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demain dès l'aube — Romeo

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demain dès l'aube — Romeo Mer 9 Jan - 23:08



Alors Shion s'est extirpé en silence des draps brûlants pour arpenter secrètement la nuit, et rejoindre là Romeo, sous une jalousie sans fenêtre, pour prendre ses mots envenimés contre son sein sans lumière. Sous ses pieds, il a écrasé les pierres glacées et il aime à croire qu'ainsi il fait ployer le château tout entier, sous le poids brisé de ses astres nonchalants. Mais c'est en silence qu'il a quitté la chambre : de sa mauvaise éducation, Shion a appris parfaitement comment se faire cambrioleur.
Il ignore pourquoi mais en laissant le sommeil derrière lui, il a enfilé le pull de Marie-Lou, alors qu'il ne connaît simplement pas la fraîcheur des hivers moites. Sinon, il est sorti en pyjama, ça ne lui traverse jamais l'esprit.

Dehors il n'a pas vraiment attendu, et s'il avait fait attention il aurait vu au fond de quel secret on l'a noyé lorsque les serpents dorment ; mais Shion est sourd au silence et a déjà avalé le vide.

Ils se sont rejoints là, parfaitement éveillés ; Shion n'a que la sclère un peu rougie d'avoir trop usé de son portable. Il considère là Romeo, à la croisée de leurs chemins insomniaques, embouteillés sous un lac malfaisant qui jette sa lumière glauque en travers de leurs gueules, qui même si c'est inadmissible ont été cassées par un prénom comme en portent les revolvers. Et Romeo est Romeo sous ce regard ébréché par un défaut de naissance, sa jolie face a été lavée de son verbe aubépine, on retrouve là à sa fente palpébrale l'éclat nu des désavoués ; il lui arrive à peine à hauteur de la gorge.
Peut-être que son dos est trop roide pour lui donner le chrome des gentillesses, mais Shion a le visage mangé par les secrets bien gardés. Bon son ton tranchant reste maladroit, aplani de force par un murmure mal maîtrisé, mais il n'essaie pas tout à fait de l'ajuster car il entend lui-même le registre bas des confidences. Shion ne propose jamais de s'asseoir.
De quoi tu voulais parler ?
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Re: demain dès l'aube — Romeo Dim 13 Jan - 1:49

If you were there, beware
the serpent soul pinchers
En attendant, Romeo a jeté au feu tous ses semblants romanesques. Ils se consument à ses pieds en murmures maussades ; dans ce vacarme de secrets sacrifiés, Romeo n'entend pas Shion entrer.

« Ah ! » Romeo ne croyait pas vraiment en sa venue – car Shion se présente rarement à ses spectacles. Il y est convié pourtant depuis très longtemps maintenant, des années que son admirateur public lui dédie soigneusement tous ses apartés et lui accorde ses plus radieuses répliques – mais Shion n'en a jamais eu rien à faire des scènes de Romeo ; pourtant lui n'a jamais cessé d’espérer que son plus grand inspirateur le regarde quand même.

« Salut »

Il se tait, hésitant – et c'est pitoyable pour un interprète comme lui – ce soir alors que son inconsistance calcinée se projette depuis l'âtre en mille reflets moroses sur les murs, Romeo est pitoyable, comme ça, un peu embarrassé, silencieux, sincère. C'est étrange – mais il ne se souvient plus comment on mime la noblesse.

« Bon »

C'est Shion qui prend l'initiative de la stichomythie. Romeo ne se ressemble pas, dévoilé ainsi de ses malices, le visage juste fardé des ombres incandescentes que le foyer n'a de cesse de recracher méchamment. Il a oublié son masque dans sa chambre .    

« De quoi tu voulais parler ? »

Implacable, Shion signe ainsi la suspension des subterfuges.

« ça te dérange si j'allume une cigarette ? »

Romeo n'a pas l'habitude de demander l'autorisation d'être – mais il sait que cette obscurité-là s’accommodera bien mal de toutes ses parades. Il fait donc face à l'incertitude de l’honnêteté.

