chute ♦︎ (rp solo & flashack)

« T’es vraiment pas comme les autres, Mahault.
— N’importe quoi.
— Si, si j’te jure, j’ai jamais connu de fille comme toi ! »

Elle ne pouvait s’en empêcher, l’enfant ingénue qui n’osait plus rêver –un sourire touché étirait ses douces lippes desquelles l’autre vint voler un baiser.
Mahault découvrait à tout juste quinze ans les joies légères d’un amour d’été ; il était comme dans les séries télévisées, grand, gentil, beau à se damner, impulsif et déterminé. Et dans sa quête inavouée d’affection, l’adolescente l’avait trouvé.
Proie facile.

« Qu’est-ce que tu trouves de si spécial chez moi ?
— Hmm laisse-moi réfléchir… Il n’y réfléchissait pas, se contentait de profiter de la peau nue qu’elle lui offrait en échange d’un peu d’amour, un peu d’amour à en crever. Je saurais pas trop dire, t’es drôle, mignonne, assez conne pour me croire sur parole… Les autres filles t’arrivent pas à la cheville !
— Pff, t’es bête ! »

Elle avait le rire clair comme un son de clochette –même elle ne s’était encore jamais entendue rire ainsi parce qu’elle passait sa vie engoncée dans sa carapace de colère protectrice et n’en sortait jamais, pas même avec ceux qui comptaient.
Sauf là, pour la première fois –Mahault s’autorisait à être l’enfant qu’elle aurait dû être si on lui avait laissé le choix.
Peut-être que les choses iront mieux maintenant qu’il est là.


« Tiens, ça marche comme ça, tu mets la paille dans ton nez et tu inspires d’un coup sur toute la ligne.
— Je sais pas trop…
— Tu peux en prendre entre tes doigts et la frotter contre tes gencives si t’a trop peur de sniffer pour ta première fois. »

Elle avait le cœur au bord des lèvres et les mains tremblantes, mais l’esprit déjà embrumé d’alcool et d’autres substances –elle était frêle et influençable, et ne voulait pas décevoir celui qui était censé l’aimer plus que tout.

« Fais moi confiance Mahault, tu crois pas que j’vais te mettre danger quand même ! Il se pencha contre son oreille et son souffle la fit frissonner –de peur ou de plaisir, c’était dur de le déterminer. Tu sais que je t’aime, non ? »

Elle déglutis, difficilement, et se pencha sur la table, paille de fer en main.
Juste cette fois, se répétait-elle en boucle tout en inspirant fortement pour que la poudre soit aspirée dans son système.
Juste cette fois…
Juste–
Boum.

Le début de la fin.


Pour la première fois, en retournant à Poudlard à la rentrée, Mahault se sentait vide,
dépaysée.
Poudlard pourtant, c’était son foyer, le seul et unique endroit au monde où elle s’était jamais sentie à sa place, là où il le fallait –à peu près.
Mais depuis qu’elle l’avait rencontré, elle pouvait bien aller partout, elle se sentirait toujours de trop s’il n’était pas à ses côtés.
Toujours, tout le temps.

La cinquième année avait été des plus rudes, elle était parvenue à passer ses buses à un cheveux près tant ses notes avait chuté –plus rien n’avait d’intérêt.
Les gens étaient fades, la magie n’avait plus rien d’exceptionnel. Mahault vivait hors du monde, et il était resté plein comme un œuf sans elle ; enfant dispensable.
Elle n’avait que deux obsessions ; la première avait fini par la larguer d’un sms expéditif la veille de Noël avant de s’afficher sur les réseaux sociaux moldus avec une autre gamine qui lui ressemblait.
La deuxième ne faisait que s’accroitre suite au désespoir dans lequel on l’avait encore plongée.


La nuit du premier jour des vacances d’été, les urgences londoniennes l’internaient en service de réanimation dans lesquels elle ne se réveilla que trois jours plus tard, le corps et le cœur en miettes, et rien que du flou dans la tête.
—juste cette fois, la dose de trop.