Chaire et Loque débarquent | Ft. Matou

Poudlard – Premier jour. 12h12.

Après un petit interlude navrant, dans cette Grande Salle navrante, déguisé en Jésus navrant, professant des paroles navrantes, le Breton choisit d’abandonner son rôle. Trop de responsabilités. Et trop dangereux. Une fois encore, Yann-le-Lâche a démontré qui était le Boss. Sans surprise, ce n’était ni Mattheus, ni Arthur. Passablement vaincu, sans même s’être battu, le Breton a donc quitté son plus fidèle ami pour s’habiller de nouveau normalement.  Finies les robes de prophète et les accessoires bibliques ; place au bellâtre de Serdaigle. Revêtu de son air le plus simplet, Arthur a joué dans les classiques. Cravate aux couleurs Serdaigle, chemise blanche et cardigan crado offert par sa sœur. Une horreur trouvée en friperie, certainement. Il y a tant de couleurs là-dessus que ça lui en donne le tournis. Mais puisque c’est un cadeau de sa sœur, il n’a pas le choix. Il doit le mettre.

Une fois prêt, Arthur déambule dans les couloirs. Il a beau marché droit – dans sa tête – tout fout le camp dans sa silhouette. Rien ne fonctionne. Sa cravate est de traviole, ses cheveux à l’est, son esprit à l’ouest et sa chemise confond les jours de la semaine. Tout est de traviole, même sa trajectoire. Dix minutes plus tôt, soit une heure et demie en réalité, il avait demandé à Mattheus de le retrouver le plus vite possible dans la cour, devant le château. C’est d’ailleurs là où le Breton se dirige entre mille détours. Comme d’habitude, il y va lentement. Il se perd en détours, car il oublie toujours un truc et s’en rend compte au dernier moment. Il remonte les escaliers de la tour de Serdaigle une fois, cinq fois, dix fois. Au bout de la onzième fois, il baisse les bras. Il accepte de ne pas avoir tout son matériel. Il accepte d’avoir zappé son sac de cours. Au moins, il a ses paquets de BN. C’est ce qui compte.

Les jambes en feu, il pénètre dans la cour et cherche Mattheus du regard. Il y a plusieurs blonds qui s’y trouve et Arthur se voit forcé de baisser son regard sur leurs muscles fessiers. Selon la légende, Arthur n’aurait trouvé que cette mnémotechnique visuelle pour reconnaître son ami. Sans la remettre en doute, Arthur fait le tour de la cour. Avec lenteur, il tourne autour de tous les suspects. Il les examine, joue le type chelou et fixe le cul de tout le monde. Au final, il ne reconnaît pas celui de son ami. Un peu embêté, il s’assoit sur un des bancs des environs. Est-ce que l’Alsacien l’aurait oublié ?

C’est ridicule. Arthur efface tout de suite cette idée. Mattheus ne peut l’avoir zappé en dix minutes (une heure et demie Arthur, une heure et demie). Mais alors, où est-il ? Que fait-il ? Arthur soupire. Peut-être qu’il est reparti dans son délire de cache-cache, comme l’année dernière. Le breton soupire une fois de plus. Non, ça aussi, ce n’est pas possible. Sa sœur n’est plus là pour jouer. Et puis, ce serait moins drôle, car c’était elle la plus douée pour vous tendre des pièges avec des sortilèges délirants. Arthur soupire une nouvelle fois, de soulagement cette fois. Cette année, ils n’ont plus à avoir peur qu’elle déboule de nulle part et leur foute une misère. Elle ne pourra plus les emmener dans ses jeux débiles. Cette année, ces deux idiots sont libres. Comme l’année dernière, d’ailleurs, hein, vu que cela fait déjà trois ans qu’Anaëlle a été diplômée. Le temps passe si vite, hein Arthur ?

Soulagé, Arthur dépose ses affaires sur un banc. Pour attirer le mâle, Arthur choisit de mettre le paquet. Avec cérémonie, il dépose un pull, mal plié, sur le banc. Il le scrute un instant et grimace. Arthur a beau le regarder sous tous les angles, il ne peut s’empêcher de le trouver chaque fois plus infâme. Ce pull, c’est un cadeau d’Anaëlle, évidemment. C’est traditionnel. Chaque année, les deux idiots ont le droit à leurs petits pulls. Oui. Même absente, elle les maltraite. Arthur dépose donc cet hommage sur le banc, incapable de retirer son regard de cette immondice. Il n’y a pas d’autres mots pour le qualifier.

Arthur attend quelques temps et Mattheus n’apparaît pas. Bizarre. L’effet du pull n’étant pas au rendez-vous, Arthur choisit alors de mettre le paquet. Avec douceur, il place un petit BN sur le pull. Mattheus devrait arriver dans trois… deux…