Ce n’était clairement pas un temps à sortir. Un vent glacial, de la neige humide (jusque là tout va bien), … tout ce qui pourrait convaincre un Serdaigle de rester bien au chaud dans son lit. Mais pas Hécate. Ce matin, elle a une mission. Une tâche importante. Un prénom griffonné sur un papier, quelques informations en bataille au milieu de tâches de peinture. Mégane. Patinoire. Violon qui dépote. Alors la jeune fille timide s’était retrouvée à traverser tout Poudlard pour se rendre dans un endroit encore plus hostile. Encore qu’elle n’avait pas prévu de passer sur la glace, mais tout de même. La fumée sortait rapidement de la bouche gelée d’Hécate, en rythme assez soutenu. Et finalement elle arriva sur place.
Miss Sinclair se stoppa et observa le bâtiment. Il fallait être malade pour s’enfermer dans cette boîte à eskimo quand l’extérieur s’apparente presque à un congélateur. Pourtant Hécate avait fait son choix. Elle avait trouvé un programmateur pour son projet, ainsi qu’un bêta testeur. Elle-même se chargerait du design. Pour une fois que quelque chose qu’elle tentait de mettre en oeuvre se révélait bien partie, elle n’allait pas abandonner ! Il lui manquait donc un scénariste et un commercial. L’idée d’un(e) compositeur/rice lui était venue à l’esprit en jouant à Pokemon : sans le son, le jeu manque de charme. Quant à sa future recrue, elle avait tout bonnement demandé au club de musique les têtes de listes de leurs membres. Et son choix s’était naturellement porté sur Mégane. Sans la connaître.
Les poings serrés, le pas déterminés, le bonnet bien vissé sur la tête, Hécate franchit la porte. L’espace était plus vaste qu’elle ne l’aurait cru, et vide. Ça relevait du bon sens. Ou presque vide. Là sur l’étendue immaculée, une étrange créature s’adonnait à un balais des plus agréables à regarder. Il sembla à Hécate qu’elle virevoltait, dansait, volait, et riait en même temps. Peut-être que le froid avait trompé ses neurones, lui offrant un tableau un peu exagéré de la situation.Peut-être pas. C’était donc cette personne si gracieuse, Mégane ? Hécate l’envia. Une telle assurance était prodigieuse, et laissa la jeune fille subjuguée un court instant. Elle trouva finalement la force de s’avancer vers les barrières. Se souvenir de ses objectifs, s’exprimer clairement, avec fierté et confiance ! Bien plus facile à dire qu’à faire … Elle se matérialisa Castiel derrière elle, en train de lui botter le cul et de serrer les dents, et Olympe lui susurrant que “le loup n’a aucun maître, il ordonne”. Ah. Ses jambes dansaient des claquettes. Pas sûr que ça vienne du froid.
Hécate se ressaisit, et tenta d’ouvrir le dialogue. ”Mégane ? …” parfait, les souris t’ont peut-être entendu, mais pas les gens normaux. “PARLE FORT” comme lui répétait Gus, le cuisinier de Beauxbâtons. ”PARDON ! Je m’appelle Hécate et je cherche …” qui ? Un coup d’oeil sur l’antisèche, prévue justement en cas de stress. ”Mégane ! Je m’appelle Hécate et je cherche Mégane ! J’ai quelque chose à lui proposer.” à moins de mourir de froid.
On peut sortir une québécoise de l’hiver, mais on ne sort pas l’hiver de la québécoise ! Comment ça, ça ne veut rien dire ? Bien sûr que si ! Le point à retenir, c’est que je me réjouissais des températures froides, de la neige qui tombe et des nez rougis. Ces changements climatiques m’évoquaient mon pays natal, quand bien même je m’en mordais les doigts. Je suis canadienne, j’ai une réputation à tenir, pas question de trembloter de froid comme une idiote à -15. Alors j’ai fait comme tout québécois qui se respecte : j’ai sorti ma paire de combines pour les porter sous mes jeans. Ajoutons à ça les bas de laine, les gants, la tuque et le foulard bleu et bronze. Avec mon attirail, en plus de mon manteau et de mes bottes bien sûr, j’étais fin prête à sortir, direction la patinoire. Ça n’égalerait probablement pas nos longs moments de déambulations en famille sur la rivière L’Assomption ou les petits beignes de notre kiosque préféré, mais au moins ça me permettrait de m’adonner à une activité que j’aimais bien.
Patins au cou, attachés par les lacets et portant toujours les protège-lames évidemment, j’avais gagné la patinoire. Et ce n’était pas des petits patins blancs tout mignons de danseuse étoile, non monsieur ! Je préférais de loin de bons gros patins plus sportifs, parfaits pour le hockey, juste au cas où. On ne sait jamais quand on va se faire offrir un bâton et qu’on aura l’occasion de s’échanger la puck. Peut-être faisais-je preuve d’un peu trop d’enthousiasme, surtout considérant que j’étais seule, mais il faut savoir profiter des petits plaisirs de la vie, quitte à le faire sans compagnie. M’asseyant sur un banc, je retirai ma première botte pour mieux enfiler mes patins. Sur la glace, une autre élève m’avait devancée, s’amusant à faire toutes sortes de figures et de ne je sais quoi. Ouais ouais, c’est ça. Donne-toi en spectacle, madame la patineuse artistique. Je soupirai en retirant mes protège-lames, faisant sans doute preuve d’un peu de mauvaise foi. Mais bon, chacun sa scène. Certaines se produisent en spectacle sur une patinoire, d’autres dans un récital de musique. Chacun sa chance de briller dans son domaine. Je quittais tout juste mon siège lorsqu’une nouvelle venue attira mon attention en haussant la voix. Je m’appelle Hécate et je cherche… Mégane ! Hey, ce serait pas moi ça ? Je m’approche, curieuse, mais la patineuse étoile est plus rapide, étant déjà sur la glace, et s’arrête près de la bande, face à la dénommée Hécate, du mépris plein le visage.
