Révisions tardives | Isaac

C'était une histoire de surveillance. Quelque chose que devait faire le corps administratif mais aussi certains préfets si ils n'avaient rien d'autre à faire. Faire le tour de l'école, encore et encore, dans différentes zones pour essayer de surprendre les malheureux qui violeraient le couvre-feu. En clair, quelque chose de véritablement ennuyant. Pourtant, Isaac s'y laissait prendre de temps à autre. Histoire de dire oui, moi aussi je le fais. Alors qu'au fond, si il le faisait c'était toujours avec une arrière pensée. Parce qu'il avait toujours quelque chose d'autre à faire. Lui qui se disait par moment si occupé, alors que ses distractions n'étaient en rien importante pour les personnes qui n'étaient pas sensibilisées aux mêmes effets que sa personne.

Des soupirs au coin des couloirs, un regard qui n'a en vérité que faire de ce qu'il peu croiser. Après tout, le couvre-feu n'était pas encore sonné. Ils leurs restaient du temps, le temps de retourner dans leur salle commune sans avoir de problème avec un signe de l'autorité. Brailler simplement « dépêchez-vous de rejoindre votre dortoirs » ne faisait pas partie de ses conseils. Alors il ne disait rien à ces quelques étudiants qu'il pouvait simplement croiser. Après tout, Isaac savait que les gens n'étaient pas cons. Si ils avaient croisés un professeur juste avant la sonnerie, ils avaient juste à ne pas remettre les pieds à l'endroit ou ils avaient été remarqué. C’était une simple évidence pour ne pas se faire attraper une seconde fois par la même personne. Parce qu'à ce moment là, il n'y a plus d'excuse possible.

Isaac et son troisième étage. Isaac et la bibliothèque. Peut-être que finalement, il aurait du demander à Orphan de s'occuper des livres pour passer son temps de le rayon d'occultisme. Peut-être que, ça  aurait été moins chiant. Après tout, si aucun élève ne le trouvait dans les rayons, il n'aurait pas eu le travail de bibliothécaire à faire. Une main qui vient gratter l’arrière de son crâne pour faire évaporer cette très mauvaise idée. Un Andersen bibliothécaire, quelle blague de mauvais goût.

Quand bien même ses pas l'avaient guidés dans la réserve, celle où il se conservait des livres les plus épais. Ceux qui n'étaient pas trouvable n'importe où et que Poudlard gardait soigneusement pour les professeurs qui en avait besoin. Son regard sombre c'était simplement posé sur un livre qu'il n'avait encore jamais emprunté. Volumineux, sans doute qu'il n'y aurait rien de bien intéressant. C'était souvent comme ça, la perle rare n'était jamais dans les ouvrages les plus marquants. Mais c'est en parcourant la bibliothèque dans l'autre sens, livre en main qu'il tombe sur une demoiselle affalé sur l'une des tables. Un brin d'hésitation, un haussement d'épaule quand il se dirige vers sa position pour y faire tomber de toute hauteur l'énorme bouquin en sa possession sur la table de bois. Et cela, avant de tirer une chaise pour s'asseoir juste en face de la Serdaigle endormie.

— 21h25. Tu penses qu'en cinq minutes tu as le temps de ranger toute tes affaires et de monter plus de quatre étages ?

Et l'arrivée du livre l'avait bien entendu réveillé sous un sursaut. Pendant un instant, le regard d'Isaac se reposait sur cette personne auparavant endormie. Son regard était juste là, l'observant sans réellement la regarder finalement. Il attend, un moment. Quelques instants. Le temps qu'elle se rende compte de se qu'il vient de se passer et surtout, de ce qu'il va se passer. Pourtant, soudainement, son regard disparaît. Il s'abaisse vers ce livre balancé, que ses mains récupèrent. Isaac s'allonge alors à moitié sur sa chaise tout en commençant sa lecture avec calme, ignorant totalement ce début de ménage -et de bruit- qu'avait commencé l'élève. Un intérêt très vite évaporé, encore plus avec le boucan qu'elle avait engendré par sa maladresse.

— C'est pas vraiment mon problème tu sais.

Peut-être que pendant quelques minutes Isaac avait espéré que la demoiselle abandonne toutes les affaires pour se hâter jusqu'à son dortoir. Après tout, cela aurait sans doute été la meilleure idée, parce que le directeur des verts n'aurait tout simplement pas prit la peine de lui courir après pour la punir après le début du couvre-feu. Et ainsi, elle n'avait eu qu'à espérer ne croiser aucunes autres forme d'autorité jusqu'à ce qu'elle traverse les portes de sa salle commune. Alors oui, simplement. Il lisait son livre en attendant qu'elle range ses affaires. Qu'il lui lâcherait une punition lorsqu'elle se dirigerait vers la sortie. Tout en continuant se pourquoi il était là, dans la bibliothèque ce soir là.

