Pluies d'automne et fleurs d'hiver

 

Elle s'appelait Elanora Milpertuis mais tout le monde l'appelait juste Nora.
Sorcière française ayant terminée majore de sa promotion dans la prestigieuse école de Beauxbâtons, elle embrassa une carrière certaine en temps que magizoologiste. Voyageant aux quatre coins du monde pour étudier un nombre astronomique de créatures magiques, elle se dédiait totalement à son travail, se négligeant un peu au passage. En soit, elle s'en fichait pas mal, tant qu'elle pouvait en apprendre plus et surtout, sauver des êtres aussi rares qu'intéressantes, le reste lui importait peu. Pourtant, de façon assez ironique, son travail allait bientôt la forcer à reconsidérer quelque peu ses priorités.
Au fils de ses pérégrinations, ses pas la menèrent au Royaume-Unis. elle y constata que la cuisine locale était aussi grasse et peu raffinée que le laissait entendre les rumeurs mais surtout, elle se rendit compte de l'incroyable diversité magizoologique de ces îles. Ecosse, Angleterre, Irlande... La jeune femme n'avait de cesse de passer de l'un à l'autre de ces pays, découvrant toujours de nouvelles choses sans qu'elle ne s'en lasse jamais. Et puis un jour, alors qu'elle pensait qu'elle avait vu une bonne partie de ce que ces endroits avaient à offrir, elle eut la chance de se rendre compte qu'elle se trompait.
Contactée par un collègue magizoologiste anglais prénommé Zack Chase, Nora avait été convié par ce dernier à l'aider dans son observation et ses échanges avec une race des plus énigmatique : les Cervitaures. Cousins cervidés des Centaures, ils étaient beaucoup plus rares que ces derniers et les côtoyer relever d'une chance inouïe. Bien évidemment, notre jeune française sauta sur l'occasion.
Le lendemain, elle prenait le premier avion en direction l'île de Man.  

Petite île perdue entre l'Irlande et la Grande-Bretagne, ce petit territoire était surtout connu pour ses moutons à 4 cornes, ces chats manx et bien sur, pour ses panoramas verdoyants. C'était au pied du Snaefell, point culminant de l'île, qu'une colonie de Cervitaures vivaient, depuis plusieurs centaines d'années déjà. Farouchement préservés par le ministère de la magie, il était régulièrement organiser des rencontres, comme celle à laquelle Nora participait alors. Le but premier de ces rencontres inter-raciales étaient, outre d'en apprendre plus sur ces êtres cervidés, de cultiver un climat d’entente cordiale entre sorciers et cervitaures. Participer à un tel événement excitait bien plus que de raison notre jeune magizooliste et elle du se rendre bien vite à l'évidence : elle n'était pas au bout de ses surprises !

Elle qui s'attendait à un accueil froid et mystérieux, un peu comme celui qu'elle et son collègue aurait reçu de centaures, elle ne pouvait pas plus se tromper que ça !
A peine la petite expédition eut posé un pied sur le territoire des cervitaures que les sorciers furent accueillis par une délégation de 4 de ces êtres. Ce qui étonna un peu Nora, ce fut de voir tout de suite que ce peuple, contrairement à ses cousins, portaient des vêtements.
D'un côté, vu la fraîcheur du temps, c'était pour le moins assez logique.
Dans la petite délégation se trouvait une cervitaure mince aux cheveux poivre et sel savamment coiffés en des cascades complexes de tresses. Répondant au nom de Gwylfai, elle se présenta comme la matriarche et cheffe de ce clan. Elle était accompagné d'une autre femelle blonde, plus jeune et visiblement plus timide, appelée Cynidr ainsi que deux mâles, qui s'approchaient beaucoup de ce à quoi devaient ressembler des gardes. Ces deux là se ressemblaient -et pour cause, ils étaient frères- ayant les mêmes cheveux d'argent, à ceci près qu'ils n'étaient pas de la même longueur pour l'un et pour l'autre. Le premier, Ednyfed, les portait court au niveau des épaules alors que le second, Moelwyn, les avait d'une longueur défiant toute logique (visible ici).
Tout les quatre étaient vêtu de parures colorées et de longs tissus, donnant à leurs assortiments respectifs des airs orientaux ; et tous avaient, que ce soit autour de leurs bois majestueux ou dans leurs cheveux, divers bijoux fait de fleurs, de feuilles, de bois et de coquillages. Ainsi, plus que toute autre créature magique qu'elle avait pu côtoyer, ces êtres semblaient, aux yeux de Nora, sortit d'un autre temps, d'une autre époque. Ils émanaient d'eux un petit quelque chose de merveilleux dans son expression la plus pure.
Les présentations furent rapidement expédiées et la vénérable Gwylfai invita les sorciers à les rejoindre à l'une de leur fête. En ce jour, ils célébraient la naissance de jumeaux, fait rarissime au sein de leur espèce. Cependant, vu l'expression et l'amusement de leurs hôtes, Nora et Chase se demandèrent si ce n'était pas juste une simple raison pour s'amuser, boire et danser.

