Hécate ☾ graou

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A l’image de la fille dont nous allons révéler l’histoire, commençons par décortiquer son nom de façon bordélique : à l’envers.

Sinclair ; Une famille anciennement bourgeoise, et discrètement inscrite dans l’histoire et les légendes Françaises. Mais ça, beaucoup l’ont oublié (Hécate la première). Elle s’est établie en Lozère depuis plusieurs années.

Ryvin ; Un prénom masculin choisit par sa mère. C’est sûrement lui qui lui donne parfois ce côté garçon manqué. Il correspond très bien à sa personnalité : fuite des conflits, naturel réservé mais suffisamment de hargne pour gérer une affaire qui lui tient à cœur.

Et enfin, Hécate ; Doux prénom choisit par son père pour illustrer son teint pâle et laiteux. Un prénom frappé par l’ironie du sort. Vous savez, quand un élément est sauvagement dégradé par ce que l’on appelle “Un coup de pute du destin”. Oui, porter le prénom de la Déesse de la Lune quand on finit par la craindre, c’est plutôt benêt. Quelle idée de se faire mordre par un Loup-Garou …

Ainsi donc Hécate est née en France, dans un manoir confortable, d’un père et d’une mère rattachés au Ministère. Tous deux de Sang-mêlé, puisque les Sinclair n’ont jamais compté de Sang pur. Choyée par ses parents, elle a suivi son cursus scolaire au domicile, à l’écart des autres enfants. Les sorties en ville restaient limitées, sans réelle explication, mais la jeune fille avait tout loisir de s’amuser dans l’immense forêt cerclant sa demeure. Dommage, Hécate n’aime que les pins, et déteste les chênes.

De temps à autres, sa mère lui confiait quelques pièces étranges (des pièces à Moldus, apparemment) pour l’envoyer faire quelques emplettes de première nécessité. Des Carambars, des chocolats … ah et du pain ! Pour la “responsabiliser”, disait maman. Si Hécate ne s’en rendait jamais compte, papa n’était jamais bien loin, à l’affût de quiconque toucherait les merveilleux cheveux de sa princesse. Sauf ce jour-là.

Un jour décidément merdique. Aux premières lueurs du jour, elle s’était dit que la pire chose qui pourrait lui arriver aujourd’hui, serait de percer sa peau fragile en découpant une orange. Même si en début de soirée elle eut la certitude qu’elle se trompait, ce n’était toujours pas le pire. Maman et papa n’étaient pas encore rentrés, et la nourrice semblait assoupie. Soudain gagnée par une impulsivité jusqu’alors jamais ressentie, la gamine chaussa ses plus jolies chaussures et partie en quête de délicieux chocolats supplémentaires.

La scène se déroula en quelques minutes, et pourtant elle parut durer une éternité aux yeux d’Hécate. Le groupe d’enfants lui était tombé dessus comme un escadron de la mort près à en découdre. Elle ne les connaissait pas, elle ne leur avait jamais parlé. Ils la regardaient, parfois, de loin, mais l’aura de son père l’avait toujours préservé de la jalousie et de la bêtise. Maintenant elle était seule. Elle ne saurait dire avec précision ce qui l’avait blessée le plus : les coups, les brimades ou les insultes ? Ils la laissèrent là, recroquevillée, en larme, le pantalon humide. L’enfant resta ainsi un long moment, à l’abri des regards, dans une solitude infinie.

Et finalement elle su qu’il fallait rentrer. Vite. Maintenant. Comment ? Aucune idée. Ses yeux restaient grands ouverts, sa respiration s'était accélérée, ses ongles s’ancraient furieusement dans ses paumes auparavant si délicates. Les poils hérissés sur tout le corps, Hécate répétait fiévreusement le même mot : danger.

C’est à ce moment que le pire était arrivé. A l’heure où tombent les ténèbres. Dans un hurlement apeuré. Elle percevait son souffle excité, sa soif de sang, son hérésie démoniaque. La chaleur des lacérations, les battements de son cœur. Le lustre qui tombe dans le manoir, tentant de stopper la bête. Et enfin son père qui intervient.

Les semaines suivantes furent éprouvantes physiquement. Mentalement, elle pense qu’elle ne s’en remettra jamais. Elle avait été la proie, mais Hécate était maintenant le prédateur. Bien malgré elle. Les cicatrices sont un rappel constant, les hurlements font d’elle une victime. Tombée en grave dépression, la fillette ne doit son salut qu’à l’amour de ses deux parents. Au courage et à la force de son papa. A l’affection et l’attention de sa maman. Car c’est elle qui lui a planté ce pinceau dans la main. Elle aussi qui a dessiné par-dessus ses cicatrices pour masquer tout ce qui était laid et douloureux. Des sourires, des fleurs, des sombrals. Comme une protection, un bouclier pour la rendre plus forte. Et finalement, des ailes. Pour s’envoler au-dessus de tout ça, prendre du recul, vivre.

Jamais Hécate n’aurait pensé que Beauxbâtons accepterait une “chose” comme elle. Et pourtant … elle reçu la fameuse lettre. Ses parents n’en parurent pas surpris, après tout c’était elle qui avait détaché le lustre quelques années plus tôt. Bien qu’elle y suivit ses six premières années de scolarité magique, Hécate finit par prendre une décision douloureuse mais nécessaire. Elle se souvient avoir rempli les papiers pour la demande d’échange scolaire. Elle se souvient avoir opté pour Poudlard et ses paysages sauvages. Elle n’ignore pas les larmes versées par sa mère, et l’appréhension de son père. Mais voilà, elle devait partir.

Fuir ce qui l’accablait, tenter d’oublier les maux passés. Vivre. Hécate a intégré Poudlard sans grande difficulté. Elle prend soin de respecter toutes les précautions exigées par le personnel. Elle compte minutieusement les nuits pour ne pas oublier sa potion, suit ses camarades docilement jusqu’à l’infirmerie. Poudlard est sa nouvelle maison. Sécurisée, pleine de promesses, … et ça personne ne pourra lui enlever. Pas même les quelques mauvais qui continuent de se jouer d’elle.