l'amour du mensonge
elle était gavée des litanies mécaniques qu'on voulait lui imprimer sur la rétine, de tous ces petits mots retrogrades qui coulaient sous ses yeux sans qu'elle ne puisse les saisir. cecily avait la tête pleine de fleurs ; sans espace vide pour les psalmodies dont on la nourrissait sans cesse depuis le début de l'année. oh ! c'était absurde.
au milieu des ouvrages elle ne se sentait pas à sa place, soulevant la poussière à chacun de ses soupirs. à ses côtés charlie avait la diligence froide du marbre, comme un antique jupiter au regard grave vers lequel cecily n'osait pas lever ses iris sombres. elle le trouvait sage et paisible comme un atlante qui porterait sur ses épaules le poids de responsabilités insaisissables.
lily frémit aux vibrations eurythmiques de sa voix, elle regarde ses doigts de jaspe qui tremblent doucement
oh, hm, je crois ça serait mieux de reprendre le chapitre, mon devoir c'est même pas la peine...elle ne voulait plus poser les yeux sur le papier souillé d'encre, elle avait trop honte : ça lui serrait un peu le coeur.
elle ne se laisse même plus distraire par le soleil dormant qui apparait à travers les fenêtres délavées de pluies glaciales, elle ne voit que les phrases terre-à-terre amoncelées à ses pieds et le silence qui la prend à la gorge, embrume son champ de vision tant il est accablant
je comprends rien du tout, je suis désolée charlie, tu vas perdre du temps...cecily se sentait mourir auprès des monolithes de grès, noyée dans le béton de choses immuables dont charlie serait le cerbère.