nights are longer ; i feel alone // yannis

nights are longer ; i feel alone

l'alcool est dangereux pour la dignité.
le sexe aussi.

En voilà une journée bien mauvaise. Déjà, il n’a pas fait beau. Quand il pleut, le moral ne suit pas. Et puis, rien à faire hein, Soleil ne s’est pas levée du bon pied. C’était comme… la soupe à la grimace toute la journée. Elle n’a pas beaucoup parlé, n’écoutait pas en cours et avait envie de tuer les gens qui lui parlaient d’un peu trop près, et un peu trop longtemps. Genre Snez. Elle est adorable Snezana, vraiment. Toute douce et hyper gentille. Mais aujourd’hui, c’était pas vraiment le moment de l’enquiquiner. Surtout pour parler d’amour. L’Amour qui lui avait si facilement glissé entre ses doigts. L’Amour qui n’en était pas, ou peut-être que si, qui s’était enfui au bras d’une amie. Rah, peu importe. Ce qui est fait est fait. Qu’ils soient heureux, que diable. Soleil devait passer à autre chose.

Pour se réconforter, elle décide, en quittant son dernier cours, d’aller se rafraichir aux trois balais. Ca lui fera du bien. Surtout si elle y voit des têtes connues. Comme Sergeï, par exemple. Elle s’accroche à cette pensée durant tout le chemin, bien plus guillerette qu’au réveil.

***

Au bar depuis bien trop longtemps, chagrin évincé au profit de l’ivresse, Soleil se sentait bien. Mieux. Enfin, moins mal qu’avant. Enfin, peut-être. A vrai dire, elle ne savait pas trop. Sergeï était content de la voir, et il l’a manifesté par deux-trois verres servis gratuitement. Le reste, elle l’a payé elle-même. A combien en était-elle ? La sorcière n’en avait aucune idée, ça non plus. La soirée est passée à toute vitesse. Son ancien compagnon nocturne de gryffondor et elle ont beaucoup échangé. De tout, de rien. Ca lui avait fait grandement plaisir. Mais désormais, il était l’heure de rentrer. Le couvre-feu était déjà passé mais elle saurait rentrer sans se faire prendre. Ce pour quoi elle s’inquiétait plus, c’était pour marcher jusqu’à l’école.

En se levant de son siège, elle aperçoit un visage familier, un garçon de Poudlard, près de la porte de sortir. C’était Yannis, le mec pas d’humeur l’autre soir qui a renvoyé son joli corps sans scrupule. Comme s’il n’était pas vraiment intéressé. Soleil croit se souvenir qu’il avait été particulièrement piquant. Mais, étant donné que Dame Nilsson obtient toujours ce qu’elle souhaite, c’était le moment de retourner à la charge. Et puis, ça lui ferait une sorte d’assurance pour arriver jusqu’à bon port. Légère petite remise en beauté, puis la brune s’avance vers Yannis, déterminée à découcher, et à s’abandonner une nouvelle fois aux délices de la chair pour oublier les supplices de l’esprit. « Bonsoir Yannis, comment vas-tu ? On s’est pas vraiment vus depuis la dernière fois. » En fait, si. La dernière fois, elle avait été lourde, il l’avait jeté. Quand elle le croisait parfois, elle ne se sentait pas fière, voire un peu gênée. Mais ce soir, l’alcool dans le sang, elle se sentait pousser des ailes. Evidemment qu’elle était encore consciente. Juste un peu boostée, on va dire. « Que dirais-tu… de rentrer ensemble à Poudlard ? Quand je dis ensemble, je dis vraiment ensemble, si tu vois ce que je veux dire. » Soleil pose même sa main sur son bras. Ses intentions étaient claires.

