je soupire après toi, vois
déjà le lierre
quand on était cecily on avait l'amour des choses tendres, comme le clapotis mélancolique et charmant de la pluie sur la voûte des serres, ou l'odeur de la terre qui embaumait l'air un peu tiède de cette cathédrale de verdure où elle voudrait se nicher, pour échapper à l'hiver fuyant.
derrière les vitres couvertes de buées le monde était flou, paisible et atténué avec ses airs d'aquarelle, embrumé comme son esprit. elle n'entendait plus résonner les éclats de voix, étouffés par les feuilles qui chatouillaient ses joues. ses doigts dessinent sur le verre embué des courbes sibyllines, et le parc réapparait alors dans des vallées fugitives : son souffle timide les aura bien vite recouvertes.
assise sur un tabouret elle tourne les pages de son herbier, entre les feuillets fleuris de mauve et de sisymbre sa tête tourne un peu.
elle se lève bien vite quand elle entend la porte s'ouvrir, car elle ne voudrait pas être trouvée là, à moitié assoupie dans son alcôve bucolique où se jouaient les pastorales.
ah ! c'est toi renard.élégant de malice, ceint du vert suave de cette renardière qui devenait sienne à l'instant où il y mettait les pieds.
cecily lui montre les canines, mais c'est en un sourire qui éclot son visage ; car pour renard elle s'écartèle d'une tendresse toute trouvée dans son coeur mou.
j'ai cru que quelqu'un venait me mettre dehors. mais ce n'est que toi qui vient susciter des émois au goût mielleux des idylles, pleins d'une amertume noyée dans le sucre.