❝ c'est beau la folie | Pv. Samuel

c'est beau la folie

Tu avais écarquillé quand tu avais reçu ce sms. Un seul message, après des tas que tu avais envoyé. Après le silence que tu t'étais imposé. Le sien te faisait mal, mais tu avais finalement capitulé. Tu étais restée muette également, impassible face à son mutisme. Détruite par son misérabilisme.

Tu n'avais pas répondu, comme pour lui infliger ce qu'il t'avait fait subir. Idiote Andy, allais-tu y aller ? Il ne méritait même plus de t'apercevoir, même de loin.
Ta raison te disait de ne pas bouger mais ton coeur te hurlait d'aller l'écouter. Entendre ce qu'il avait à te dire lui qui n'avait cesser de te rejeter, au prix d'une idéologie que tu désormais tu combattais. Comment allait-il le prendre ? Tu t'en fichais.

Tu enfiles tes sandales, une robe blanche par dessus une veste d'été aux couleurs de gryffondor et tu étais parti. Ton insigne de préfète et le pin's des renards bien en évidence. Il était 13h30 à Poudlard, mais 20h30 déjà au Japon. Prête à traverser le portail, tu jettes une dernière fois un regard à ton école adorée, serrant le poing pour traverser plus d'un continent pour retrouver celui que tu détestais aimer.

Mahoutokoro était magnifique, il était dommage que ce soit de nuit que tu foules sa terre pour la première fois. L'air marin vint tout de suite oxyder tes narines et il y avait beaucoup de vents, qui secouait les arbres aux horizons.
Tu dévales les escaliers de la tour pour rejoindre les jardins, te perdant un petit peu entre ses bois, sans sortir de la zone. Ta lampe torche pour t'éclairer, tu attendais un signe de vie. Finalement, un craquement sur une branche te fit sursauter et tu te retournas pour éclairer l'intrus d'une lumière aveuglante.
Samuel.
Il était là.

Ton coeur se serre et ton expression se durcit alors. Tu te forçais malgré toi à assumer une allure froide et distante. Tu ne voulais pas lui donner ce plaisir, c'était trop tard.

— « Je suis pressée. Crache le morceau, je n'ai plus de temps à te consacrer Samuel Hassan. »

C'est beau la

folie.

feat.

Andy

Savait-il ce qui l'avait poussé à envoyer ce message ? Que trop bien. Mais... il préférait encore faire taire ces drôles de pensées, Samuel. Cette petite chose, cachée tout au fond de la poche de son manteau, trahi les émotions qui l'agitent.

Les émotions. C'est interdit, les émotions. Elles vous rendent faible ; vous font vous raccrocher à d'inutiles petites choses qui causent votre chute. Il les exècre, Samuel. Et une vicieuse petite voix lui chuchote de s'arracher les restes de son cœur avant qu'il ne le trahisse. Elle lui chuchote que la fin n'est plus très loin ; peu importe ce que ça signifie.

L'obscurité si parfaite, troublée par une lueur qui ondoie et se rapproche. Un pas ; il fait craquer une branche sous son pied, Samuel. Et ses paupières se closent pour un instant, avant de dévoiler à nouveau le noir si parfait de ses yeux. Un noir qu'aucune lumière ne saurait venir percer ; un gouffre sur son âme suppliciée.

"Et bonsoir à toi aussi, Ollivander. Moi qui te croyais avoir si... désespérément envie de me voir. Mentir ne t'a jamais réussi."

Et il se rapproche, Samuel.

"Très touchant, tous ces petits messages."

Encore un peu.

"Presque aussi amusant que cette histoire de petits renards."

Les nouvelles allaient vite, ces temps-ci. Une armée au rabais, formée par le rouquin mégalomane qui lui sert de frère. Pathétique. Tellement pathétique que ça lui arrache un ricanement, à Samuel.

"Votre petit club n'a pas encore organisé de sortie au zoo ? Ah..."

Et peut-être que sous ses moqueries se cachent l'envie désespérée de lui faire comprendre que malgré les efforts, ils n'auront aucune chance. Le peu de conscience des plus misérables qu'il reste à Samuel voudrait qu'elle l'entende ; animé par la rage secrète qu'elle n'ait jamais choisie de le suivre, lui.

