Bref, comme il le soulignait si bien dans son message - nous avions tous besoin d’une distraction. S’ôter de l’esprit ces quatres défaites cuisantes, oublier l’humiliation et la frustration. J’aimerai pouvoir épurer mes pensées de ces parasites non nécessaires. Ces grains de sable dans la machine. Et il fallait que ça tombe juste avant les examens d’ailleurs….
Peut-être que tu devrais réviser au lieu d’aller au cinéma.
Je chasse cette pensée culpabilisante au loin. J’ai bien mérité un peu de répit. Après les cours, je me rends dans les dortoirs où je retrouve mon colocataire bouclé. Il s’affaire, comme à son habitude sur ses inventions robotiques. Entre lui et Edwyn, ils prennent toute la place. Il faut toujours faire attention où mettre les pieds de crainte d’écraser un précieux prototype laissé momentanément à l’abandon.
Virgil Shelby était un de ces weirdos qu’il fallait approcher avec prudence et douceur. Et une fois que l’on était capable d’interpréter ses intentions cachées derrière ses paroles et qu’on ne s’offusquait pas de ses silences, il était tout à fait agréable. De plus, c’était le partenaire parfait pour aller au cinéma ! Avec lui aucune chance qu’il ne ramène sa clique d’amis ( son comportement asocial faisait qu’il en avait peu), il ne parlait pas durant le film sauf pour donner quelques informations techniques pertinentes et surtout il ne mâchait pas la bouche ouverte.
Prêt pour le cinéma ?
Je lui demande en posant lourdement mon sac sur mon lit. Je le vide des manuels lourds et inutiles pour notre sortie que je remplace en piochant dans mes réserves de sucreries en tout genre. Voir un film sans grignoter c’était impensable. Une fois prêt, je me penche vers son travail, curieux, et lui poser LA question d’un ton doux :
Qu’est-ce que tu fabriques ?