiblement ne par être seul pour une telle épreuve, qu'il y ait quelqu'un d'assez timbré pour le suivre dans ses plans foireux. Aussi, qui finalement ne l'écartait pas de la bucket list. Le serpentard sourit et lui donna un faible coup à l'épaule du poing.
- Est-ce que tu viens vraiment de te qualifier d'homme d'honneur après m'avoir menacé de me dénoncer ?
Il ne le regardait pas bien sûr, encore un peu à prendre une tête d'innocent ! Monsieur se recoiffait. Beckett leva légèrement le menton, juste histoire de prétendre le regarder de haut alors qu'une idée de méfait germait dans son esprit. Rien de bien méchant. Aussi bête que souffler sur un château de carte presque fini ou que de souffler les bougies d'un gâteau avant que l'autre ne le fasse. Impossible de cacher son sourire malicieux tandis qu'il finissait de remettre ses cheveux en place : à peine avait-il finit que le jeune homme prit un malin plaisir à l'ébouriffer d'un geste contre ses cheveux. Un peu de légèreté dans tout ce drame. La porte s'ouvrit, et une élève apparut, Andy Ollivander. Comment oublier son nom quand tout le monde ne faisait que le répéter ces deux derniers jours ? Son sourire s'estompa et il adressa un bref regard à Bertram. Lui qui n'avait eu aucune idée de comment le réconforter, qu'était-il supposé faire face à elle ? Les veines noires attirèrent rapidement son regard. Beckett plissa les yeux, intrigué. Ce n'était quand même pas là avant, si ? Il tressaillit : Bertram avait été appelé, pendant qu'il s'était fait happé par son observation trop prolongée et aucunement discrète de ces veines. C'était sûrement la dernière chose qu'Andy voulait, un fouineur qui pose les questions qu'elle avait entendue toute la journée. Des questions pourtant importantes, comme 'ça va?' ou 'que s'est-il passé' ? N'étaient-ils pas tous venu ici pour échapper à cette ambiance morose ?
Beckett leva les yeux vers elle alors qu'elle essuyait une larme. L'islandais avait beau être une quiche monumentale en réconfort, il ne pouvait partir en faisant semblant de n'avoir rien vu, ce serait criminel. Elle avait marmonné quelque chose mais il n'avait pas tout saisi...
- Hey Ollivander.
C'était plutôt eux qui dérangeaient la demoiselle, qui avait visiblement besoin d'extérioriser beaucoup de choses. Il lui adressa un léger sourire.
- Je suis heureux que tu sois de retour.
Il voulait lui épargner le genre de dialogue qu'on avait du lui servir encore et encore, mais tenait au moins à dire cela; son retour redonnait espoir. Beckett baissa les yeux. Vraiment, il allait devoir chercher sur internet comment remonter le moral des autres. Sa seule expérience dans le domaine datait d'il n'y a même pas une demie heure et se reposait sur un furet. Le jeune homme releva les yeux vers elle.
- Je peux te montrer quelque chose ? Tends tes mains. Si tu fermes les yeux, ce sera même plus théâtral !
Bon, c'était le moment d'improviser. Avec un grand sourire il s'approcha, et y déposa Hal son fidèle furet doucement dans les mains d'Andy, murmurant un "s'il te plait, ne la lance pas par dessus le balcon...". Au même moment il réalisa tout ce qui était possible de faire avec un animal de compagnie : un véritable moyen de briser la glace ou de changer de sujet. Serait-ce la clé pour enfin nouer des liens ?
- Andy, voici Hal. Elle aime me réveiller en pleine nuit et voler les chaussettes propres des autres serpentards. Quand j'ai besoin de réconfort je vais au dortoir et je la garde près de moi. Elle l'ignore sûrement mais elle est d'un grand soutien et sais exactement s'y prendre quand je suis triste. Si tu veux, je te la laisse pour le moment ? Tu me la rendras quand ça ira mieux...
Bertram C Godfrey & Beckett Campbell feat. Andy Ollivander
U sourire pointe discrètement sur le coin de ses lèvres et je suis comblé. C’est que je l’attendais avec impatience, le retour de son sourire de lutin malicieux. Un petit coup de poing en signe de camaraderie retrouvée et surtout une réflexion pertinente :
Est-ce que tu viens vraiment de te qualifier d'homme d'honneur après m'avoir menacé de me dénoncer ?
