(end) le chant des retrouvailles ft. Cassiopée

Il y avait cette occasion, celle de se changer les idées et d'oublier un peu tout ce qui se passait. Alors, évidemment, tu n'as pas vraiment hésité. Tu venais à peine de reposer les pieds dans cette vie que tu avais quitté, ne te donnant donc pas l'occasion de rencontrer ceux que tu avais côtoyés pendant des années ; mais déjà des paroles, des on dits, des rumeurs et tu semblais encaisser les nouvelles qui pleuvaient sur tes épaules avec une force déconcertante ; presque dérangeante, il faut l'avouer.

Un hochement de tête, un haussement d'épaule et l'envie de s'échapper, de prendre un peu l'air, juste pour pouvoir un peu mieux respirer. Alors, oui, tu n'avais pas hésité une seule seconde pour t'élancer vers elle. Vers vous, peut-être, un peu plus.

Elle est magnifique, tu sais. Et pas que physiquement. Et sa voix aussi, possède un talent qu'on ne peut lui enlever. Tu l'observes de tes orbes trop claires avec une admiration empreinte de nostalgie. Tu t'imprimes dans la rétine le moindre de ses mouvements, ses lèvres qui se mouvent et portent la force des mots, sa cadence et la puissance de ses traits - t'as comme l'impression que ce moment dur éternellement.

Tu as un peu d'appréhension.

Pas que tu n'ai pas confiance, mais plus dans le sens où ça sera la première personne à savoir ton retour et, tu ne sais pas, c'est un peu bête ; tu sais, cette peur un peu normale qui noue le ventre quand tu t'apprêtes à revoir quelqu'un qui t'as manqué et que tu n'as plus vu depuis longtemps - comme si tu allais perdre tes manières et ta façon d'être.

Ridicule sans pouvoir rien y faire.

Mais tu as perdu assez de temps, Ezéchiel.

Alors vient le dernier souffle, le dernier regard et ce sourire qui fait tambouriner ton palpitant de plaisir ; t'as l'impression de la retrouver avant même qu'elle n'en soit au courant. La foule l'acclame et c'est à ce moment que tu t'échappes, que tu te décales, que tu attends le moment pour la retrouver vraiment ; et alors, l'instant arrive et tu espères te glisser dans les coulisses de ce club où elle jouait, sans encombre.

Quelques pas et les voix tonnent de ravissement, avec des personnes de tout horizons que tu ne connais pas - jusqu'à apercevoir cette blondeur caractéristique que tu reconnaîtrais entre mille.

Tu t'avances et t'as le cœur qui cogne Ezéchiel.

– Tu m'signes un autographe ?

-- on sait jamais, dans quelques années.

Oh et le cœur s'envole, tambourine comme des battements d'ailes qui font abaisser tes paupières et la serrer contre toi avec une force monumentale. T'as le palpitant si faible, Ezéchiel, d'une émotion que tu n'as encore jamais connue, qui te fait presque tituber et - Oh ton cœur, Ezéchiel, bordel, à quel point t'avait-elle manqué ? Peut-être que tu le découvrais.

Et tes prunelles rejoignent l'humidité des siennes.

– Je suis tellement désolé... et c'est une complainte, une supplication, celle d'un pardon, d'une désolation de cette amitié, dont tu as trahis le contrat sans pouvoir rien y faire.

Oh, Cassiopée, ne sois pas trop dure avec lui.
Il a vraiment tout essayé.

Et tu la tiens Ezéchiel, d'une force nouvelle, tu plonges dans son cou, t'emmêles dans ses cheveux si semblables aux tiens, redécouvre cette odeur qui te fait soupirer d'aise, alors que tes dix doigts bien plaqués contre ses omoplates ne semblent pas vouloir se déloger.

– On m'a... plus faible qu'un murmure, plus fort qu'un soupir ...empêché de revenir. Je ne pouvais rien y faire, mais... je suis là maintenant et je ne compte pas partir. et tu lui devras des explications, tu en as conscience ; si faibles paroles pour des événements qui t'ont pris le cœur jusqu'à t'en rendre malade.

Et, pour la première fois, tu te décales un peu pour pouvoir la regarder, alors que tes mains se déplacent pour se poser sur ses joues, dans cette caresse qui espèrent effacer ses larmes qui sont de ton fait.

Et ton regard, Ezéchiel, se fait si tendre.
Ton sourire, se fait fabuleux.

– T'as été magnifique.

-- comme toujours, Cassiopée.

Une petite moue et un sourcil qui se hausse à sa réponse douce amère - mais tu ne répliques pas, tu préfères l'observer et détailler le grain de sa peau et la lueur au fond de ses prunelles ternie par tant de choses, Ezéchiel, tant de choses que ça t'en couperai le souffle si tu t'y attardais.

Et on porte sur nos épaules le poids de notre vie.

– T'as intérêt à rester il s'est passé beaucoup trop de choses pour accumuler le temps perdu !

Tu ne sais pas si tu dois en rire ou au contraire en être peiné ; un peu des deux, peut-être. Tu lui offres un sourire et hoche négativement la tête avec lenteur.

