JUSQU'AU BOUT DES CHOSES ft. Huyana

Pong. Fait ta tête au moment où celle-ci rencontre le bois verni de la table - et y a cette douleur, fulgurante, qui réchauffe ton front et fait froncer tes sourcils ; pourtant tu ne bouges pas, pas d'un iota, tu restes simplement là, les bras ballants, paupières fermées et dos voûté, au milieu de piles de livres qui s’empilent. Tu crois entendre ta camarade de mauvaise fortune commenter ton comportement, mais tu ne sais pas vraiment - ton esprit brouillé ne fait qu'engager des idées et des pensées sans s'arrêter.

Il était tard, très tard, bien trop tard et tu te trouvais avec la jolie jeune fille à tes côtés, à l'une de vos session de révision qui ne faisait que s'éterniser. Ta concentration approximant généralement le nombre négatif, tu te trouvais à cet instant, clairement au bout de ta vie. Te forcer à te concentrer te demandais plus d'effort encore que la compréhension des lignes que tu lisais.

Lentement, doucement, tes deux orbes vinrent recouvrir la vue et c'est d'un air hébété, que tu pensais à la dernière fois que tu étais venu ici, dans la bibliothèque. Peut-être était-ce même à cette table, tu n'en savais rien, tu repenses, juste, au déroulement et à tout ce qui s'est passé ensuite et tu soupires, un peu, en repensant à ce que tu devrais faire par la suite - parce que tu pouvais pas, Elior, ne pas agir, réagir, tu devais aller le voir, lui parler et très sûrement t'excuser ; car le connaissant, tu pouvais encore courir pour avoir le fantasme d'imaginer le contraire.

Sortant de tes pensées un peu sombres, tu vins te redresser très lentement, laissant l'esquisse d'une grimace déformer les traits de ton visage, alors que tu portais tes deux mains à ton front légèrement rougit par la chute. Tes doigts vinrent glisser sur tes paupières et un énième soupire vint mourir au fond de ta gorge alors que tu reposais tes coudes sur la table - et puis, puis tu jettes un coup d’œil à ton amie avant de lui offrir une petite moue.

– J'arrive pas à m'concentrer, j'comprend plus rien. signes-tu nonchalamment avec l'air le plus blasé du monde. Tant pis si j'suis en échec scolaire, mon cerveau peut pas survivre à d'avantage. fis-tu dramatiquement, avant de te munir d'une pile de livres pour y déposer ta joue, affichant le sourire de contentement avant de fermer à nouveau les paupières, comme si tu te préparais tristement à dormir de cette façon.


-- t'as soif d'apprendre Elior, mais on comprend un peu mieux pourquoi tu n'avais clairement pas ta place chez les bleus et or.

La douceur jusqu'aux oreilles te fait relever les paupières et redresser le menton pour l'écouter attentivement. Et un joli sourire vint embellir tes lèvres, alors que tu observes son visage avec attention. Haussement de sourcil quand tu la vois s'animer et tu suis des yeux la photographie qu'elle te confie ; tu détailles un instant et tu t'étonnes de sa ressemblance avec son frère - et peut-être que ton sourire s'approfondit.

Elle reprend la parole et tes prunelles s'ancrent dans les siennes et tu la trouves belle, à cet instant, Elior ; à parler de lui avec cette animation si particulière, comme si son cœur se réchauffait et que ses mots se faisaient plus doux encore - enfant unique, tu envies cette complicité qui transparaît dans cette petite anecdote.

Et le livre se referme dans un son que tu trouves assourdissant, dans le silence de la bibliothèque. Alors, tu hoches la tête Elior, en accord avec ces propos. Non, ce n'est pas bien grave si tu n'y comprend rien, si tout ce que tu lis n'a ni queue ni tête et si tu n'arrives pas à te concentrer comme les autres élèves ; t'as bien d'autres qualités à exploiter et la réussite ne se limite pas à ça - c'est peut-être ce qu'elle veut te faire comprendre à sa façon.

Tu sursautes en sentant ses petits doigts sur ton front, retrouvant ses deux orbes avec étonnement alors que tu sens un léger tiraillement à son touché. Et alors, alors tu lui offres un petit sourire penaud face à son air ; tu frisonnes, haussant les épaules avec nonchalance pour lui expliquer que ce n'était pas bien grave.

– Tu veux rentrer maintenant ?

Tu penches la tête, pour te questionner sur la question - t'es naturellement verbal à travers tes gestes et tes mimiques Elior, t'as très vite compris que c'était là une très bonne façon de se faire comprendre. Tu tâtonnes tes poches, cherchant ton téléphone, ne sentant que ta baguette. Tu observes la table, avant de le dénicher sous une pile de livres ; l'allumant sans une once d'hésitation et tu te surprends de voir ces chiffres sur ce cadran numérique - il était vachement tard !

Et tu n'as pas le temps de t'en étonner plus longtemps que ton téléphone s'éteints pour cause de manque de batterie. Alors tu restes là, statufié, avant de soupirer - c'était assez fréquent. Tu retombes sur son regard et tu lui offres une grimace avant de prendre la parole à ton tour, à ta façon.

– Oui, rangeons un peu tout ça et rentrons, je pourrais dormir debout. et tu n'es pas bien sûr qu'elle ait pu te comprendre, mais tu n'as pas la patience d'écrire sur un bout de papier à cette heure tardive.

Alors, alors tu te redresses, fait grincer les pieds de la chaise et tu prends quelques livres en mains, avant de faire quelques pas pour ranger ces derniers et aidés de ta partenaire, à l'aide de ta baguette, tu ranges le restes de quelques esquisses tracées. Et, et tu l'observes, tu la regardes, alors que tu agis sans réfléchir vraiment et quand vos regards se croisent à nouveau, une deuxième, une énième fois, tu vins tracer de ta baguette, de nouveaux mots, de nouvelles phrases.

– Dit, Huy... Ilvermony ne te manque pas trop ?

-- et pour une raison inexplicable, tu te sens soudainement un peu triste pour elle.