« Sahar, peux tu descendre un instant je te prie ? » Posant au sol ses jouets fait de bois, la jeune enfant entendit la douce voix de sa mère, et se résigna à la rejoindre ses cheveux bouclés dans le vent.
« Oui maman ! » On pouvait entendre les grincements du bois des escaliers dans tous le manoir, et en réalité, Sahar adorait jouer de ça. Prenant tout son temps pour les descendre, se pensant presque sur un piano grandeur nature. La jeune fille arriva au pied de ses escaliers, et cru entendre une autre voix connue. Elle plissa ses yeux bleus, et passa sa petite tête à travers la porte avant d’y apercevoir sa grand-mère paternelle. Elle ne pu retenir sa joie de la voir, enfin, et de venir s’accrocher à sa jambe comme un koala pourrait le faire avec sa propre mère.
« Voyons Sahar, un peu de tenu. » Grace, sa mère fronça doucement les sourcils pour que l’enfant se reprenne, mais il n’y avait rien à faire avec une petite fille aussi têtue, une véritable Avery. Sa grand-mère s’abaissa à sa hauteur pour pouvoir la prendre dans ses bras, et la couvrir de tout l’amour qu’elle réclamait.
« Tu grandis de jour en jour ma petite, tu ressembles un peu plus à chaque instant à ton grand-père, tu le sais ? » Sahar lui tira la langue d’un air joueur. La jeune Avery n’avait pas la chance, ou peut-être que si finalement, de grandir aux côtés du reste de sa famille, entouré de ses cousins et autres oncles et tantes. La matriarche de la famille en avait voulu autrement. Préférant que sa petite fille illégitime grandisse loin de toutes les histoires douteuses de la famille. Uniquement entouré d’amour et de joie, c’était là l’enfance de Sahar Azza Avery. Petite fille de la matriarche de la famille Avery. Derrière ce dessin presque idyllique, la porte du manoir Canadien se referma dans un énorme fracas et fit sursauter la jeune fille qui agrippa d’avantage Charlie.
« Désolé de mon retard mère, j’avais quelques affaires à régler. » Sahar lâcha sans aucune hésitation les bras de sa grand-mère pour rejoindre ceux de son père, avec qui la demoiselle avait une relation très proche. Il était son modèle et en plus d’être son père, très certainement son mari dans ses rêves les plus fous.
« Je suppose qu’il est temps de discuter, n’est-ce pas ? » Tenant toujours dans ses bras Sahar, le père de famille fit redescendre son enfant sur la terre ferme, avant de la laisser aux bras des domestiques, pour l’emmener jouer un peu plus loin.
« Ilyès, je t’ai déjà dit qu’il était hors de question que ma petite fille quitte ce pays. Tout se passe pour le mieux ici. Ne venons par troubler le développement émotionnel de ce bout de chou trop tôt. » Assise sur un fauteuil recouvert d’un velours vermeil, Charlie repris.
« Ta présence. La présence de cet enfant pourrait être destructeur et annonciateur de bien des misères si cela arriver aux oreilles de certains… Avery. » Il n’y avait personne de visé. En réalité si, mais taire les noms de la plèbe familial était nécessaire.
« Mère. Sahar a besoin de voir d’autres enfants, de grandir aux côtés de sa famille et d’en apprendre le plus possible sur eux. Nos coutumes. Nos traditions. Elle est ton héritière aprè... » Charlie claqua sa langue contre son palais et pointa son index en direction du visage de son fils.
« Ne t’avise pas de désobéir Ilyès. Vous êtes en sécurité ici, et l’atmosphère y est des plus calme. Profitez. Élevez cette enfant dans la joie et l’amour qu’il doit recevoir. Pour ce qui est de son éducation familial… Et bien je m’en occuperai. Ai-je été assez clair, mon fils ? » Ce dernier hocha la tête sans dire un mot, levant son regard vers son épouse, silencieuse.
« Entendu. » ▬▬▬▬▬
« Alors Sahar. As-tu retenus ce que je t’ai dis ? » La jeune adolescente hocha la tête, et leva la tête de son livre.
« Bien sûre grand-mère. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour m’en faire part ? » Charlie posa sur la table sa baguette et se rapproche de son enfant, prenant entre ses fins doigts vieillis son visage. Cela lui avait longtemps brisé le cœur de devoir privé d’un environnement familial sa petite fille, mais son bonheur et son bien être passé avant toute chose, bien avant elle d’ailleurs.
