( musique ) c'est un nouvel univers réservé au cénacle de ces lieux - ceux qu'on nomme têtes et à qui on fait souvent des éloges, à qui on offre des sourires. tout respire une perfection entachée et je me demande, un instant, comment ai-je pu en arriver là.
de mes souvenirs les plus tendres, j'ai toujours eu la foi ; ou peut-être était-ce d'autres sentiments qui se déguisaient en elle. sûrement celui du besoin d'appartenance ou de guérir, c'est par dépit sûrement que j'ai cueilli les bonnes paroles des croyants pour m'en faire une carcasse.
jusqu'à cette année je me suis pensé intouchable parce qu'il me suffisait de lever les mains vers le ciel, de baiser cette poussière que je deviendrais et de rester les genoux à terre - il suffisait oui d'imaginer que mon appartenance à un groupe fanatiquement fade m'emmènerait dans des lieux saints plus tard.
cette façon d'ignorer le malheur en me complaisant dans ma tranquillité je l'ai souvent aperçu chez mes confrères et consœurs car si l'on ne baisse pas les yeux on ne peut pas voir la misère, aussi bien sait-on qu'elle existe ; on peut faire semblant d'être aveugle et de ne pas sentir les mains qui s'accrochent à nous pour sortir de la misère.
je peux maintenant le dire sans honte : j'ai fait parti de ces ombres au regard hagard. ni détestable ni appréciable, à se dresser dans sa propre existence sans l'imposer aux autres ; exister pour soi-même et avec en tête, plus tard, d'aussi crever pour sa propre personne. un égoïsme sain. protecteur, un cocon solitaire pour ne pas se mêler à la masse grouillante.
je ne me méprise aucunes de ces silhouettes sombres, sans doute sont-elles éperdues comme je l'ai été.
je suis revenu en cette rentrée de huitième année avec l'envie nouvelle d'exceller en tant qu'humaniste, d'effacer les pêchés de semblables bâtis d'insouciance, de dire ce que j'aurais voulu entre à huit, douze ou même quinze ans - l'erreur n'est pas une fatalité. il ne tient qu'à nous de changer.
je me suis remercié d'exceller en cours, d'avoir toujours été discret dans ma déviance esseulée puisqu'il m'a juste fallu sourire et me montrer déterminer pour accéder à un rôle qui permettrait de répandre la parole juste.
il ne tient qu'à nous de profiter de ce monde parfait qu'a créé dieu et d'en faire bon usage ; c'est à l'homme de décider de s'il veut faire le bien ou le mal.
j'ai décidé de faire parti de la première partie.
on oublie parfois qu'il faut l'excès pour provoquer le tempéré et qu'en présentant un univers manichéen fait de noir et de blanc il y'a une chance de nuancer en une palette infinie le gris des esprits.
je trempe mon corps qui n'a rien de divin et qui transpire une timide humanité dans cette eau riche (elle l'est parce qu'elle est dans une salle destinée à l'oisiveté), juste pour goûter et comprendre en quoi il est meilleur de se baigner dans le luxe que les pieds dans la rivière.
il est toujours temps d'apprendre aux sorciers à faire le bien et que la magie aussi divine peut-elle être, est une occasion de se laisser tomber dans une paresse spirituelle - c'est ce qui arrive à ces enfants à qui on apprend qu'ils sont tout sans qu'ils n'aient jamais eu rien à faire.
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