Awful

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Tu croises son regard et son rictus te glace le sang. Tu voudrais lui cracher au visage, le punir sauvagement de son arrogance envers toi mais tu ne fais rien. Tu restes immobile, concentrée à garder la mine la plus fermée possible. Tes poings se serrent à sa remarque et tes yeux vont chercher le sol cette fois. Tu as honte, honte de sa vérité que tu confondrais presque avec la tienne. Il a tellement tort, et pourtant tu sais qu'il a raison.
Au fond. Tu l'aimerais presque un peu trop dans ce qu'il t'est permis d'aimer.
Il était cette âme que tu voulais terriblement sauver, pour le salut de la tienne. Et il refusait, il continuait de s'obstiner.

— « La ferme Hassan. Je te l'ai dis, je... » Tu déglutis, de plus en plus émotive. « Je n'ai plus d'énergie à te consacrer. J'ai essayé et tu n'as cessé de... Pourquoi es-tu là ce soir ? »

Tu recules à mesure qu'il s'approche, droite et fière. Ton coeur bat si fort que tu aurais pu en faire un malaise. Tout était question d'attitude, tu devais réussir ce soir à le convaincre de revenir avec toi, de recouvrer le droit chemin avant qu'il ne soit trop tard, et que tu ne puisses plus rien pour lui.

Il sait, très bien.
Au moins, la propagande était arrivée jusqu'à ses oreilles, il t'enlève une partie du travail. La gorge sèche, tu fais mine de rester sourde à ses remarques belliqueuses.

— « Fenry Williams est legilimens. Charlotte Rosier est legilimens. Même si je me suis tut sur ton compte, mon silence n'y changera plus rien. Ils veulent neutraliser les élèves de Poudlard ayant rejoint The Crow. »

Tu le toises, mais c'est pour mieux dissimuler ton inquiétude. A tes yeux, son choix n'avait été que désespéré, corrompu par cette entité manipulatrice.

— « Et le zoo serait plutôt de votre côté. J'espère que ce chien de Bergling restera à sa place la prochaine fois. Et que toi... et que toi tu ne m'abandonneras plus aux mains de ce malade. »

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Andy

Tentait-elle de la prévenir à son tour ? Qu'elles viennent. Qu'ils viennent tous, mais qu'ils sachent à quoi s'attendre. Et il n'hésitera pas instant, Samuel.

Pas plus qu'elle n'hésite à l'accuser de l'avoir abandonnée, de l'avoir livrée à Bergling. Un reproche qu'il ne saurait souffrir, Samuel. Et elle se tord en une grimace animale, sa bouche. Il en montrerait presque les dents ; une bête enragé.

"Je t'ai abandonnée ? Moi, je t'ai abandonnée ? Redescends sur terre, pauvre fille ! Tu peux m'accuser de bien des choses, mais de ça... Tu ne peux t'en prendre qu'à toi et à ton petit ego surdimensionné ! Je t'avais prévenue ! C'est toi, qui as sous-estimé ce fils de chien en refusant d'entendre ce que je t'avais dit..."

Tant d'un côté que de l'autre ; des allégeances plus complexes que ce que l'on veut bien avouer. S'avouer.

Il traîne des choses bien sombres au fond de son être dérangé, Samuel : des fascinations qui le torturent. Et elles l'enchaînent pour mieux le dévorer, pour mieux laisser mourir sa voix.

"Tu n'as jamais voulu m'écouter. Tu penses que tu es trop bien pour ça. Mais... qu'importe à quel point tu te forces, tu te remémores toujours mes mots. N'est-ce pas ?"

Il observe l'obscurité comme s'il pouvait y discerner une quelconque vérité, Samuel. Et quelque chose de plus grand semble les entourer ; le froid de la nuit s'impose jusque dans les cœurs.

"N'est-ce pas ?"

Il veut l'entendre, Samuel.

