feel so good (edea)

Une esquisse, un sourire, une douceur, une erreur. Edea court partout, Edea maladroite, Edea heureuse, Edea si belle et si simple. À droite elle l'observe, à gauche elle fonce, feinte pour mieux surprendre, pour mieux atteindre les buts et les cœurs sans avoir à fournir un quelconque mensonge mal amorcé car elle est bien incapable de mentir sans hésitation; il lui faut une longue préparation. Touché coulé, Edea passionnée fait pourtant tant de choses à moitié. L'envie de devenir grande et de rester responsable, la peur de l'importance du choix; Edea du haut de ses seize ans possède en elle l'immaturité de l'enfance et l'assurance de l'adulte. Elle est assez bien organisée et sacrément ambitieuse, un peu trop peut-être. Trop confiante, trop difficile, trop compétitrice, très mauvaise perdante. Edea est brave et courageuse, amusante et amusée, elle adore observer le monde de ses petits yeux d'adolescente en rêvant ce qu'elle pourrait y améliorer. Éternelle optimiste, quelque peu idéaliste, elle continue d'essayer d'améliorer chaque petite chose qui peut l'être. Chaque petit coeur lynché, chaque petite larme versée, chaque petite chose brisée, elle le répare du mieux qu'elle le peut. Franche sans pourtant être si honnête lorsque les choses sont importantes, Edea selon les personnes accepte mal d'avoir tort et se met à bouder parfois sans raison. Ça n'est pas de la rancune mais une forme de remise en question, plus ou moins concluante dépendant des fois. Elle est une femme qui aime à se montrer intouchable mais qui pourtant s'en retrouve si empathique qu'il lui est facile d'être déstabilisée. Bosseuse mais pas trop, déterminée mais bien trop, Edea connaît la noirceur de ce monde qu'elle aimerait pouvoir racheter. Trop peu naïve, pas assez bonne poire mais bien trop persuasive. Elle se dit princesse dans un rire coquet, brandissant un bâton comme une épée de chevalier pour repartir à la conquête de cette vie si pure qui s'égare; alliant avec une justesse surprenante superficialité et audace. Edea est énergique et bruyante sans jamais trop en faire, égoïste à ne vivre que pour elle-même, à penser aux autres pour son propre pardon. La culpabilité injustifiée d'avoir été abandonnée elle l'a oublié, sans se rendre compte pourtant que toutes ses actions tournent autour de ce sentiment trop profondément encré. Alors Edea joue l'arrogante, Edea joue les princesses, mais Edea en rit et se ridiculise, elle se couvre sous la gaucherie pour ne pas confronter ce démon qui persiste. Une caresse, un soupire avant le souhait d'une larme qui ne vient pourtant pas, Edea trop joyeuse, trop nerveuse sous des airs calmes et décidés. Instable esprit dans lequel elle parvient à trouver l'équilibre, Edea demeure pleine de ressources malgré sa malchance. Légèrement empotée par manque de concentration, souvent à chuter, Edea a l'habitude de se relever, montrant à autrui l'image d'une jeune fille fiable sur laquelle on peut compter.

Je me suis toujours demandé ce qui poussait les enfants à être heureux. Était-ce l'éducation, ou était-ce tout simplement naturel ? Certains bébés naissent malheureux, et comme certaines maladies, j'ai déjà pensé que ça pourrait être héréditaire. C'est pourquoi j'ai toujours fait de mon mieux pour que tout le monde puisse sourire, et je pense avoir réussi car le sourire de mes enfants est scintillant comme des étoiles dans la nuit. Owain et Edea, les deux perles de ma vie. Deux petites têtes blondes, deux bambins chamailleurs mais toujours très attachants. Je me demande si c'est l'éducation que nous leur avons apporté, avec mon ex-mari, qui les a rendu si tendres et bienveillants; ou si c'est réellement cette petite chose, comme une flamme que je ressens encore parfois, qui s'est transmise à eux avant leur naissance... Je pense que c'est une question qui n'aura jamais de vraie réponse, mais ça n'est pas très important. Tous les quatre nous vivions des jours heureux en Amérique, une famille de sorciers parmi tant d'autres, plus ou moins aisée selon les mois ou les années. Je suis guide culturel, tout comme mon mari l'était avant que nous ne nous séparions, alors nous avons toujours beaucoup voyagé, que ce soit pour notre travail ou bien pour les vacances. C'était un peu comme une tradition, au minimum un voyage par an, dépendant des déménagements très fréquents que nous imposions à nos deux petits anges. Je ne saurai dire pour Owain, mais Edea ne paraît pas l'avoir mal prit, au contraire même, je crois que c'est à chaque fois ce qu'elle attendait avec le plus d'impatience. Vous l'auriez vu à sauter partout en attendant l'annonce de notre prochaine destination, je crois pouvoir affirmer sans mal qu'elle adore voyager et ainsi découvrir de nouveaux horizons. Ça me fait tellement plaisir d'avoir pu transmettre cette passion à mes enfants, de les voir si reconnaissants me touche au plus profond de mon coeur et je ne regrette pas de les avoir mit au monde. Comment le pourrais-je ? Ils sont ma vie et mon sang, je les protègerai jusque ma mort.