ASHLING POUR EPICODE

sobre
Une bièreaubeurre dans une main, un élixir vert non identifié dans l'autre, il se tient d'une épaule contre le bois de la porte et rit, fort, il lâche tout son provenant de sa gorge, il est en extase. Décidément, cet abruti de Beckett est trop drôle. Ce n'est pas si grave, qu'il lui ai mit la misère quelques heures plus tôt, c'est pas grave qu'il ait un œil au beurre noir, ça va avec la bièreaubeurre. Yannis se sent éméché, bercé par les quelques verres d'alcool qu'il a déjà ingurgités depuis le début de la soirée, depuis que Beckett l'a traîné ici pour se faire pardonner de l'air cogné un peu trop fort. Il s'étaient pourtant déjà mis d'accord sur le fait que rien ne devait être visible. Et bah merde, c'est mal passé cette fois-ci. Personne ne s'étonnera de voir le grand connard avec un coquard. Ou bien si, peut être un peu. D'abord, car il s'en sort toujours, même face aux plus sanguins. Ensuite, si jamais on en venait à apprendre que ça vient de son si bon compagnon, Beckett, les rumeurs deviendraient... Curieuses, très certainement. Pas comme si Beckett n'était pas déjà fourré dans des histoires sans nom.

"Bonsoir Yannis, comment vas-tu ? On s’est pas vraiment vus depuis la dernière fois. "
Qui, quoi, comment, pardon ? Il regarde à droit à gauche, plus aucune trace de Beckett qui vient de disparaître, il baisse la tête et, euh, bonjour ? C'est qui ? Il scrute un instant son visage. Ah oui. La chieuse de l'autre soir. Il renverse un peu de sa bièreaubeurre lorsque son corps comprend qui l'approche et décide de... D'éviter tout contact. Qu'est-ce qu'elle lui veut ? Encore heureux qu'il ne se soient pas revus, qui en aurait eu envie, après les insanités qu'il lui avait balancé à la gueule juste pour avoir la paix ? Pourtant les gens sont au courant de ce qu'est Yannis. Tout le monde sait que c'est un connard, alors pourquoi elle revient l'emmerder celle-là ? Franchement, les Serdaigle manquent trop souvent de neurones. Faussement érudits. Elle enchaîne sur une proposition qui fait tousser Yannis. Il manque de s'étouffer de surprise et décide d'avaler d'une traite son élixir avant de s'occuper du cas qui lui fait face. Non mais ça va pas bien. Il est pas né celui qui verra Yannis nu. Et puis cette approche de beauf. "Si tu vois ce que je veux dire". Elle aurait pu lui donner un coup de coude dans les côtes en riant comme un tonton que ça ne l'aurait pas plus dérangé.

D'abord, il dégage son bras de son contact. Berk. "J'ai pas été assez clair la dernière fois ? C'est pas monté jusqu'au cerveau ou quoi ? T'es con ?" Et son regard se fait dédaigneux, il la regarde de haut et semble repoussé au plus haut point. "J'ai pas envie de toi. Qui en voudrait ? Nan mais tu t'es vue ? C'est dégueulasse ce que tu fais, t'en as eu combien des proies comme ça, hein ? Va falloir te calmer, sérieusement. "

nights are longer ; i feel alone

l'alcool est dangereux pour la dignité.
le sexe aussi.

Soleil a l’impression que sa vue se dédouble, que le sol bouge. Alors quand Yannis rompt sèchement le contact entre eux, l’équilibre se fait moins sûr, ses jambes tremblent. Elle est obligée de se rattraper au dossier de la chaise se trouvant sur sa droite. Ouf. Les mots que lui réservent Yannis lui glissent dessus, imperméable à ce venin craché sans raison. C’était les mecs, ça. Heurtés dans leur fierté parce-que c’était une fille qui les abordait, parce-que c’était une fille qui menait la danse et ils n’avaient plus qu’à répondre aux avances. Ce n’était pas le premier à réagir comme ça. « Y’a que les imbéciles qui changent pas d’avis, tu sais. » Soleil laisse échapper un petit rire. Dans ses iris, la malice ; dans son ivresse, l’indélicatesse. Elle n’avait pas réussi à faire flancher Castiel une fois, non, mais bien deux. Bon, elle avait bien conscience que c’était plus par pitié que par envie la seconde fois. Mais Yannis n’échappera pas à la règle. La douleur pesante de son existence nécessitait un peu d’apaisement, que seul l’abandon aux bras d’un autre pouvait combler.

