[défi serpentard] Yannis & Beckett — Vengeance est un plat qui se mange froid

haute voltige
Deux t-shirt, un pull, un sweat, un jogging, les genouillères et coudières de l'hippoball, deux paires de chaussettes, une paire de gants, un cache-cou, une écharpe, un bonnet et même ses lunettes anti-intempéries sur le front, c'est tout ce que Yannis avait enfilé pour pouvoir grimper dans la nuit froide ce soir là. Par contre il avait mis des converses en tissu noir, le con. Il avait même dégoté deux pics d'escalade lors de son dernier retour à la maison. Beckett et lui avaient monté un plan d'enfer, au millimètre près, impossible que ça échoue. Ce soir, tout était près. Ils s'étaient extirpés en douce de leur dortoir, avaient évité Óskdóttir en beauté et se trouvent désormais au pied de leur but, la tour Serdaigle.

Chuchotant, Yannis lâche un "Comment ils vont bouffer ces sales piafs, je te jure j'ai tellement hâte de les voir tous malades demain." à l'intention de son partenaire. Il rit très fort intérieurement. Il ressert son harnais, sécurise le bout qui le relie à Beckett. En cas de chute, il y en aura bien un pour rattraper l'autre. Espérons le... Yannis aurait tellement préféré emprunter Chiron pour la nuit... Mais ç'aurait été tellement grillé. Trop.

Yannis fait un signe de tête à Beckett. Celui qui veut dire "mec c'est toi qui monte en premier t'es au niveau supérieur". Mais qu'il n'ose pas avouer à voix haute. Faut déconner. Il est déjà au courant qu'il est une petite frappe. Faudrait pas que ça se sache non plus. Il sort de son sac à dos, dont il a pris soin de nouer les deux sangles autour de son ventre, pour plus de swagg, mais surtout de sécurité, ce serait con de faire tomber un marteau en grimpant, un de ces deux pics d'escalade, dont il attache la dragonne autour de son poignet droit. Pratique pour piquer entre les briques de la tour.

Et c'est un pied, une main qui se dressent vers les brèches du mur. Il souffle un petit "et c'est parti mon kiki !", aussi bien à son intention qu'à celle de Beckett.

haute voltige
Curieusement, des deux, Yannis semble être celui dont l'instinct de survie est le plus développé. Des deux, c'est surtout celui qui galère le plus. Sous les pieds de Beckett, il se prend des gravillons en pleine face, a du mal à suivre la cadence et manque de s'étouffer à plusieurs reprises. Heureusement qu'il a pris ces lunettes, sans quoi il serait déjà aveugle.

"Tu te débrouilles ?"
Yannis a juste envie de hurler que non, que putain il est tellement mieux à chevaucher des poneys, que merde c'est de la torture ce truc, que ses bras vont lâcher, que les tremblements qui secouent tout son corps sont insoutenables, qu'il a pas envie de crever là, qu'il est trop jeune pour ça, qu'il avait un but dans la vie, qu'ils sont trop haut, que merde c'est vraiment trop dangereux, qu'ils sont trop cons d'avoir eu cette idée, que plus jamais de sa vie il ne montera à plus d'un mètre cinquante de haut, que ses mains saignent tant il s'agrippe, qu'il a déchiré une de ses converses et s'est ouvert le pied sur une pierre, que s'ils survivent il est sûr de mourir du tétanos... Mais au lieu de ça, il se contente de bougonner, marmonner un truc à propos de "suicide" dans sa barbe et de garder le peu d'énergie qu'il lui reste pour terminer cette ascension. Il a terriblement mal, partout, et encore une fois, ou presque, c'est un peu la faute de Beckett. Mais bon, celle-là il ne l'aura pas volée.

Beckett annonce qu'ils sont presque en haut. Il était temps. Soulagement, Yannis soupire, se détend un peu et, alors qu'il regarde Beckett planter le pic plus haut dans la roche, putain, forcément, fallait que ça arrive, son pied glisse. Sa tête cogne une pierre alors qu'il se rattrape à la corde qui le lie à Beckett et à la force de sa main restée accrochée au mur. Putain il est tellement mort.

haute voltige
Non mais quelle horreur. Quelle terreur. Yannis suffoque, tousse, respire trop fort, il a du mal à reprendre ses esprits, le choc est allé trop fort. Seuls ses bras le tiennent encore. Il baisse la tête vers ses jambes qui se balancent dans les airs... Oh putain ! Instinct de survie, élan vivace, il replace rapidement ses pieds contre le mur, relâche la corde et reprend une position stable. Beckett lui a hurlé des trucs qu'il n'a pas compris. Il a dû paniquer aussi, tiens. Le corps du blond est partagé. D'un côté, il y a cette fatigue terrible, et de l'autre cette peur terrible, qui toujours le fait trembler alors qu'il se colle contre la paroi de la tour. Il essaie de monter un peu, pour pouvoir laisser de l'espace à son ami, comme quoi cette idée de s'attacher n'était somme toute pas si mauvaise. Ca peut sauver des vies. Pas si bête, le blond.

