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???!!! — Ulysse

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???!!! — Ulysse Dim 24 Fév - 0:46



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Shion est de celleux qui trouvent l'hiver délicieux ; il goûte volontiers les premiers flocons et les brises scélérates, et les astres pâles le guérissent. Il ne redoute pas les promenades sous le bois mort, aussi il se hâte toujours de se gorger de silence à la moindre liberté, au moindre maigre rayon de soleil ; il va se jeter dans la forêt vide, peut-être parce qu'il est très fier que peu de genstes l'y rejoignent.

Ses sorties avec Ulysse ne sont jamais très mouvementées. Elles sont rythmées par quelques pas et les échos des non-dits ; ils tripotent l'herbage, ils mangent un peu. Shion desserre ses mâchoires furieuses et joint les mains devant ses genoux croisés. Son regard de tempête s'égare gentiment sur les épaules roides d'Ulysse, et enfin il se tait un peu.

En ce jour, ils sont juchés sur une colline, et portent sagement l'horizon sur leur dos. Shion a emporté des restes avec lui au déjeuner et les mange rudement sur l'herbe. Et tantôt il regarde Ulysse tantôt il emplit son regard des arbres sans mésange, mais il ne voit jamais le masque - son propre visage s'est défait un peu de son écorce, et il accepte en silence le vent d'hiver. Leurs conversations sont banales, mais l'essentiel de leurs paroles est silencieux et baigné d'étoiles lourdes.

Ulysse
Shion est un peu hésitant lorsqu'il l'appelle.
Il est en train de broyer des feuilles mortes à ses pieds et il n'est plus en quête de rien, il a dévoré son monstre de superbe qui lui reviendra demain, sa voix neutre porte vers Ulysse.
il y a un truc sur lequel je voudrais ton avis.
Son regard dur ne fuit pas celui qu'il sait à Ulysse ; il n'a pas besoin de voir pour vraiment estimer où trouver ces yeux-là, et il les devine aisément flamboyants, imbus de rutilante noblesse. Il frotte bruyamment ses mains l'une contre l'autre pour se débarrasser de l'humus et redresse haut son dos, pour recueillir la vallée sur son échine.
Disons que je connais cette fille. Elle est en huitième année.
A l'appel voilé de son nom, Nephelee laisse une trace d'or sur son coeur ; en une seconde Shion se rappelle un peu à la chaleur facile de deux bras tendres où il a conté l'été - il bat lourdement des cils pour chasser ce souvenir derrière sa mémoire, et s'en moquer un peu.
Écoute, je sais que tu vas un peu te fâcher. Je le suis moi-même, à vrai dire. J'ai fait - ses mains sont propres désormais mais il les frotte encore une fois, juste pour être sûr. enfin j'ai un peu fait une connerie.
C'est plus fort que lui ! Son rire sort trop fort et fait fuir un pouillot d'un arbre. Shion ne s'en excuse pas d'être déplacé, parce qu'à son sens ça sera toujours drôle sans jamais l'être ; son cœur régurgite à grands éclats la cire des beaux jours jusqu'à ses lèvres, et il en est écœuré. Il n'a honte de rien - et il n'a pas envie de mentir : mais ses baisers sont toujours vertigineux de vide, et il regrette de les faire éclore dans la faute, puisque Nephelee appartient sûrement aux juillets ardents, et que peut-être la forêt vide lui manque.

