Mars 2029 ;;
Il faisait froid, et malgré le plaid sur ses épaules et la tasse de thé entre ses mains, Rachel ne parvenait pas à se réchauffer. Elle avait passé toute la soirée assise là, dans le canapé des appartements de Orphan, à lire et lire encore. A peu près une fois par heure, elle remettait des bûches dans le poêle d'un mouvement de baguette absent (depuis le temps qu'elle faisait de la magie, ce genre de sortilèges ne lui demandait plus aucune concentration). Elle était restée là en silence, pendant au moins deux bonnes heures, alors que son mari devait encore travailler (il travaillait trop, cet homme-là).
Elle s'était levée sur un sourire, déposant son livre ouvert sur la table basse, et s'était éclipsée dans la salle de bain, quelques mélodies murmurées au bord des lèvres qui comblaient le silence. Puis le robinet et les canalisations se chargèrent de remplir l'espace sonore.
L'eau était brûlante, mais c'était ainsi qu'elle l'aimait ; quand elle lui mordait la peau un peu – pas trop. Elle avait laissé ses vêtements sur un des meubles et s'était glissée dans la baignoire, l'arrière de la tête contre le rebord. Depuis qu'elle était enceinte, chaque jour lui semblait un peu plus éreintant, et chaque soir elle était un peu plus fatiguée.
Orphan avait travaillé tard et en ouvrant la porte de ses appartements, l'absence de sa femme fut la première chose qu'il remarqua. En approchant de la porte de la salle de bains, pour vérifier que tout allait bien, il toqua. Un coup, puis deux. Aucune réponse. Trois coups de plus, et toujours rien. La lumière qui s'échappait par-dessous la porte lui confirmait pourtant qu'elle y était, et soudain, il s'inquiéta.
Rachel ?Il se répéta, une voix plus insistant. Sans attendre, il ouvrit la porte, le pas ferme et pressé. Elle avait les yeux fermés et son bras pendait en dehors de la baignoire, sa tête laissée contre le rebord. Quelque chose se serra dans sa poitrine (certainement pas son cœur, il n'était toujours pas sûr d'en avoir un), inquiet, et en attrapant son visage et relevant sa tête, il avait insisté, d'une voix autoritaire.
Rachel, réveille-toi.Toujours pas de réponse, mais elle respirait, et ça l'avait au moins rassuré un peu, si bien que sa voix s'était adoucie.
Rachel... Hmm ?Il soupira, et s'écarta d'un pas, un poil vexé de s'être inquiété pour
rien.
Il est quelle heure ?Il ne répondit pas, et se contenta de retirer sa cape, puis la veste de son costume, puis sa chemise, et tout en commençant à descendre son pantalon, il pesta.
Attends que je sois là, la prochaine fois.Elle l'avait regardé sans changer d'expression d'abord, puis un sourire était né sur son faciès, quand elle compris qu'il s'était réellement inquiété. Ainsi elle tendit une main vers lui, l'invitant (l'autorisant) à le rejoindre.
C'est d'accord.