Ses dents grincent. Cette couche imperméable commençait à être trop humide pour tout contenir, fragilisée par la buée enivrante de l’alcool ingéré. Ce coup-ci, les mots de Yannis piquaient. C’était léger, désagréable, mais supportable. Une main glissée sur sa propre épaule, et c’était comme si rien n’avait été touché. Soleil n’allait pas se laisser marcher dessus de cette façon. Il en fallait plus pour l’éteindre. « Et bien, mon chou, ne te vexe pas pour si peu. Qui en voudrait, tu dis ? Tu serais étonné du nombre, Yannis. » Elle s’appuie sur le mur à côté de lui, posant sa main sur sa bouche en “o”, feignant la surprise. « Tiens donc, c’est peut-être pour ça que tu réagis de cette façon. Tu ne fais pas encore partie de mes proies, comme tu dis (entre nous je n’ai jamais forcé personne), et ça te fâche. » Poing sous le menton, son regard glisse sur le corps du serpentard, ignorant celui qu’il lui jette. Evidemment, qu’il est hautain. C’est un plus pour être un vert. Au final, les yeux derrière la frange se plantent dans les azurs de Yannis. « Mais je te rassure, ça peut s’arranger. » souffle-t-elle. Elle passe une main dans ses longs cheveux, persuadée que c’est un atout de séduction, puis la lui tend, la mine amusée. « D’ailleurs, je crois qu’on a pas été présentée officiellement, même si je connais personnellement toujours le nom de mes crushs. Je m’appelle Soleil. » Et je crois qu’elle était presque innocente, presque sincère. Petit astre perdu, elle aurait pu être si pure, si la vie en avait été autrement.

ASHLING POUR EPICODE

dur
Comme elle l'agace. C'est dingue. Elle fait vraiment chier, il était tranquille ce soir, malgré son œil abîmé, tout allait bien jusqu'à ce qu'elle vienne lui adresser la parole. Mais Yannis n'en a que faire, de savoir qu'il lui plait, qu'elle a envie de toutes sortes de choses qui le répugnent. Il veut juste se débarrasser d'elle, qu'elle aille se faire voir, qu'elle disparaisse. Tiens, ouais, c'est pas une mauvaise idée ça. Dans le regard du serpentard, une infime petit lumière scintille. Celle de la cruauté. Au delà de son dégoût, il commence à avoir envie de la jouer, cette fille, et il va sûrement s'y adonner trop fort si elle continue ainsi.. Un chat et sa proie, il est capable de jouer avec un cadavre des heures durant.

Elle parle beaucoup, ce qu'elle dit ne l'intéresse pas. Elle s'appelle Soleil. C'est doux, comme prénom, agréable, chaleureux. Dommage pour elle.

Soudain, Yannis semble réagir, son visage dégoûté, son regard dans lequel elle a plongé, tout semble s'adoucir. Il est toujours crispé, mais quelque chose a changé. Il observe sa main qui glisse dans sa douce chevelure, détaille la beauté de son visage, puis la regarde tendre sa jolie main vers lui. A son tour, il tend la sienne, frôle sa main puis remonte vers son cou, dans sa chevelure, derrière sa nuque, un endroit des plus agréables, une étreinte qui les rapprochent. Son autre main tient toujours sa bièreaubeurre. Il lui sourit un peu."Ecoute..." dit-il doucement, murmurant presque.

Et il redevient lui-même aussi-sec. Sa main se referme sur une poignée de cheveux de la demoiselle, il la tire en arrière par cette étreinte sadique. Il se penche un peu vers elle, et son regard se fait méprisant, bien plus qu'auparavant, son souffle siffle. "Petite pétasse, tu vas dégager maintenant. J'suis pas ta proie, j'suis pas ton crush, j'suis tout ce que tu détestes. Tu ne vaux rien, t'es dégueulasse, personne ne veut de toi, qu'est-ce que tu fous ici toute seule ? Si t'avais quelque chose à faire tu ne serais jamais venue me voir, ni maintenant, ni jamais." Il la relâche et se recule, buvant une gorgée de bièreaubeurre en la toisant de toute son âme, si tenté qu'il en ait une.

nights are longer ; i feel alone

l'alcool est dangereux pour la dignité.
le sexe aussi.

