[EVENT #8] Andy & Samuel (première partie)

C'était étrange Andy. Tu aurais pensé passer le bal de fin d'année aux bras de Felix. Le voir à côté d'une amie d'enfance, une sang-pur, tu comprends en souriant qu'il a réussi à passer la page. Ton coeur se serre mais c'est un regard tendre que tu lui accordes lorsqu'il passe devant toi. Seule devant l'entrée, dans ta robe noire en dentelle.
Tu avais longuement hésité à porter celle qu'il t'avait offerte l'année dernière. Mais tu aurais trouvé cela déplacé, tu n'avais pas réussi. Cela restera un souvenir dans le fond de ton armoire, dans ta chambre d'adolescente.

Mais ton cavalier, ton cavalier... Qui était-il cette année ? Samuel Hassan, le chevalier noir qui avait déserté Poudlard. Tu ne sais même plus ni comment il t'a proposé de venir au bal, mais c'était de son initiative, ça tu en étais sûre. Et dans l'ombre de tes doutes les plus amers, tu avais accepté. Quelqu'un voulait encore de toi, et c'était dans cette tenue légère que tu noyais ta mélancolie.

Tu regardes l'heure sur ton portable, sur le qui vive. Le regard enflammé prêt à tout décimer. Tu serais une reine ce soir, et dans la solitude tu serais couronnée.
Une silhouette fugace se faufile et capte ton regard. Tu sais que le visage de ton cavalier te sera étranger, car Samuel s'était procuré du polynectar. Avait-il honte ? Etait-il lâche ? Peut-être que tu l'étais toi, mais un sourire avec ourlé tes lèvres purpurines lorsqu'il s'était planté devant toi.

— « Je n'aurai jamais deviné que tu savais danser. Quel honneur tu me fais de te présenter ici, Samuel. »

La tenue:

Ce visage ne t'était nullement familier. Il était étrange de discerner sa folie derrière ses petites lunettes rondes. Un correspondant américain... C'était bien ton genre. Il te commençait à te cerner. Il allait être plus compliqué d'expliquer à tes meilleurs amis Harry et Joy, qui était ce jeune homme et pourquoi ils en avaient pas entendu plus tôt. Depuis ta séparation avec Felix, tu étais devenu plus évasive et tu te plongeais encore plus dans le travail et les devoirs. C'était déjà sur-humain avant lui, son passage t'avait transformé en véritable bourreau.

— « Alden... C'est joli. C'est le vrai prénom du pauvre garçon a qui tu as volé ces cheveux ou cela sort de ton imagination ? »

Alors qu'il te guide vers l'intérieur de la grande salle, tu observes à quel point ceux qui s'occupent de la décoration de Poudlard se surpasse chaque année. Les lumières étaient symboliques, pour cacher l'ombre. Les élèves autant que les professeurs voulaient pouvoir oublier la pression du corbeau qui pesait sur leurs épaules depuis maintenant des mois. La présence de Samuel trahissait surement la présence d'autres traitres.

— « Me déplaire... Je suis plus étonnée par le fait que tu cherches à me plaire. »

Ton regard de feu se pose dans le sien. Inquisitrice mais surtout royale. Ton coeur battait fort dans ta poitrine mais tu t'efforçais de ne pas le laisser te trahir. C'était lui, et son pouvoir ((qu'il pensait contrôler)) qui commençait déjà à te faire tourner la tête.

— « Sa-...Alden ? Pourquoi es-tu ici ce soir ? »

Demandais-tu en sous-entendu, alors que tu l'entrainais déjà sur la piste de danse.

Tu rigoles à son sous-entendu. De manière jaune, car tu ne pensais pas vraiment qu'il aurait tué quelqu'un. Samuel n'irait pas jusque là, tu en étais convaincu. S'il était là ce soir, c'est que tu avais un minimum d'influence sur lui encore.... Et tu espérais réussir à éteindre ces ambitions noires le plus possible.

Tu n'étais pas de celles qu'on apprivoisait, Andy. Le monde avait changé, l'amour aussi. Tu avais trop longtemps aimé un certain garçon pour te convaincre d'être capable d'aimer à nouveau. Ce n'était plus une envie, ni un besoin. Il n'y avait que la justice, et ce que tu serais capable de construire en travaillant d'arrache-pied.

Qui danserait avec toi si je n'étais pas là ce soir ?
Tu prends cette question comme un coup de poignard, mais alors que tes yeux lui lancent des flammes, tu inspires profondément.

— « Un autre garçon, certainement. »

Tu plisses les yeux discrètement comme pour analyser sa réaction. Etait-il dans la manipulation ? Etait-ce un plan de son bien aimé corbeau ? Tu ne savais plus quoi penser, mais une chose était sûre, tu étais beaucoup trop stressée et tu ne souhaitais que te laisser aller.
Ses mains se posent sur tes épaules et tu frissonnes. La piste de danse semblait éteinte ce soir. Les autres n'étaient qu'un mirage, tu ne voyais que lui. Tu ne voulais voir que lui pour oublier.

— « Je te trouve bien présomptueux et sur de toi ce soir. Pour quelqu'un qui fuit les autres comme la peste. Pour quelqu'un qui n'a cessé de me rejeter depuis des années. »

Tes lèvres s'entrouvrent, tremblantes.

