Maison aux abords de Manchester, un soir.
Tu te réveilles en sursaut.
Il y a du vacarme en bas. Tu en es certain. Est-ce que c'est Maman qui a encore renversé une bouteille de rhum parce qu'elle en a trop bu à la bouteille ?
Tu décides de descendre.
Tu étais déjà un garçon responsable, même du haut de tes huit ans.
Les pas grincent sur le plancher des escaliers. Et étrangement il n'y a plus de bruit dans la cuisine. Tu te risques d'appeler ta mère malgré que toutes les lumières soient éteintes.
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Maman ?Aucune réponse. Juste une odeur de souffre et des légers frottements contre le sol. Des pinces qui se cognent entre elles.
Tu comprends trop tard.
Elle est hors de contrôle.
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Arrête !Ses crochets s'agitent et ses huit yeux si noirs te fixent avec une folie animale. Il n'y a plus rien d'humain quand elle boit autant d'alcool. Elle perd sa lucidité... la seule émotion la rattachant à sa vraie réalité.
Tu voudrais crier mais ses pattes te retiennent contre le mur.
Allais-tu mourir ici ce soir ?
Ton pouvoir ne répond pas, ton corps est juste paralysé par la peur.
Plusieurs secondes s'étaient écoulées alors que son dard essaye de t'atteindre sans succès. Mais alors que tu penses le combat perdu d'avance, son corps informe est projeté contre le sol. Une seconde arachnide, bien plus petite et menu l'avait écarté. Ta petite soeur.
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Magnolia ! Retourne te coucher ! Elle n'est pas elle même, elle va te faire mal !Mais des hommes avaient déjà transplané devant votre maison et venaient de stupefixer votre porte d'entrée. Ils étaient trois, portant l'insigne du ministère sur leur poitrine.
La scène paraissait surréaliste, un gamin dans un salon en ruines, entouré de deux accromentules immobiles.
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Ne leur faites pas de mal... ! Ce sont des maledictus ! C'est ma mère et ma soeur !▬
Pas de panique petit, nous sommes du département des mystères. Tout est sous contrôle.▬
Qui.. Qui vous a appelé..Tu avais le souvenir incertain que c'était à cause de ce genre de gars que ta mère vous faisait déménager sans cesse.
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Votre voisin, il avait pour consigne de nous prévenir s'il se passait des choses étranges.Vous n'étiez en sécurité nul part.
Ta soeur venait de reprendre sa forme originelle. Elle était bien plus petite que toi, malgré seulement un an de différence. Ses cheveux noirs étaient coupé dans un carré plongeant et elle portait un pyjama bleu nuit.
***
Département des mystères, le lendemain matin, dans une salle isolée.
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Je suis désolé gamin, ta mère ne retrouvera pas sa forme humaine. Il semble qu'elle ait atteint sa limite.Il t'avait annoncé ça comme une mauvaise nouvelle qu'il était facile de surmonter, sans aucun tact. Sa main tape ton épaule.
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On a pas de père. Ou va t-on aller avec ma petite soeur ?▬
Ta soeur vient avec nous aussi, sa malédiction est potentiellement dangereuse pour elle-même. Et toi, tu seras placé en famille d'accueil. Désolé, petit.Qu'on t'enlève ta mère, c'était déjà trop.
Mais qu'on t'enlève Magnolia te semblait être une profonde injustice.
Tes cheveux s'étaient teint sous la colère d'un léger blond vénitien et tu t'étais avancé pour le pousser en arrière avec fureur.
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Hors de question que vous l'emmeniez avec vous ! J'ai juré de rester avec elle quoi qu'il arrive alors...L'homme à qui tu avais à faire ne semblait pas avoir très bien pris cet acte de résistance vu la gifle qu'il te retourna en se redressant. Mais c'est après t'avoir frappé qu'il remarqua comme illuminé la couleur de tes cheveux, revenant peu à peu à la normale.
▬
Mais tu es... ***
Domaine du clan Erskine, quelques jours plus tard, devant la grille.
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Tu verras, tu te plairas ici.▬
J'ai pas envie qu'on m'adopte.▬
Tu feras gentiment ce qu'on te demande, tu sais ce qu'il arrivera à Magnolia, sinon.▬
Vous ne pouvez pas la retenir ! Elle n'a rien fait de mal !▬
Peut-être que si tu te tiens correctement, tu la reverras bientôt...Tu pestais intérieurement. En a peine quelques jours, tu avais vu ton libre arbitre et celui de ta soeur complètement bafoués. Comme si l'avis d'enfant n'avait pas lieu d'être. Tu observas rageusement les alentours du lieu ainsi que la vieille bâtisse qui se dressait au centre des jardins au loin, d'un air de dégoût.
▬
Je reviendrai te chercher le week-end prochain, Eros.***
Dans le salon des Erskine, autour d'une grande table ronde.
Il faisait bien plus chaud à l'intérieur. Le feu crépitait dans l'immense cheminée tandis que la mère de famille préparait du thé.
Une petite fille, de l'âge de Magnolia (et c'est ce qui faisait le plus mal) te tournait autour avec curiosité.
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Qu'est-ce que tu regardes sale thon ?Eros ! S'était exclamé le père, comme s'il était choqué des premiers mots que tu avais prononcé chez eux.
***
Les premiers temps, tu ne sortais quasiment jamais de ta chambre. Et quand tu le faisais, tu faisais exprès de te perdre dans les grands jardins qui entouraient le vieux château.
Cet endroit était une prison ou on t'avait placé, pour attendre désespérément le vraie châtiment de ta peine.
De la fenêtre de ta suite, tu l'avais revu au bout de trois mois.
Devant la grille, à attendre.
Tu avais descendu les escaliers, traversé l'allée, pour le rejoindre.
Son sourire toujours plaqué aux lèvres comme s'il était confiant, l'insigne du ministère accroché sur son costume.
▬
Elle.. Elle va bien ? Ou est-elle ?▬
Patience, Eros. Toi et moi avons de grandes choses à accomplir.- Tu veux en savoir plus ?:
— Ta mère s'est transformé pour la dernière fois (et pour toujours) à l'âge de 37 ans. Ce qui est plutôt jeune, mais l'alcool avait ravagé son système.
— Ton père vous a abandonné à la naissance de Magnolia. Il n'a pas supporté de devoir passer sa vie aux côtés de deux maledictus, surtout qu'il avait peur des araignées.
— Tu as été placé à l'adoption par la famille Erskine, un clan écossais de sorciers qui désirait adopté un second enfant pour cause de stérilité.
— Magnolia, ta soeur, a été enlevé par un homme dont l'identité t'échappe encore aujourd'hui.
— Il te menace maintenant depuis tes huit ans d'atteindre à la vie de ta soeur si tu refuses de céder à ses caprices. Plusieurs fois par an, il t'envoie faire des missions d'infiltration qu'il juge "nécessaires" et se sert de ton pouvoir de métamorphomage.
— Ce même homme t'a entrainé pendant des années afin que tu maitrises ton don. C'est passé par des heures et des heures à reproduire de nombreux visages. Très éprouvant psychologiquement et physiquement, mais qui a porté ses fruits.
— Et tu n'as toujours pas revu ta soeur, hormis en photo.