les yeux étoilés (constance)

Quelques immeubles haussmanniens, un pincée de foule et un morceau de soleil. Des années tendres bercées dans un décor  à l'appel des clichés. Et tout s'efface, t'aurais aimé y rester, dans ton décor adoré, t'envelopper à jamais de cette familiarité. Parce que là où tu vas, rien n'est pareil, malgré toi tu ne peux rien n'y faire l'inconnu t'attire dans des bras à ton goût incongru.

Alors t'as fais connaissance avec le coin du bac à sable. Car au-delà des bonjours et des au revoir, ton semblant de compréhension à des allures d'illusion et que les mots dans tes oreilles sonnent pareil à des incantations.
Mais il fallait bien s'y faire, à tous ces dialectes, car du bout de tes lèvres, quelques paroles médiocres, les "airs" roulés.

Les mots se délient à la vitesse où tu grandis et te voilà, le grand jour. Celui qu'on attend tous, la première année à Poudlard. Le meilleur ami du bac à sable avait bien grandit. Face au porte de l'école, la solitude aurait pu être écrasante. Aux abord de l'appréhension, une silhouette se dessine et tu le reconnais, c'est un soleil - Ambroise. Rencontré grâce aux amitiés maternelles, car vos mamans adorent papoter et qu'il t'abordait de loin lui et ses airs ensoleillé.

Premier camarade de classe ; tu lui dois sans doute un merci. Les jours passent, les semaines, les mois, un sourire furtif né sur ton visage, les airs moins maussade. Tu découvres la vie au sein de l'établissement, foncièrement timide tu t'essaies à bien  des défis, sortir du dortoirs la nuit, ou bien tester une multitude de sort farceurs pour te faire rire toi et tes amis ; ton quotidien se retrouve de part et d'autre pimenter par toutes ces bêtises.

Et pourtant, tu t'y plais dans ce petit quotidien, à te taper des barres à en oublier le lendemain. Entre louanges et réprimes, hilarités et silences incompris. Tes années à Poudlard semblent de loin cacher de nombreuse surprises.

Un trait de malice sur ton visage. Le sourire à faire tomber Icare, la candeur enveloppe ton regard sans égard à ce que cela reflète. Constance n'est pas honnête, on tombe amoureux de mensonges et on laisse les vérités à l'écart. Pourtant Constance n'est pas perfide, si ce n'est dans son immaturité, ses puretés adolescentes qui l'élance dans le vide. Du haut de ses seize ans, Constance veut tester la vie. Connerie d'ado', à se retrouver vite seul  dans le château par les nuits sombres où les ténèbres même d'un éclat transperçant semblent rire doucement.

Car a seize ans, le monde est beau - ou presque. Y'a quelque chose qui pétille, quelques goûtes de pluies enivrées de la fragrance du savoir. Constance par delà les balivernes, l'excellence peut-être t'obsède. Malgré l'arrogance de certains actes, c'est avec finesse que pourtant tu assimiles. Sans aucune vanité, car tu n'es que tromperie mon pauvre Constance, t'aimes t'imaginer à des avenirs passionnés, des mystères évadés et de désirs éphémères. Car évidemment, par dessus tous tes dons celui que tu préfères c'est rêver. Et tu t'en rappelles encore des décors de ton enfance, des bâtiments mythiques resplendissants.

Pourtant tu ne peux insuffler aucun de ces souvenirs. Car t'as pas l'art du langage, ou en tout cas t'as  celui qu'ils ne comprennent pas. Monstrueux accents, allures romantiques ; quelques oublis éparpillés dans le temps. Barrière du langage qui t’agace, tes origines refont surfaces. On pourrait bien s'en moquer comme on pourrait l'adorer, et toi tu tentes inlassablement de t'en débarrasser.

Parce que tes moments de rages sont rythmés par des putains et que la gêne t'envahit au moindre quiproquo ; car les sourires mentent, il est sympathique, Constance mais c'est pas le plus causant, Constance. On envie l'inconnu comme on peut le craindre. Et tes faiblesses se distinguent par une appréhension sans nom, là où tu redeviens petit garçon. L'ami du bac à sable, le fameux, ô le vaillant compagnon. Bien sûr que t'as grandit entre temps, du haut de tes maladresses si peu soient-elles, quelques étoiles dans l'éclair bleu de tes yeux, peint à la couleur du ciel d'une pointe de surréalismes, t'as les paroles douces. Le battement d'aile d'une colombe et la caresse du lys.

Un désir rimbaldien de s'approcher du génie, surplombée par ta naïveté de gosse de seize piges. Ô pauvre Constance, prie pour que l'âge ne fane ni ton regard ni ton sourire.