— « Qu'est-ce qui a changé soudainement ? Et comment est-ce que je pourrais te faire confiance ? »

Il était différent, Samuel. Si différent qu'il t'attirait comme si tu n'étais qu'un vulgaire moustique vers la chaleur. Tu t'efforçais pourtant de garder tes distances, mais il réduisait considérablement toutes les barrières que tu érigeais. Tu te laissais approcher désormais, moins sauvage, peut-être pour réparer ton coeur blessé.
Tu agonisais.
Tu cherchais ton idéal, et tu mourrais.

Tes rêves d'amour évanouis, la conquête était de retour sur la table. Samuel représentait l'interdit et le bizarre. Un alcool qui pourrait te faire cicatriser. A même la plaie.

— « Peut-être bien, oui... »

Sa main vient se saisir de la sienne. Tu rougis et détournes le regard, sourcils froncées, vexée de ta propre bétise. Ses lèvres viennent embrasser la bague qu'il t'a offerte et tes pieds s'enfoncent un peu plus dans le sol. Les jambes tendues jusqu'à avoir mal dans les tendons, tu finis par oser le regarder dans les yeux.

— « Arrête.. »

Ses mots étaient forts et peut-être pas assez filtrés. Ils étaient vrais, et tu avais du mal à le reconnaitre derrière ses traits d'emprunt.

— « Je te crois, c'est bon. Maintenant arrête ton petit jeu et va me chercher à boire, j'ai besoin de souffler deux secondes. »

Tu lâches ses mains et te met dos à lui, le poing serré contre ta bouche fermée. Les joues en feu, tu inspires par le nez lentement pour te remettre de ton coeur qui bat la chamade.
C'était quoi ça ?
Tu cherches Felix du regard, il danse avec Charlotte Rosier, une membre des Foxes et son amie d'enfance. Tu lui accordes un sourire quand ses yeux croisent les tiens. Ils allaient bien ensemble.

Mais tu avais d'autres chats à fouetter.
Surtout Samuel à dresser. Ou était-ce lui qui devait t'apprivoiser ?
Il revient et tu sursautes.

— « Samuel ? Est-ce que je te plais ? Ou est-ce encore un jeu de celui qui gagnera à la fin ? »

Il revient vite Samuel. Il se trahit, à chaque seconde à tes côtés. Il n'arrive plus, à te rejeter comme il le faisait avant. Et c'est à la fois satisfaisant et effrayant. Etait-ce un piège qui se refermait sur toi Andy ?
Felix avait occupé tes pensées pendant si longtemps (depuis presque toujours) et il était encore là, dans un coin de ta tête. Samuel t'attirait car il était son extrême opposé, et tu avais besoin de l'oublier. Sinon tu partais à la dérive. Alors oui, il était un besoin.

Quand il t'avait répondu cela, tu avais d'abord arqué un sourcil, comme si ce n'était pas la réponse que tu attendais de lui. Tu avais accentué ton regard en silence comme pour vouloir dire "tu es sûr de toi ?" Et ce n'est qu'en réfléchissant silencieusement que tu compris ce qu'il voulait dire. Sa nicotine, son addiction. C'était peut-être romantique, si on ne connaissait pas l'animal.

— « Flattée. »

Un sourire sec et voilà qu'il te retourne la question. Tu manques de cracher dans ton verre et roule des yeux de manière agacée. En vérité, tu tentes de dissimuler ta gêne Andy. Face à lui, tu te caches derrière des barrières et des comportements prédéterminés. Tu savais que s'il en était autrement tu serais vulnérable, il te boufferait.
Mais la vérité Andy, c'est que tu rougis à pleine pommettes et que ta tête tourne. Felix n'est plus sur la piste, ton coeur se serre.

— « Tout pareil Samuel, tout pareil. »

Tu recules un petit peu, pour retrouver ta sécurité, mais tu es déjà tombé Andy. Et cette fois tu n'arrives pas à te relever.
Et tu te demandais le coeur battant s'il comptait en profiter.

C'était le moment. Le moment ou Samuel semblait faire acte de faiblesse. Dans son regard si lisse par rapport à d'habitude, la potion était troublante. Car tu reconnaissais sa voix, ses mimiques, son attitude... Mais ce n'était pas lui à proprement parler.
Tu avais honte de préférer ce visage doux à ses traits austères. Mais Felix était encore trop dans ta tête pour que tu puisses totalement t'en défaire. Et ce petit air malin sous ses lunettes rondes te faisait penser à lui.

Ses lèvres s'approchent et ton coeur se serre. Est-ce qu'il allait osé ? Allait-il avoir l'audace de t'embrasser, toi, Andy Ollivander ?
Au fond ton coeur brisé l'espérait un peu.
C'est lui qui te rendait faible et tu mettais trop de temps à t'en rendre compte Andy. Il te gangrenait l'âme peu à peu.

Mais elles s'ourlent sur le coin de ta bouche. Tu t'empresses de rougir, lâchant la main qui tenait la tienne. Etait-ce encore une de ses tortures ?

— « Samuel... Tu es vraiment décevant. Même la dedans. »

Un sourire était accompagné de cette brimade pour lui rappeler que tu ne lui voulais pas que du mal. Il aurait pu se permettre, en retrospective.
Mais alors que tu allais rire à ce moment gênant, les portes s'ouvrirent brusquement et tes souvenirs se teintèrent des ténèbres.