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lacuna

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lacuna Dim 11 Fév - 5:16

Young and Beautiful
Voilà le noir tableau qu'en un rêve nocturne je vis se dérouler sous mon œil clairvoyant. Moi même, dans un coin de l'antre taciturne, je me vis accoudé, froid, muet, enviant.

J'accuse. Silhouette qui se déchire dans un blanc transcendant sur fond d'ébène, empereur des séraphins, cassure dans le temps qui s'arrête uniquement pour l'observer passer. Peau hyaline qui tire pourtant vers du pourpre timide, laissant l'ocre de ses ombres projeter sur son visage un air maussade. Triste. Vibration qui lui répète sans cesse de faire demi-tour. Encore. Encore. Ivresse qui ne peut pas s'arrêter, jamais, elle se nécrose. Sous le poids de son cœur - trop lourd - se mussait un doute, un regret, une malédiction ; une peur. Fuir pour pour mieux disparaître, il était faible et elle fut plus maline. Un pas, une respiration. Continuer. Les pages tournent sans s'arrêter sous les caprices célestes. Pensées qui s'élèvent au creux de l'empyrée, le monde dort. Ses prunelles ne faisaient que s'étirer sur des formes fébriles qui tremblaient sous son emprise, tout n'était qu'ébauche mortuaire plongé dans le cœur d'une danse macabre. L'air était lourd, tout le poussait à courir, mais il n'y parvenait pas, attiré en arrière par un lourd chagrin, mains méphitiques qui s'enroulent doucement autour de ses épaules et embrassent les courbes de sa colonne vertébrale pour mieux le briser d'avantage.
Il se faisait tard, la lune s'était installée tranquillement aux balcons du ciel et faisant glisser sur la terre meuble ses linceuls aux reflets iridescents, mais tout ça était bien trop flou, les larmes gâchent toujours tout.

Croyance cherchait, il l'ignore, mais en vain, un lieu de repos. Un lieu où ses sanglots étoufferaient entre les murs immortels de cette école. Était-ce vraiment l'excuse trouvé sur le moment moment ? Bien que ses yeux soient trempés, ses joues n'en restaient pas moins à l’abri, et aucune humidité ne venait souiller cette blancheur inquiétante. Sifflement dans l'air qui venait chatouiller son front, ses mèches s’emmêlent, son cœur s'emballe. Soupçon de jais qui aspire à dévorer les murs, l'être fragile entrait dans une salle, épousant de sa paume et du bout de sa pulpe le bois millénaire qui prenait forme d'ouverture et d’offrande aux mauvais esprits. Clair-obscure, l'astre nocturne s'écrasait sur le sol après une envolé morbide, découvrant devant ses iris brumeux l'instrument du mal qu'il maniait avec une dextérité soufflante.

J'accuse le jeune Halloway, je me penche sur son ébauche, son plus grand péché fut d'aimer, mais ce n'est pas tout. Ses choix ont toujours été d'un médiocre décevant, tirant vers le désarroi qui s'excuse misérablement. Il étouffe tout depuis le début sous des prétextes qui ne valent plus rien, sa monstruosité n'a rien à voir avec son manque de confiance, avec son aveuglement désiré. J'accuse Halloway d'avoir perdu toute lucidité et de nager contre le courant, non, je l'accuse d'avoir abandonné et de se noyer. Il espère au plus profond de lui que les abysses seront plus chaleureux que la surface -il se trompe. Sur le banc des accusés se trouve un jeune homme recroquevillé sur lui même, chouinant, quémandant, et ô combien il sait que c'est dur d'assumer autant sa faiblesse. Il veut le pardon divin, il veut l'amour de l'aimé. Oh Croyance, mon enfant, que fais-tu.

Ses doigts glissaient sur les touches du piano, une mélodie  s'y échappe. Sinistre pour les plus sceptiques, romantique pour les amoureux, triste pour les désespérés. Il hantait ses pensées et le rendait fou, il provoquait chez lui des tremblements incontrôlés, des larmes qui ne parviennent pas à s'évaporer de son corps tordu par la douleur. Sacrifiant aux saveurs d'un amour partagé son espoir, il s'est bien trop souvent abandonné à des concetti. C'est un solo de nuit, un lamento en sol majeur. C'est mirifique et pourtant cela provoque des déchirures de l'âme, des tortures oniriques qui viennent maintenant s'étendre à ses pieds et le dévore. Lui, encore lui, toujours lui, c'est un bourreau qui s'amusait dans un rire effrayant à répéter en boucle ce même mouvement, de la hache qui s’abat sur la nuque fraîche de l'amant naïf.  

Il a lu quelque part, un jour, entre deux métaphores, qu'un homme avait mit fin à ses jours car il avait atteint le paroxysme du bonheur, et que plus jamais il ne pourrait l'atteindre à nouveau. C'était d'un éclat de rire à la volé que Croyance avait réagit, mais maintenant, tout devient plus clair. L'ombre s'est dissipée et une logique défaillante venait le frapper tandis que les notes s’enchaînent. Ses lèvres ont rejoint les siennes, et il peut encore sentir sa saveur -néfaste- qui l’imprègne, marqué au fer rouge. Son intention lui importait peu, la sienne cependant, était encore trop abscons, flou.
Le rythme se fait rapide, la mélodie devient plainte et hurlement. L'élève ne parvenait plus à respirer et cette fois, sa peine se faisait ressentir, trempant les touches du piano. Il réalise non sans mal que jamais il ne pourra faire marche arrière, que jamais il ne pourra atteindre le septième ciel encore. Il l'a effleuré, et il s'est brûlé les ailes, sa chute est longue, et maintenant, elle atteint sa fin.
Comme c'est risible ; mourir par bonheur. Bah ! Ça ajoute un peu de poésie dans un destin funeste, et ça lui évite la peine ridicule de l'épectase.

Une matinée plus tôt, le jeune fils prodige l'avait trouvé dans un tiroir du bureau de son père. Il y entrait rarement, dans ces entrailles dangereuses qui pullulent d'idées noires. Il préférait s'y éloigner, et garder la tête hors de l'eau, mais d'une curiosité venimeuse, il avait cédé à ses tentations primaires et s'était glissé en ses appartements. Regard ennuyé qui se perdait sur les papiers, il n'y avait rien d'intéressant, rien de captivant. Croyance y avait cherché une occasion de fuir, d'attraper un peu d'aventure sur le coin d'une feuille cornée ; mais rien. Au moment où il allait abandonner, il tomba dessus.

Et maintenant, cela tournait entre ses doigts. Il avait cessé de jouer, son regard était perdu dans un vide trop explicite, qui tendait à la tentation et se laissait bercer par un flot de pensées agaçantes. Adriel Halloway est insomniaque. Son fils ne l'est pas. Alors pourquoi, au creux de sa main, un flacon de somnifère vient de se déverser, pourquoi ses prunelles laiteuses s'attardent sur ces petites pilules ? Pourquoi est il sur le point d'avaler son contenue entier ?

Pourquoi la musique s'est arrêtée ?  
lacuna
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