Awful

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Ses yeux. Ils sont en colère. Tu serres les poings si fort que tes ongles s'enfoncent dans la paume de ta main, jusqu'à saigner. Le liquide rouge vient couler le long de tes poignets et s'écrasent en petites gouttes sur l'herbe verte de l'école japonaise.
Tu aurais voulu lui hurler dessus mais ta mâchoire se contracte, tu ne sais pas quoi répondre. Toi Andy Ollivander, tu n'as plus les mots pour le contrer.

Pauvre fille.
Tu baisses la tête comme une enfant coupable, sourcils froncés et lèvres pincées. Tu te remets en position pour la prochaine attaque, tu reprends des forces pour le prochain affront. Car vous n'arrêtez jamais n'est-ce pas ?

N'est-ce pas ?

— « Je... »

Tu déglutis, amère. C'est vrai qu'il t'avait prévenu. Et cette pensée te soulève un haut-le-coeur. Inconsciemment, tu as toujours agis avec supériorité, comme si c'était la seule manière de réussir à le soumettre. Sauf qu'il était de ces chiens sauvages qu'on ne met pas en cage. Tu ne pouvais le supporter, et tu étais inexorablement attirée par ces ténèbres qu'il légitimait.

— « Tais toi. »

N'est-ce pas ?

— « TAIS-TOI ! »

Les larmes avaient coulé sur ta joue, plus d'une fois. Mais cette fois c'était des pleurs de colère, d'une rage folle. D'une folie incontrôlée. Tu t'essuies les yeux d'un revers de manche rapide, et te remets sur pied. Mais face à ses yeux noirs, ta main ensanglantée vient se glisser dans la sienne. Et quand tu t'en rends compte il est trop tard, tu t'écartes d'un air désolé.
Tu l'avais sali.

— « Je suis désolée. »

C'est beau la

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Andy

Le sang frais vient tâcher la paume de sa main. Il pourrait presque venir lécher ce liquide rouge pour le faire disparaître, Samuel. Son imagination folle, elle lui en fait sentir l'odeur enivrante, elle lui laisse une saveur imaginaire sur le bout de la langue.

Et il rattrape la main ensanglantée qui a cherché à quitter si tôt la sienne. Il la préfère poussée à bout, Samuel. Des pensées vengeresses prient pour qu'elle souffre, qu'elle ait mal. Il sert sa main lavée de son sang dans la sienne.

"Il paraît qu'il est d'usage d'accepter les excuses qu'on nous fait..."

Samuel, il s'est un peu perdu. Son être balance entre l'envie de connaître l'objet exact de ses excuses, et le besoin d'ignorer.

Sa seconde main vient se glisser dans sa poche, touchant du bout des doigts le petit paquet à la simplicité presque arrogante, comme pour s'assurer qu'il n'a pas disparu. Et pendant un instant, il hésite, Samuel. Ce serait s'exposer au rejet... Ce serait s'exposer à la moquerie... Et bien qu'il y soit d'habitude insensible, il sent une angoisse ravageuse le prendre aux tripes. Il a mis si longtemps à la choisir...

Elle lui reprocherait encore de n'avoir rien fait pour elle ; un horripilant refrain.

"Si tu es là, c'est parce que j'ai quelque chose à te donner."

Quelque chose de dangereux.
Quelque chose de beau.

Awful

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Malgré sa colère, il est presque doux. Il te maintient en vie, dans cette douce agonie. Peut-être qu'il était vraiment le méchant de ton histoire.... Mais tu voulais pourtant y croire.
Il t'arrache une grimace alors qu'il serre sa main dans la tienne, t'empêchant de t'échapper de son emprise. Le sang colore alors ses doigts, dévore sa raison.
C'est beau la folie.
Surtout la sienne.

Il te pardonne et tu fronces les sourcils, rougissant comme s'il venait de faire un affront. Tu lèves alors le doigt comme une hystérique et t'écrit pour être sûr qu'il t'entende. Joues gonflées et la mine boudeuse, tu ne te serais pas reconnu si tu avais été votre spectatrice.