« je t'ai tout dit par sms en fait. J'avais juste besoin d'entendre la voix de quelqu'un, j'imagine »

mauvaise habitude – il se montre de bonne foi, mais il ment encore
l'étincelle au bord des lèvres il soupire doucement quelques lames de poussières – songeant à leur échange allusif quelques minutes plus tôt, et à quel point la longue distanciation des échos qui pendant des années a pourtant prolongé leur relation, lui est devenue presque insupportable, surtout ces derniers temps. Il réalise, résigné et écœuré – que sa dépendance aux consécrations trop rares de Shion est authentique et vouée à l'échec, sans doute  – il secoue un peu la tête, ivre de fumée, fataliste, – et décide de ne pas envisager demain.

« enfin pour être honnête j'avais surtout besoin de t'entendre, toi »

il finit par s’asseoir dans un des fauteuils –  il sait bien que Shion ne l'y invitera pas –  et s'essouffle un instant en longs soupirs brumeux, même si, il en est conscient – il est inutile de faire durer pour lui-même l'illusion qu'il maîtrise bien son temps. Tout, dans cette nuit – est désespérément improvisé.

« je te plains vraiment Shion, je sais pas comment tu fais pour côtoyer Pan depuis toutes ses années sans l'avoir jamais exterminé comme le vieux cafard qu'il est – moi, depuis qu'il m'a largué, il ne se passe pas un seul jour sans que j'ai envie d'éclater sa sale petite tête de fouine contre un mur alors que je fais de mon mieux pour le croiser le moins possible ; donc t'imagines même pas tout ce que j'ai eu envie de lui faire subir quand il est venu me voir exprès pour me provoquer, comme une fleur, tranquillement. Il est vraiment né avant la honte ce type »

tout, dans cette nuit – est malheureusement spontané.

« tous les jours il faut que je supporte sa petite gueule suffisante de connard prétentieux alors que... alors maintenant il pense qu'il peut tout se permettre avec moi, parce que j'ai plus rien dit depuis... Il a cru qu'il pouvait me donner des ordres et venir m'insulter, normal. Il m'a pris pour quoi ? Sa pute perso ? C'est vraiment trop. Je lui ai mis mon poing dans la gueule. »

Il ricane, amer.

« ça faisait tellement longtemps que j'en mourrais d'envie, et pourtant, ça m'a même pas soulagé un peu. même pas un tout petit peu, comme c'est dommage. parce que, de toute façon, je sais qu'il sait exactement quoi faire, comment s'y prendre et ce qu'il faut me dire... ça n'a pas changé »

Il rigole franchement maintenant – n'est-elle pas hilarante, sa colère désarmée, alors qu'il doit toute son impuissance à ses propres artifices ! N'a-t-il pas remis lui-même  son couronnement entre les mains de Pan ?

« ça ne devrait même plus m'atteindre, mais j'ai pas vraiment changé non plus, faut dire. pas vrai ? je pense que t'es sans doute l'un des mieux placés pour le savoir »

Il comprend qu'il n'est qu'une parodie inaboutie de ce qu'il a pourtant pris grand soin de se figurer depuis qu'on a fracassé toutes ses incertitudes, et pour la première fois – se représente avec dégoût l'étendue de toutes ses vanités.  

« n'empêche » il expire encore peu de buée vers le plafond «  je regrette. j'aurais dû en profiter pour le défigurer. ça aurait été au moins ça. »  

BY MITZI
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Re: demain dès l'aube — Romeo Mar 15 Jan - 23:36