"Eh Damon ! Tu grimpes là, ou tu te laisses aller ?!" "Mais ta gueule ! siffle-t-il. Pas aussi fort putain, on va se faire griller ! " Et sur ses mots tirés de son dernier souffle et de ses dernières forces, il attrape la corde et joue du contrepoids que lui fournit Beckett pour se hisser sur le toit. Et là, face au vide, il s’assoit, bien plus rassuré de pouvoir poser jambes et fesses sur une zone stable. "Oh bordel je t'en dois une. Sérieusement j'ai cru que j'allais y passer." Il porte une main tremblante à sa tête, ça picote, il perd ses doigts sous son bonnet, entre quelques cheveux blonds, puis les regarde. Ils sont rouges, et pas seulement du frottement des pierres. Aie, il a tapé dur, c'est bien ce qu'il craignait. Il en doit définitivement une à Beckett. Mais quand son corps aura décidé qu'il peut de nouveau bouger. En attendant, il laisse son dos s'allonger doucement contre le toit, respirant de petites bouffées. Il a encore du mal à respirer. Il tourne sa tête vers Beckett, avec ce regard qui signifie "mais putain on est vraiment cons..." Et en même temps, maintenant qu'ils y sont, il sait que d'ici quelques minutes il pourra se mettre au boulot avec bonheur, et ça le fait sourire. Alors il ricane un peu, pour la lune et pour Beckett. Quel méchant, vraiment.

déconstruction
C'est bon. Les bases du cerveau se sont remises en route. Beckett aussi, d'ailleurs. Alors qu'il est étendu les yeux fermés, le blond entend son partenaire bouger. Il sent quelques gouttes lui frôler le nez. C'est le moment où jamais ! "Mais jamais tu parles moins fort ?" siffle-t-il avant de s'installer à côté de son ami. Le but ? Faire un énorme trou pour qu'ils se prennent toute la flotte possible ! Et puis un bon coup de lune aussi. C'aurait été drôle si ça avait été la pleine lune tiens. Mais bon. Il se place à l'opposé de Beckett et fait sauter une première tuile. Plus que 3454455. Parfait, une nuit agréable à venir. Il s'y met vraiment et laisse glisser les tuiles vers la gouttière, il les wingardum leviosara plus tard. Ca part vite, facilement. Après quelque seconde, Yannis se fait la réflexion qu'il n'aimerait pas que les dortoirs des Serpentards soient ainsi fait. Mais bon, ils seraient déjà morts, si c'était le cas. Et il jette un coup d’œil à Beckett, qui semble aussi vivant que lui. Et... Mais qu'est-ce qu'il fait ? Surprit, Yannis laisse tomber les trois tuiles qu'il tient entre ses doigts dans le trou qu'il a lui-même créé. "Oh merde ! Il chuchote. Mais pourquoi tu fais ça c'est trop con et pas discret mec !" Et soudain blasé de certaines idée de son si bon partenaire, il lui balance une tuile dans l'épaule, qui retombe elle aussi dans le trou qu'ils déconstruisent. Bon....

ALERTE ROUGE !
ALERTE !
ALERTE !
ALERTE !
Repérés, ils sont repérés, et tous les muscles de Yannis, de nouveau, se durcissent. Un rayon de stress et de panique lui pourfend l'épine doctorale, sa mâchoire se serre et il s'entend déjà grincer des dents.

Et Beckett fait la chouette.

Yannis est littéralement à deux doigts, DEUX, de lui crever les yeux. Leurs visages sont proches, ils sont nez à nez, ils pourraient se toucher, et Yannis pourrait incendier sa stupidité à coup de mauvais regard. Il lui en veut. Il a les nerfs. Et il grogne du fond de sa gorge, et ses mains manquent de venir écraser la bouche de son partenaire de méfait. Beckett... Un coup de coude, et en un sursaut il se retourne, se retrouvant assis les tuiles, près du trou, juste au moment où apparaît la tignasse presque blonde sous les rayons de lune, accompagné d'un chat. On dirait Néo. Il prend son arrogante allure nonchalante tandis qu'ils se font incendier par le ton de voix haineux de ce qu'il reconnait comme étant Finn. Ah ces Serdaigle. De nouveau, il est solidaire avec Beckett. "Aucune idée, on voulait voir lequel de nous deux grimpait le plus vite, et on a failli tomber dedans..." Yannis porte une main à sa tête, et tire sur son bonnet, qui glisse douloureusement de son crâne, laissant apparaître une chevelure blonde emprunte de sang séché. La blessure a bel et bien coulé, plus qu'il ne l'imagine. "Je sais pas comment vous faites pour dormir dans un endroit aussi délabré... J'ai failli perdre mon cerveau en glissant sur ce trou. Un léger rictus se dessine alors sur ses lèvres, indescriptible dans la nuit comme étant celui de la douleur ou de la moquerie. C'est votre tour qui devrait être interdite, pas la forêt." Et tel un Apollon blessé à la guerre, il porte une main lourde à son front, feignant la douleur vertigineuse d'une chute grave.

Et pendant ce temps là, Beckett demande le nom du joli chaton trop mignooooon.