_ extrait du journal de Rosaleen Baxter.

Ils n'étaient pas venus depuis un moment, littéralement des années, je savais que suite au divorce de ses parents il y a deux ans, Owain avait prévu de passer quelques jours à la maison mais je n'avais pas trop de détails, bien que j'en étais fortement et forcément très excitée. Owain a toujours été super cool, et depuis qu'on s'est rencontrés enfants, je l'ai toujours adoré. C'est pareil pour Edea, elle est moi on a toujours été comme des frangines, à faire la guerre à ces messieurs qui passaient leur temps à nous taquiner entre deux accolades tendres et trois gamelles -vraiment trop hilarantes-. Edea et Owain voyagaient beaucoup, contrairement à mon frère et moi qui restions encrés dans notre petit village perdu au fin fond de l'archipel japonais. On y vit drôlement bien et tout le monde y est vachement accueillant, alors je ne l'ai jamais regretté. Ce que je regrette, c'est de ne plus pouvoir leur parler ni les toucher, depuis ma mort. J'aurai aimé pouvoir encourager ma soeur encore une fois, et leur dire à tous les trois à quel point je les aime fort, tellement fort si vous saviez ! Hélas c'est un peu compromris, mais j'espère qu'ils savent que de là où je suis je veille sur eux du mieux que je peux. Sur ma soeur, sur mon frère, et sur l'homme que j'ai toujours aimé aussi. Puissent-ils ne jamais l'oublier !

_ pensées du fantôme d'Allyson Heikkinen,
désormais au paradis.

Owain est resté plus de temps que prévu au Japon, du moins, je ne pensais pas qu'il resterait aussi loin si longtemps. Ça me fait mal, je me sens si seule et j'ai envie de pleurer tous les jours pourtant j'essaie de faire au mieux pour pas que maman s'inquiète. Elle qui a toujours tout fait pour nous, je peux pas me montrer faible devant elle et lui causer du soucis... Ça fait plus d'un an que mon frère est partit et c'est toujours aussi vide à la maison, c'est nul quand on se prend pas la tête ! Avec maman on s'est habituées, mais j'espère qu'il rentrera bientôt parce que je sais que ça lui fait trop du mal de savoir son fils aussi loin. Et moi je me sens abandonnée, j'ai l'impression que c'est de ma faute s'il est partit, parce que c'est de la mienne si papa nous a quitté. Dis Ouinouin, je sais pas si tu vas capter un jour ce que j'écris là, mais t'as intérêt à vite rentrer à la m----------

_ journal intime d'Edea Laureline Baxter,
retrouvé dans la piscine  à la suite de l'accident.

Tu ne te souviens que de ce noir si prenant et de la suffocation, dans tes rêves tu es immobile et paralysée, effrayée par ce qu'il est entrain de se passer sans parvenir à réagir pour y échapper. Tes poumons qui s'emplissent et ton corps qui sombre, sombre, sombre toujours plus profondément. Tout est si noir et si froid, irrespirable tandis que tu te noies. Tu vas mourir, maintenant ? Tu es si jeune, Edea, et tu es certaine d'avoir encore beaucoup de choses à vivre, t'as pas assez vécu pour regretter, t'as pas assez vécu pour pardonner à la mort de vouloir t'emporter si vite... Alors finalement, les souvenirs te reviennent par flash et tu revois Owain, tu revois le Japon, la Corée, l'Australie, Kain, Allyson, leur famille et la tienne. Tu entends les rires, tu ressens les pleurs et les sourires, à tes yeux les images de cette escapade en forêt où tu as terminé sur le dos de ton frère, moqueur, parce que tu t'es mangé un arbre pendant que vous faisiez la course. Bizarrement, c'est après entendu son appel résonner que t'as réalisé que tu avais arrêté de respirer. T'es morte, Edea. Du moins pendant quelques minutes seulement, mais tu l'as ressenti comme si ce sommeil avait duré une éternité. Un peu plus d'une semaine en fait, puis tu étais parvenue à entrouvrir les yeux quelques instants. Owain était là, ça t'a surprise tu ne t'y attendais pas, mais pour l'accueillir tu as tenté de lui sourire. C'est maladroit et douloureux, mais aussi sincère que ces larmes qui coulent sur tes joues. Tu es morte et de nouveau en vie, mais Owain est là alors tout ira mieux désormais.