Écoute, cette fille sortait avec un garçon, mais il se trouve que j'ai couché avec et que je la vois encore. Attends c'est pas le pire - il ne rit plus pour ne pas froisser Ulysse qui n'a même pas eu l'air de vouloir l'interrompre, mais honnêtement il trouve ça tordant d'ignominie.
- donc ce garçon l'a appris et est venu me voir. Je pensais qu'il allait falloir que je me batte avec ou quoi mais en fait il a culpabilisé. C'était trop gênant. Vraiment grave gênant, je me suis excusé. Bref.
Il parle un peu vite et sans y mettre le ton.
Enfin, je veux pas te raconter ma vie, parce que c'est privé tu vois, mais il se trouve que je la vois encore et que je l'aime bien. Sauf que j'ai appris qu'elle traîne encore avec ce garçon-là tu vois, dans le sens ils sont toujours amis, donc clairement je me sens de trop, je suppose que c'est pas juste pour elle et qu'elle a mieux à faire de sa vie. Bref.
A mesure qu'il parle le regard de Shion s'est égaré sur les arbres et puis sur la terre morte, mais il a surtout les yeux en-dedans son cœur noir. Il ne sait pas quoi y voir et il a la rage de trop parler. Il claque la langue par réflexe parce qu'il a envie de vite se taire.
Je me dis qu'en soi, je fais rien de vraiment mal, mais je - culpabilise un peu. C'est pas que je l'ai forcée ni rien mais c'est que peut-être elle mérite mieux.
Il souffle bruyamment pour se laver de ces mots-là qui percent trop son jour d'arrogance ; mais il regarde de nouveau vers Ulysse où il sait que cette nuit-là est bien gardée.
Voilà. Désolé je sais que c'est vraiment pas terrible de ma part. Je sais pas ce que tu en penses.
Il joint les doigts dans une solennité que pour une fois il ne raille pas, mais puisque ce geste ne lui sied pas il va plutôt masser sa nuque pour y tuer le démon naissant de sa gêne. Mais il apprécie un peu l'angle lumineux qu'il entrevoit lorsqu'on s'oublie au point du jour, et il fait comme si ses épaules avaient toujours été un peu plus légères.
Je sais pas - je suppose que je voulais juste le dire à quelqu'un qui me déteste pas trop.
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Re: ???!!! — Ulysse Mer 27 Fév - 20:06


vous ont, inutile folie, laissé voir la mélancolie d'un avenir désespérant
il n'y a jamais d'indignation dans un empire vidé d'humanité puisque qu'elle se tait. personne ne peut venir troubler ses sensations, déposer un regard sur le rien de son visage alors tout va bien.
il se demande pourquoi il ne s'exile pas, loin du bruissement meurtrier de la vie des hommes, pour mourir dans un silence parfait et maîtrisé - le seul bruit régnant étant celui de sa propre existence. il est tentant d'imaginer ce genre de chose face à la simplicité reposante de vos échanges sans un mot et le peu de moyen qu'il faut dans cette école pour s'isoler totalement du monde : les sorciers sont des ermites modernes alors dans leurs pinèdes désertes, il n'y a jamais personne.
il serait si simple pour ulysse de partir avec un sac à dos, sans argent pour faire abstraction de la société, et de ne pas rêver au lendemain. cesser d'imaginer des scénarios liant relations et son propre être. se laisser vagabonder entre les arbres mêle là où toi tu n'existeras pas, son allié de l'inhumanité.
et pourtant, pourtant ! ulysse est amoureux des hommes. il les aime trop, s'encre la peau de leurs avis même s'il se prétend statue immuable et agit toujours en réfléchissant au poids des conséquences. c'est un pilier et personne ne pourra lui dire le contraire, lui qui était voué à s'exiler à sa naissance a survécu à la cruauté de ses semblables. le masque lui sert d'hypocrisie pour survivre.

on attribue facilement une quiétude tangible à ulysse - il ne s'agite que durant les crises et qu'il apparaît comme une nécessité.

sûrement est-ce pour cela que tu viens troubler tout naturellement le vide pour emplir son esprit d'images du quotidien - quelque chose qu'il ne fuit presque jamais, surtout quand il est question de vous. il aspire tout. les poisons les plus vénéneux ne font plus d'effet sur lui quand il s'agit de faire taire la souffrance.

mais aujourd'hui cet enfant de dix-sept ans a une fragilité qui le rend malade. c'est un virus nommé l'amour avorté, l'affection rejetée : il n'a toujours pas trouvé de remède. il fixe ses mains asséchées par le manque de soin et opine paisiblement à chacun de tes premiers mots.
dis-moi.
ce n'est pas un ordre. plutôt une invitation. il tourne son nez pour que ses simulacres d'orbites croisent les tiennes. il se demande ce que tu lirais si tu les voyais réellement. y'aurait-il réellement des sentiments dedans ? ulysse n'a jamais appris à transmettre par l'art du minois.
il reste calme, ce n'est pas si grave les conneries - c'est réparable. il ne bouge pas et se demande pourquoi ris-tu. pourquoi face à lui ? ne vois-tu pas qu'il ne cache rien, alors pourquoi exprimer une nervosité qu'on peut écraser tant elle est voyante d'un rire ? lui ne s'en servira jamais contre toi.