Tous les hommes finissent par céder à une femme et ses charmes. C’était ce que pensait Soleil, c’était son expérience qui parlait. Les humains agissaient comme ça. La chaire pour défaire les nerfs tendus par la vie, le sexe pour débarrasser le corps des pulsions animales. Certains courent, d’autres dessinent. Mais tout le monde fait l’amour.

A cet instant, Soleil voyait très bien ce qu’il se passait. Yannis craquait. Comme si elle avait un peu forcé la carapace qui le protégeait ; qu’il se laissait tenter, qu’il la laissait entrer. Il ne lui serre pas la main en retour ; il la survole, glisse plus haut. Les peaux se touchent enfin, à peine contre son cou, plus franc dans sa nuque. Un frisson court le long de son échine et Soleil se sent déjà presque nue, presque oubliée à la petite étreinte qu’il lui offre. « Ecoute… » Elle est prête à tout entendre, lui accorde une oreille attentive. Qu’il parle, elle boirait ses paroles aussi vite que ses verres. Ses yeux se ferment pour mieux profiter de la douceur du moment.

Elle a honte un instant, tellement effrayée d’être seule, de se jeter sans un recul, sans un regard derrière elle, dans les bras d’inconnus.

Un instant de trop, une réflexion trop longue. Et c’est comme si Yannis savait.

Comme s’il avait un peu forcé la carapace qui la protégeait ; qu’elle se laissait tenter, qu’elle le laissait entrer. Le loup était dans la bergerie. Et le mouton sans défense. Il ne lui serre pas la main en retour, il ne lui cède pas une caresse. Yannis attrape une poignée de ses cheveux. Un de ses atouts, qu’elle pensait. Il tire. Elle n’ose bouger, presque nue, presque oubliée à cette étreinte qu’il lui impose. Son visage se rapproche de celui de Soleil ; menaçant, acéré. Le regard bleu terrifié, les yeux s’ouvrent pour mieux chercher à fuir cette humiliante position, le souffle coupé. Elle n’était plus prédatrice mais proie. « Pétasse...tu ne vaux rien...t’es dégueulasse...personne ne veut de toi... » Les insultes fusent, se plantent un peu partout. Ca la déchire, Soleil, elle a mal, mal dans tout son être, dans toute son âme. Pour un peu plus, il lui cracherait presque au visage. La hargne du vert la pique, se diffuse dans ses veines pour se transformer en une douleur presque insupportable.

Il la relâche enfin, mais son esprit est blessé, marqué par l’empreinte perfide de Yannis. Ces derniers mots tournent en rond dans sa tête. Qu’est-ce qu’elle fuyait le plus, après tout ? Sa solitude ou ses démons ? Si elle avait quelque chose à faire, quelqu’un à qui parler, un endroit où aller, jamais elle n’aurait croisé sa route. Mais elle en avait vu d’autres, Soleil. Elle en avait enduré, des médisances et multiples menaces à son attention. Ce n’était pas un serpent mal luné qui allait la briser ce soir. « Qu’est-ce que tu cherches à prouver, Yannis ? A qui ? » Son regard se voulait défiant, peut-être un peu provoquant. « JTu veux te faire remarquer toi aussi, c’est ça ? Tu voudrais me casser en deux et me mettre plus bas que terre pour avoir l’approbation d’une bande d’ados écervelés et pouvoir traîner avec eux, un truc du genre ? Ou t’es puceau et tu paniques ? Peut-être qu’on ne s’est jamais intéressés à toi, Yannis. Et que tu rejettes toutes tes peurs et tes frustrations sur moi. » La détresse, ça la ravive, Soleil. Des fois si vide, si creuse, la douleur la réveille, la perdition la fait se sentir en vie. Un dernier regain d’énergie avant que la décadence et la noirceur des démons suicidaires ne reprennent le dessus.

D’une main nonchalante, elle remet sa crinière en place. Quelques pas guillerets ensuite, elle s’adosse au mur, juste à côté du blond colérique, lui pique sa bièreaubeurre pour en boire une ou deux gorgées, arrogante et suggestive. A son tour, Soleil s’approche de son visage, douce, sans rancune, et lui chuchote ces quelques mots : « Je suis une coquille vide, Yannis, tu ne peux pas me briser comme ça. » L’erreur qu’elle commettait, c’était d’y croire.