— « Non mais, heureusement que tu acceptes de me pardonner !! »

Mais il te calme aussitôt, avec le petit paquet qu'il te tend. Là, aucune réaction de ta part. Tu fixes le présent, puis son visage, puis à nouveau le présent. Hébétée par une quelconque attention de sa part, tu décides de l'ouvrir en silence. Tes yeux s'écarquillent alors de stupeur, quand tu extirpes d'une paquet une bague ornée d'une pierre semblable à un rubis (tu ne savais plus vraiment quoi penser).
Les lèvres tremblantes, tu jettes un regard interrogatif à ton meilleur ennemi.

Hein ?
Tu finis par étirer un rictus narquois, et lui assène d'une petite tape sur l'épaule.

— « Qu'est-ce que ? Tu me demandes en mariage ou quoi haha ? »

En réalité, il devait y avoir une explication derrière la symbolique de cet objet. Le deuxième garçon qui te passe la bague au doigt depuis le début de l'année et ce n'était toujours pas Felix. A croire que ton petit-ami était en retard, mais au vu de la relation tendue qui vous animait, tu savais pourquoi.

— « Elle cache quelque chose, n'est-ce pas ? »

Tu étais tellement loin de te douter à quel point.

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Andy

Le petit paquet entre ses mains ; elle l'ouvre pour laisser apparaître cette bague si spéciale. Au fond, tant mieux, si elle se moque. Tant mieux, si elle ignore jusqu'au bout la véritable nature de ce cadeau ; les secrets qu'il renferme.

La douleur.
La pestilence.

Parce qu'un bijou qui ne serait pas habité par la mort ne saurait trouver grâce aux yeux de Samuel. Elle a raison de se méfier, Andy. Elle a raison de se méfier de ces cadeaux corrompus. Ils reflètent ce poison qui coule dans ses veines et qui noie tout son être ; le poison qu'il chérit et qu'il s'applique à cultiver.

Et il est bien étrange, le sourire de Samuel. C'est un sourire qui fait frissonner ; qui trahit consciemment l'existence d'un secret, mais qui choisit de se taire. Un sourire, à la fois beau et laid.

"Je l'ai bel et bien achetée, si c'est ce qui t'inquiète..."

Il se joue de sa peur, Samuel ; comme un félin s'amuse avec sa proie avant de la saigner avec acharnement. Submergée par ses interrogations ; il l'observe un temps avec une étrange fascination. Que se passera-t-il, quand elle comprendra ?

"Elle ne te fera pas de mal."

Pas à elle.

"J'aimerais que tu le portes pour... dissuader les individus tels que Bergling, à l'avenir. J'espère ne pas m'être trompé de couleur."

Il sait bien que non, Samuel.

Awful

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Il y avait quelque chose de terrifiant en lui, et c'est ce qui le rendait terriblement attirant. Les lèvres tremblantes, tu ne sais quoi répondre, ni comment réagir car en vérité ta méfiance lentement s'étiole. Son sourire fait baisser ton regard vers le sol. Tu observes longuement la bague aux reflets écarlates, écoutant ses motivations d'une oreille distraite. Il y avait une ambiguïté qui te rendait mal à l'aise, dans son attitude, mais tu préférais taire cette reflexion, te laissant abandonner dans cette affection ((à sa manière)) qu'il te portait.

Tu étais une Reine, et à la lente montée de ton empire, la manipulation - bienveillante - était toujours de mise pour récupérer ce que tu estimais t'appartenir.
Il en faisait parti.

— « Et toi Samuel, est-ce que tu vas encore me faire mal ? »

Ton regard était dur, mais il devait l'être d'autant plus pour dissimuler ta faiblesse. Tes cils démesurés papillonnent et lentement tu passes la bague à ton doigt. C'était plus fort que toi, ses mots t'avaient étrangement touché. Celui que tu attendais le moins s'inquiétait pour toi, et voulait te protéger.
Tu es vache de penser ça, Andy. Felix aussi souhaite te protéger, mais à sa manière, aussi douloureuse soit-elle. Pour ton bien et pour le sien.
Tes lèvres se pincent et tu rougis, dans le souvenir honteux d'un Felix en colère. Tu sens encore la prise de ses longs doigts sur tes poignets.
Et tu relèves la tête, les joues rosées. Tu espères qu'il ne va pas se méprendre, qu'il ne va pas croire que c'est lui qui te met dans tout ses états.

D'une voix peu assurée, tu fronces les sourcils.