– Je compte pas partir. J'te jure, je me suis battu pour espérer revenir... Une histoire de famille et toute la merde qui l'accompagne... Enfin, je t'expliquerai... dans un lieu peut-être plus tranquille ou même au détour d'un verre, qui sait - et ça te serre le cœur.

– Et... ouais, j'ai conscience que j'ai zappé plein de trucs haha... ris-tu de façon un peu jaune en déviant légèrement le regard, de cette façon que tu avais de montrer quand tu étais embêté ou gêné C'est un peu le gros bordel... mais... et ton sourire revient, plus franc, alors que tu l'observes à nouveau avec tout l'intérêt du monde ...tu pourras tout me raconter. Je veux tout savoir ! des pires nouvelles au dernier ragot.

Après tout, tu pouvais bien tout entendre ; t'avais bien appris que ton ex était mort sans brancher, sans ciller - qu'est-ce qui pourrait te faire de l'effet ?

Mais mieux vaut ne pas trop parier, Ezéchiel.

– Ça te dirait de sortir ? J'te paie un verre.

-- avec cette envie d'être seule avec elle.

Le chant de son rire fait palpiter ton cœur de plaisir - et tu la trouves un peu plus belle à chaque fois que tu la regardes ; si tu ne portais aucun mérite à la superficialité de tes traits, elle, elle brillait dans ton monde en riant une seconde. Tu n'es que facétie et artifice, d'une beauté factice qui n'est là que pour manipuler et cacher une monstruosité bien gardée - alors qu'elle - oh, elle - chaque aspect de son apparence et de sa personnalité te fait un peu plus chavirer à mesure que tu la connais.

La chaleur de ses paroles accompagne la douceur de ses doigts et peut-être, peut-être que tu la tiens un peu plus fort ; t'as l'impression de n'être jamais parti, de vous retrouver comme si de rien n'était et ça gonfle tes poumons d'un sentiment rassurant - t'aimerais que tout soit aussi simple et évident que cet instant présent.

ne t'emballe pas
tu sais que c'est toujours ennuyant si t'es pas là

– Je sais, c'est pour ça que j'me suis grouillé de revenir, j'avais peur que tu meurs d'ennuies sans moi. et tes prunelles accompagnent ton sourire avec une facilité déconcertante que tu avais pourtant perdu il y a de ça, pas mal de temps.

A croire qu'elle te rend vivant.

– Emmène-moi où tu veux ma seule requête est juste un bon mojito. J'ai tellement de choses à raconter que je ne sais même pas par où commencer.

Et peut-être que ça te fait un peu plus sourire avec cette délicatesse qu'on tes zygomatiques à se manifester pour éclairer un peu plus ton visage - t'es rayonnant aujourd'hui, Ezéchiel - t'as l’incandescence de l'innocence ; le bonheur magnifie tes traits.

– Ok, alors on se pose à la première terrasse qu'on voit ! réponds-tu en marchant tranquillement sans pour autant la lâcher du regard.

– Tu as intérêt à ne m'épargner aucun détail !

Et très vite vous trouvez un endroit qui vous sied, alors que vous vous asseyez sans plus discuter avant de vous faire face à face et peut-être que ton visage se fait soudainement plus prudent, alors que tes lèvres se mouvent dans un questionnement inquiétant.

– Avant ça... Comment tu vas ? Je veux dire, depuis le temps... ?

Tu bascules contre le dossier de ton siège, alors que tu l'écoutes aligner ses premiers mots pour former des phrases qui te semblent pourtant tellement abstraites - loin de toute l'agitation, tu avais appris les nouvelles par les informations, évidemment, sans trop y penser vraiment, trop obnubilé par ta petite personne. Et en vérité, tu ne sais pas trop quoi y penser - tu te dis que tout ça est compliqué ; que tout ça est annonciateur de changement, de bouleversement, peut-être pour le pire, peut-être pour le mieux - tu ne sais pas où te placer dans l'éclat de ce combat.

Tu feras ce que tu penses être le mieux.
Le temps venu.

Au fond, elle ne te répond pas vraiment, comme si au final, elle faisait un peu avec, comme si, chaque jour était un peu plus compliqué qu'hier, mais elle avance, semble en bonne santé et elle ne semble pas impacté - elle aussi, ne préfère pas vraiment y penser.

C'est complètement absurde non ? et tu hoches vaguement la tête, perdu dans tes pensées, te demandant un instant si tu connaissais des gens capables de s'allier à sa cause - oh, oui, Ezéchiel, tu en connais - mais tu ne préfères pas y penser, alors tu chasses ces idées en reposant tes prunelles sur elle, alors qu'elle reprend, pour enchaîner sur le fait qu'elle ne veut pas en parler.

– Et puis il y a plus intéressant à dire, comme Haemon. Il faut que tu le rencontres. Il est à Gryffondor et c'est la meilleure chose qui me soit arrivé depuis ton retour.

