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Un coup de tabac (solo)

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Un coup de tabac (solo) Mar 11 Déc - 19:10

UN COUP DE TABAC


Quand le coup de sifflet de l’arbitre retentit à travers le stade, amplifié par le sortilège de Sonorus, ils surent qu’assister à ce match avait été une perte de temps. L’attrapeur de Gryffondor brandissait le vif d’or avec fierté, gonflant le torse d’une ardeur nouvelle. Dans les gradins, tremblants sous le poids de la liesse collective, une marée rouge et or reprenait en cœur l’hymne de la maison au lion. Assis sur les rangs clairsemés des Serpentards, Uther Windsey, maussade, glissa un regard interrogateur en forme de « On s’arrache ? » en direction de Matthew Adler.
Alors que, sur le terrain, les membres des deux équipes retrouvaient un à un la terre ferme, les deux sorciers s’esquivaient déjà discrètement en direction de la sortie, cherchant à éviter la foule.

Cela n’avait rien d’un bon weekend. Les partiels de fin de semestre approchaient à grand pas, cloîtrant la majeure partie des étudiants majeurs à la bibliothèque et dans les salles d’études. Les garçons s’étaient presque fait violence pour se rendre au match, davantage motivés par le besoin de prendre de l’air que par la perspective d’encourager l’une des deux maisons en lice. Il ne leur fallut donc pas plus de quelques mots pour tomber d’accord sur la seule activité encore capable de sauver cette fin de semaine ratée : les Trois Balais.

Un peu d’alcool ne leur ferait pas de mal et pourrait même s’avérer utile pour rattraper le temps perdu. Ils n’avaient pas eu beaucoup d’opportunité de se retrouver seuls en tête à tête au cours du dernier mois et la soirée d’halloween s’était avérée riche en émotions. Uther désirait avoir son avis sur les calomnies répandues par le Stupeshit et lui expliquer comment il s’était retrouvé enfermé dans ce placard en même temps qu’Isabella Rahman. Matthew avait toujours su écouter et dispenser de bons conseils.

Arrivant en haut du sentier escarpé qui menait au parc, il commença cependant à tâter nerveusement son tour de cou, s’affairant dans sa besace comme s’il avait oubliée quelque chose. Avec un demi-mot d’excuse et une exaspération manifeste, il déclara avoir oublié son écharpe dans les gradins et, lui conseilla de l’attendre directement en salle commune pour filer à Pré-au-Lard dès son retour. Vaguement ennuyé par ce contretemps, Uther balaya l’idée de la main comme il l’aurait fait avec une mouche particulièrement acharnée.

Je t’accompagne. Inutile de perdre davantage de temps.

Comme cela était à prévoir, la foule des supporters, perdants et vainqueurs confondus, quittait le stade, remontant en direction du château. Très vite, ils furent submergés par une véritable marée humaine d’adolescents en proie à une vive excitation, d’enfants sauvages sautillants et d’adultes à peine plus modérés. Un véritable calvaire pour quiconque aime le calme et la solitude. Ils furent partiellement sauvés par leur stature, qui grâce au ciel, leur permettait de dominer la plupart des autres élèves et de naviguer à vue. Matthew ouvrait la marche, jouant des coudes lorsque l’on menaçait de lui rentrer dedans. Uther faisait de même, brûlant de sortir sa baguette à plusieurs reprises pour stupefixer tout ce qui menaçait de lui marcher sur les pieds. C’est donc les joues légèrement rougies par l’effort et le souffle court qu’ils parvinrent à s’extirper du flux des sorciers aux abords du stade.

Il leur fallut ainsi une bonne vingtaine de minutes pour revenir à leur point de départ et s’insinuer dans la structure. S’ils avaient su ! L’agitation à l’intérieur était sans doute pire que tout ce qu’ils avaient pu affronter dehors. Les joueurs de l’équipe de Gryffondor n’avaient pas encore quitté le stade et entreprenaient un tour d’honneur auprès de leurs plus fervents supporters, recevant les félicitations et les accolades de tous. Dans le brouhaha ambiant, Matthew lui signifia par-dessus son épaule qu’il s’apprêtait à remonter dans la tribune de Serpentard et qu’il pourrait trouver une alcôve un peu plus loin pour l’attendre sans subir l’euphorie générale. Après quoi il disparut presque aussitôt, avalé par la foule anthropophage.

Guettant des yeux leur point de ralliement, Uther ne perdit pas une seconde. Dire qu’il n’aimait pas particulièrement être frôlé de toutes parts par des inconnus relevait de l’euphémisme. Lorsqu’il le localisa enfin, son désir de le rejoindre au plus vite fut si fort, qu’il se mit en marche sans même faire attention à ce qui entravait sa route et… heurta de plein fouet une personne qui se trouvait là. La violence du choc manqua de lui couper le souffle : aucun des deux n’avait vu la catastrophe arriver et la pauvre demoiselle, bien plus frêle et légère que lui, fut rudement projetée au sol. Il ne se rendit pas tout de suite compte de ce qu’il venait de faire. Pendant une fraction de seconde, la foule s’était changée en un magma confus de couleurs et de formes. Un peu sonné et perdu, il ne savait plus tout à fait où donner de la tête.

Ce n’est qu’en voyant la jeune fille à ses pieds qu’Uther sembla retrouver un peu de bon sens. Lui qui n’était pas particulièrement gentil et aimable ploya le genou en lâchant quelques mots d’excuses pour lui venir en aide, la prenant en pitié. Quelqu’un d’autre avait eu la même idée que lui, puisqu’au moment où il parvint à sa hauteur, une main émergea de la cohue et se tendit pour s’arrimer à celle de la suppliciée.  

Une main pâle, qui s’entremêla avec douceur et fermeté entre les doigts de sa compagne. Des veines sous la peau, comme un petit torrent, qui se dissimulaient à hauteur du poignet sous un cape aux armoiries pourpres et or.

Uther releva la tête, un peu éblouie par la lumière des torches qui crépitaient, animées d’un feu magique.

D’abord, elle ne le vit pas.

Des cheveux blonds glacés qui revendiquaient leur indépendance, coincés sous le double tour d’une écharpe de laine. Des lèvres dont s’échappaient de temps à autre de longs panaches de buée. Elle ne semblait pas avoir froid, ou du moins, pas comme eux, car ses mains et sa tête étaient découvertes.

Il ne savait pas bien dire pourquoi il ne parvenait pas à la quitter des yeux tandis qu’elle s’affairait à épousseter la cape couverte de neige de son amie. Un mot lui vint seul à l’esprit.

Sorcière

Dans son souffle glacé, dans ses gestes graciles, se dissimulait la sorcière. Pas une sorcière comme les autres. Pas celles qui peuplaient pas centaines le château. La sorcière. Celle qui poursuivait une danse infinie sous la lune et dont le pouvoir, venu du fond des temps, ne pouvait être appris dans des manuels.

Cette idée mystérieuse, venue du néant, flottait. Il la sentait plus qu'il ne la voyait. Lentement, il se releva, les bras un peu ballants.

Comme son amie se remettait de ses émotions, elle tourna vers lui un regard plein d'amertume et d'agacement. Ses yeux luisaient des feux environnants. Comme deux petites mares dans une forêt profonde, où se cachaient d'anciennes créatures désormais oubliées.

Déjà, il était perdu.
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