Ils sont deux enfants au sein de la nuit, on entend sur leurs lèvres le bruissement décousu de la rumeur terrible, et sinon reste entre eux le silence plombé par des obus d'arrogance. Shion a demandé une cigarette aussi. Sa tête se balance négligemment au bout de sa nuque solidement battue par des bâtons sans verdure, asséchés par le sourire édenté d'une cousinade venimeuse ; parfois son regard croise celui des murs (car à quoi bon mentir : il n'ignore pas qu'ici ils sont pourvus de tous les organes des traîtres), et il y fixe on ne sait quoi. Sur son visage flotte la grimace d'un rêve éveillé et il ne dit rien à Romeo, il ne hoche pas même sa tête déjà éclairée de toutes ces lumières perfides. Sa fumée se confond à la sienne et il écoute déblatérer à l'infini, dégobiller le fiel jaune dont Pan a infecté Romeo et qui ont aussi peint de bile ses propres veines. Ses yeux sont comme deux doigts au fond de la gorge : il n'y a pas de vérité qu'il craigne, la peau ferme de ses genoux se souvient encore des larmes encolérées que Romeo y a pleuré il y a longtemps déjà. Il écoute patiemment et cache sur ses tympans tous ces mots crus, à propos de la chair vilaine qu'on a empruntée à sa chair. Sa jambe immense pendouille du fauteuil en touchant terre.

C'est vraiment trop, c'est vraiment trop. C'est trop de dégoût sur les mains, qui se ferment bien sûr pour aller cogner là, cogner bien fort sur son visage de poupin hadal et broyer tous les vaisseaux jusqu'à l'hématome, faire saigner le nez peut-être, et connaître la fièvre délicieuse des affamés toujours défaits. Shion frémit un peu du souvenir de cette impatience, il l'a dévorée une fois, dix fois, il voudrait la connaître cent fois encore, s'enterrer avec elle et un sourire sous la mousse des forêts du nord : il lui semble que c'est là l'émotion la plus suprême qu'ils soient condamnés à connaître, eux qui n'ont pas le divin à portée de sanglots, et il n'a pas honte de s'enivrer avec elle.

Il rompt enfin le silence statique dans lequel il se réservait sans obligation jusqu'alors, déplaçant son corps massif avec un mouvement de paresse sans fatigue, juste pour se débarrasser de ses cendres. Il tape trop fort sur la cigarette et il met des cendres partout ; il ne les ramasse pas.
Tu regretteras tant qu'il sera pas mort tranche-t-il, en tous les cas pour moi c'est ça. En s'appuyant grossièrement sur le fauteuil, il pose son visage dans sa large paume et fixe de nouveau Romeo. De toute façon, tu le ferais pas vraiment. Il tait discrètement que lui non plus en portant la cigarette à ses lèvres.

A la candeur extrême des yeux bordés de lyrisme de Romeo, Shion conte que bien sûr il n'a pas changé. Que Romeo a toujours eu grand soif de là où boivent les chiens des rues, en ne s'abreuvant jamais que des compliments dorés par une lampée de mensonge, de la même façon que Pan n'a pas changé, et que lui, bien sûr ! Que lui bien sûr n'a pas changé ! Comme les chardons survivent à tous les hivers. Il souffle sans prévenir un rire orageux, car cette seule pensée lui donne le rire des morts, Shion ne peut que se moquer de Romeo, de la pitoyable carcasse de roses de Romeo.

Quoi, à quoi tu t'attendais ? Il parle trop fort car comment taire ta candeur Romeo ! C'est la fièvre qui remonte, il ne fallait pas lui en parler, maintenant il a envie de te casser le nez à toi aussi et te rappeler où est le sol pour vous autres. Il se permettra toujours tout avec toi, ça va pas changer. Pauvres eux hein ! Pauvres eux ! A ne pas avoir le droit de vivre. Il vomit ta pitié déguisée Romeo, la compassion habile de ta harangue Romeo ; vos abymes ne sont pas les mêmes, et tu adores trop mourir dans le tien. C'est toi que je plains. Tu traînes encore à ses pieds en espérant des excuses. Et après, tu pleures. Ah, Shion ne peut pas écraser Pan ! Mais il t'a bien vu à peine soutenir son regard. La fièvre retombe aussitôt avec la méchante mollesse qui le caractérise si bien, sa voix s'apaise aussi, c'est le calme à la montagne. Il s'agenouille devant que dalle ce fils de rien. C'est tout. Mais toi tu l'imites pourtant : ne me fais pas rire.
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Re: demain dès l'aube — Romeo Jeu 31 Jan - 2:24

If you were there, beware
the serpent soul pinchers
Il se demande souvent à quoi tu penses – de quoi rêvent réellement les promeneurs solitaires ? Malgré les reflets clairvoyants que vos cigarettes égarent épars à la naissance de tes regards, Romeo ce soir encore – à bien du mal prévoir tes visions.

