Comment quelqu'un d'aussi casse pied et irrespectueux pouvait devenir proche avec quelqu’un d’aussi studieux, calme et distingué ? C’était une bonne question Beckett, très bonne même. Et puis il devait connaître la réponse puisque cette remarque pouvait aussi bien s’appliquer à nous deux - si toutefois il nous considérait comme ami. La réponse était simple selon moi : les opposés s’attirent non ? Et puis aussi derrière un élève studieux il y avait un hooligan, et derrière un hooligan, bref vous avez compris - où est ma bièraubeurre ?
Le nez dans ma bière, j’écoute néanmoins la réponse d’Avery. Franc, direct, bienveillant ça pouvait se rapporter à mon camarade aussi. L’ambition, il devait en avoir pour être à serpentard. Laquelle par contre… Je ne perds pas l’échange de regard entre les deux demoiselles, ni l’étreinte qui le suivit.
- Aaaw, moi aussi je t'aime Sybil-bourrée !
Moi caché derrière ma bière, j’ai un rictus qui a du mal à s’effacer. C’est au tour de Hawkins de faire sa petite leçon. Coude posé sur la table, menton posé sur ma table je l’écoute avec ce sourire qui ne s’efface pas. Merci la bièraubeurre.
Je vous envie tellemeeent ~
Mes pupilles glissent vers Beckett. La subtilité avait mis les voiles il y a 3 pintes au moins. D’un geste répété, j’enfonce mon index dans l’épaule de mon voisin pour l’embêter, un sourire narquois sur mon visage, toujours posé sur la paume de ma main.
T’entends ça, Beckett ? Hey. Hey. Hey, t’as entendu ?
Bien entendu, chaque syllabe était ponctuée d’un poke dans l’épaule.
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Après avoir réglé la note de façon confuse mais aboutie, j’ai éclaté de rire en voyant l’heure. 1h du mat bieeeeeen après le couvre-feu. Olalala, qu’est ce qui dirait maman ? Quel hooligan. Papy approuverait. Quand on s’amuse on ne voit pas le temps passer. Moins drôle en revanche, l’écart de température entre les trois balais et l’extérieur. Les bras croisés, j’avance plus ou moins droit - c’est subjectif de toute façon.
Aaaaaah….il fait froid. Comment vous faîtes, les filles ?
Beckett m’a piqué mon pull, rien qu’à apercevoir le short d’Avery j’en ai des frissons. Je m’exclamais ensuite :
Vous savez ce qui manque à Pré-au-lard. Une friterie... OU un food truck. Là tout de suite, j’veux manger des frites. Avec du ketchup. Et du fromage. Et les petits piments verts là c’est trop bon...
C’était la première fois que je sortais si tard. La première fois que j’étais (un peu) alcoolisé. Poudlard, Pré-au-lard, c’était trop petit comparé au monde des moldus.
Parfois, je me dis que les moldus ils l’ont mieux que nous. Ils sont pas tout le temps enfermés dans un château, près d’un petit village.
Non, les moldus à notre âge ils allaient étudier dans des grandes villes, vivre leur vie pendant qu’on nous étouffait dans un vieux château poussiéreux. Je balaie les rues du village. C’était bien mort Pré-au-lard à cette heure de la nuit.
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La marche jusqu’au château fut longue et périlleuse. Et surtout parsemée d’âneries lancée par tout le monde. C’était drôle. J’ai dû mal à me rappeler de la dernière fois où je me suis autant amusé. Et voilà qu’on s’approchait de la surface miroitante du lac. Dans l’obscurité il paraissait encore plus insondable. Mes camarades avaient déjà réagis pour se diriger avec empressement vers l’eau, défi oblige. Je les suis
Vous allez vraiment plonger dans le lac ?! Sérieux, vous pouvez déjà sortir la pimentine parce que vous allez attraper un sale rhume.
Seulement les filles étaient censés faire ce défi mais de ce que je comprenais, Beckett était intéressé aussi. Je prends place sur le sol, assis sagement en tailleur à me balancer doucement d’avant en arrière parce que ça me faisait tout drôle.
Bon, je vais surveiller vos affaire d’ici, moi. Si vous sentez quelque chose vous chatouiller c’est probablement parce que vous avez réveillé le kraken.
Je lève les yeux vers les étoiles. Elles tournent un peu. C’est marrant d’être bourré. Je me laisse tomber complètement au sol, tant pis si je me salis, ce sont les vêtements de Beckett de toute façon. Les bras en croix,je regarde le ciel. On ne regarde plus assez le ciel quand on grandit.