pourtant là le récit conte quelque chose de trop réel. quelque chose qui lui semble familier et qui fait écho à sa dernière tragédie, ses larmes et le désespoir profond qui ne laisse une sensation stérile, nue. c'est désagréable. c'est vrai qu'il ne te déteste pas mais comment peut-il se laisser aller à autre chose qu'un puissant torrent d'indignation, dans son état actuel ? comment peut-il apporter sa sagesse quand lui-même est troublée par le brouillard de ses propres émois ?
ça se tend difficilement en lui et il est, tout d'un coup, très en colère contre toi. tu aurais pu faire mille choses mais tu as décidé de laisser couler - n'y'a-t-il aucune bravoure relationnelle dans ton coeur ?
il étouffe sous le masque alors il le retire d'un geste sec, l'emportant dans sa main qu'il repose dans l'herbe. ainsi il peut aboyer sans que sa voix soit obstruée par le moindre artifice.
tu veux que je te dise quoi ? tu veux que je réponde quoi à ça sérieux ? c'est quand que tu commenceras à penser aux autres ? BIEN SÛR que tu es de trop et si tu réussissais à sortir de ton égocentrisme tu te rendrais bien compte qu'ils ont pas besoin de toi. tu as déjà fait assez de mal, il a culpabilisé parce que vous êtes deux cons tu te rends compte ? et ta seule remarque c'est que c'est gênant ? mais réveille-toi putain si ça te gênait tant qu'il se sente mal tu aurais fait plus que t'excuser...
à plusieurs moments il bredouille, perd ses mots - ce n'est qu'un adolescent qui a porté le poids d'une vie d'adulte et qui essaye de vivre avec. il hait ta puérilité car il y reconnaît celle de quelqu'un qu'il a perdu.
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Re: ???!!! — Ulysse Mer 27 Fév - 23:49




Shion reste ployé lorsqu'il a fini de parler. Comme à son habitude, il fixe un point lointain, jusque sur l'ellipse sur la Terre, et se trouve détaché du sol. Il a incliné le visage et y recueille l'éclat blanc des jours sans ciller. Il attend, il ne sait pas quoi, il attend juste que l'hiver chéri passe, et qu'Ulysse lui amène le printemps en boutonnière.
Mais l'hiver est la saison de Shion.
Son regard se détache brusquement du lointain et cherche hagard Ulysse terrible, Ulysse exposé, auquel il a du mal à croire.
Sa voix bien sûr, sa voix ne trompe pas. Elle arrive difficilement mais c'est comme ça qu'elle se montre comme elle est, violente de sanglots digérés, dont les graines ont fait pousser une virulence solidement attachée à son estomac de moineau. Shion fronce les sourcils comme on soutient un cyclone, car il n'a pas l'habitude de ne pas s'y attendre ; et en même temps du regard il cherche Ulysse, il se pose enfin la question cruelle de savoir, vraiment, où se cachent les larmes secrètes d'Ulysse sur son reflet parfait. Il n'en reste rien que quiconque puisse deviner.
Plusieurs fois il est tenté de l'interrompre, par la voix ou par une main sur le col, mais il n'en a jamais l'impulsion et il se contente de faire face. Ses épaules se sont tendues fermement et il a un vertige de ne pas être soulevé de terre, car ce sont normalement des voix qu'on porte lorsqu'on est bien debout, le corps emporté par des harpies.

C'est bon ?
Il parle trop vite parce que comme d'habitude, son cœur est encore jeune, et il a été trop vite touché par la hargne. T'as fini ?
Maintenant il ne meurt plus sous les cimes, il s'est redressé comme jamais éteint ; il y a une étincelle de maléfice au coin de sa bouche, pointe de l'appel du vide. Shion ne voit rien mais en même temps il voit très bien, il se figure dans son esprit le visage jusqu'à présent toujours ignoré d'Ulysse, tantôt méprisant, tantôt répugné, et il se laisse emporter par ces fables.
Tu sais quoi, laisse tomber, j'aurais pas dû t'en parler.
Il se lève avec brutalité, déployant sa silhouette massive sans l'élégance des beaux jours, il bascule sur lui-même et se relève à la seule force de ses bras. Encore, Shion lève le menton vers le sud et tance de ses yeux tout le domaine, le soleil et le reste, la forêt même, et il cherche aussitôt dans son esprit un coin confortable où disparaître.
Mais ses pieds sont trop lourdement ancrés dans le sol, et pire encore, ses poings endormis sur ses flancs. Contrairement à son ordinaire insipide : il ne bouge pas.