Il soutient l'attention (ô combien désirée ! ) – Shion, il pense – simule toujours aussi bien la stèle. Sa nonchalance à lui est bien moins subtilement nuancée – toutes de moues d'étincelles rigides et manières de cendres déliées. Il admire pour la énième fois sa perfection de pierre.

Tu regretteras tant qu'il sera pas mort, en tous les cas pour moi c'est ça. De toute façon, tu le ferais pas vraiment.

« Ahah » il souffle vers le ciel « ne me sous-estime pas non plus. ».

Un instant il songe à tous leurs jeux d'enfants, leurs puériles répétitions de pions en devenir – et maintenant ? Shion comme lui n'ont jamais ignoré les règles de ce drame bourgeois. N'est-ce pas insolent de sa part alors de faire comme si ? – il a le sentiment, vague, d'être indécent – à venir ainsi parader, marotte des marges – devant Shion tout entravé qu'il est par les liens fondamentaux de l'hérédité.
mais serait-il Romeo – s'il n'était pas égoïste ?

Et puis voilà qu'en dépit des braises – Shion se met à rire, à rire, mais rire ! Sans peine, ni variation, comme on constate les nuages. Et Romeo, il ne peut qu'écouter, impuissant – attendre que l'orage passe – il a l'impression de se déliter à vide entre chacun des éclats hilares, mais il ne peut qu'attendre, le cœur détrempé de colère peinée – car Shion cette nuit encore (s')échappe à tous ses horizons triviaux – car Shion est bien au-delà de ses caprices friables !

Quoi, à quoi tu t'attendais ? Il crie presque. Il se permettra toujours tout avec toi, ça va pas changer. C'est toi que je plains. Tu traînes encore à ses pieds en espérant des excuses.

Romeo ne baisse pas les yeux – et ce n'est même pas une question d'honneur ; bien au contraire, il soutient son châtiment – il lui fallait simplement que Shion tire de l'espace scénique son ombre soigneusement informulée jusqu'à alors – maintenant, il peut l'accepter, c'est vrai, constater la bassesse de ses performances passées, il (se) reconnaît, tu as raison.

Il s'agenouille devant que dalle ce fils de rien. C'est tout. Mais toi tu l'imites pourtant : ne me fais pas rire.

Silence.
Romeo écrase son mégot dans les méandres boursouflé du fauteuil.

« T'es quand même putain de gonflé d'oser nous comparer tous les deux – si c'était pas toi Shion, je me sentirais carrément insulté » il rit sincèrement, sans joie « mais je comprends ; à ta place, je crois que je me serais dit la même chose. »

une autre cigarette.

« mais quel petit con ce romeo. c'est bien fait pour lui, il sait et pourtant il cherche la merde ! Bah, je me cherche pas d'excuse. Je connais très bien mes défauts – et oui. »

il soupire très lentement d'amples lampées fumeuses qui lui restent sur les mains – indices honteux à ses aveux indifférents.

« à ce niveau-là, je dois reconnaître que je lui dois beaucoup de choses, à Pan. T'as raison, je comprends très bien comment il fonctionne ; je sais que ça sert à rien d'attendre des excuses de sa part. Tu penses vraiment que je suis con au point de toujours y croire ?... Vraiment ? » (las) « Shion, je suis pas aussi bête que tu le penses... ah, je dis ça, mais je peux pas m'empêcher de le haïr, quand même. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre. »