Sa réflexion m’arrache un éclat de rire de rire incontrôlable et un peu nerveux. Il avait raison, j’avais vraiment dit n’importe quoi. Bertram qu’est ce que tu peux être con. Je mettais ça sur le coup de la fatigue. En revanche j’arrête de rire pour pousser une exclamation de surprise alors que sa main ébouriffe mes cheveux. Il me prend au dépourvu, rapide et efficace mais aussi terriblement ennuyeux. Mes mèches se rebellent, partant dans tous les sens à cause de l’électricité statique conduite par mon pull. Essayer de les replacer tout de suite n’arrangera rien. Sale gosse. Ca me surprend ce geste. Les cheveux c’est personnel. J’imagine qu’il devait être particulièrement heureux ou excité. Ou alors il avait juste eu envie de me taquiner et de me rentrer dans les plumes.
Une voix m’appelle. Je me retourne et l’aperçois.
Andy…?
C’est bien elle, qui se tient dans la porte comme un apparition fantomatique. Je me fige, à cause de cette sensation d’être pris la main dans le sac, quelque part où je ne suis pas censé avec quelqu’un que je ne suis pas censé fréquenter. Lorsque sa voix se brise en un filet usé et qu’une larme glisse sur sa joue, je retrouve la faculté de penser clairement. Enfin clairement… Dans ma tête toutes les mauvaises questions évidentes se succèdent.
Qu’est ce que tu fais là ? Comment tu te sens ? Que s’est-il passé là-bas ? Tu te souviens de quelque chose ? Tu as vu les autres ?
Mon regard se pose sur ce lierre nécrosé qui fleurit sur son épaule jusqu’à son cou. L’effroi me serre dans ses bras glacés. Est-ce que les autres….. Je ne peux pas finir cette pensée.
Heureusement que Beckett est là pour rattraper le coup. Il me devance, avec l’air presque normal, presque enjoué. Il lui tend Hal avec l’innocence et la maladresse d’un enfant. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est peut-être inapproprié. Que ce n’est peut-être ce dont elle a besoin.En même temps, je dois avouer que je la connais mal, Andy Ollivander. Pour elle, j’étais un figurant, le camarade de son frère avec qui elle le voyait traîner à l’occasion. Je la côtoyais par intermittence. Je la vois encore, souriante, pétillante alors qu’elle vient taquiner son frère. Parfois boudeuse. Quelques fois, elle avait cette moue autoritaire comme lorsqu’elle grondait un première année pour avoir glissé un crapaud dans la robe d’une de ses camarades. Une jeune fille brillante, volontaire….
Alors quand j’osais regarder dans ses yeux, quand je voyais cette silhouette abattue, son regard creux j’avais l’impression qu’on l’avait remplacé par une poupée dont on avait crevé les yeux.
L’effroi danse désormais un tango endiablé avec la colère. De la rage par hectolitre se déverse. Qui avait osé ? Qui avait osé lui enlever ça ? Etait-ce le même sort qu’il avait réservé aux autres ? Je n’imaginais même pas l’état de rage et de colère dans lequel Edwyn devait se trouver. Le connaissant, il devait être en train de préparer un catapulte magique en ce moment même pour aller défoncer les bureaux du Ministère et ceux du directeur.
Chaque phrase qui me vient semble être la mauvaise. je suis content de voir que tu vas bien. Elle allait mal, c’était d’une évidence...Je ne pouvais pas non plus prétendre que tout allait bien comme le faisait Beckett. Je ne pouvais pas lui dire d’un ton claironnant Madame la préfète-en-chef, c’est honteux de voir debout et dans les couloirs à cette heure aussi tardive ! Je n’en ai pas le coeur, ça sonnerait tellement faux.
J’avais juste envie de la prendre dans mes bras et de la laisser pleurer un peu. Mais c’était peut-être inapproprié.. J’ose poser ma main sur son épaule dépourvue de marques, légère, prête à partir au moindre geste, mais néanmoins ici. Je tire sur ma fibre fraternelle.
Ne te préoccupes pas de nous, Andy. Si tu as besoin de pleurer, pleure. Si tu as envie de crier, crie. Et si tu as besoin de parler de ça ou d’autre chose, j’écouterai. Si tu veux du silence, ou quoi que ce soit d’autre… je suis là pour toi. On est tous là pour toi, okay ?
