{ Ruby Chauser - Le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé

Incheon, Corée du sud

C’est la découverte du monde. Les premiers sourires, les premiers mots et les premiers pas, de travers. Ruby ne s’appelait pas Ruby. Elle avait une mère, peut-être trop jeune, débordée et fatiguée. L’odeur du riz, du gingembre et du Baesuk embaumaient la maison. Des bras de cette mère, Ruby en garde un souvenir chaud et rassurant.
Puis, lui. L’homme qui accaparait l’attention. Elle se souvient de ses grands yeux froncés, des rides sur son visage. Cet homme avait peur d’elle. Elle avait peur de lui. Il semblait être la raison des larmes salées de sa mère, elle qui cachait avec de longues robes les taches bleues qui apparaissaient sur sa peau. L’homme criait très fort, des mots que Ruby a oublié, mais qui semblaient très graves.
Si graves qu’un jour sa mère l’emmena avec elle. Toutes les deux, seules, elles vécurent le plus beau jour de leurs vies. Elle la couva de baisers, d’attention, de tout l’amour qu’elle pouvait encore lui donner. Puis, la déposa dans une grande maison, pleine à craquer d’enfants. C’est dans ce foyer qu’on appela Ruby, Ruby.

Séoul, Corée du sud

Deux ans et sa mère n’était pas revenue. Peureuse, elle était devenue comme muette. Impossible d’avoir des attaches dans un lieu où tous les jours, les visages disparaissaient au profit d’autres. Des couples anglais venaient régulièrement choisir leur nouvel enfant dans ce trafic illégal.
Ce jour-ci, Ruby avait eu le droit de se laver dans la grande baignoire en fonte. Elle avait été coiffée. Elle eut même le droit à de très jolis rubans jaunes dans les cheveux.
Aujourd’hui tu rencontres ta nouvelle famille, sois gentille.
Deux hommes Londoniens arrivèrent dans l’après-midi. Avec toute la bonne intention du monde, ils avaient participé à un trafic illégal d’enfants. Comment leur en vouloir ? C’était presque impossible pour un couple homosexuel de faire autrement.

Londres, Angleterre

Ruby est au coin du feu. L’odeur du chocolat a presque remplacé celle du Baesuk. Malgré son foyer et l’amour qu’on lui porte, Ruby est restée une enfant discrète, presque muette. Ses sourires effacés trahissent une nostalgie qui n’est pas de son âge.
Son enfance ne fut pas compliquée. Elle goûtait à quelque chose de précieux : la stabilité, la routine.
A ses onze ans une drôle de lettre se glissa dans ses cadeaux. Inattendue, elle déstabilisa ses pères. S’ils avaient d’abord décidé de l’ignorer, la persistance de la correspondance les avait convaincus. Ruby n’était pas certaine de faire le bon choix en partant à Poudlard. Assise dans le train, seule, elle regardait les parents saluer leurs enfants sur le quais.

Poudlard, Ecosse

Serdaigle !
De nombreux applaudissements l’accueillaient dans sa « nouvelle famille ». Elle passa une scolarité banale. Discrète, elle passait la plupart du temps dans les livres de la bibliothèque. Le monde magique la fascinait, bien sûr. Mais surtout, d’où venait-elle ? Qui était-elle ? De qui tient-elle ses dons ?

Corée

Après avoir fini sa scolarité, elle s'en alla. Elle ne laissa aucun mot. Pendant cinq ans, elle fit le tour de Corée. Elle y rencontra ses sorciers, son bestiaire et sa magie. Pendant cinq ans, elle chercha la trace de son passé. Mais pas un indice, un nom, un visage familier. Malgré tout ce qu’elle a appris sur ses racines, à son retour, elle ne put retirer des commissures de ses lèvres une forme de déception.  

Poudlard, Ecosse

Elle rentra directement à Poudlard, sans passer saluer ses pères. Lors de ses études, elle s'était attachée à la vieille bibliothécaire. Avant de partir, elle lui avait promis de l'aider pour gérer la grande bibliothèque. Petit à petit elle déchargea la vieille femme de son travail, jusqu'à qu'elle s'en aille. Bien qu'elle en connaisse chaque secteur, chaque allée, chaque livre, chaque page, Ruby était devenue bibliothécaire par défaut.