« Il n’y a pas de Megan ici, bye bye ! La glace est occupée ! »
« En fait c’est moi, je suis là. Bonjour. »
Je m’approche avec un sourire amical, rendue plus grande par mes patins, faisant précautionneusement un pas devant l’autre pour ne pas m’étaler au sol. Ce sera plus facile lorsque je serais sur la patinoire, mais passons. Dans l’immédiat, je suis surtout contente de saluer madame la star d’un petit mouvement de la main en faisant mon entrée. Mal élevée jusqu’au bout, elle lève les yeux au ciel et s’éloigne, retournant faire ses pirouettes plus loin. Au moins nous sommes débarrassées, pour l’instant. J’en profite pour reporter mon attention sur Hécate, m’adressant à elle avec ma douceur habituelle.
« Alors, tu voulais me proposer quelque chose ? Tu es venue ici pour patiner toi aussi ? »
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Re: Dabb on ice ☾ Mégane Mar 25 Juin - 19:20
△ dabb on ice
Hécate en aurait pleuré. De déception, de frustration, de honte, de colère. Comment pouvait-on être si talentueuse, et pourtant aussi exécrable ? Pourtant les artistes sont des êtres passablement ouverts d’esprits et habitués aux erreurs non ? La louve elle-même se considérait comme sympathique (bien que parfaitement effacée, y a pas à discuter là-dessus) et n’aurait jamais eu l’idée de s’adresser ainsi à une personne. Les sourcils froncés, elle fit la moue, sans savoir quoi rétorquer devant cette face si hautaine et soudainement bien moins séduisante. “Casse-toi la figure sur la glace, méchante personne !” non ! Pardon, et voilà, si elle tombe Hécate s’en voudra toute sa vie ! Ce n’est pas dans les cordes des loup-garous hein de jeter des mauvais sorts ? Elle se sentit finalement transpirer, dans un endroit pourtant glacial.
Toute cette réflexion lui avait semblé durer une éternité, et pourtant il ne s’était écoulé qu’une seconde dans le monde réel. Une seconde où une personne charitable était venue à son secours, la faisant moins passer pour une idiote. Une gentille bouée de sauvetage qui empêcha la Miss Sinclair de renoncer et battre en retraite vers la sortie. Elle est grande. Elle est jolie. Elle semble douce. La blondinette jette un nouveau regard à la patineuse détestable, qui regagnait déjà le coeur polaire du bâtiment. Un Pikachu se matérialisa dans la tête d’Hécate, débutant une danse de la victoire et terminant en pointant le doigt vers Mégane. A choisir, elle préférait s’être trompée que devoir faire équipe avec une pimbêche. Même si jamais elle n’aurait eu le cran de l’avouer. Hécate tenta de lui rendre son sourire, mais l’angoisse du moment présent devait changer le geste amical en grimace désagréable.
C’était quoi ton texte Hécate ? Tu la cherchais pour quoi déjà ? Tes papiers ! Revenant soudain sur Terre, la demoiselle de Serdaigle relu rapidement ses notes. Etrange comme entrée en matière. Piètre gestion des relations humaines. Mais c’est toujours mieux qu’un éternel silence. Elle prit une grande inspiration, comme Wendy le lui avait appris. Elle visualisa le fil de son monologue à venir, et sauta dans le grand bain. ”Bonjour Mégane, je m’appelle Hécate.” oui … tu l’as déjà dit. ”Pour … patiner ? Sur des lames acérées ? Sur l’étendue glacée dure comme du béton ? Merci mais je n’ai pas prévu de décéder tout de suite.” l’humour, une bonne entrée en matière non ? Hécate rit de bon coeur, même si le niveau de comique ne vole pas bien haut. Au moins c’est sincère : faire patiner Hécate reviendrait à donner une tronçonneuse à un gamin de 8 ans. Mais là n’est pas la question.
L’esprit un peu moins dissipé, elle range finalement ses notes dans son gros manteau. Quand il s’agit de son projet, les choses viennent de manière plus fluides. Enfin, quand elle est dans le bain. La demoiselle se lance donc. ”Pour faire court, je monte un groupe de personnes pour réaliser un jeu vidéo et on recherche quelqu’un pour réaliser notre bande son. Il parait que tu as un talent indéniable, et que Vivaldi pâlirait s’il t’entendait jouer. Tu crois que ce genre de chose pourrait t’intéresser ?”. Elle ne passait pas de pomade Hécate, c’était quelque chose qu’elle ne savait pas faire. Elle était sincère, de A à Z. Intriguée aussi. C’est violent le violon comme instrument. Parfois on pourrait le confondre avec les gémissements d’un animal blessé. Souvent elle sentait son poil se hérisser de souffrance en entendant cet instrument. Et pourtant, il paraîtrait que la mélodie de Mégane pourrait adoucir un tauros endiablé.
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