Il est écrasé par l'infini effarant qu'Ulysse lui a conféré, et quelque chose de ça lui retourne les tripes. A la racine de sa nuque naissent les sueurs froides des simplicités béantes, où Shion a trop osé se montrer, où il a trop aimé Ulysse. Il se découvre colosse cruel dans son regard, tout en ayant toujours connu cette vérité, et il a envie de lui reprocher ce qu'il lui a fait. Alors soit, soit ! Puisque désormais on l'a poussé dans le domaine des accablés, il tourne vers Ulysse ses yeux grand ouverts, et sa bouche détrempée d'humeur.
Ah, c'est quoi ton problème, à la fin ?
Il n'y met pas bien le ton bien sûr, et il jette ça par-dessus son épaule, pas tout à fait tourné vers Ulysse, pas tout à fait tourné vers le château ; mais sa voix a la chaleur inhumaine des jungles esseulées. C'est une question ouverte : il n'y a pas qu'Ulysse qui puisse y répondre. L'ombre arrogante de Romeo demeure au pas de sa mémoire, et il ne sait comment l'orner de mots bruts.
Merde, Ulysse.
Ce sont ses mots à lui.
Merde, Ulysse : Shion ne peut pas rester seul dans son acmé. Ce n'est pas sa montagne.
Tu sais quoi ?
Sa voix monte un peu plus haut sur l'horizon et il supporte superbement le zénith, il s'en honorerait presque ; sa nuque reste haute, ses épaules sont bien droites, mais c'est tout ce qu'il lui reste dans l'immensité et il ne veut pas reconnaître le tremblement de sa voix.
Tu sais quoi ouais, je sais. Tu crois que tu m'apprends quelque chose ? Putain. A ce compte-là qu'est-ce que tu fous là ?
Il se tourne tout à fait et le surplombe ; Ulysse d'ordinaire le dépasse d'une tête et même assis à ses pieds Ulysse le dépasse encore, l'engloutit de trop de souci. Shion ne veut pas de cette ombre sur lui et ne sait pas où il doit regarder, car il n'y a pas d’œil qui le menace, ni de bouche qu'il veuille fermer. Il lui semble qu'ils ont toujours été des étrangers.
Écoute. J'ai pas envie de me fâcher avec toi. Mais enfin si tu crois que je viens juste chialer à tes pieds pour que tu me dises je-sais-pas-quoi, que je m'en sors bien - je pense qu'on s'est juste mal compris.
Il ne se tourne plus vers l'azur. Il sait qu'il ne supportera pas l'amertume de sa déception à l'éclat du jour.
Et franchement si tu le prends comme ça que ça sert à rien d'être là.
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Re: ???!!! — Ulysse Jeu 28 Fév - 1:36


vous ont, inutile folie, laissé voir la mélancolie d'un avenir désespérant
vient-il d'effectuer une trahison ? est-ce qu'un vrai ami aurait-il du rire du ridicule de la situation, des émotions naïves d'un jay trop conciliant face à son propre destin ? comment aurait-il pu agir au juste, pour éviter ce cataclysme ? il te voit te lever et se rend soudainement compte qu'il connaît ce que tu pourrais faire : parce qu'il t'entend parler et que tu es un ami. c'est familier cette réaction même si ce n'est jamais arrivé entre vous - ça ne le choque pas. et alors lui ? lui que doit-il faire face à l'évidence d'un conflit qu'il cherche ? doit-il enfoncer le clou ? non il n'est pas assez vicieux. ulysse ne fait pas ça, il ne cherche pas à faire souffrir - il a juste sorti sans pincettes et surtout avec un ton de la polémique qu'on ne lui connaît pas.
il veut te secouer pour tout faire sortir, et se rend bien vite compte à quel point c'est égoïste parce que tu n'as rien à voir avec ses histoires.
mais lui n'a rien à voir avec les tiennes - alors pourquoi ? pourquoi y'a-t-il une violence froide entre vous de manière si soudaine ?
il ne comprend pas,
il ne sait pas ce qu'il attendait de toi non plus.
il ne dit rien quand tu te parles et tu te lèves, il t'observe agir et y devine un certain détail : tu cherches à prendre de la hauteur. c'est systématique. tu t'accroches à autre chose que la terre car tu ne sembles pas t'y accommoder. tu le surplombes mais ulysse n'a pas peur.
s'il n'a pas peur de ceux qui le haïssent alors pourquoi aurait-il peur de son meilleur ami ? d'une chair connue ? il attend que tu finisses pour se lever à son tour, laissant le masque jaune par terre, embrassant l'herbe, et te forçant à se confronter à lui.