Le village des cervitaures était camouflé par une barrière magique au pied du mont Snaefell. Se perdant dans les cimes des arbres et au creux de la montagne, le village formait un dédale de branches, d'herbes et de pierres naturel. A peine eurent-ils posé un orteil sur dans ce petit hameau que de la musique entraînante leur parvint aux oreilles et, avant qu'ils n'eurent le temps de faire ou de décider quoi que ce soit, ils furent entraînés joyeusement par la liesse collective qui sévissait. La journée se termina vite mais la nuit ne fut pas un obstacle pour la fête qui battait son plein sous les rayons clairs de la lune. Enfin, lorsque le soleil pointa à l'horizon, sorciers et cervitaures venaient de s'endormir paisiblement, ivres d'alcool, de nourriture et de joie simple.
Les jours qui suivirent furent décisifs pour Nora. Plus elle en apprenait sur ces joyeux êtres magiques, plus elle les appréciait. Petit à petit, elle se lia d'amitié avec la timide Cynidr qui était en vérité la fille de la matriarche. Les deux jeunes femmes apprirent respectivement l'une de l'autre, la cervitaure étant aussi curieuse des humains que la sorcière, de son espèce. Elle cultiva également une complicité certaine avec Moelwyn qui, lorsque l'on passait outre son expression pouvant paraître arrogante, se révélait très joyeux, particuliérement taquin et excellant musicien.  
Par la suite, elle se mit à s'entendre très bien avec à peu près tout les cervitaures du clan bien que Cynidr et Moelwyn restaient ces deux petits "favoris" sans qu'elle ne l'avoua jamais.    
Tombant complètement amoureuse tant de l'île que de ces êtres qu'elle côtoyait, Nora finit, au terme de 2 longues années, par prendre sa décision. Elle resterait sur l'île de Man pour vivre avec les cervitaures pour mieux les comprendre et défendre leurs intérêts auprès du monde des sorciers. Personne ne trouva rien à redire et ce fut à bras ouverts qu'elle fut accueillit par la communauté.
Les années qui suivirent furent incontestablement les plus heureuses de la vie de la jeune française. Elle qui n'avait jamais vraiment eut de vie sociale depuis qu'elle avait commencé à travailler renouait avec les plaisirs simples de la vie. Et puis, un jour, quelque chose à laquelle elle ne s'attendait pas lui tomba sur le coin du nez.
Alors que la petite tribu fêtait le passage du solstice d'été, Moelwyn, visiblement ivre comme jamais, s'était lancé dans une déclaration d'amour enflammé envers la sorcière. Gênée et pas vraiment sûre si c'était l'alcool ou la vérité qui franchissait ses lèvres, elle l'avait gentiment éconduit. Durant les deux jours qui suivirent, Moelwyn fut introuvable. Rongée par le remord et la peur de savoir que cette disparition était sans doute sa faute, l'humaine se confia à Cynidr qui se contenta d'éclater de rire en guise de réponse.
Elle lui expliqua que l'affection qu'avait mentionné son pair dans la nuit n'avait rien de nouvelle, à tel point que presque tout le village avait lancé des paris pour savoir quand et comment le cervidé aux cheveux d'argent se confesserait. Cette nouvelle laissa Nora sans voix. Elle ne savait juste vraiment pas quoi faire ni comment le faire. Voyant sa détresse, Cynidr lui glissa avec un petit sourire qu'elle pourrait sans doute trouver le concerné en train de décuver sur quelques roches volcanique en amont de la montagne.
Se renfrognant, l'humaine se leva et alla à la rencontre du cervitaure.

