[EVENT #8] Dove & Ezra (première partie)

Coeur allégé. C'était à ça que tu t'attendais en entendant sa réponse. Et pourtant il n'en était rien. Ton coeur se serrait encore un peu plus si bien que tu avais l'impression que tu allais tourner de l'oeil d'une minute à l'autre, si bien que tu avais l'impression que tout allait s'arrêter une fois de plus. Mais cette fois-ci tu ne voulais pas que cela ne cesse. Cette fois-ci cela te faisais tu bien et tu voulais rester ainsi encore un peu plus longtemps. Tu n'avais aucun souvenir de savoir si tu t'étais déjà senti ainsi, à ce point, aussi fortement et la réponse était évidente : ça n'avait jamais été le cas. Jamais tu ne t'étais senti aussi angoissé en attendant la réponse de quelqu'un, jamais tu ne t'étais senti aussi soulagé en entendant cette dernière. Jamais tu n'avais autant prêté d'attention à quelqu'un ou été inquiet à ce point. Probablement que l'on te demandera quelle mouche t'avais piqué et tu ne saurai quoi répondre.

Et lorsqu'elle te pose cette dernière question tu laisses un petit instant de silence. Avais-tu envie d'essayer. Essayer d'être un peu plus que ce que vous étiez maintenant. Essayer d'être ensemble. Ironiquement, la réponse te paraissait aussi évidente qu'égoïste, ironiquement elle te brûlait déjà les lèvres et tu les avais pincées pour ne pas qu'elle sorte de manière trop abrupte. Ta main venant prendre la sienne dans une délicatesse étonnante tu posa ton regard dans le sien. « Juste essayer ? » Dans le fond de ta voix l'on pouvait entendre une nervosité qui restait coincée dans le creux de ta gorge, elle était là, coincée, à retenir ta voix d'avoir une quelconque intonation modulable. « Je sais pas si je pourrais faire que "essayer" pour être honnête. » Pas après tout ce temps passé sans se réaliser quoi que ce soit. Pas après tout ce temps passé sans être capable de voir la réalité, pas après avoir vécu tout ça. Tu te disais que essayer, n'était plus assez, que vous aviez déjà passer l'étape de l'essai, que vous aviez déjà vu des épreuves.

Et maintenant, tu ne voulais plus faire que essayer. Alors, comme pour confirmer, comme pour ne pas la laisser penser un seul instant que ta réponse était négative tu viens de nouveau lui voler un baiser alors que tes mains resserraient un peu leur étreinte.
  

Tu le vois à son regard qu'elle n'avait pas tout à fait compris ce que tu voulais exactement dire. Mais elle ne prend pas plus peur que ça, alors peut-être que les fausses nuances étaient les seules choses en trop ici. Peut-être aurais-tu juste du te contenter d'un simple oui et mettre de côté tes envies, mettre de côté ton égoïsme. Ton regard dévie vers ses doigts tout fin qui viennent de nouveau se nouer avec les tiens.

Lorsque sa voix vient de nouveau se glisser dans tes oreilles tu poses de nouveau tes iris dans les siennes. Tes sourcils se lèvent lorsqu'elle veut "reprendre", lorsqu'elle inspire comme si elle se préparait à dire quelque chose de crucial, d'important. Tu restes quelques temps sceptique sur la manière qu'elle a eu de te redemander la chose, clignant des yeux rapidement avant de pouffer discrètement de rire. « Voila que maintenant on dirait presque une demande en mariage. »

Tu serres un peu plus sa main à ton tour, ayant l'air faussement pensif. Ta réponse, tu l'avais déjà donnée, mais fidèle à toi-même tu avais ce sens de l'humour douteux, tu avais cette envie de taquiner, d'être un peu chiant en toute occasion. C'était ta manière de décompresser, d'être bien. « Alors faisons ça bien. » Raclement de gorge, il y avait cette petite lueur de malice dans ton regard, celle qui se voulait un peu provocatrice, celle qui voulait dire que tu étais un peu redevenu un gamin au fond. « Je le veux.» Cela sonnait probablement ridicule d'un œil extérieur, ça l'était sûrement et tu t'en moquais un peu. Tu laisses un souffle s'échapper de tes poumons alors que ton cœur semblait terriblement léger au point d'en être presque douloureux.

« Est-ce que c'est le moment ou je te dis que je suis insupportable et qu'il est trop tard pour reculer ? » Maintenant cette expression d'enfant fier de ses bêtises, tu te tenais droit, Ezra et tu la regardais droit dans les yeux sans avoir peur de quoi que ce soit, sans réprimer une quelconque négativité. Il n'y avait pas de colère, pas de peur ou de jalousie ce soir. Tout ça était parti bien loin de toi et tu en étais persuadé à cet instant.