— « Merci Samuel, j'espère que j'en ferai bon usage. »

Quelle ironie.

— « Si tu n'avais... que ça à me dire. Il serait temps de mettre un terme à notre rencontre. »

Tu te tournes dos à lui, bras croisés, frigorifiée par le vent d'un printemps hostile. La lune avait éclairé votre union, et quémandait le drame de votre séparation.

C'est beau la

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feat.

Andy

Il lui fait mal, Samuel ? Il lui fait mal ? Ce sont des mensonges. Oui ; juste des mensonges. Tout est toujours de sa faute à elle. Et si c'est vrai, c'est bien Andy qui l'a toujours cherché. Parce qu'elle le provoque, elle aime le pousser à bout puis pleurer comme si elle le regrettait. Et il sait bien que c'est faux, Samuel. Il le sait depuis le premier jour.

Toujours à le repousser comme un pestiféré pour se permettre d'oublier la réalité, Andy. Mais elle revient toujours, de toute manière. Et il choisit de se taire, Samuel. Répondre serait lui donner raison. Il fixe son regard loin d'elle, sur un arbre distordu. Un arbre déformé ; il lui ressemble, à Samuel...

Un léger sentiment de satisfaction tente de se frayer un chemin entre ses entrailles. Qui sera la bien malheureuse victime de ce cadeau ? Il ne peut s'empêcher de déjà s'interroger, Samuel. Il se réjouit des malheurs à venir, et d'un orage qui s'annonce au loin. Toujours cet étrange et désagréable sourire.

"Je n'en doute pas."

Et il s'approche. Il vient doucement poser sa main sur son épaule pour la guider vers le sentier, là où l'ombre des arbres se fait moins menaçante.

"Tu ne vois aucun mal à faire un bout de chemin en ma compagnie, n'est-ce pas ? Et puis... chacun rentrera bien chez soi."

Et le silence les entoure. Dans la pénombre, il peut presque deviner la texture de sa peau qui réagit au froid. La chair de poule ; une barrière entre lui et son sang. Pensées sombres.

Awful

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Tu restes sur tes gardes Andy, un peu méfiante. Mais ses paroles avaient tendance à t'endormir. Tu voulais te raccrocher à tout ce qu'il pouvait y avoir de bon en lui. Sans te douter qu'absolument tout était déjà en train de pourrir autour de toi.
Sa main sur ton épaule, tu poses tes doigts dessus, frissonnes légèrement au contact de sa peau, avant de lui faire enlever prise. Ton regard le toise avec froideur un instant, et tu finis par soupirer d'une faiblesse que tu n'osais pas assumer.

— « Très bien, c'est d'accord. »

L'optimisme presque utopique qui t'animait voulait te faire croire que tu aurais moyen de le convaincre. Qu'il pourrait changer de camp pour toi.

— « Samuel. Tu as encore une chance de te rallier à nous. De te rallier à moi. Avant qu'il soit trop tard, et que ça se termine devant la justice, si jamais tu es pris. »

Tu te mords la lèvre, sautant par dessus une racine qui dépassait du sol. C'était un peu gênant, quand même. Vous n'aviez jamais raconté des banalités. A croire que c'était pas ton genre surtout, de faire causette pour faire causette. Tu le scrutes du coin de l'oeil, détournant parfois rapidement le regard en rougissant lorsqu'il captait le tien.

— « C'est comment chez les Corbeaux ? Vous faites des plans pour dominer le monde, des trucs dans le genre ? »

C'est beau la

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feat.

Andy

Se rallier à elle ? Il se lasse de ses tentatives, Samuel. Le bon côté. Le mauvais côté. La justice. Tout semble futile, quand on se sait l'instrument d'un dessin plus grand. Un dessin transcendant. Il ne craint pas la fin, Samuel. Il attend le nouveau commencement ; la libération. Et il murmure.

"L'unique jugement, c'est devant le Créateur qu'il se tiendra."

Elle ne sait pas, Andy. Elle ignore les informulés que dissimulent ces mots. Il ne l'acceptera pas, la justice des Hommes, Samuel. Il ne s'y laissera pas soumettre. Il se libérera de ses chaînes, jusqu'à gésir dans son propre sang. Il est fou, le rire qui s'échappe de ses lèvres.