regarde-le.

qu'est-ce que je fous là ? c'est toi qui demandes ça et c'est moi qui ai un problème ? peut-être car tu es mon meilleur ami ? il serre les poings à son tour mais ne les lève pas. il se demande si, parfois, les gens te font face. inconsciemment il suggère qu'il ne partira pas. ce que j'essaye de te dire c'est que c'est un mythe les relations qui marchent à coup de "tu me prends tout entier ou tu te barres", en ayant ce genre de comportement tu vas finir... il regrette déjà de dire ça. il ne veut pas te faire de mal. tout seul. ouvre les yeux, on fait tous de notre mieux même là je fais de mon mieux et tu craches sur TOUT LE MONDE. t'es jamais satisfait de ce que tu as mec, je te rappelle que j'ai pas de visage.
il recule d'un pas, comme il l'avait fait avec archibald. il prend un peu de distance dans la hauteur et il se désole sans baisser d'un ton.
toujours avec ce mépris-là quand on te contredit... si j'étais pas moi tu serais déjà parti hein ? pourquoi tu serres toujours les poings pour finalement te casser dès que quelque chose te déplaît ? c'est ça ce qui est arrivé avec eux ? ça t'a frustré qu'il n'y ait pas d'éclat car tu as pas pu montrer qui était le plus fort ? ou alors c'est justement car tu as pas pu tourner les talons et montrer au monde entier que tu t'en bats les couilles des autres alors que la réponse à la colère c'est une marque de respect ? tu t'attendais à ce que je dise quoi ?
encore une fois ce n'est même pas de la provocation, ça sort comme un flot impérissable, qui l'épuise et l'essouffle, sa poitrine se soulève grossièrement et son coeur bat trop fort à cause de cette seconde tirade.
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Re: ???!!! — Ulysse Jeu 28 Fév - 17:53



Ils ne se comprennent pas.
C'est terrible comme ils ne se comprennent pas. Il y a comme un bruit blanc dès qu'Ulysse ouvre sa bouche invisible et qui écorche tous ses mots de sécheresse barbelée. Shion ne sait pas parler cette langue qui lui est étrangère ; il se trouve qu'il n'est sûr de rien. Ni de rien ni personne, et quoi, toi oui Ulysse ? Il y a peut-être quelque chose de plus que tu possèdes possède, un joyau rougeoyant d'une flambante bravoure sur le cœur, mais il n'y a pas tant d'espace entre vous. Peu importe la distance qu'Ulysse s'impose en reculant, Shion poinçonne du regard les quelques mètres entre eux, rappelle odieusement qu'il n'y a presque rien. Il fermera cet écart de sa forte voix.

Je m'attendais à rien, bon Dieu. Je te l'ai dit que je m'attendais à rien.

Il enfonce ses mains dans ses poches de jean, qu'importe que ses doigts y tremblent trop. Il sait qu'avec Ulysse il a franchi les frontières de ce pays où la poitrine le fait souffrir, et où les langues s'imbibent de vérité, même si elles font mal. Il l'accepte, il accepte ce paysage, où il va parler le langage de ses vallées, en en détestant chaque son.
Ouais. C'est sûrement un peu de tout ça. Et ?
D'un vague mouvement de nuque, et de son regard haut perché, il admet difficilement tout ça. Il le prend contre son sein et les y laisse pour le tourmenter plus tard. Les doigts bien mis sur son monstre de solitude et tout le reste. Il est plus à une sombre sincérité près.