à quoi il s'attendait ? probablement pas à des hommages consolateurs. Il n'est effectivement pas si bête, et n'ignore pas que Shion s'est présenté à lui encore tout empêtré des exigences outrageuses propres à son sang. Alors, qu'espérait-il ? La reconnaissance d'un certain lieu commun, peut-être – non, pas de compassion, bien sûr, il sait bien qu'il n'atteint pas shion, et qu'il ne l'a jamais atteint, malgré tous ses efforts – mais peut-être, les prémisses d'une conciliation minime.
Il est effectivement bête, il pense – d'oublier consciemment, à chaque fois, que Shion n'a que des tempêtes à lui céder ; et encore, il doit les attendre de longs étés durant.
Et lorsqu'il se met à pleuvoir – il ne fait que brûler égoïstement son temps sur le fil de ses mièvres passions.
Il se sent bête.
Alors il parle très clairement, sans modérer ses émotions, comme un enfant.

« tout aurait été si différent sans lui. S'il ne m'avait pas largué... Si on n'était pas sorti ensemble... Si il n'était pas né, s'il n'existait pas en fait. C'est dommage qu'il soit né. Et même quand il sera mort, comme tu dis, moi je pense qu'on regrettera quand même, toi et moi, parce qu'il aura fait assez pour qu'il soit impossible à oublier. Comme les héros. C'est triste »

et il déclame pour lui-même un peu de cette utopie insignifiante – Shion a déjà plu. Trop tard pour l'atteindre, cette fois encore...

BY MITZI
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Re: demain dès l'aube — Romeo Dim 10 Fév - 22:44



hrp jsp

Un ruisseau limpide fait son lit sur les lèvres en crue de Romeo. Sa carcasse chétive est devenue le nid vilain d'une vérité cardinale, il s'est décollé de son visage le vernis laid de sa rutilance. Lorsqu'il parle, un frémissement parcourt à l'unisson les vallées, puis plus rien : toutes les bruyères contemplent ensemble cette nudité essentielle. Shion est sûr de cela. Il est sûr que partout dans le monde les campagnes se sont tues pour reconnaître Romeo.
Je te prendrais pas autant pour un con si tu le jouais pas autant.
Il accuse comme à l'aurore, mais Shion s'est fait à l'affût de la nuit, il a rentré en dedans ses grimaces et le joyau gris de son petit démon. Ses larges épaules se sont affaissées, et il se laisse aller à une intimité brutale. Il ne relève même plus l'exception dont Romeo l'auréole toujours, il a pris la mauvaise habitude de ne pas s'en sentir honoré.
Faut bien avouer que tu me rends pas la tâche facile sur ce point.
Il a l'air de ne s'être jamais emporté, ni quelques instants auparavant ni jamais ; il dévoile là une face en force tranquille au sommet d'une silhouette alpestre endormie, son souffle ample est invisible. Il écoute sobrement et se réserve la bile du jugement. Sans doute parce que Romeo s'est élevé de sa triste mue nymphale, Shion aussi a été touché par le printemps et a mis de côté de sa cuticule urbaine ; il reste gentil et inerte comme les bêtes à qui on n'a jamais dit qu'elles étaient sauvages. Digérée la colère, il se décide une mansuétude et il lui pardonne tout, la folie des grandeurs et le reste - naturellement, personne ne lui a remis ce pouvoir mais Shion a décidé de s'en emparer, concerté avec l'accalmie des pâturages. Il ne sait pas que des millions d'yeux voient plus loin que lui : il se contente de croire bêtement ce qu'on lui dit. Il est calme et patient. Shion écoute.

