Jérémy le dauphin asthmatique. •• Se-Yeon

Se-Yeon qui attend, cherche juste ce léger passe-temps. A réfléchir longuement sur pourtant, bien peu de chose, se demander si malgré tout elle avait fait le bon choix. Cette coréenne si loin de son pays, si loin de ses repères et de sa propre culture. Poudlard qui bien qu'avec ses quelques rencontres et découvertes. Alors elle soupir de lassitude. Se-Yeon simplement assise, une bièraubeurre en main. Elle a l'apparence pourtant si enfantine, ressemble bien plus à un jeune père qui cherche à oublier les malheurs qu'auraient entraîné la naissance de son premier enfant ; comme par exemple cette perte de possibilité d'être présent à la prochaine coupe du monde de football.

Alors elle boit, une bien longue gorgée, comme si cette pinte pouvait juste l’assommer, lui faire penser à autre chose, elle qui a déjà goûté à bien plus fort tout en ayant, à grande quantité, réussi à en rester totalement indemne. Pourtant bien qu'elle était si calme, peut détendue mais bien des plus neutre, la bièraubeurre en main, le liquide qui coule lentement au sein de sa gorge, Se-Yeon qui ne fait de mal à personne. Son silence extérieur des plus inexistant en son intérieur, cette bleuté qui pourraient réussir jusqu'à s'embrouiller avec elle-même. Et d'un bruit lourd, le verre presque vide, ayant échappé à son cul sec, rentre violemment en collision, lui qui manque alors de peu de se briser, bien qu'il n'échappe pas à sa légère fissure.

Et elle est alors outrée, comme dérangée par l’existence. Un moustique qui lui tourne autour d'une façon bien trop dérangeante. Pourtant si calme, à croire que rien au monde ne veut lui laisser cet instant de tranquillité. Sa chaise grince tandis que l'ensemble de ce mini-corps se crispe à l'unisson. Et elle n'attend pas plus d'une seconde, sans doute ses réflexes qui la titillent. Se-Yeon jette alors, semblable à une chien enragé, un regard inquisiteur dans les alentours. Les moindres recoins de cette terrasse pourtant bien plus vide qu'elle ne le pensait. Une longue chevelure rosée, une solitude identique à la sienne, face à leur boisson dans ce lieu extérieur. Rien est indiqué, juste un aspect tout autant étrange que suspect, Se-Yeon au regard des plus sombre, chien hargneux.

« T'as un problème ? »

Le menton qui se lève comme pour la cibler, accentuer son énervement ou bien même un geste pourtant si anodin qui pourrait ici et maintenant, déclencher une nième guerre mondiale.

« Moi j'en ai un. »

Le ton appuyé, l'énervement qui lui monte à la tête frôlant ainsi la violence. Se-Yeon qui pourtant, n'avait aucune idée de se qu'il se passait.

« Et c'est toi. »

Bien qu'elle n'en avait aucune sûreté. Juste un moustique qui pourrait être n'importe où. Sans savoir ce qui lui arrivait réellement. Sauf qu'elle n'aime pas les moustiques Se-Yeon, elle les écrase. Sauf que d'un coup, sans crier gare, parce qu'après tout elle n'était pas connue sur la côte Est pour le contrôle de sa personne, Se-Yeon se lève reculant alors sa chaise dans un bruit des plus désagréable. Les mots clairs, chaque syllabes données le plus calmement possible.

« Donc tu te casses et t'arrêtes direct ou j'texplose. »

Clair. Net. Et précis.

Simplement.
     

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Sans doute que si elle avait été chez elle. Là-bas où elle avait été elle-même durant des années, Se-Yeon n'aurait pas réagit de cette manière. Elle aurait été moins calme, beaucoup plus violente. L'impulsivité totalement incontrôlée. Parce qu'après tout, là-bas, avant. Ce n'était pas pareil pour elle, tout était différent. Beaucoup trop calme, beaucoup trop simple. Des responsabilités qui lui cillaient tellement bien qu'elles étaient beaucoup plus facile à porter, une image qui lui était propre. A elle, Se-Yeon Kang.

Et qu'était-elle devenue finalement ? Un simple mère expatriée par obligation. Seule sur la terrasse d'un bar à boire des plus simplement possible. Les mains serrées jusqu'à s'en saigner la paume face à l'inconnue. Une façon comme une autre de se retenir, comme celle de se mordre la lèvre inférieure pour ne pas sortir la plus grosse connerie verbale du siècle. Alors on attend, laisse parler cette satanée personne. Prendre simplement sur soit pour réussir à dire avec fierté que c'est bon, c'est fini, on arrive à se contrôler.

Sauf qu'il y a toujours quelque chose. Un sourire, un regard, une parole ou bien même un rire. Et c'était fois, comme souvent, c'était le rire. Le rire moqueur, celui dont on pourrait déceler une once de supériorité. Peut-être que finalement, Se-Yeon n'a jamais réussir à vraiment comprendre, toujours interprété de travers. Ou peut-être que non.

Alors par évidence, comme si on l'attendait. Si naturellement, semblable à un automatisme, comparable à une simple respiration. Quelque chose qui s'effectue avant même qu'on puisse s'en rendre compte, ses doigts toujours fermés en un poing serré, c'est son bras droit qui vole. Fonce simplement pour atterrir dans le jolie faciès de la rosé, en plein milieu, sur le nez avec violence. Puis de haut en bas, la main qui est secouée comme si Se-Yeon venait de se laver les mains et qu'elle souhaitait enlever le plus d'eau possible. Comme pour nettoyer ce qu'elle venait de faire, parce qu'elle n’assumait peut-être pas totalement finalement.

Pourtant rien ne l'empêche de la regarder de haut malgré sa petite taille, juger d'un regard sombre celle qu'elle venait de frapper sans une once de regret. Un mouvement de tête, plusieurs fois, le menton qui la pointe encore et encore avec rapidité. Comme pour la juger d'une manière bien inutile, ou plutôt pour lui dire qu'elle était mal partie.

« Jug eul lae ? »

Des sons rapides, presque imperceptible lorsqu'on ne connaît pas la langue. Une menace comme une autre qui, malgré tout, garde une base de bon parlé. Histoire qu'à l'avenir ça lui serve de leçon, à elle, comme à tout les autres. Ne jamais la comparer à un chien et encore moins lui rire au visage.
     

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