Tu t'étais promis de ne plus laisser la rancoeur gagner. Tu t'étais promis de ne pas te laisser envahir de nouveau. De te calmer. De cesser toutes ces conneries et de ne plus te laisser consumer. Tu avais même fais des excuses. Tu pensais avoir compris. 

Mais non. Non. Tu avais envie de jeter cette promesse au loin. Juste pour aujourd'hui. Juste pour cette fois-ci. Personne ne t'en tiendra rigueur. Personne ne te le reprochera. 

N'est-ce pas ?

Tu n'en avais réellement parlé à personne de ça. Tu avais juste glissé ta haine sans subtilité. Mais jamais tu n'avais dis que tu passerai à l'acte. A personne. Alors, personne ne te demandera ce que tu avais fais. Personne ne te le reprochera et personne ne t'arrêtera. Il n'y avait personne. 

Juste lui. 

Il s'arrête. Il t'as vu, il se méfie déjà alors que tes pas s'accélère et que ton poing est déjà fermement serré. Et lorsque tu étais assez proche, tu semblais vouloir mettre tout ton poids dans ce dernier. Mais il aurait été bien trop beau que le coup soit parfait, que le coup frappe et le sonne tout de suite. Non...non, tu t'étais loupé Ezra. Tu avais bien frappé Bergling mais pas suffisamment fort, pas suffisamment visé. Et tu n'avais pas vu la baguette. Pour toi, il n'y avait plus de baguette. Andy l'avait brisée en même temps que son hideux visage. Pour toi il n'y avait rien. Il était offert à tes poings. 

Juste une dernière fois.  

« Sérieusement Bergling ? Tu as l'audace de montrer ta face à tout le monde ? Qu'est-ce qu'ils en ont pensé tes copains ? Qu'une cracmolle puisse te vaincre aussi facilement. Qu'elle puisse te laisser cette marque ? »

Tes mots respiraient la haine, tes poings tremblaient animés par cette colère qui te gagnait de nouveau. Aurais-tu oublié à quel point cela t'avais tant fait du bien par le passé pour te sentir de nouveau ainsi ? 

Mais tu avais déjà perdu, fade petit serpent dont l'argent était terni...Tu avais déjà perdu à cause de ta stupidité, à cause de ta haine qui une fois de plus t'avait aveuglé.
  

Tout avait le don de t'irriter, sa voix, ses gestes mais surtout le fait que tu avais été suffisamment stupide pour penser que tu t'en sortirai comme ça. Qu'il aurait juste pu se contenter de t'humilier sur place et de te laisser en paix. N'était-ce pas un peu naïf, d'avoir espéré ça ? Oh si...si ça l'était. Et terriblement. 


Une meilleure idée ? Ah...alors quoi ? T'allais finir dans sa cave ? T'allais être un truc pour qu'il fasse mumuse ? Était-il si tordu que ça ? Ah la terrible ironie du sort. Encore une fois, tu t'étais frotté à trop haut.

Et il y avait cette sale impression quand tu avais regagné finalement conscience. Tu n'étais pas dans un lieu que tu connaissais, aucun repère rien. Tu avais gigoté rapidement les mains, les pieds, sentant alors les liens et tu avais assez vite abandonné toute idée de te débattre. Ca lui ferait trop plaisir. Tu soupires, n'accordant même pas un regard à ton geôlier. Rien. Tu fixais juste le plafond trop sombre, trop froid. « J'en déduis donc que c'est monnaie courante aussi chez les rats d'enfermer autrui
après l'avoir ligoté. » Les paroles avaient été lâchées sur un air las, presque blasé, presque lassé. Un air qui voulait dissimuler une peur qui grandissait au creux de ton ventre, une peur de l'inconnu. Une peur de ce qui viendrait après.  Alors, tu ne voulais pas que le bleu de tes yeux ne te trahisse une nouvelle fois, te refusant à fixer la moindre chose animée, la moindre chose vivante. Tu fixais cette minuscule tâche sur le plafond et c'était bien ainsi.
  

Je crois bien que tu as peur. Non. Non. Tu ne veux pas l'admettre, tu ne l'admettras pas. Et pourtant, tu ne peux pas t'empêcher d'être crispé. Le sentir encore plus proche te fait sentir ce sale frisson le long de ta colonne, avalant douloureusement ta salive. Tu te mûres dans un silence dans le quel tu ne veux pas sortir. Tu serres les dents et tu tentes d'ignorer, tu tentes de ne pas entendre. Tu penses à autre chose.

Et il pousse encore plus loin. Il te soulève par le col, il se rapproche encore plus. Et ton regard ne peux plus l'éviter. Tu es obligé. Et dans ton regard, c'était ce mélange de haine et de peur qu'il y avait. C'était ce regard qui avait peur de la suite mais qui voudrait bien lui faire payer tout ça. Et tu le sais, qu'il lira tout ça. La mâchoire serrée, tu laisses des mots s'échapper, la voix qui était grave et qui portait étonnamment si peu elle était comme presque murmurée. « Honorable ? Qu'est-ce qu'il y a d'honorable là dedans, Bergling ? Tu penses y gagner quelque chose au final ?»
  