Il écoute l'écho jusqu'au fond des forêts - sur des sentiers qu'il n'a pas envie de parcourir. Son regard s'est perdu sur une dalle au mur et sa mâchoire s'est desserrée. A ce point fixe dans l'espace, Shion rencontre violemment les univers que Pan n'a pas entachés. Il entrevoit les maisons chaleureuses et les poings aux joints lâches, il, devine, quelque chose de merveilleux comme des baisers de soleil -
si Pan n'avait pas existé.
Arrête.
Il tend d'un mouvement les muscles qu'il avait laissés délassés.
Arrête, ça va pas de dire ça ?
Il se remet à beugler, il ne sait pas faire autre chose ; maintenant il regrette tout, la rase campagne, la nuit exposée, la bonté de la somnolence, Shion déteste la blessure mièvre que lui a infligée la lumière doucereuse de Romeo : il sent se soulever les vents dans sa forte poitrine, et il a envie de tout envoyer valser. J'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ? Des regrets quand Pan sera mort ! Putain !
Quelle blague ! Quelle blague cette rencontre et puis quelle blague l'amitié des comédiens, heureusement qu'il se souvient de qui il est. Ses tripes se retordent dans le bon sens, celui des vagues sauvages et des prairies furieuses, qui se disent : quelle blague ! Il s'est redressé droit sur le fauteuil, Romeo est minuscule de nouveau, il pourrait l'écraser dans sa paume infinie. Son regard est empli d'un dégoût navré.
"Comme les héros", tu t'entends parler ? Tu me fais pitié. Tu me fais pitié Romeo bordel, avec tes regrets à la con. Il crache sur ces mondes qu'on n'a pas imbibés de Pan, sur les aubes joyeuses qui ne sont pas nées ici, il crache sur la complaisance naïve de Romeo, et il n'a que du mépris pour lui.
Sale con. Pourquoi je me fatigue à parler avec toi ? Je retourne au lit.
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Re: demain dès l'aube — Romeo Mar 19 Fév - 1:54

If you were there, beware
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Une éclaircie ; il en oublie un instant les dangers de l'eau qui dort. Doucement, il s'habitue au soleil – c'est possible alors, de concilier deux rives ; doucement, il oublie d'être raisonnable. Shion – il lui fait miroiter des possibles... – non, il s'étourdit lui-même de ces reflets taciturnes qui glissent bien par hasard sur l'éminence de gypse. Affamé des lumières, il s'imagine qu'il a gagné son droit aux étoiles.
Ça le brûle d'autant plus alors – lorsque Shion le crible de sa nuit éternelle ; il n'a jamais été apyre.

Arrête.

Arrête, ça va pas de dire ça ?


oui, il n'a jamais su porter le crépuscule, romeo – il se sent toujours infime, face à l'immensité du déclin ; et ça ne lui plaît guère – qu'on occulte comme cela son ego, aussi facilement que l'on souffle sur une bougie ; ça ne lui plaît pas – qu'on lui rappelle que malgré sa faim des jours, il n'est pas grand-chose en face du soir.
Shion est très grand, prolongé d'obscurités, et ses cris sont absolus – romeo est infime ; il le regarde bien droit dans les yeux, sans ciller – sinon, il a le sentiment qu'il le perdrait de vue, définitivement, il a l'impression qu'il se perdrait lui-même dans les méandres moroses de cette éclipse particulière. Il se désagrège longuement, à la faveur de la lune, très droit dans son siège – la stèle le gagne.

J'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ? Des regrets quand Pan sera mort ! Putain ! 

Il ne bouge pas, il supporte sa ruine.

"Comme les héros", tu t'entends parler ? Tu me fais pitié. Tu me fais pitié Romeo bordel, avec tes regrets à la con.

Très digne dans son carnage.

Sale con. Pourquoi je me fatigue à parler avec toi ? Je retourne au lit.

voilà ; on en revient toujours à cela – la nuque de Shion, le dos de Shion, le son infaillible de ses pas dans le lointain ; voilà, Romeo l'insatiable a encore gâché une opportunité d'aube – c'est comme ça, comme d'habitude entre eux ; tout va bien.

« tu m'énerves. »

tout va bien, rien ne change – et pourtant, il y a quelque chose dans ce décroît inévitable que Romeo l'avide ne digère pas ce soir. Il est las des mirages – il ne peut plus s'en contenter vraiment.

