glacer ses peurs + chase ( terminé )

( musique ) pan a cette triste manie d'ouvrir les fenêtres de son cœur, accueillir les oisillons dans le creux de ses paumes et de refermer le tout comme une bourrasque - écraser le cartilage d'innocence entre le cadran et la vitre, les plumes en suspend sans pouvoir s'échapper.
le sang ça tâche, et il a le tien qui couvre invisiblement ses mains depuis longtemps.
ainsi quand tu le croises tu n'oublies pas ses sévices et tout le mal qu'il est capable de t'infliger par un sourire - après tout c'est grâce à ce dernier qu'il t'a séduit non ?
c'est grâce à une risette pleine de candeur qu'il vous a lié pour l'éternité qu'il dira.

c'est le plaisir du rouge et le goût de ce vous, il n'aime pas la fadeur des amitiés qui se terminent ; la réalisation soudaine qu'on ne compte plus pour l'autre, ou du moins de moins en moins.
alors il préfère affliger la douleur des sentiments pour qu'on se souvienne d'à quel point vous étiez beaux et à quel point c'est risible d'en avoir terminé ainsi.

maintenant pan s'est élevé, il n'a plus ton naturel et n'a jamais eu ta gentillesse, elle elle a toujours été factice. il s'est inspiré de ta lumière pour rendre la sienne encore plus fidèle à la réalité - peut-être l'a-t-il aspirée, aux mêmes instants ?

dans le creux des relents amers, d'un lieu souillé par la vie, il attend. il t'a vu rentré et il patiente, il se sait invisible pour l'instant et il attend que tu t'avances pour te laver les mains.
il connaît ta démarche, la blondeur de tes cheveux qui contraste avec la sienne et l'éclosion déjà fanée de ta jeunesse.

il s'avance à son tour et vient t'encercler de ses bras (la vipère entoure sa proie), resserre dans une étreinte qui se veut chaleureuse, sur la pointe des pieds et son nez contre ton épaule.
il y'a ses yeux qui dépassent et qui cherchent les tiens, dans le miroir.
chase ! ça fait longtemps.
ça ne fait jamais trop longtemps, quand il est question de pan.
je ne pensais pas qu'on se croiserait ici, le destin est comme... comme s'il ne voulait plus que nos chemins se recroisent haha !
c'est faux, il le sait. il a deviné que tu l'évites mais que tu es pourtant trop là, à planer dans l'ombre d'étoffes rougeoyantes.
son sourire trahit volontairement son secret.
il est dangereusement vorace quand ses fossettes apparaissent sans que tu puisses deviner totalement la demi-lune cachée par ta propre silhouette.

elle est là la haine nébuleuse, il l'embrasse du bout des doigts parce qu'il la sent qui suinte. dans la proximité il a senti les muscles se tendre dans une flexion de nervosité (ou est-ce de la crainte ? il suffirait pourtant d'écraser ta main tout contre sa gueule chérubine tu sais chase).
quand tu prononces son nom il se retient d'étendre davantage sa plénitude malsaine sur son minois car cela sonne comme un glas, comme une alarme entre tes lèvres.
pan.
comme une malédiction et entre tes lèvres il aime ça.

bien vite malgré ce que tu penses, tu t'écartes de lui, tu fuis le passé comme tu as toujours su le faire alors qu'il te rattrape. tu sens qu'il te poursuit n'est-ce pas ? qu'il se place dans la trace de tes pas mais tu ne peux pas t'empêcher de soit le regarder dans les yeux, soit te détourner complètement.
fascinant, aucun entre deux.
si pan était un enfant cruel il rirait.

pan rit.

qu'est-ce qu'il veut ?
pourquoi tu tournes autour de kenneth ? vous avez rien en commun, il est beaucoup trop bien pour toi.

peut-être qu'il est un rien biaisé par le creux qui lui sert de coeur (et qui s'agite tout de même) et surtout par la démangeaison de te rappeler que tu n'es rien, que si tu manges la poussière il n'y'a rien d'anormal parce que tu en es fait.
et il n’avouera jamais ses attentions à l’égard du gryffondor car tu dois les connaître, puisque lui t’a vu tu as dû le voir - tu es bien trop présent pour qu’il te soit invisible.

laisse tomber tes armes de cristal chase, il semble les entrapercevoir mais n’oublie pas qu’il les écrasera sans remords, fera tinter leurs éclats sur le sol dans un coup de pied d’enfant capricieux. qu’il se roulera au sol s’il peut t’arracher un rien de détresse ou d’agacement.

il croise ses bras le vilain, te jauge sans jamais cesser
de sourire.

il est bien tranquille, il sent même sa respiration, ses poumons se lever paisiblement dans sa cage thoracique. si le monde s'écroule autour de lui il resterait là, conquérant du désastre ambiant. le rythme est régulier et rien ne trahit une once de gêne - tu es une extension de lui-même chase. une monstruosité qu'il a créé et il sait qu'il te dompte : s'il aime tâter tes limites ce n'est pas pour ça qu'il impose son soi ici en ce moment-même.
il a d'autres ambitions que tu sembles peiner à digérer.

