[EVENT #5] Groupe 1 — Lola, Vega, Arya, Tresor

Arya fait barrière, de son corps si fragile que tu pourrais le briser facilement. Hors de ma vue. Ton esprit hurle à l'agonie et Lola provoque le chien galeux que tu deviens. Plus fort que ça ? Rien n'était plus fort que ça. Plus fort que cette addiction au sang. Finalement Tresor s'empare de ton bras pour t'éloigner de cette vile tentation sucrée, de toute la force qu'il pouvait mettre pour te foutre à terre.

Un ras de marée surgit soudainement des eaux troubles. Alors que ta seule et unique concentration était centrée sur ta soif et sur le visage de ta douce et bien aimée... la précipitation de ses êtres aquatiques fuyant dans les bois interdits, au rythme extatique de leurs branchies...te fait tomber.
Tu t'écroules au sol, dans un etat semi-conscient de transe, non loin de Tresor. L'hémoglobine s'écoulant de ton poignet tâche les galets.

— « Qu'est-ce que.. »

Ta soif s'est un peu étanchée. Le choc de cette apparition soudaine avait terminé de te calmer. Tu te redresses et ton regard croise celui de Lola, rougissant paisiblement en détournant la tête vers ce qui se trouvait derrière elle.

— « Arya ! »

Tu te précipites maladroitement vers elle pour la prendre dans tes bras, du moins pour coller ce petit Fennec contre ton coeur.

— « Merde, faut se barrer d'ici ! Faut..se... »

Tu manques de retrouver ton souffle, éreinté par le poids et la résistance que tu devais exercer sur ta propre volonté.

— « .. dégager d'ici avant que je perde encore les pédales. Et merde, c'est pas normal ! »

Tu perdais ton sang-froid. Et il n'y avait que Lola pour t'apaiser, que le regard de celle que t'aimait pour ne pas te laisser redescendre vers les enfers damnés.

Arya se pose entre toi et Vega et tu la regardes, assez admirative tout de même. Elle est courageuse, de s’interposer malgré le danger que représente Vega. Tu la remercieras de te soucier ainsi autant de lui quand cette nuit se finira. Car elle ne fait que commencer. Les êtres de l’eau sortent en masse du lac, comme un troupeau paniqué qui fuit quelque chose capable de les dévorer. Tu les regardes avant de voir qu’ils ne se dirigent vers vous et tu as juste le temps de te planquer derrière un rocher un peu gros pour ne pas qu’ils te piétinent.

Une fois la catastrophe passée, tu sors de ta cachette et tu fixes les deux jeunes hommes… Et le fennec. Tu écarquilles d’ailleurs les yeux en la voyant avant que Trésor ne se mette à parler.

« Effectivement ce n’est pas normal… Vous pensez que c’est à cause de cette lumière qu’ils ont fuit ? »

Tu grimaces un peu, parce que les chants ne s’arrêtent pas Lola. Ça s’amplifie même, et tu balades tes yeux aux alentours. Ça devient pénible pour ta tête, tu as l’impression que ça mange tes pensées et tu n’arrives plus à réfléchir correctement. Pourquoi tu as l’air d’être la seule à les entendre surtout ?

« Est-ce que je suis réellement la seule à les entendre ? »

Ça t’inquiète, tu regardes Vega qui peine à garder le contrôle, puis Arya qui est devenue un fennec… Est-ce que toi aussi tu… Tu n’arrives pas à formuler la question dans ta tête, ces chants absorbant ta réflexion. Tu saisis ta tête entre tes mains en la secouant.

« Bon sang mais arrêtez ! Arrêtez ! Foutez-moi la paix ! »

Tu ne sais pas ni pourquoi ni comment la raison t'était revenu soudainement. Mais ta soif atténué par ton propre breuvage, tu avais divinement les idées claires malgré une vision encore embrumée. Lola, tu devais t'éloigner de Lola. Car le croisement fugace même de son regard t'arrachait les tripes et participait grandement à des relances d'élan de meurtrier assoiffé.

— « Désolé, j'vais.. j'vais tenter de me contrôler à partir de maintenant. Lola, reste derrière Tresor, s'il te plait. »

S'il te plait, pardonne moi. Serait l'exacte fin de cette phrase étranglée. Serrant Arya pour la protéger, de cette vulnérabilité que tu connaissais trop bien. Tu détestais ce sentiment, qu'au fond, tu faisais ça pour racheter tes fautes et regagner la confiance de tes paires Vega.

— « Qu'entends-tu ? »

Répètes-tu machinalement, en avançant sans la regarder. Mais tu n'y attachais que peu d'importance, l'esprit focalisé sur cette barrière que tu discernais que trop bien. Tu avais sûrement les faiblesses qu'arborait peu fièrement la nature de vampire mais tu en avais aussi les qualités les plus primaires. Vitesse, sens accrus. La vision en faisait parti.

— « Un champ de force. C'est un champ de force. »

Tresor avait raison, il vous fallait retourner au château. Grand dieu vous étiez enfermés à l'intérieur et non à l'extérieur. Il aurait été d'un grand désarroi que vous ne puissiez retrouver vos proches, chercher la sécurité dans ses bois hostiles.

