Figaro et Zitta
Zitta et Figaro
les mêmes cheveux le regard identique
les parents désiraient un petit prodige et voilà qu'ils en ont deux, les métronomes
(presque)
synchrones
ils n'ont que quelques petites minutes de différence
(c'est Figaro le plus grand).
Figaro et Zitta dès le plus jeune âge
grandissent bercés par les ballades les préludes et les sonates.
Il y a les rues grisâtres de Moscou, et puis là au creux des premiers mois
l'insouciance de la maison.
Palpitante, où résonne toujours une chanson,
du piano, un orchestre, de chambre, symphonique,
philarmonique même parfois.
Dans le cœur des enfants il y a la magie et la musique qui cohabitent, l'aisance soufflée dans l'âme à la naissance
le père russe et fier veut les voir esquisser les sorts les plus élégants
la mère française et radieuse espère qu'ils auront toujours des mélodies rythmant les songes pour les rendre heureux.
Ville monochrome et foyer édulcoré
entre les deux univers se glisse des accords discordants
au moment de rentrer dans les rangs pour apprendre à faire comme les grands
Figaro et Zitta
sont réticents.
Façon chasse aux sorcières
on traque les trop espiègles à Durmstrang et
les premières années il faut avouer que c'est amusant.
On ne compte plus les
alohomora soufflés sur la serrure de la salle aux instruments pour jouer des morceaux à quatre mains
Fantaisie en Fa mineur au cœur de la sombre école
Zitta et Figaro se plaisent à rester des turbulents
un temps.
C'est peut-être la discipline évinçant la douceur qui force Figaro à imiter ses camarades il n'en peut plus de se complaire dans la fraternité fusionnelle il
en a marre de faire comme s'il n'avait pas envie de se sentir
à sa place.
Figaro
peut faire comme les autres aussi il n'est pas qu'insolent ce n'est pas
que de la gueule.
Il est capable de bomber le torse aussi et de prononcer des mots qui feraient rougir tous les bien-élevés et avec les amis il n'est pas question de langueur il faut être
piquant et acéré
avoir du répondant
quitte à mordre.
Figaro n'a plus que ça à faire d'appuyer sur des touches d'ivoire comme un bébé c'est un grand garçon maintenant
il joue au quidditch et il sort même avec d'autres filles
que toi
Zitta
sans Figaro
Figaro sans Zitta
finira par s'en mordre les doigts.
Le moment de revenir aux jolies mains
qui tremblent sans fin
faites pour le piano utilisées à si mauvais escient il a du mal à y croire il les fixe avec
de grands yeux hallucinés, tête basse, l’air hagard. Les longs doigts crispés, comme des griffes, qu'il tourne doucement, pour scruter ses phalanges abîmées.
Respiration
erratique,
et puis
quelque part derrière lui
des sanglots étouffés
et la pluie.
Quelques minutes auparavant.
Fin de l'entraînement, sous l'orage, batte à la main
Figaro cherche les cogneurs égarés.
Zitta ne vient jamais le voir jouer mais de toute manière qu'est-ce que ça change ? Ce n'est pas les encouragements qui font de lui un bon joueur et puis avec l'équipe ils rient toujours aux éclats
il n'a pas besoin de Zitta
pour s'amuser.
Même sous la pluie
même dans la boue.
Ce n'est vraiment pas un endroit pour toi Zitta
toi qui aime les jolies robes dans les tons pastels ici c'est bien trop salissant tu te tâcherais ça te ferait monter les larmes
alors
qu'est-ce que tu fais là
— Qu'est-ce que tu fous sous les gradins Zitta ??Figaro reconnaît ta silhouette fluette
(frêle) (trop)
qui émerge comme une âme en peine.
étoffe rouge carmin rendue poisseuse Zitta les habits
en lambeau
qu'elle serre entre ses doigts le col claudine décousu elle mord le tissu car les yeux vert d’eau débordent
tempête sur les lagons.
— ... Zitta ?Quelqu'un a glissé des orages sous ta peau
derrière toi
il reconnaît l'insigne de préfet
(c'est un ami).
Figaro et les copains
rient des filles parfois
toutes sauf toi Zitta
il menace les audacieux car à toi on ne touche pas Zitta.
Et tu avais beau dire que tu te méfiais
pressentant le méfait
Figaro avait chassé les inquiétudes à coup de moqueries
n'importe quoi Zitta jamais de la vie.Figaro sans Zitta
avait cru devenir fou.
Retour à l’instant présent.
Aux jolies mains qui tremblent (après avoir lâché la batte de bois)
dont le regard se détache enfin.
Sang gluant presque noir coupé à la boue contamine le sol dans une mixture immonde
couleur putride
sous le corps disloqué
le traître méconnaissable
qu'est-ce que tu as fait Figaro...l’arrière de la tête comme la coquille d’un œuf sur laquelle on vient de taper avec le plat du couteau le visage boursoufflé la pommette amochée le nez bosselé la bouche vermeil
le type respire encore
à peine
la nausée tout à coup.
Les sanglots.
Allumette dans sa robe décousue endimanchée comme lorsqu’ils allaient à l’Opéra avec les parents
Zitta abandonnée par les mélodies
terne, comme éteinte
vient s'échouer au cou de Figaro
et il l’agrippe lorsqu’elle se réfugie dans ses bras
et il la serre
l’étreint de toutes ses forces
aussi tremblant qu’elle presque.
Comme si l’enlacer éloignerait tout le mal.
— J’suis désolé Zitta,
j’suis désolé,
j’suis désolé,
pardon, pardon…Il se souvient.
Elle sentait la poudre,
et le thé noir
et la terre désormais.
Il serrait entre ses doigts ses longs cheveux couleur des siens.
Et il savait au fond de lui qu’il l’avait perdue
Figaro sans Zitta
pour de bon.
ϟ expulsé de durmstrang après car même si on a brisé zitta ça se fait pas de tabasser ses petits camarades comme figaro a fait
on règle les conflits à coup de baguette et pas à coup de batte
ϟ oubliette, la procédure suivie à la lettre, aucun des deux enfants ne seraient capable de pointer l'établissement sur une carte
ϟ zitta transférée à beauxbâtons, on n'a pas voulu de figaro à la belle école
ϟ le cœur en miette depuis qu'on l'a séparé de tout et surtout d'elle
agitato prestissimo