Quatre mots sur un piano... | Moïra Lun 29 Oct - 21:07
Quatre mots sur un piano...
Fin Octobre
Douce mélodie. Entêtante. Envoutante.
Une de celles qui prend les tripes et omet le reste. Rien n’a plus d’importance. Seul le son compte. Tu ne te souviens pas de ce coin du château. Pourtant, ta mémoire des lieux semble nettement plus développée que celle des visages. Ce qui se révèle une chance pour ne pas se perdre. Surtout dans un château immense.
La mélodie revient chatouiller tes oreilles. Comme un murmure qui te pousse en avant. Toujours plus loin. Avec toujours plus d’intensité. Tu le suis. Comme envoûté. Hypnotisé. Tu ne te savais pas sensible à la musique. Elle ne ressemble en rien à ce que tu pouvais entendre chez toi. La musique Bollywoodienne n’est pas si puissante. Si prenante.
Alors tu te laisses glisser. Jusqu’à la porte d’où émane cette mélopée. Oubliant ce qui t’occupait l’esprit avait. Allant jusqu’à ne pas te rappeler du lieu que tu cherches à rejoindre.
Forte. Sensible. À portée de main.
T’attarder derrière cette cloison n’est pas une option. Tu veux savoir d’où vient cette musique. Tu veux en comprendre toutes les subtilités. Ce domaine n’est pas le tien. Peu importe. Tu t’y engouffreras. Sans délicatesse, s’il le faut.
Malgré ce que tu penses, ta main pousse la porte délicatement. Elle ne grince même pas. Vive le graissage des gonds. Tes yeux parcourent la pièce. De long en large. Jusqu’à tomber sur le piano. Instrument d’où sort toujours cette douce mélodie. Seulement, il ne joue pas seul. Non. Une fille se trouve derrière. Assise sur le tabouret prévu à cet effet. Une demoiselle que tu reconnais facilement. Étrangement. Ce n’est pas tant elle que tu reconnais. En y regardant de plus près, c’est son uniforme gris et sa chevelure brune frisée. Vous vous êtes bousculés dans la cohue des escaliers, dans la matinée. Rien de très spectaculaire. Ça semble pourtant suffisant pour t’avoir marqué. Ne serait-ce que pour t’en souvenir.
Maintenant que tu as élucidé l’énigme de l’attirante mélopée, tu t’apprêtes à partir. Juste comme ça.
Et puis quoi ? Qu’est-ce que tu vas faire après ? Est-ce que tu te rappelles seulement de ce que tu voulais faire avant ça ?
Non.
Alors qu’est-ce qui t’empêche de continuer d’écouter ?
Rien.
Edea L. Baxter
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Re: Quatre mots sur un piano... | Moïra Sam 3 Nov - 19:15
Il y avait la sensation du coeur bondissant et de cette joie inexpliquée qui adoucissait l'esquisse, un instant d'euphorie comme il y en avait déjà eu des centaines dans une vie et elle s'en était allée, plantant là ses quelques camarades qui se disaient amis pour partir vaquer à ses occupations. Elle avait prit soin de frapper docilement contre le bois avant de comprendre qu'il n'y avait personne de l'autre côté, puis elle était entrée calmement avant de fermer la porte. Un sourire si grand étirant ses lèvres, lentes mélodies qu'elle ne pouvait s'empêcher de chantonner, Moïra se sentait si heureuse aujourd'hui, que son coeur en battait drôlement fort. Elle avait besoin d'extérioriser cette joie soudaine, elle avait besoin d'écouter les sonorités d'un piano qu'elle avait frôlé tant de fois auparavant. Sans se l'expliquer.
Elle s'était mise à jouer tranquillement, les yeux clos car ses doigts connaissaient si bien les touches qu'il n'y avait même plus besoin de les regarder. Elle faisait confiance à sa mémoire, être malade avait ça de bon quelques fois ; des maladies qui rendaient différents, mais qui finalement n'avaient vraiment rien de méchant. Joyeuses notes qui s'envolaient, la belle s'imprégnait gracieusement de cette tendresse momentanée, évacuant un trop plein d'émotions avec, toujours, ce sourire béat aux lèvres. Elle ne s'était pas rendue compte de sa voix chantonante, ni même du très léger bruit d'une porte qui s'ouvre à nouveau puis se referme lentement.
Il n'y eu que la fin de cette mélodie pour lui faire remarquer, un léger craquement du parquet qui la fit se retourner, un peu surprise mais pas si étonnée. Vous ne vous connaissiez pas, après tout.
– Toi !