Attendre, il déteste ça. C'est ce trop qui le ronge. Cet état qui l'emporte tant l'importe les éclats dans lesquels le laissent ses anxiétés. Il y pense lorsqu'il te regardait, le premier jour puis le second, chaque minute de sa piètre existence se ralentit dans l'espoir infime. Owain ne crie pas. Son coeur frappa contre sa poitrine au détour de la nouvelle - la peur de te perdre béante le pousse à informer mahoutokoro et ilvermorny qu'il lui fasse retourner en Amérique. Plus que ça, il s'en veut - comme certain que s'il avait été là rien de ça ne serait arrivé, son esprit le tiraille, le perce d'aiguilles faites d'haine qu'il a contre lui-même. Il est encore là, évitait Rosaleen encore parce que c'était ce qu'il y avait de plus facile. Pas besoin d'expliquer sa couardise ainsi, pas besoin d'écrier toutes les excuses du monde ou plaider au bon dieu qu'il leur ramène sa soeur. Lorsqu'il la voit alors lui sourire, tout semble s'arrêter. Un instant. Et il l'enlace, avec un peu trop de spontanéité un peu trop de force, sans savoir quoi dire. Il tremble, arrive à esquisser, bien que difficilement.

▬ J'arrive pas à y croire j'ai cru que- 'fin j'ai vraiment eu la peur de- je sais pas quoi dire...

Des excuses ? Comment tu vas ? Tout l'échappe. Il ne sait pas. Il arrive à dire entre toutes ses pensées:

▬ Tu m'as manqué, Laureline.

Tu émets un rire, à peine prononcé que déjà tu commences à tousser, faisant sursauter ton corps et se reculer Owain dont tu voulais malgré tout sentir le contact. Son étreinte t'avait fait tellement de bien... S'il pouvait savoir à quel point lui t'a manqué, tu lui diras, Edea ? Tu lui diras pas vrai ? Maintenant que tu sais ce que ça fait de mourir. Bien sûr que tu lui diras. Cependant pour l'instant les mots ne viennent pas, et malgré ta toux qui se calme, la seule chose que tu parviens à demander, c'est un peu d'eau qu'il te donne aussitôt. Les je t'aime ne semblent pas pour maintenant, mais après quelques instants passés à le contempler en silence, le regard brillant des larmes précédemment versées, tu parviens à faire le tri dans tes pensées.

▬ Tu pensais..., la voix et faible et enrouée, tu tousses encore un peu, ça te tire dans la gorge mais malgré ça tu continues sur ta lancée, pouvoir te... Débarrasser de moi comme ça ?

Le regard insistant, la douceur dans les iris tandis que tu tends trop doucement un bras vers lui, pour prendre dans ta main, la sienne encore trop tremblante.

▬ On s'est promis, t'as oublié ?

De ne jamais vous quitter.

Nous allons déménager en Angleterre où vous y intégrerez Poudlard. C'est une phrase que je ne suis pas prête d'oublier, je suis incapable de dire si j'étais contente ou pas sur le moment, parce qu'après mon accident, j'ai eu du mal à m'en remettre. Maman a été mutée à Londres pour son travail, et nous on a suivit, parce que c'était plus simple, qu'on en avait l'habitude. Plus trop depuis le départ de papa en fait, mais bizarrement ça faisait du bien, sauf que ça serrait le coeur aussi sans que j'en connaisse la raison. Depuis que je suis petite, j'ai appris inconsciemment à ne pas m'attacher aux gens, juste ce qu'il fallait pour pouvoir supporter les tas de déménagements qu'on a fait sans me sentir mal ou quoique ce soit. J'ai gardé contact avec la plupart de mes amis des différents pays qu'on a visité, y a juste... Avec papa. Avec papa on a plus rien, Owain je sais pas, mais moi j'ai plus rien et c'est drôlement triste. J'ai espéré pouvoir peut-être le revoir quelque part à Londres, parce que maman m'a dit qu'il avait quitté Atlanta où nous vivions avant, mais non. C'est pas très grave vous me direz, parce que Kain est là du coup et ça, ça c'est vraiment la meilleure nouvelle de tous les temps ! Du coup cher petit journal, je vais achever ton écriture ici pour pouvoir me concentrer sur ma nouvelle vie. Si un jour ça va pas j'te fais signe, promis ! Des bisous

_ journal intime d'Edea Laureline Baxter,
rescapé de la piscine après l'accident.