Emporté par l’émotion, j’ose la serrer dans mes bras un bref instant, quelques secondes. Tant pis si c'était malvenu, ou un peu gênant, je pense que les circonstances étaient suffisamment exceptionnelles./
J’aimerai pouvoir enlever sa douleur d’un coup de baguette magique. J’aimerai pouvoir crever les yeux de celui qui a fait ça.
Je la regarde et je lui adresse un sourire sincèrement désolé. Je ne peux pas faire grand chose, je le sais. Je ne suis ni Félix, ni Edwyn, ni un médicomage. Tout ce que je pouvais lui accorder, c’était cette promesse. De ne pas lui dire ce qu’elle devait faire mais de la laisser faire, de parler, de pleurer de vider son sac et son coeur trop lourd.
Ton regard croise les leurs, tu baisses les yeux un instant le temps de te les essuyer. Tu ne sais pas vraiment si tu avais honte ou bien si tu avais peur de les inquiéter inutilement. Prisonnière d’une faiblesse autant morale que physique, tes lèvres tremblent sans que tu ne leur répondes.
Je suis heureux que tu sois de retour.
Tu avais envie de hurler. Envie de vomir. Il venait d’enfoncer une lame dans ton âme. Pourquoi toi et pas les autres ? Ou étaient-ils ? Tu voulais autant le savoir que les autres. Tu ne supportais pas l’idée de ne plus jamais pouvoir revoir Harry, ton meilleur ami. De revoir Nassim et tous les autres que tu aimais tant. Des cracmols qui te faisaient confiance. Tu ne pouvais t’empêcher de culpabiliser en pensant à Sam, que tu avais forcé à venir à cette journée au ministère. Il aurait pu être en sécurité à Poudlard, tout comme toi.
— « Je te remercie. »
Amertume déguisée par un sourire usé. Tu t’efforces de rester debout alors que tu aimerais t’effondrer. Ton bras te brûle de plus en plus, alors tu serres les poings. Tu enfonces tes ongles dans la chair de ta paume sans le quitter d’un regard vide. Il te demande de fermer les yeux, de tendre la main et sans savoir pourquoi tu t’executes.
Alors que quelque chose chatouille le bout de tes doigts d’un contact chaleureux, tu les rouvres et lâche un hoquet de surprise face à ce qui se tenait maladroitement debout sur tes paumes tremblantes.
— « Hal…? Elle est adorable. »
Tu ne bouges pas réellement, les iris toujours vitreuses. C’est l’ami de ton frère qui se lève désormais, et tu le suis du regard sans un bruit. Sa considération te toucherait presque, arriverait à percer la coquille dans laquelle tu venais de t’enfermer. Et alors qu’il te prend dans ses bras, tu tends toujours les tiens pour ne pas lâcher Hal qui se blottissait toujours entre tes doigts.
— « Je… Merci beaucoup vous deux. »
Tu fixes alors Hal, lui grattant le bout de la tête avec affection. Passionnée des bêtes, tu avais l’air de savoir comment t’y prendre. Car la bestiole venait de grimper sur une de tes épaules et se frottait la tête contre ta joue. Godfrey s’était éloigné et tu le dévisageais de haut en bas, un peu plus rassurée. Même si au début, tu aurais espéré te retrouver seule, la présence de ces deux camarades n’était au final pas désagréable. Ils étaient plein de bonne volonté et se voulaient surtout respectueux.
— « Un.. un peu. C’est surtout que ça.. que ça brûle en fait. »
De ta main droite, tu vins vérifier en massant ton bras gauche pour tendre la peau sur les veines qui devenaient de plus en plus noircies. Elles remontaient jusqu’à l’épaule désormais. Tu pousses un soupire, gardant Hal dans le creux de ton cou en la tenant pour ne pas qu’elle tombe.
— « Je sais ce que vous vous demandez. Vous êtes trop poli pour le faire à voix haute et c’est justement pour ça que je vais vous répondre. »
Tu marques un temps de pause, les prunelles brillantes tournées vers l’horizon.
— « Je ne me souviens de rien… Je me suis juste réveillée ce matin, avec ça dans le bras. Et ce numéro.. »
Tu lèves le poignet, tourné vers eux pour leur montrer ce 2 toujours gravé dans ta chair.
— « Enfin.. Je me souviens vaguement de quelque chose.. C’est comme un rêve, mais si réel que j’ai l’impression que c’est vrai. »
Et tu te rends compte que tu n’en avais encore parlé à personne, ni à Felix ni même aux professeurs.