Pourtant tout lui sembla beaucoup trop bizarre à cet instant, bien trop bizarre pour qu'elle ne puisse laisser passer ses interrogations. Surprenantes interrogations, soudaines et totalement nouvelles. Une main à son coeur qu'elle porte sans comprendre pourquoi celui-ci battait autant. Était-ce parce qu'elle ne s'y attendait pas ? Elle te dévisage un instant ; vous ne vous connaissiez pas, pas vrai ?
Malgré ce matin dans les couloirs, et son euphorie du soir qui s'étale. Vous ne vous connaissiez pas.
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Re: Quatre mots sur un piano... | Moïra Dim 4 Nov - 18:22
Quatre mots sur un piano...
Fin Octobre
Tu n'as pas conscience du bruit que tu as fait en entrant dans la salle. Trop concentré sur la mélodie. Subjugué par cet univers inconnu de tes oreilles. De tes yeux aussi. Tu n'as jamais pris le temps de regarder un pianiste jouer. Grave erreur. C'est délicat. C'est majestueux. C'est souple. Divin.
Il n'y a qu'à la fin du morceau que tu t'aperçois que tu es effectivement resté. Attendant justement la chute de cette mélopée. Patientant pour en saisir toute la finesse. Qui t'est restée inaccessible malheureusement. Ton monde ne ressemble pas à ses volutes auditives.
Un son, cependant, te fait grincer des dents. Gâchant presque la beauté du moment. L'harmonie de la mélodie. Une voix. Une injonction plutôt. Qui n'a d'autre destinataire que toi. Toi. Un mot. Simple. Perçant. Vif. Suivi d'une interrogation. Légitime. Tellement banale. Inutile dans la beauté musicale du moment. Nécessaire dans la compréhension et l'échange social. Mais veux-tu seulement discuter avec une inconnue ? Une inconnue qui t'a inconsciemment offert un morceau d'elle à travers sa musique. Un moment pur. Mélange de beauté et de partage. Où la corruption politique habituelle, dans laquelle tu étudies, n'a pas sa place. Où la corruption quelle qu'elle soit n'a pas sa place.
Une tournure différente. Qui annonce la couleur. Cette conversation ne sera ni plate ni ordinaire. Tu peux le ressentir à des kilomètres. Quand bien même elle ne durerait pas. Même si les mots sont les mêmes que toujours, cette fois la disposition importe plus que le sens. Elle pique. Droite. Franche. Oui, en quatre mots, tu le perçois déjà. Et grâce à la musique qui la précède, tu sais que cette conversation ne va pas t'horripiler comme n'importe quelle autre. Un pressentiment. Si tu te fis à ton instinct, tu restes néanmoins prudent.
Répondre à la question, pourquoi pas. Seulement... « N'es-tu pas censée te présenter avant de me demander qui je suis ? » Tu ne peux t'en empêcher, c'est plus fort que toi. Cependant, ta voix est apaisée par la musique. Pas tout à fait engageante ni chaleureuse, mais certainement pas froide. Tu murmures plus que tu n'affirmes ton nom. « Akhil... » Comme si pour la première fois, tu prends conscience que ton nom ne fait pas tout. Qu'il n'y a pas que lui qui peut te définir. Tu ne l'imposes pas, tu le proposes. Comme si tu le soumettais à son jugement. C'est étrange. Ce n'est pas dans tes habitudes.
Edea L. Baxter
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Re: Quatre mots sur un piano... | Moïra Mar 6 Nov - 23:29
Il est probable qu’elle ne se soit pas rendu compte de son regard perdu dans le tien, du fait qu’elle observait tes yeux comme l’on regarderait une pluie d’étoiles filantes, émerveillé avant de faire un vœu. Il est probable qu’elle ne le remarque jamais, que malgré le grave de ta voix qui l’étonne, elle se décide à ne jamais vraiment y faire attention. Il y avait des choses bien plus importantes, rien qu’en l’instant, des choses qu’elle ne pouvait se résoudre à éviter, elle que rien ne savait contrôler. Au gré de ses envie elle t’écoute calmement, les doigts tapotant sa jupe en un rythme léger qui la gardait dans la réalité. Devait-elle réellement se présenter avant toi, qui le lui demandait sans grande chaleur dans le ton ? Ou devait-elle te laisser finir, et peut-être fuir avec le risque de ne plus te revoir, jamais.
Elle n’en sait rien et pourtant aimerait grandement savoir, pour savoir quoi faire dans de telles situations. La prochaine fois, parce qu’il y en avait toujours, des prochaines fois, des rencontres hasardeuses, des hommes et des femmes qui poseraient les mêmes questions puis se feraient les mêmes réflexions.
– Je dois vraiment le faire ? À vrai dire, je n’en sais rien, t’explique-t-elle dans un sourire poli, mais je m’appelle Moïra, puisque tu sembles vouloir l’entendre avant de me donner le tien.