Et il te raconte alors son palmarès et cette haine se transformait en dégoût. « Par ma perte ? Si tu veux vraiment faire du mal à du monde, il aurait peut-être fallu choisir un autre profil plus populaire, tu penses pas ? » Le regard, cette fois-ci, ne se détache pas. Tu n'essayais pas de sauver ta peau, tu voulais juste lui montrer que tout cela ne serait peut-être pas autant satisfaisant qu'il l'espérait. (du moins tu l'espérais aussi.)

Et lorsque qu'il s'amuse à te narguer avec son vin, lorsqu'il commence à le verser sur toi. Tu te retiens de te débattre, tu retiens de gigoter ta tête dans tous les sens, fermant les yeux, crispant les traits comme pour te protéger. Et une fois qu'il eu finit tu secouais un peu ta tête, comme pour chasser les quelques gouttes qui n'avaient pas encore coulé. « T'y gagneras rien à faire ça. Rien. Ah, si...un aller pour Azkaban ? »
  

Tu aurais presque voulu lui rajouter des paroles, tu aurais presque voulu ajouter que tu te serais véritablement délecter de voir Andy lui faire bien pire. Parce que tu savais qu'elle en était capable. Tu l'écoutais, sans rien rajouter, ton corps entier raide, tendu au possible parce que tu avais peur de la suite et que tu mentais en disant que non, tu te mentais en disant que tu n'avais pas peur. Que tu ne le craignait pas. Tu aurais pourtant tant aimer pouvoir l'affirmer sans flancher. Était-ce donc là, la limite de tout ton courage, de cette sois-disant force que tu aimais tant montrer pour impressionner, pour que l'on te laisse en paix ?

Et pour ses remarques pour Azkaban, tu voulais tant qu'il échoue, tu voulais tant qu'il tombe de son faux piédestal et qu'il ne remonte jamais. Il était si sûr de lui, si fier de son nom, de sa personne. Comme si l'argent réglerai le tout.

La mâchoire serrée alors que tu entends le bruits d'objets qui sont déposés à tes côtés et qu'il s'exclame, heureux, impatient de commencer. Tu n'ouvres pas les yeux, ton corps est bien plus tendu que jamais et tes poings étaient serrés, les ongles rentrés dans le creux de ta paume te faisant presque saigner. Tu aurais voulu faire encore une fois le malin. Mais cette fois-ci, ta voix ne voulait pas sortir. Il y avait cette boule au fond de ta gorge qui t’empêchait de parler. Cette boule qui t’empêchait de lui demander une dernière chose.

Tu souhaitera un bon appétit aux Détraqueurs de ma part.
  

Tu es pris par la gorge, suffoquant encore, recherchant désespérément de l'air mais impossible, tu n'y arrivais pas et la douleur continuait encore et encore. Sa main desserrée brutalement tu pouvais finalement respirer, suffoquant bruyamment pendant de longues secondes. Incapable de faire quoi que ce soit. Et sa gifle ? Tu ne l'avais même pas sentie, trop occupé à chasser la douleur qui prenait ta gorge, trop occupé à reprendre tes esprits entièrement. Trop occupé à chasser les douleurs que tu imaginais encore dans ton corps entier après le sortilège.

Et tu l'entends de nouveau mentionner Hennessy, puis Dove. Il n'avait pas prononcer son nom, mais tu savais que c'était elle, parce que ça ne pouvait être personne d'autre. Et tu comprenais encore plus, que tout ce que tu avais fais là, ça n'engageait pas que toi et que les quelques personnes qui comptaient à tes yeux allaient prendre les conséquences. Le peu de personnes que tu chérissais allaient en pâtir et ça te faisait encore plus mal d'admettre ça, bien plus que tout le reste.

Tu te mûre alors dans un silence de plomb, les yeux rivés sur ce qu'il avait pris en main. Et tu avais beau te répéter sans cesse de te calmer, de respirer et de ne pas tes crisper pour atténuer la douleur, tu n'y arrivais pas, tu faisais l'exact contraire. Tu avais beau te mordre les lèvres pour ne pas lui donner le plaisir de t'entendre hurler de nouveau, tu n'y arrivais plus, ta voix se déchirait encore alors que tu sentais la lettre brûler ta peau, s'ancrer à jamais sur ton torse. Tu continuais de gigoter, de te faire encore plus mal car incapable de te contenir. Et tu sentais des larmes qui roulaient le long de tes joues mais elles n'étaient en rien aussi douces que de l'eau, tu avais l'impression qu'elles déchiraient ton visage au fur et à mesure qu'elles coulaient, qu'elles avançaient le long de ton visage. Et tu avais honte, si honte de te retrouver ainsi, encore à peine conscient, à peine certain de pouvoir distinguer quoi que ce soit.