Et il l'observe le scruter, comme s'il était un objet parmi d'autres au milieu d'un abject cabinet de curiosité. Il y trouverait sa place, entre deux autres erreurs de la nature, son être répugnant.

"Un défilé de faibles, d'incapables et d'hypocrites inqualifiablement méprisables ; à quelques exceptions... Néanmoins, chacun se voit attribuer sa petite mission ; de quoi se sentir important."

Et il se remémore cette interminable réunion, Samuel. Une mascarade des plus sordide, entouré d'êtres tout aussi révulsants...

"The Crow sait mieux que quiconque ce que je pense de ses ... recrues ; il sait tout. Comme il finira par connaître chaque détail de cette rencontre."

Awful

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Tu te mords la lèvre. Il te frustre, il est insupportable. Tu voudrais faire l'enfant, qu'il cède à tes caprices et le quitter s'il s'y refuse.
Mais tu ne fais rien, tu te contentes de sourire faiblement, pliant et dépliant inlassablement tes doigts comme si tu avais des fourmis dedans.
Il faisait presque peur à parler ainsi, mais ça ne t'impressionnait plus.

— « Le Créateur hein.. A croire qu'il s'abat sur moi pour me punir, en ce moment. »

Depuis tant de jours, tu te retenais de pleurer. Tu avais du mal à avaler la pilule, à accepter cet échec qui te rongeait plus que tu ne voulais l'avouer. Tu étais parfois lasse d'être plus forte que tout. C'était épuisant.

— « Je vois... Peut-être, peut-être qu'ils pensent tous ça de toi aussi. »

Tu t'arrêtes, soudainement éprise d'un manque d'air. Le vent soufflait fort dans ces forêts domptées par l'homme. La magie provenait de la nature, et celle-ci se rebellait.
Le Créateur, on en revenait toujours à ça.

— « J'ai perdu Hassan. J'ai perdu celui qui comptait le plus à mes yeux. Peut-être plus que tout ce combat. J'ai perdu Felix et je devrais pleurer.»

Le sel brûle tes yeux. Rougies par les larmes qui forcent à sortir. Le poing serré tu te laisses tomber (tu t'assois) sur une souche d'arbre.

— « Ce monde. Il avait promis de le brûler pour moi. »

La rage déforme ton visage.

— « C'est moi qui le brûlerait à sa place. »

Et dans ton regard se reflète l'idée même de vos deux corps au milieu des cendres de cette forêt.

C'est beau la

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feat.

Andy

Qu'importe ce que les autres pensent ? Les "peut-être" ne signifient plus rien ; parce qu'il s'en moque, Samuel. Sans s'abstenir, il crache sur tout ça. Il crache sur ces gens comme s'il les maudissait, comme s'il les condamnait à tomber pour seulement avoir existé et croisé son regard.

En silence, il l'observe sombrer, Samuel. En s'appliquant un peu, il pourrait presque entrevoir ce cœur meurtri qui la force à se recroqueviller pathétiquement sur une souche. Et de toute sa hauteur, il vient se pencher près d'elle, Samuel. Il lui murmure comme un monstre murmure dans ses cauchemars à un enfant.

"A quoi bon pleurer une perte qui te rend plus forte, Andy ?"

La rage, elle se fait vectrice d'incroyables choses. Elle révèle votre véritable nature.

"Crois-tu qu'à ton âge, on ait encore besoin d'aide pour brûler quoi que ce soit ? Les promesses ne sont jamais tenues qu'à moitié ; particulièrement celles qu'on croit faire en toute bonne foi... Ne t'attache pas aux faibles, Andy. Ne t'attache pas à ceux qui n'auront pas la force d'aller jusqu'au bout. Ils sont jetables."

Ils vous ralentissent, les incapables. Il sait, Samuel. Personne n'a jamais porté ses combats mieux que lui-même. Et tant pis s'il faut les porter jusqu'à en crever... Comme un chien.

"Te sens-tu trahie ?"

Qu'elle le dise.

"Te sens-tu abandonnée ?"

Awful

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