Elle sent son coeur s’emballer dans un faible tambourinement au souffle de ton prénom. Délicatement elle y appose une main, cessant le rythme qu’elle enchaînait de l’autre, puis se lève d’un petit saut, pour te faire face de là où elle se trouvait.
– Akhil ? une question comme une curiosité, l’envie de s’imprégner de l’identité pour en découvrir toutes les sonorités. Akhil. C’est vraiment très beau, on dirait qu’il provient d’un poème d’Orien. Et puis c’est amusant à prononcer, ajoute-t-elle dans un petit rire.
À croire que la beauté de la mélodie avait agit sur son humeur, elle se trouvait bien plus douce qu’à l’ordinaire, sans prétendre qu’elle soit une brute épaisse en règle générale, mais elle le sentait au plus profond, ce changement ; et peut-être était-ce ce qui aidait à apprécier chaque virgule de cette rencontre. Un peu étrange, presque surprenante, elle avait cette impression de flotter encore quelque part entre le ciel et la terre, avec cette euphorie au coeur qui ne sortait qu’au travers de ses iris pétillants.
– Dis-moi, Akhil, et elle s’en amusait vraiment, à prononcer ton prénom, ça t’a plu ?
Dernière édition par Edea L. Baxter le Mar 22 Jan - 1:17, édité 6 fois
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Re: Quatre mots sur un piano... | Moïra Sam 10 Nov - 19:50
Quatre mots sur un piano...
Fin Octobre
La différence qui transpire par ses pores ne te laisse pas indifférent. Pourtant, tu ne captes aucun des signaux de cette conversation silencieuse qui se joue entre vous. Les tiens comme les siens. Tu te montres aveugle à ce langage si franc et si réel. Comme si la beauté du détail ne t'effleurait même pas. Comme le danseur qui n'écoute pas la musique sur laquelle il se produit. En décalage avec le temps.
Le sourcil levé sur ton visage trahit la surprise que tu éprouves. Ne connaît-elle pas les codes sociaux pour ne pas savoir que se présenter est le minimum attendu ? Ou alors, se fiche-t-elle de les suivre ? C'est une information que tu ranges précieusement dans ta tête. L'associant avec son prénom. Moïra. Avec les boucles de sa chevelure également. Le teint de sa peau. Le brun de ses prunelles. Le tic de sa main, tapotant un rythme que tu ne connais pas. Jusqu'à ce qu'elle se relève.
Ton prénom, soufflé dans une interrogation, te fait prendre conscience de l'inspection que tu viens de mener. Retrouvant une attitude appropriée, tu fixes tes pupilles aux siennes. Leur interdisant de s'égarer de nouveau. Préférant ne pas réfléchir, ne pas chercher à comprendre pour l'instant. De toute façon, il n'y a rien à comprendre. Quelle mauvaise foi.
Complimenter ton prénom n'a rien de nouveau. Chez toi, ça ressemble plus à une habitude locale de ceux qui en comprennent le sens. Pourtant, cette fois, c'est différent. Ça l'est forcément, puisqu'elle ne peut pas en apprécier la signification. Ses mots, cependant, te touchent. Un poème d'Orient ? Dans sa bouche, ça sonne comme une épice particulièrement savoureuse dans un plat lors d'un repas familial. Tu émets néanmoins, un petit son moqueur quand elle t'avoue s'amuser à le prononcer. Comme une enfant face à un nouveau jouet. C'est très étrange pour toi de te voir ainsi. Comme un jouet. Tu n'es pas sûr d'apprécier vraiment la comparaison… Mais comme c'est toi qui l'as faite, tu vas continuer de te taire.
Tu prends conscience que ton prénom a été prononcé plus de fois dans cette simple conversation que dans une journée ordinaire. Et elle n'en est qu'à ses débuts. La conversation. Ce n'est pas dans tes habitudes, mais tu sais que cette fois ce n'est pas un mal.
Prendre le temps de réfléchir à la question ne sert à rien. Si ça t'a plu ? Oui. Comment le dire avec plus de sensibilité ? « Oui. » Simplement. Tu n'es pas sensible, à quoi bon jouer les faux-semblants. « Qu'est-ce que c'était ? » La musique, tu découvres tellement de choses différentes ici, que tu tiens à en assimiler le plus possible. Agrandir tes connaissances passe aussi par la culture anglaise.
Auras-tu la chance de l'entendre à nouveau ? Conçois-tu le destin ? Possèdes-tu un bon karma pour ça ? Non. Tu le provoques ! « Tu viens souvent jouer ici ? » Il ne te reste plus qu'à voir ce que l'avenir te réserve.
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