Je suis ton meilleur ami ? Ça fait mal de dire ces jolis mots là avec autant de douleur. Il lui semble que sa mâchoire va se décoller. Et tu crois quand même que j'en ai quelque chose à cirer ? De visage, pas de visage. T'es toujours là à parler des autres. Il y a même pas besoin de te demander de jouer le chevalier blanc, suffit de claquer des doigts, et tu rappliques. Il claque des doigts pour bien mimer, car comme par magie, Ulysse est devant lui. Bien haut et bien loin, et en même temps tout près. Il fait un pas pour balayer cette distance-là, qu'il sait tendre à Ulysse au cœur kilométré. Il ne redoute rien qui puisse se trouver là, sa pulpe est déjà à vif, crue devant les ardeurs de leurs propres vilenies, et étourdi de sa propre véhémence il n'est qu'infiniment incertain et prosaïque. Shion enfonce un index sur son torse, juste car il y a des lustres qu'il n'a pas pleuré.
J'ai craché sur personne, pas sur Jay, pas sur Neph, ah il s'était pourtant promis de ne pas dire son nom, même pas sur toi. Faudrait que je fasse comme toi peut-être ? Que je me plie en quatre pour tout le monde sans que personne me l'ait demandé. Et que je dise "Amen" que personne me remercie, d'ailleurs.

Il marque une pause, suffisante pour exhaler un rire avorté, devenu un simple soupir où s'est engouffrée la colère, et il remet ses mains dans ses poches. Ça ne le fait pas rire du tout, et sa mine est fermée, mais il a le visage hanté par une terrible envie de faire un de ces sourires épuisés d'amertume. Shion a la rare pitié de voir Ulysse respirer péniblement sous l'eau et il n'a pas de main à lui tendre de là où il est. Comme il a pitié de lui-même, et il se sent stupide.
Ta crise là, t'es mal placé pour me la faire, c'est tout. Je suis pas le plus qualifié du coin pour être ton ami, et c'est pas sûr que je vaille grand chose là-dessus, mais n'empêche que j'essaie. Et du coup, je te le dis, t'es mal placé. Peut-être que ça ne se voit juste pas, et qu'il regrette déjà ses bois solitaires. De toute façon, ça lui importe peu. Maintenant il a juste très envie d'une cigarette et de ne pas rentrer.

Il fait un tour sur le côté pour lui présenter son profil, et il soupire encore. Il n'y a que les yeux détachés d'Ulysse qu'il comprend vraiment tout ce que veut dire le masque et le reste, la viduité inviolée de son visage qui n'en est pas un. Il sait bien que tout cela est hors de sa portée.
Tu veux me prouver quoi ? Tu veux qu'on se batte si ça te froisse tant que ça que j'te demande ? Je m'en fous. Je peux me battre avec toi, mais moi j'en ai pas besoin. J'ai rien à prouver ni à cacher.
Il hausse les sourcils comme impressionné par quelque chose que seul lui peut voir au loin.
Faut croire que y'a que moi, hein.
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Re: ???!!! — Ulysse Jeu 28 Fév - 19:45


vous ont, inutile folie, laissé voir la mélancolie d'un avenir désespérant
à quoi bon tant de paroles si tu ne t'attendais à rien - il ne sait même plus où tout cela a débuté et n'ose même pas imaginer comment cela se terminera. il ne faut pas de faire de faux espoirs sur une fin paisible mais ne pas non plus se monter la tête avec une future tragédie. ulysse, pour une fois, se dit qu'il doit laisser couler.

plus facile à dire qu'à faire quand tu répètes là le lien qui vous unit (ne vous l'êtes pas, meilleurs amis ? il se demande si encore une fois il s'est attaché trop vite) et que ça commence à entailler son coeur sans armure, complètement dévoilé à tous tes coups de poignard. le vermeil commence à se dégurgiter de la poche. c'est myocardite aiguë quand tu l'attaques sur son essence même, sa manière de se mêler de tout pour sauver les malheureux, et il sent écrasé par ta présence.
la solitude devient une nécessité quand il commence à avoir des hauts de coeur de nervosité : tout résonne trop en lui pour qu'il puisse simplement l'ignorer.

ulysse, comme jamais ne le fait, détourne le regard quand tu enfonces ton doigt dans ton propre torse ; il se demande si tu sens la vie qui bat là-dedans comme lui sent la sienne sans qu'il ait besoin de la tâter.
c'est vrai qu'ulysse ne crise jamais et il se persuade que pour une fois, il a le droit, même si elle est terriblement malvenue - comme à chaque fois qu'il exprime ses sentiments. c'est maladroit, ça prouve juste qu'il ne l'a jamais réellement fait de sa vie.

il dissimule ce qui compte réellement par des broutilles.