ASHLING POUR EPICODE

vexant
C'en est assez. Il bougonne un peu pour lui même, la regarde de travers, se renfrogne un peu, elle le fatigue vraiment, ça l'exaspère juste, tout cet "intérêt" qu'elle lui porte tandis qu'il veut juste qu'elle dégage de sa vue, vie, ne plus jamais entendre parler d'elle. Rien ne l'intéresse chez elle, tout est trop plat, sans importance, et il a l'impression de perdre son temps. Mais elle fait l'erreur, au lieu de détourner son attention et de partir, de le confronter, elle le titille, et gare à elle, il va entrer dans le jeu, il va y prendre goût et ça ne pourra qu'être un désastre.

C'est qu'elle reprend du poil de la bête, la petite, elle tient la route. Elle tient trop la route. Ca aurait dû la blesser, elle devrait déjà être dehors, ou dans les gars d'un autre type qui la "protégeras". Pfff. Pourquoi elle ne va pas voir ailleurs ? Yannis n'en sait rien, il ne comprend pas, mais déjà ses sens se sont aiguisés. Sa langue sort légèrement de sa bouche et vient lécher sa lèvre supérieur alors qu'il observe cette gamine qui tente en vain de le désarçonner. "Mais moi j'veux juste que tu dégages, non, que tu disparaisses, pour de vrai." Dit-il en souriant. Il n'y rien à prouver, pas ce soir en tout cas, c'est juste ce qu'il est... Et la pauvre ne l'a pas compris. Il l'écoute un peu. Vraiment c'est en vain qu'elle l'attaque. S'il est puceau ? Son regard se détourne un centième de seconde. Et s'il panique ? Ah non. Il la toise toujours, méchamment. Elle a l'air de prendre de grands airs, et Ô délice, Yannis n'y prendra que plus de plaisir.

Mais elle ne s'arrête pas, et ses derniers actes sont ceux qui signent sont arrêt de mort. Définitivement. Soleil, pour une fois, tu aurais pu échapper à ça, c'est de ta faute, on ne met pas la main dans la tanière du serpent en espérant ne pas se faire mordre... Il ricane lorsqu'il voit sa bièreaubeurre lui disparaître des mains, et ses yeux semblent désormais un peu fous, emplis d'un mélange joyeux et haineux. "Je suis une coquille vide, Yannis, tu ne peux pas me briser comme ça." Apprendre à se taire, parfois, dans la vie, ça peut servir, ça peut sauver bien des situations. Tu aurais tellement dû fermer ta bouche, Soleil, tu aurais dû.

Il reprend sa boisson d'un geste sec, la fusillant du regard, puis de sa main libre il donne une tape, non pas forte mais haineuse, contre le poitrail de la demoiselle, la rejetant physiquement. Il lance un regard autour de lui. Le pub s'est vidé. Même le barman a disparu en arrière-boutique, si bien qu'il n'a pas à se gêner. "Tu veux dire que t'es juste une petite traînée, ouais. Tu peux pas t'en empêcher, et tu ne supportes même pas le rejet... Mais regarde toi, tu fais pitié à voir, des meufs comme toi il y en a à tous les coins de rues et pas une d'entre vous ne vaut la peine qu'on s’intéresse à elle. T'es seule, hein ? Ta vie c'est de la grosse merde, j'suis sûre tu ne sais même pas ce que c'est que d'être heureux, t'es vraiment une coquille vide, ouais, t'es vide de sens. " Mécaniquement, il s'est rapproché d'elle en parlant, il la surplombe désormais, son souffle sec mélangé à l'odeur de la bièreaubeurre caresse, frappe le visage de Soleil, il est très proche, trop proche. Il a posé sa boisson sur un rebord et sa main grimpe du ventre de la jeune fille jusqu'à son cou, le long de son corps "sale". Il lui saisit le bas du visage d'une main féroce, dure, il lui presse les joues et la mâchoire, ne se rendant même pas compte de la force qu'il cumule dans cette poigne, de toute cette haine qu'il dégage. "Tu sais ce que tu mérites ? La seule chose que tu mérites, c'est d'être traitée comme ce que tu es, une fille sale, répugnante, un déchet."

nights are longer ; i feel alone

l'alcool est dangereux pour la dignité.
le sexe aussi.

