Skating is a metaphor for real life : if you fall, get back on your feet ! ► ft. Nemée

C’est Noëëël !! Ouf, chaud de répéter un ë sur un clavier. Ahem ! Les vacances ! Les fêtes ! Pas besoin d’étudier, on peut se coucher à l’heure qu’on veut et surtout : faire la grasse matinée ! Puis c’est le moment de beaucoup manger, de prendre un peu de poids et de jurer au nouvel an qu’on va le reperdre. Le cycle de la vie. Cette année, toutefois, c’était un peu différent. Voyez, l’été je retourne au Canada, voir mes papas. Pour Noël, par contre, je reste en Angleterre, je vais chez ma grand-mère. Et d’habitude, ce sont mes papas qui nous y rejoignent. C’est une tradition, un truc que l’on fait chaque année. Et là ? La matriarche a décidé que ça ne se passerait pas comme ça. Elle a décidé d’aller passer les vacances dans le sud, sous les palmiers ! J’étais toute contente au début. Ah yeaah, je vais préparer mon bikini ! Suivit du retour sur terre : Non Estelle, toi tu restes à Poudlard. J’étais : Pardooooon ?!? Mais c’était la vérité et aucune quantité de beaux yeux ou de promesses de ranger ma chambre ne purent y changer quoi que ce soit.

Ce qui nous amène donc au moment présent, alors que je me tourne les pouces au château. Le pire truc quand on est en vacances, c’est de s’emmerder au point d’avoir hâte qu’elles se terminent. Parce que voilà, j’étais encore dans le château au final. J’étais libre de faire ce que je voulais de mon temps, oui, dans les limites des règles de l’école. Et ça, ça réduisait beaucoup les possibilités. J’aime être occupée, faire des trucs, passer du bon temps avec des gens que j’aime. Alors, si je ne pouvais pas être avec ma famille de sang, je serais avec ma famille de cœur. Débutait alors un long périple de stalkage pour trouver quelqu’un qui 1 : était resté au château et 2 : accepterait que je l’entraîne dans mes plans démoniaques. Ma victime toute désignée ? Nemée !!

C’est toute sneaky que je m’étais approchée, les patins déjà pendus autour du cou, attachés par les lacets. Bien sûr, j’avais l’agilité d’un lapin, la flexibilité d’une mante religieuse et la subtilité d’un lionceau qui a envie de jouer. Du coup, lorsque je me laissai tomber sur le banc à côté d’elle, posant violemment mon coude sur la table (oui, ça fait maaaal, mais the show must go on) et lui décochant un sourire qui se voulait ravageur, j’étais à peu près 95% certaine qu’elle m’avait entendu arriver. Mais voilà, reste un petit 5% parce qu’il faut avoir de l’espoir dans la vie. Bien sûr, parce que sinon c’est pas drôle, le banc glissa sous moi, parce que la délicatesse faut croire que c’était pas mon fort quand je faisais des bêtises, et j’aurais fait un faceplant s’il n’y avait pas mon coude pour me garder en suspension au-dessus du vide intersidéral existant entre mon siège et la table. 10/10.

« Salut beauté ! Toi et moi, à la patinoire, dans une heure. T’en dis quoi ? »

S’teuh plait dis oui. S’teuh plait ! T’es mon amie, tu peux bien me faire plaisir un peu, noooon ?

YAAAS, elle a sursauté ! Un point pour moi ! J'ai réussi mon approche super sneaky de la mort qui tue ! Enfin, pas qui tue, mais vous comprenez. Même qu'à sa tête, elle a l'air d'avoir carrément eu peur. Merde ! Je voulais pas non plus l'effrayer. Quoi que... ça va en vrai, Nemée a l'air de s'en remettre vite. Cool. Et avec tout ça, j'ai pas du tout remarqué son petit tour de passe-passe avec le livre moldu, surtout que je suis occupée à essayer de ne pas me viander et à offrir un sourire charmant. Du gros multi-tasking. Je lui fait part de mon plan et, directement, le premier contre-argument. J'ai peut-être l'air bête, mais j'ai déjà les réponses parfaites pour réduire à néant toutes ses réticences.

« Ouais mais sur des patins t'as deux points d'appui, tes pieds, alors que sur un balais... bah t'en a même pas, tu flottes. Puis tu pourras toujours te tenir à moi ! »

Certes, y'a ton cul sur le balais donc ça peut compter, mais voilà. Un point d'appui c'est quand même vachement pratique pour conserver son équilibre. Et, comme je l'ai mentionné, je serai là aussi. Toute fiable, toute souriante, toute charmante, allez dis ouiiiii. Mais... mais comment ça moi j'ai pas l'air d'avoir d'équilibre ? Je fais un air outré et c'est le moment que choisissent mes obliques pour me trahir. Si j'étais auparavant une belle ligne droite, je viens de commencer à m'affaisser et, même si je panique et que j'essaie de me retenir à la table, rien n'y fait. Je coule pratiquement jusqu'au sol, m'y heurtant de manière semi-douloureuse en lançant un AIE! totalement exagéré. Et heureusement qu'il y a des protèges lames sur ces trucs parce que sinon, comme ça, avec mes patins au cou, ça aurait pu être moins comique comme scène. Beaucoup moins comique.

« Ça me blesse de te voir douter de moi comme ça. »

Dit la fille qui a l'air d'une merde au sol et qui galère à se relever sans se cogner la tête contre la table. Bon, au niveau de la classe on repassera hein. C'est non sans peine et misère que je finis par me remettre debout, me frottant la hanche qui a amorti ma chute. Allez, je dois trouver un meilleur argument pour qu'elle ait pas le choix de dire oui.

« Allez, on est des gryffondors, on devrait être en train de vivre des aventures et de faire des bêtises ! Pas rester cloîtrées dans la salle commune. »

J'hésite à lui dire qu'elle ne peut pas non plus me laisser m'humilier toute seule, pour jouer sur les sentiments, mais je sais que ce serait un peu mentir. J'suis une championne de la danse moi, du coup apprendre le patin vraiment c'était pas super compliqué. Même que c'était très fun et que je sais faire quelques petits tricks. L'avantage, aussi, d'avoir vécu plusieurs années au Canada.