« c'est toi qui me fait pitié – tu dis que je traîne aux pieds de pan, comme si toi tu faisais pas pareil ! Pourquoi tu me traites comme si j'étais ton ennemi, alors que je suis peut-être la seule personne qui pourrait un peu comprendre ce que ça fait de - » c'est rare, qu'il manque de mot « tu m'énerves trop ! »

il l'attrape par l'épaule dans un élan presque juvénile – rejoue ces scènes antiques de bac à sable, très sincèrement – pour qu'il le regarde, enfin, vraiment ! –  et il se plante bien devant lui, il sent sur son front les souffles de shion comme une auréole immorale, il sait ce qu'il risque, mais on ne l'humilie pas de coups « tu expliques rien et après tu t'énerves comme si j'aurais dû tout comprendre. Non, je te comprends pas, pourtant j'essaye hein, oh putain qu'est-ce que j'essaye – pourquoi t'es comme ça sérieux ? aussi –  » son index en plein milieu du torse adverse, puisqu'il n'est pas assez important pour repousser à pleine main l'ombre contraire « c'est ma haine qui te plaît pas ? Ou c'est juste la vérité – mais c'est comme ça, oui, tout le monde aime Pan plus que toi, et que moi aussi probablement, oui !... » moi, je t'aime quand même. « c'est comme ça, alors j'ai bien le droit d'être frustré, merde – pardon de pas pouvoir rester indifférent comme toi monsieur-je-déteste-gentiment-dans-mon-coin-sans-rien-dire, monsieur je-suis-parfait-même-quand-je-hais. Oui, j'aurai des regrets, j'ai des regrets, j'en ai plein même, et alors ! »

Il regrette d'avoir aimé Pan.
Il regrette de ne plus l'aimer, aussi.
Il regrette que Shion ne l'aime pas autant que lui l'aime.
Il regrette d'aimer toujours un peu, au fond.
Vraiment, il regrette – tout son amour, de tout temps.

« Pardon d'avoir présumé que le g r a n d Shion Kang pouvait regretter lui-aussi, j'oubliais que le g r a n d  Shion Kang ne s'abaissait pas à ce genre de vils, outrageux sentiments. Je te fais pitié ? Va bien te faire foutre ! Reste dans ton dépit idéal ! »

Il le toise, de toute son infériorité instable, dans toute sa défaillance dévoilée.

« t'as raison, j'aurais jamais dû te demander de venir, qu'est-ce qui m'a pris ! je m'excuse, hein. » c'est sincère, et enragé « désolé de t'avoir demandé un peu d'empathie et de compassion pour moi, alors tu me supportes pas. Je me disais que peut-être cette fois on pourrait se comprendre mais je peux pas te forcer de toute façon, on est juste pas fait pour s'entendre, c'est tout. c'est la dernière fois que je te dérange. Je vais me coucher aussi, salut.»

Et il détourne ainsi le regard de son idole intemporelle – peiné de n'avoir pu jamais lui faire baisser les yeux vers lui.

BY MITZI


hrp : désolée c'est réellement éclaté ahah
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Re: demain dès l'aube — Romeo Mer 20 Fév - 22:45



hrp https://www.youtube.com/watch?v=25f2IgIrkD4
je hais 100% de ce qui suit dsl

Il continue obstinément de fixer un point neutre dans l'espace, où s'est figée son ire sourde et où il a encore le charme des géants de fer ; Shion ne pense pas, et ne se pose jamais de question. Il attend doctement que l'on vienne le recueillir sur ses rivages bleu nuit, en s'excusant à la rondeur des bras de l'avoir provoqué. Ainsi il peut se fendre encore dans sa moquerie aphone et partir par les petits chemins. C'est toujours comme cela qu'il fonctionne.
Mais personne ne vient ce soir.
En fait il n'est même au bord d'aucune rivière et on arrache vertement la poésie sauvage de son visage : Romeo a trop bien répondu à son appel. Il s'est réveillé avec une individualité trop pleine d'audace, et a quitté la scène alors que Shion avait le dos tourné : ils ne sont nulle part, il n'y a qu'eux deux et le lyrisme n'a jamais existé. Bien sûr.