aucun de vous deux ne sait rester statique et il observe du coin de son oeil que tu ne devines pas ta drôle de manière de te contenir. sa gorge est serrée par l'émotion et les coups portés à son intégrité, immobilisé par la vérité tranchante et ta méchanceté qu'il trouve déplacée.
il refuse de comprendre que tu fais de ton mieux, sûrement.
t'es vraiment ingrat.
ce sont les seuls mots qu'il arrive à dire et la réalité est qu'ils ne te sont pas dédiés spécialement à toi mais à celles et ceux qui abusent de sa gentillesse bienveillante.
ça devait arriver, l'explosion. il ne veut pas se battre et il ne sait pas s'il doit partir ou rester planté là alors il ne fait rien.
il semblerait qu'il a envie de pleurer et qu'il essuie d'un geste hâtif le brouillard de ses prunelles.
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Re: ???!!! — Ulysse Jeu 28 Fév - 22:26



C'est vrai, qu'il est ingrat. C'est la vérité avec laquelle il est venu au monde : deuxième né sans soleil, Shion a été enfant terrible dès la première heure. Il n'a jamais remercié ses parents de l'embrasser et il a conté de jurons toutes les offrandes qu'on lui a faites, car tôt ou tard elles l'auraient trahi de mensonges éclairés. En même temps il s'est abreuvé aux sources claires en excusant son impertinence par la pensée que de toute façon les torrents appartiennent à tout le monde. Tout cela est vrai, il ne l'ignore pas. Il n'en a pas honte non plus, peu importe combien de fois on le lui a sorti.

Il attend sagement le reste de la diatribe car il s'attend à livrer une petite guerre. Sa respiration est déjà ample et désordonnée comme lorsque la fureur lui monte à la tête, et il ne peut pas se remettre aussitôt de la plaie outrageuse qu'Ulysse lui a infligé en plein cœur ; il trouve que ses tripes doivent rester cachées en dedans, question de pudeur. Mais l'incendie des crépuscules ne vient jamais, à la place il y a cet écho misérable qui déborde de peine morvée. Shion met un peu de temps à comprendre. Il se tourne de nouveau vers Ulysse, cherche désespérément un indice sur la toile vide.

Hé.

Il enjambe les mille rivières qu'il a creusées d'un seul pas immense, et se précipite sur lui. Sa frénésie est retombée en une gêne qui lui ressemble bien ; ses mains sont trop pleines d'hésitation.

Ulysse, hé, pleure pas.

Si les sanglots ne tombent pas, c'est sans doute qu'ils n'existent pas, mais il n'arrive pas à ne pas y penser ; Shion se coule tout à fait dans une ombre fraternelle et malhabile qu'il n'a jamais eu à apprendre à jouer. Il caresse vaguement une épaule, le creux fragile d'omoplates trop frêles. Sous sa main abîmée d'hiver et d'hématomes passés, il essaie de ne pas prendre toute la chaleur fade d'Ulysse, et il le trouve trop maigre. Il parle doucement du ton maladroit de ceux qui ne s'habituent jamais trop du silence.

Je m'excuse. Et il est très sincère.
Shion cherche un regard jamais vu des hommes en se disant que ce n'est pas grave de pas voir, et comme ça c'est comme s'il était le tout premier à découvrir les iris d'Ulysse. Il est certain que ce sont des yeux comme des livres qu'on ne peut pas s'empêcher de lire, et qui se renversent en vous ; il n'a pas besoin de se mentir cette certitude pour la montrer.
Hé, vraiment, je m'excuse. Je suis très con. Donc pleure pas, d'acc ? Il imite des gestes qu'il connaît sans savoir s'il a raison de les faire, est-il convenable de le toucher ainsi ? Alors il fait attention de ne pas laisser sa main trop longtemps.

Il n'est pas embarrassé de pieux mensonges comme avec Pan, pour couvrir ses arrières déjà exposées ; il sent là dans les intestins cette inquiétude mortelle qui prend au corps, et qui renverse le ciel sur ses larges épaules. Alors Shion essaie de parler doucement comme les mamans désolées d'avoir trop tapé, penché vers lui et tout.
C'est pas que je le pense vraiment. C'est juste que, euh, je m'inquiète. Enfin je me suis énervé tout de suite parce que ça m'a vexé tu vois, et après je me suis inquiété. Mais je sais pas parler, voilà. Pleure pas, ok ?
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