Il lui arrache la boisson des mains. Vexé, peut-être ? Il lui en fallait pas, se dit-elle. Fanfaronne, Soleil, pavane-toi pendant que tu peux. A jouer pareillement avec le feu, ta vie ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir. Yannis la frappe ; un coup au-dessus de la poitrine, un geste sec, lourd de sens. Elle n’a pas mal dessus, non, ce n’était pas un coup de violence physique. Elle a mal à l’intérieur. Une énième fois, il la repousse. Elle aurait tellement dû comprendre que c’était pas le bon plan, se tirer et se taire, pour une fois. Mais putain, elle a tellement besoin de se sentir en vie, d’exister pour quelqu’un, même si c’est dans ce sens-là, même si ça signifie se . Ses mots taraudent son esprit fragile. « Que tu disparaisses, pour de vrai. » Une boule au ventre. Le visage de Yannis se déforme, défiguré par une soudaine exécration. Etait-ce de l’inquiétude ou était-elle vraiment prise d’effroi ? Le bar est vide. Il n’y a plus personne pour l’aider. Il n’y a plus qu’elle, Yannis et sa rage. Soleil ne se sauverait pas toute seule ce soir.

Chaque mot, chaque son, chaque syllabe la heurte de plein fouet. L’autre côté d’un mensonge pas si faux révélé au grand jour. Soleil a honte, honte que Yannis parle d’elle comme ça. Mais pourquoi se voiler la face ? N’avait-il pas profondément raison ? C’était tout ce qu’elle s’était efforcée de ne pas être, pendant des années, et comme tout, elle avait échoué. Incapable de garder les gens près d’elle autrement que par son corps, inapte à ressentir le bonheur de peur qu’on lui arrache presque aussitôt.

Yannis la toise, plus grand qu’elle, amplifiant l’humiliation qu’il lui faisait subir. Elle aimerait dire quelque chose, se défendre. La boule d’anxiété logée dans son ventre semblait être remontée dans sa gorge, bloquant tout ce qui aurait pu sortir. Et le garçon la terrifiait, c’était comme si une petite voix lui soufflait de rester silencieuse, comme si tout ce qu’elle pouvait dire pourrait déchaîner de nouvelles foudres sur elle.

Soleil recule, tentant d’échapper à cette masse qui lui bloquait le passage. Bordel, elle a eu tellement d’occasions de fuir. Désormais, il ne semblait plus disposer à la laisser filer. Sa respiration s’accélère lorsque la main du Serpentard s’empare de son visage. Jamais un vert n’avait aussi bien collé à l’animal totem de sa maison. Tel un serpent à sonnettes, il avait d’abord tenté d’effrayer l’intrus, Soleil envahissant son espace vital. N’ayant pas fui, voilà qu’il l’encercle, contraint à cracher son venin.

Sa vision se brouille, les yeux emplis de larmes. Il lui fait mal, il lui fait peur, la pression sur sa mâchoire l’empêche de réfléchir. C’est comme si son cerveau s’était mis sur “pause”. Soleil lutte pour enfin émettre un son, pour esquisser un mouvement. « Lâ...Lâche-moi ! » Joignant le geste à la parole, ses deux petites mains attrapent le poignet de Yannis pour tenter de se débarrasser de cette emprise. « T’es un vrai connard, Yannis, putain, L CHE-MOI ! » Et plus elle s’agite, plus elle hausse la voix, plus la panique prend le dessus. Respiration haletante, ton criard, larmes perlant au coin des yeux, Soleil savait très bien qu’elle allait taper une crise d’angoisse si ça continuait comme ça. Dans un dernier moment de lucidité, elle fait glisser sa baguette entre ses doigts et prononce un « Flipendo ».

ASHLING POUR EPICODE

Spoiler:

Le membre 'Soleil A. Nilsson' a effectué l'action suivante : Les dés de dabberblimp

'DUEL - SORTS ' :
nights are longer ; i feel alone // yannis RkZ4JxP