— « Tresor a raison, rentrons au plus vite ! »

Tu te diriges alors en passant devant, Arya toujours dans tes bras. Tu la tenais fermement pour ne pas qu'elle glisse, lui murmurant doucement à l'oreille.

— « Je me doute que tu ne rêves pas de mes bras, mais plutôt d'un autre lion. Tu peux venir te poser sur mes épaules ou rester stable ici même. »

Tu ne sais pas ce que tu entends exactement Lola, tu as conscience que c’est une mélodie, mais les paroles sont lointaines, indicibles. Comme si tu étais sous l’eau et qu’on te parlait, qu’on voulait te montrer quelque chose au-delà de ta vision normale. Un peu comme cette fois-là avec Borea et sa baguette. La sensation était la même, celle d’être ailleurs mais présente, celle qu’une chose voulait s’imposer à toi mais que quelque chose l’empêchait de passer les barrières du réel.

« Je… Je ne sais pas, c’est une chanson mais je ne comprends pas les paroles… Il y a ces gens qui sont en train de… »

De quoi ? Tu n’en es pas sûre non plus. Tout ça te dépasse, tu as l’impression d’être une pauvre folle à parler de chose que les autres ne perçoivent pas. Pourquoi tu es la seule à être une timbrée en ce moment ? Même la soif de Vega semblait plus raisonnable que tes visions… Visions ?

« Champ de force ? »

Tu crois avoir entendu ce mot et tu tournes la tête vers le semi-vampire qui se dirigeait déjà vers l’intérieur du château. Qu’est-ce qu’un champ de force faisait ici ? Tu fronces les sourcils avant de te mettre en route aussi, sans rien ajouter mais toujours un peu perdue. Les chants ne cessent pas et tu serres les dents. C’est loin d’être facile pour toi Lola, tu restes derrière, en retrait alors que tu suis les autres.

Des visions hein…

Tu sentais que t'étais quasiment au bout de ta vie. Arya grimpe sur ton épaule, elle est si légère que tu la sens pratiquement pas. Doucement, tu lui caresses la tête, descend le long de son dos. L'esprit altéré par la fatigue, tu t'imagines si la toucher avec tant de douceur sous sa transformation animale n'était pas gênant quand on pensait au fait qu'elle était humaine. Tu ne te montrerais pas aussi affectueux avec ses formes humaines qu'animales.

Lola et Tresor juste derrière vous, vous remontiez le sentier, contournant Poudlard. Tu voyais déjà la cabane du garde chasse au loin.

— « C'est bon Tresor, on y est presq- »

Tu t'arrêtes, c'est limite s'il se bouffe ton dos vu qu'il te collait de près. Une colonne de lumière venait de s'élever dans la forêt non loin de vue.

— « Qu'est ce que... »

Et dans un bruit semblable à un geyser, tu te retournes pour voir qu'il en était de même dans le lac.  Cela provenait surement de ce que vous aviez vu au fond du lac. Une onde de choc si puissante vous projeta en arrière. Dans un reflexe surhumain, tu avais attrapé Arya par la peau du cou pour la serrer contre toi, attrapant la main de Lola avec vitesse pour lui éviter de s'éclater contre l'enceinte de l'école. Heureusement Tresor n'était pas tombé loin.

Ouvrant les yeux en premier, tu te frottes la tête en étouffant un juron. Mais un poids lourd était allongé sur toi. Le petit fennec était redevenu la jeune fille que tu connaissais. Rougissant un peu, tu secoues ses épaules.

— « Arya ? Arya ça va ? »

Tu vous redresses, et laissant ton amie aux mains de Tresor à bout de nerfs, tu cours vers Lola pour l'aider à se relever.

— « Lola.. ça va aller. Je vais te porter. »

Sans attendre sa réponse, tu la soulèves dans tes bras pour la ramener auprès des autres.

Tout t’échappe Lola, et perdre le contrôle est une chose que tu n’aimes pas du tout. Et pourtant, la nuit est loin d’être terminée. Vous avancez, tu essais de faire le tri dans tes pensées pour ne pas encore et toujours entendre cette chanson ou bien de te tourner vers ces images floues qui embrume ta vision. Puis les lumières apparaissent de nouveau, ce spectacle t’éblouie avant d’être projetée en arrière. La main de Vega t’attrape, t’évitant un choc des plus douloureux contre l’école et tu tombes avec violence sur le sol, sonnée et le corps en compote.

Tu gémis, tu as mal au dos et aux jambes mais tu n’as pas le temps de te relever. Vega, plus rapide et certainement plus solide que toi, s’était déjà redressé pour te porter. Sa force te soulève comme si tu ne pesais rien et tu noues tes bras autour de son cou pour le fixer en rougissant.

« Merci Vega… »

Un sourire se dessine sur tes lèvres et tu te laisses porter jusque les autres sans rien ajouter de plus, fatiguée de tout ça.