Shion oscille à peine sous la main de Romeo. Ses doigts ne laissent même pas une empreinte de feu sur sa peau. Il n'est dérangé ni par les cris ni par le geste, il n'est dérangé par rien d'ailleurs, vraiment rien : il découvre tout à coup comme son cœur est sec et a décidé que tout est mort, que les edelweiss n'existent plus sur les flancs des montagnes qu'il ne verra plus, et il a encore devant les yeux, un point de vide au fond de Romeo.
Ah bon Shion fait exprès de railler mais même lui ça ne le fait pas rire, il n'y met aucun ton ; d'ailleurs il ne sait même pas pourquoi il ouvre la bouche.
Il n'a rien à dire.
Devant lui s'étale une vaste plaine de ciment où les ami-e-s ne poussent pas. On a pilonné sur son visage un mépris indécent dans lequel il se sait muet et aveugle.

CAR TOUT LE MONDE AIME PAN PLUS QUE LUI
C'est comme ça.

Shion comprend bien en cet instant qu'il existe entre Romeo et lui une frontière tacite, qui sépare un monde cruel d'inévitables silences, et qui est commune à tous les autres. Dans ce pays auquel il n'appartient pas, les étrangers ne sont pas soumis à la même gravité fatale que lui, les étrangers ne se disent pas que c'est comme ça.
Ferme-la un peu il ne soutient pas le ton vindicatif de l'autre, d'ailleurs il lui parle comme il parlerait à mille ou personne.
Je t'ai demandé de pleurer sur mon sort ? Fais pas comme si t'étais à ma place, j'ai jamais prétendu être à la tienne.
Shion se moque bien de la grandeur maléfique qui fleurit à sa nuque, et de la putridité de ses amours écorchées. Comme il se moque de la fougue enflammée qui court comme la rumeur sur les joues de Romeo, comme il se moque de la justesse de ses flèches manquées, décochées à force de trop voir ses sanglots battus. Ça semble légitime ; Shion habitué au ressac des foules suppose bien qu'il ne sait pas comment panser Romeo, il ne l'a jamais su et même en essayant il ne saura sans doute jamais : les mains qu'ils se tendront seront sûrement toujours entrelacées de ronces. Il en déduit donc qu'en effet n'a plus qu'à se faire foutre, il cherche dans son esprit un coin de monde où il aura bien envie de faire cela, où il sera parfait esthétiquement pour lui d'aller se faire foutre une bonne fois pour toute, et enfin ! exaucer ce souhait virginal. Là tout de suite, il n'a jamais eu autant envie de quelque chose. Il sautera la frontière dans ce pays auquel il n'appartient pas, où l'on ne pleurera pas les honni-e-s à leur mort, et où l'on peut les appeler des ennemi-e-s.

Et alors ?
Franchement et alors, qu'est-ce que ça peut te foutre ? Je peux y faire quelque chose d'autre peut-être ? Viens pas me donner des leçons alors que tu sais pas -
il n'a vraiment rien à lui dire, Mon dépit idéal, quelle blague - il n'a vraiment pas envie de rire, putain. Laisse tomber. et d'ailleurs, il ne veut plus parler.

Alors depuis sa nation condamnée :
C'est ça, salut.
il laisse partir Romeo. Ses sourcils se froncent au motif différent de la fureur et il ne sait pas comment recueillir dans ses mains le fruit putrescent qui a grandi au cœur de sa poitrine. Ses doigts se sont ouverts étrangement, et il respire grand cet air noir. La peau lui démange d'avoir été décapée à vif et il se sent, ainsi, très vulnérable sur le bord des lacs, très
v
i
d
e
on ne l'a pas pourvu de ces mots : mais Shion se sent coupable et infiniment triste sous le firmament.
Une colère anonyme ronge ses tendons ; il a renversé son regard sur le plafond car il s'est vite fatigué du dos de Romeo. Sa bouche s'entrouvre sur un ovale de pardon : mais se ferme sur un claquement arrogant de la langue. Il tourne juste les talons et a décidé de disparaître.
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Re: demain dès l'aube — Romeo

demain dès l'aube — Romeo
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