c'est triste, risible comme il te connaît ! comment il devine le tremblement, ta moue qui se tord et c'est une impression déjà vue mille fois dans son esprit, qu'il réimprime encore et encore pour s'en délecter dès qu'elle apparaît.
il n'a pas un soupçon de peine et s'aime unique, savoir qu'il fait ça uniquement pour lui et se murmurer tout bas dans son intimité qu'il n'y'a rien de mieux que de se servir dans ses trips égocentriques.
il ne le mérite pas ? qui es-tu pour juger avec tes semelles de vent, chase ? à fuir comme les ombres éphémères du printemps, tu ne prends même pas le temps de voir éclore les fleurs qu'il a lui-même fait pousser ! les fleurs du mal certes qui ont gangrené ton coeur, mais de jolis végétaux qui pourraient constituer un splendide bouquet.

tentes-tu de l'écraser avec ton mépris ? il ne vaut rien.
je te demande pas ton avis en fait, si tu avais pas compris. ça ne te va pas de te donner des airs, je ne mérite pas ça.
il ne rit plus. c'est le glas du reproche, pan s'immisce tout doucement sous ta peau avec son aiguille gorgée de poison.
tu m'emmerdes chase, reste loin de tout. ça vaut mieux pour tout le monde. tu le sais très bien.
l'avertissement s'échappe et il ne ressent même pas le besoin de sortir sa baguette pour appuyer ses propos. il se contente de poinçonner tes yeux des siens, la bouche givrée en martyre silencieuse.

il ne reconnaît plus l'ombre fugitive. d'habitude elle s'éteint tranquillement dans le coin des couloirs et ne se dresse jamais face aux étoiles incandescentes ; tes révoltes sont des mirages qu'il se plaît parfois à rêver mais qui n'arrivent jamais.
toutefois il semblerait qu'il ait trop entaché ton coeur.
tu ne t'es jamais mis sur son chemin, tu ne l'as jamais empêché de semer la discorde avec ses doigts-maître - est-ce parce qu'il aurait touché à une corde bien trop sensible ? qu'il serait dans un excès troublant ? à son habitude il jubilerait de se savoir musicien d'un instrument de souffrance mais il semblerait que lui aussi peine.

ta haine qui est un jeu habituellement est une entrave à sa sainteté et il espère tout bas que tu ne lui as rien dit, à kenneth. qu'il le pense aussi pur qu'il se le montre.
il ne te pense pas capable de le toucher et pourtant - et pourtant ! l'ire s'enfièvre et dicte tes mouvements au-delà de la raison.
il a un sursaut. c'est geppetto qui a perdu le contrôle sur sa création - pinocchio sévit pour se libérer, s'enquérir du droit d'aimer.

ça lui fait terriblement peur. sa mine se décompose à son tour et il se demande pourquoi il n'y'a aucun élève qui prend la peine d'entrer dans les toilettes ; c'est quand la situation se retourne peu à peu qu'il regrette votre intimité et qu'il se rappelle que toi aussi tu le connais aussi bien qu'il te connaît - sa poitrine se serre et il voit trouble.
il n'essaye même pas de se débattre car il craint de se montrer piteux et ridicule alors il se laisse tenu et vocifère, tout peiné.
ahah qu'est-ce que tu racontes... tu ne ferais pas ça.
de raconter des insanités sur lui, qu'il s'amourache d'âmes douces comme celles de kenneth - qu'il a ce qu'il pense être un vice qui coule dans les veines.
tu ne ferais pas ça, il menace un peu car il sait l'effet qu'il peut avoir sur toi - et il espère que tu n'as pas conscience même si son jeu d'acteur est branlant, celui que tu as sur lui.

vous êtes de plus en plus proche quand tu donnes une impulsion pour que vos minois soient l'un en face de l'autre. il ne sait pas si vous avez déjà été aussi près l'un de l'autre.
il entend par là dans la sincérité des sentiments. il t'a déjà aimé il en est persuadé mais il s'est lassé ou peut-être avait-il trouvé lumière plus attrayante - il ne sait plus.
c'est flou mais pan sent le vice en risible union entre vous, à force de te faire mal il a développé des épines le long de tes pétales, n'est-ce pas ? tu t'enorgueillis de lui faire mal, il le voit.
tu es cruel et il peine à s'en réjouir car ça résonne TROP en lui, c'est trop singulier pour lui qui aime croire que tout est vain mis à part sa propre petite existence.

c'est à son tour d'être dans son mutisme douloureux quand tu l'assommes de tous tes dires - est-ce que ça le ferait souffrir ?
sûrement. mais lui aussi.
si kenneth souffre de son absence cela sûrement de ta faute, lui-même se refroidira de ses ardeurs ; il se préfère loin mais aimé que tout près mais relevant de l'aigreur amère. il serait peut-être plus judicieux d'aller en ton sens et de se laisser détester comme une âme cruelle et indésirable. d'être un martyr ou un antagoniste qualitatif.
ça serait sûrement mieux pour tout le monde et même pour lui-même d'ignorer la force de ses sentiments tragiques qui galvanisent son palpitant.

il se recule quand tu le relâches et lisse son col froissé de ses doigts tremblants, les yeux furieux mais accrochés autre part que sur toi. il serait trop humiliant de devoir lever la tête pour croiser ton regard.
c'est bon t'as gagné. je lui parlerai pas. mais si lui me parle, ça ne sera pas de ma faute.
il tire sa révérence sur son engouement mais ne ferme pas tout à fait les rideaux : si tu veux qu'ils se disent au revoir, ce n'est pas avec pan qu'il faudra négocier.

il fait demi-tour hâtivement et s'efface sans un au revoir, franchissant la porte sans même regarder en arrière.