« Pour ton bien ma petite fille. Et tu le sauras bien assez tôt. » Sahar plissa les yeux, et comme à son habitude enfantine elle tira la langue à sa grand-mère, celle ci venant toucher du bout du doigts son front, repoussant légèrement ce dernier en arrière. Charlie venait souvent rendre visite à son fils et à sa famille. Profitant de ces quelques jours pour éduquer Sahar sur les traditions familiales, ainsi que sur les membres de sa propre famille.
« Pourquoi ne m’aimeraient-ils pas, grand-mère ? » Cette dernière souffla du nez et reposa son dos le long de son fauteuil, levant les yeux aux ciels.
« Il n’est pas question d’amour ma jeune enfant. C’est malheureusement bien plus compliqué que ça, et tu sauras en temps et en heure de ce que j’essaie de t’expliquer. Il y a des choses qui ne sont compréhensibles qu’une fois qu’elles sont vue de nos propres yeux. Tu feras bientôt la connaissance de ta famille, et alors tu jugeras par toi même, Sahar. » L’étudiante d’Ilvermorny hocha une nouvelle fois la tête avant de reprendre sa plume et continuer le court que lui donnait sa grand-mère.
« J’ai hâte de les rencontrer grand-mère, je me sens un peu seule ici tu sais. » Charlie caressa la main libre de Sahar avant de lui embrasser le front.
« Je sais. Ce n’est plus qu’une question de temps. »▬▬▬▬▬
« Sahar ! Qu’est-ce cela veut dire ?! » La jeune sorcière se rapprocha de ses parents, droite, le regard plein de colère.
« Je n’ai pas accepté qu’on maltraite cette jeune sorcière pour ses origines, alors je l’ai défendu. Il n’y a rien de plus à comprendre. » Son père fit valser quelques documents de sur son bureau, énervé.
« Il suffit. Ce n’est malheureusement pas à toi de faire la loi entre les murs d’Ilvermorny. Des professeurs sont là pour faire régner l’ordre. Ce n’est pas à Miss Avery de lever la baguette en leurs noms. » La jeune femme croisa les bras, et soupira longuement avant de s’avancer du bureau le regard plus déterminé que jamais.
« Il n’est pas question de faire régner la loi, ou de la jouer professeur, père. Il est question de ne pas laisser des sangs-purs comme nous ridiculiser d’autres sorciers car leur famille est moins connue que la leur ! Tu aurais laissé un moldu se faire persécuter sous tes yeux, pour son rang familial ? Alors que ce dernier est plus doué en magie que quelqu’un de notre sang ?! Je n’espère pas père. » Ilyès frotta ses tempes avant d’agiter sa baguette pour classer les papiers qui avaient volés quelques minutes auparavant. La jeune sorcière avait le don de ne pas supporter l’injustice. Surtout lorsqu’il s’agissait de venir humilier un moldu ou un cracmol sur ses origines. Sahar partait du principe qu’on ne pouvait juger un sorcier qu’à sa capacité à pratiquer, de n’importe quelle manière qu’il soit, et non sur le sang qui coulait dans ses veines. Il n’était pas rare de la voir se dresser contre certains camarades sang-pur à l’école, pour une mauvaise remarque ou un regard en coin.
« J’ai fait ce qu’il me semblait correct père. Je suis désolée de vous avoir déranger, ou d’avoir désobéit à grand-mère et sur la discrétion qui nous est obligatoire, mais je ne pouvais pas rester dans un coin en silence et détourner le regard. » Son père s’adossa à son fauteuil et soupira longuement à son tour. Sa fille était têtue, et son sens aiguisé de la justice lui causerait bien des ennuis plus tard. Mais en réalité il n’en avait que faire. Il était fier d’elle. De son sens des priorités et surtout de ce regard déterminé à être écouter.
« Je te demanderai juste d’être moins éloquente et plus discrète la prochaine fois. » Sahar leva les yeux au ciel et acquiesça. Elle se retourna comme pour partir de la pièce mais fut rapidement arrêté dans son élan.
« J’ai discuté avec Charlie aujourd’hui. Il est temps que tu rejoignes Poudlard. L’année prochaine sans doute. » La jeune femme esquissa un large sourire, et alors qu’un rayon de soleil frappa sa peau brune, elle fit virevolter sa chevelure églantine tout en marchant vers la porte de sortie. Joyeuse.
« Merci. »