Et là, là, tu t'éclaires, tu te penches sur ton siège, comme pour la regarder de plus près, comme pour t'approcher un peu plus de son éclat de joie - et ça te fait sourire, ça adoucis ton cœur de quelque chose de chaud, de quelque chose de beau ; il y a peu, peut-être aurais-tu ressentis cette possessivité étouffante envers elle, pour la savoir en compagnie de quelqu'un que tu ne connais pas - mais il faut croire que ces derniers mois t'ont fait comprendre plein de choses sur toi.

– Ooooh... t'exclames-tu avec ce sourire si caractéristique, à la fois heureux et un peu taquin Haemon ? Il est pas en... neuvième année ? Je le connais juste de vu... Alors ? Depuis quand ? Comment ? Il est gentil avec toi ? Y a intérêt, sinon je lui pète les dents. et tu t'excites sur ta chaise avant de l'observer avec avidité.

À l'écoute de son chant d'amour, tu vins déposer tes coudes sur la surface de la table et ton visage dans le creux de tes paumes - l'écoutant avec une intensité inégalée, parler de cette autre part d'elle-même.

Cassiopée est amoureuse. Cassiopée est heureuse. Quand elle chantonne ses phrases, elle porte ce sourire si singulier alors que ses prunelles semblent s'animer - tu ne l'as jamais vu comme ça, même si les mots ne sont que des mots, tu sens par son attitude et sa façon d'être, cette chose qui la fait palpiter ; et ça apaise peut-être ton coeur de la savoir à ses côtés.

Au côté de quelqu'un qui peut l'élever - parce que Cassiopée, Cassiopée elle ne peut qu'aller plus haut et plus haut encore, avec cette envie de toucher les étoiles - si elle voulait décrocher la lune seulement avec la force de son bon vouloir, tu sais que cela serait possible. Cassiopée mérite l'altitude des grandeurs et l'illusion du vertige - tu lui souhaites de ne jamais tomber, de tenir bien droits sur ses pieds et de ne jamais regarder plus bas qu'il ne le faudrait.

Et malheureusement l'instant s'effrite et se précipite à l'évocation de cette question - Oh Cassiopée, tu brilles si fort, pourquoi as-tu besoin de t'attarder sur ce sujet alors que tu pourrais continuer et briller plus fort encore ? Tu hésites à choisir la facilité des mots tempérés pour espérer maintenir son sourire - mais - Ezéchiel, tu lui dois des explications et de l'honnêteté face à l'absence endurée.

Ton jolie visage se pare d'une moue, alors que distraitement tu joues avec ton verre du bout du doigt.

— ... Un délire. Pas grand chose, si tu veux tout savoir. Ma mère voulait me garder à la maison, elle a pété une crise, voulait que j'obtienne ma licence à domicile… et du coup, elle a décidé que ce serait une excellente idée de me séquestrer au manoir… Si t'avais vu les moyens qu'elle a mis en oeuvre pour que je n'ai aucun contact avec l'extérieur…

Or, ce n'est pas Cassiopée qui semble perdre de son intensité - il semblerait que ta lumière s'amenuise, comme si ton aura perdait de sa splendeur à mesure que tu plaçais un mot après un autre ; comme si soudainement, la beauté se perdait pour ne laisser place qu'à une douce banalité - le monde entier ne s'arrête plus pour tes beaux yeux au moment même où ton coeur s'effiloche - quelle tristesse, Ezéchiel, cette solitude si soudaine.

— Donc… pas grand chose, c'était plus comme des mois en prison mais genre avec le confort en plus. J'perdais presque la notion du temps… mais bon… tu hausses les épaules J'ai réussi à la faire… craquer, on va dire et du coup, tadaaaa. Me voilà ! t'exclames-tu sans le moindre entrain alors que tu lui jettes un coup d'oeil.

— Mais bon, rien d'étonnant venant de ma mère, hein.

La tendresse de ses paroles laisses place à l'effusion de cette question qui fait démarrer ton palpitant au quart de tour - et peut-être que, délicatement, tu abaisses un peu le regard en caressant ta lèvre de tes dents ; un peu comme si, tu allais réaliser une confession.

— Non, tu es la première que je vois et je sais que Ollie me tueras pour ça... et tu sais toi-même que ce n'est pas vraiment vrai, qu'il serait sûrement plus ému qu'enragé ; la perspective de le revoir fait faire une embardée à ton cœur si fragile - il t'a tellement manqué, que tu pourrais en pleurer ; tu attends ses mots mordants et la maladresse de ses sentiments comme un assoiffé au besoin urgent de se désaltérer.

— Sinon... et tu laisses les mots en suspends comme pour te donner le temps de réfléchir à la formulation de tes pensées. Faire mention de ceux que tu aimais n'avait pas vraiment de sens à tes yeux - Ruben, Narcisse, Socrate, Cyrus, Brennan ; tu ne savais même pas ce qu'ils advenaient actuellement, ni même si tu les reverraient vraiment. De plus, tu avais l'infime conviction, qu'elle ne parlait pas de ce genre de relation.

tu penses à jay
pendant
un (seul) instant
mais c'est
absurde
pas vrai ?

— Non, personne en particulier !