Pourtant. Isaac n'avait pas pensé qu'elle s'arrêterait dans son rangement. Que l'élève décide finalement de tout abandonner, presque d'accepter son erreur de s'être endormi aujourd'hui. Qu'elle assume pleinement la punition qu'elle allait se récolter d'avoir choisit de faire face au professeur Andersen. Et sa tête, son corps, aucune partie de son être ne bouge lorsque la Serdaigle lui adresse la parole. Juste ses yeux. Ses yeux qui, eux abandonnent les mots pour faire face au regarde de la plus jeune.

— Oh vraiment ?  

Le livre déposé de nouveau sur cette table de bois, mais cette fois-ci avec beaucoup plus de douceur et de considération. Ses yeux ouverts, semblant y avoir décelé quelque chose d’intéressant finalement. Le dos du professeur fini par quitter le dossier de sa chaise pour se rapprocher d'une manière significative vers la Serdaigle à la chevelure ébène. Un sourire s'affichant sur ses lèvres.

— Dis-en moi d'avantage.

Un sourire qui ne disparaît pas, tandis que sa tête vient se placer sur sa main dont le coude avait prit position sur la table qui les séparait. Son regard charmeur, fortement appuyé face à cette demoiselle qui ne semblait pas vouloir s'y dérobé.

— En plus je suis de bonne humeur ce soir. 

Un léger souffle, aucune réaction par la parole. Bien que tout cela lui paraissait si amusant, lui qui n'avait jamais pris en compte des potentiels répercussions ne changerait pas en une soirée. Peut-être qu'il n'y avait eu qu'un haussement d'épaule mental à l'idée qu'il aurait sûrement des comptes à rendre à Orphan, si jamais. Mais au final, qu'est-ce que ça changerait pour lui ? Définitivement rien. Alors il attend, se laisse faire malgré tout. Ne répond que par simplicité sans pour autant avancer de lui-même. Comme pour savoir, voir ce qui lui était proposé ce soir par cette charmante demoiselle.

Le regard d'Isaac qui ne la quitte pas un seul instant. Son sourire toujours existant. Ce sourire qui ne semble en vérité, jamais ne quitter les lèvres du professeur d'occultisme. Il attend. Juste. Simplement. Jusqu'à ce qu'elle décide de se lever. S'approcher de lui sans crainte. De ses lèvres s'échappent un court rire presque semblable à un hoquet. Presque silencieux.

Ainsi, à son tour le directeur des Serpentard se lève de sa chaise pour se positionner juste devant la Serdaigle. Il se lève pour s'en rapprocher, tombe son regard dans la profondeur de ses yeux avant que ses deux mains arrivent sur la table, proche de ses hanches. Comme pour l'empêcher de partir dorénavant.  

— Hum tu n'essayerais pas de m'insulter, quand même ? 

Un court instant, son sourire disparaît. Laissant place à un visage neutre, à l'allure pourtant presque triste. En vérité, rien d'étonnant venant d'Isaac. Au début, il n'était là que pour emprunter un livre pour sa soirée, jamais il n'avait pu espérer pouvoir s'amuser ce soir. Tout cela était, à ses yeux, une bien belle victoire. Même si rien n'était jamais joué d'avance.

Puis doucement, l'une de ses mains qui tenait la table s'élève avec lenteur. Le regard d'Isaac restait simplement centré sur les yeux de la Serdaigle. Ce regard dont on n'arrivait que difficilement à comprendre ce qu'il pensait. Il n'était pas neutre, pas rayonnant. C'était… Autre chose. Cette main qui fini par s'arrêter à la hauteur de sa face, feignant alors de caresser l'une des joues de la demoiselle. Pourtant, mis à part certaines parties du corps, il n'y eu aucun contact avec la peau du visage. Sa main juste attirée, guidée pour attraper avec douceur l'une des mèches ébènes de la dame.

