Bon, d’accord, Magnus avait eu des meilleures idées dans sa vie. Cette bêtise (ou du moins, ce qu’il qualifiait de bêtise, comme tout amoureux digne de ce nom une fois une quelconque initiative de prise) il l’avait préparée pour la St Valentin - et il était tant omnibulé par les préparations qu’il en avait oublié la fête-même.
En soi, le 14 février n’était pas non plus une date nationale - mais lorsqu’il s’était réveillé le jour d’après avec ce sourire niais aux lèvres et la certitude d’être dans les temps, il s’était finalement demandé la raison pour laquelle la Grande Salle était bourrée de chocolat tout au long de la journée.
Magnus n’avait jamais été très futé - la seule certitude, c’est pourquoi sa bouche, elle, avait été bourrée de chocolat : il n’avait fait que manger, tant et si bien que son ventre commençait à ressentir les effets d’un poids de dix tonnes posé sur lui.
Il aurait pu s’en vouloir, et c’était un peu le cas (son mal de ventre l’avait suivi une bonne partie de la nuit) jusqu’à ce qu’il pose les yeux sur l’unique survivant, la création finale, l’aboutissement de tant de goûtages et d’un estomac proche de l’implosion : au milieu de ses affaires parfaitement dérangées et délicatement posé sur un mouchoir de poche, Magnus avait terminé un paquet de chocolats.
Il y avait du retard, mais la couleur des aliments semblait de bonne augure - tout comme ce délicat parfum qu’il avait volontairement diffusé sur le rideau de la poche transparente.
Finalement, après une douche, sa plus belle tenue enfilée sur le volet et son téléphone en main, il était descendu dans le jardin botanique avant de réaliser qu’il manquait un élément essentiel : Chanel.
rdv aux jardins (jpeux toujours pas monter dans ton dortoir dsl)
-Magnus
Et puis, il s’était assis, et puis, il avait attendu. Le problème, quand on est amoureux, c’est que la solitude impose au temps de s’écouler plus lentement - et Magnus, lui, était sacrément amoureux. Il s’était assis près de l’entrée à attendre Chanel.
Elle n’avait pas tant tardé, finalement : le plus difficile, dans tout ça, ça avait été de la revoir. Magnus était heureux, comme toujours, mais il ne pouvait s’empêcher de la trouver plus mignonne à chaque fois qu’il la voyait.
« Je t’ai préparé quelque chose. » articula-t’il bêtement, oubliant même de lui dire bonjour. Et, attrapant soigneusement sa main, il la guida plus loin dans les jardins, proche de la fois où il l’avait emmenée la dernière fois, ou plutôt la première.
Avec un drap de lit et des cordes, Magnus avait tracé une banderole qui indiquait “Joyeuse St Valentin” - il allait soit se faire tuer par sa mère, soit se faire engueuler par son père. Péniblement, Magnus avait conclu qu’il subirait les deux.
Dans les arbres alentours, il avait déposé toutes sortes de fleurs cueillies au hasard, cherchant une touche poétique ; et enfin, la discrète table de bois habituelle était couverte d’une jolie nappe. Ici, Magnus y déposa son paquet - ou plutôt, ses paquets. Les chocolats étaient posés dans le joli paquet transparent, et dans une boite fermée,
un cadeau un peu plus ambitieux.
Sans un mot, il lui lâcha la main et la laissa profiter, en silence, du décor idyllique qu'il avait mis du temps à lui préparer.
Avec les mots, Magnus était vraiment mauvais.
Mais avec ses mains, parfois, il faisait des merveilles.