Ce qui se passa au cœur de la montagne resterait à jamais un secret jalousement gardé par Nora et Moelwyn.
Quoiqu'il en fut, lorsqu'ils redescendirent, il était assez clair que ni l'un, ni l'autre n'était plus célibataire.


Quelques mois passèrent puis les mois se changèrent en années.
Moelwyn et Nora avaient finis par se marier sous le regard bienveillant de la tribu. En revanche, les réactions chez les sorciers furent beaucoup moins indulgents. Pour certains, les retours furent même carrément hostile. Mais au final, la sorcière brune se fichait pas mal du regard des autres. Elle était heureuse et elle faisait quelque chose qu'elle aimait ; ça ne serait certainement trois pécores à l'esprit étroits qui allait gâcher tout ça !
Et puis, alors qu'elle ne pensait pas que son existence pouvait être plus parfaite qu'elle ne l'était déjà, Nora tomba enceinte. Chose qu'elle n'avait absolument pas prévue. En vérité, elle n'avait pas oublié que des hybridations entre espèces pouvaient exister, elle l'avait juste... effacé volontairement de son esprit, se disant que ce genre de chose arriveraient aux autres, mais pas à elle. Finalement, l'idée d'être mère balaya les appréhensions et les questionnement qu'elle pouvait avoir.
Quand à Moelwyn, il fut heureux comme un fou en apprenant qu'il allait être père. Il rua d'ailleurs tant et si bien de joie que Nora se demanda comment ses fines pattes firent pour ne pas céder sous leur propre poids. Et puis, quelques mois plus tard, naquit la petite Eden.

La petite hybride passa les premières années de sa vie dans le village des cervitaures. Très tôt, on lui inculqua le respect de la nature autant que celui des êtres vivants la peuplant. De plus, régulièrement, sa mère l'amenait avec elle dans les villages sorciers et humains avoisinants pour habituer l'enfant à côtoyer d'autres êtres. Elle la familiarisa également à la magie, ce qui éveilla en la petite fille un intérêt tellement grand qu'il poussa ses parents à l'inscrire, dès ses 5 ans, à une sorte de garderie/petite école pour sorciers. Il n'était bien entendu pas question d'apprendre des sorts à des enfants aussi jeunes mais plus de les familiariser via des jeux et des ateliers, à la magie.
Bref, l'enfance d'Eden fut des plus paisible et, même si elle fut la cible de moqueries et de railleries à cause de son hybridation, elle ne se laissa pas pour autant faire. Elle fut cependant légèrement traumatisée par un épisode assez violent pour elle.
Âgée alors de 6 ans, elle s'était rendu à une fête d'anniversaire qui tourna court pour elle. Alors qu'elle avait fait des efforts dans ses vêtements et son apparence, elle s'attira les moqueries acerbes d'une petite fille jalouse. Ne s'attendant pas à autant de violence gratuite, la petite Eden avait répliqué avec les poings mais aussi, avec les bois. Heureusement, les adultes avaient vite mis un terme à la bagarre et Nora avait ramené fissa sa fille chez elle pour ne pas que ça dégénère.
Ainsi, suite à cette altercation, la semi-cervitaure se mit à cultiver une fierté certaine à l'égard de ce qu'elle était. Après tout, elle était le fruit même de l'amour, d'un amour dépassant les limites étriquées de l'apparence. Rien que ça, c'était beau.
Mais penser que cet épisode avait eut que de "bonnes" répercutions serait faux. Suite à ça, la petite fille se renferma un peu sur elle-même tout du moins, en ce qui concernait ses relations avec les autres enfants de sorciers. Si elle restait toujours joyeuse, elle n'en était pas moins très méfiante vis à vis de ses pairs et ne se livrait plus avec autant de facilité qu'elle ne l'avait fait. Ce constat vaut d'ailleurs toujours présentement.  

Le début de son adolescence se fit comme celle de tant d'autres sorciers avant elle.
Une lettre, un passage au chemin de travers, le quai 9 3/4 et un choixpeau poussiéreux.
Je suppose que vous connaissez la suite ?