Une mèche de cheveux qui est attrapée, pour laquelle son regard tourne. Une mèche avec laquelle son pouce et son index jouent d'une manière que très peu enfantine. Isaac s'amuse un court temps, silencieusement. Jusqu'à finir par amener l'extrémité de ce bout de chevelure jusqu'à lui. Les cheveux glissent, filent pour y retrouver leur emplacement habituel. Alors sa main, n'ayant plus rien à attraper retourne à sa place d'origine, glisse sur la table si près de la hanche de la Serdaigle pour l'enfermer de nouveau. Quand au regard, lui. Franc, il se redépose dans les yeux de la plus jeune.

— Tu ne crois pas que ça serait idiot de m'énerver alors que tout est si bien ce soir ?  

Et il s'en rapproche un peu plus. Peut-être c'était-il un peu trop rapproché de la demoiselle, leurs corps collés qui dépassaient clairement la limite accordé par la norme qui les différenciait par leur statut. Mais en vérité, il n'en avait que faire. Rayonnant de sa bonne journée, son visage afficha son plus beau sourire, celui qu'Isaac n'utilisait que certains soirs.

Lorsque la demoiselle fit un pas de plus en usant de ses mains. Brisant totalement le contact peau à peau entre les deux êtres, Isaac haussa d’un sourcil le plus légèrement possible. Ce mouvement indescriptible, presque irremarquable. Juste légèrement, doucement. Il ne réagit pas ou trop peu face aux actions. Les doigts qui glissent sur son visage, donnant cette même impression que des moustiques cherchant à lui dévorer son sang. Désagréable. Ca l’avait toujours été finalement.

— C’est assez amusant.

Soudainement, des simples propos qui paraissent sans sens. Inutile. Dans ces moments-là, la meilleure chose à faire était tout simplement de se taire. Il le savait. Et elle aussi, très certainement. Parce qu’elle ne s’arrêtait pas bien au contraire. Cette main qui descend pour atteindre l’ouverture de la ceinture, ce visage qui se rapproche de plus en plus, ne laissant qu’une faible distance que significatif. Les yeux dans les yeux, chacun ayant un regard à la signification différente. Aucun ne se détourne, les deux accepte, comme si ils se jaugeaient, comme une sorte de défie silencieuse.  Quand soudainement, sans aucun mouvement. S’affiche au coin de son visage qui se veut strict, un brin de sourire qui pourrait pourtant paraître d’un joueur innocent.  
— Amusant de voir la décadence dont font preuve certains étudiants.

A son tour ses mains se déplacent. Isaac qui entraîne son corps d’un simple pas en arrière. Ses mains qui récupèrent celles de la Serdaigle afin de les lui plier contre sa poitrine. Une petite pression, ses bras qu’il maintien en position vertical, comme pour finalement séparer leur deux corps par l’addition de ses bras horizontal et ceux de la demoiselle en vertical.

— Tout autant amusant de voir à quel point vous semblez y être habituée.

Un soupir faussement déçu. Faussement outré.

— Amusant mais tout autant décevant, je vais devoir en faire part à Mademoiselle Endlarys.

S’il y avait en cette soirée, une seule vérité à dévoiler. Cela ne ferait aucun doute qu’il s’agirait de sa moquerie la plus totale. Il n’en avait que faire et c’était là qu’était l’évidence. S’il en parlerait à la directrice des Serdaigle ? Peut-être. A voir. Ce n’était pas comme si il en avait quelque chose à faire que certaines élèves n’étaient pas très. Ce n'était pas son problème et cela ne le serait, très clairement, jamais.

— Comprenez que je suis extrêmement déçu.

En vérité, son cœur était bien trop vide. Bien trop vide et bien trop froid. Rien ne monde ne pouvait le décevoir, parce qu’il n’attendait strictement rien de toutes les choses qui l’entourait. Pour Isaac, il n’y avait pas de noir et de blanc, il n’y avait pas de bien et de mal. Juste lui. Parce que rien n’arrivait à sa hauteur.

— Et que de ce fait, je ne me prive pas de vous enlever une trentaine de points*. Pour les deux soucis présents en ce début de soirée. Notez que c’est une offre, je reste tout de même d’humeur joyeuse.

Alors ce n’était là qu’un passe-temps. Une simple activité comme une autre qui pourtant pouvait entraîner de nombreux dommages collatéraux. Mais une fois encore, finalement, tant que cela ne le concernait pas directement. Isaac ne s’en sentait aucunement concerné. Là était le problème d’éthique, le problème humain. Puis il y a toujours ce sourire, ce grand sourire qui s’affiche sur son visage alors que l’on s’y attend le moins. Ce sourire moqueur qui le caractérise si bien.

— J’espère que vous comprenez.

Et quand bien même, il n’en aurait strictement rien à faire.