❝ Bjr je cherche nouvelle amie pour la vie | Pv. Edwyn

Edwyn contemplait avec une certaine frustration la baguette carbonisée qu’il tenait dans sa main brûlée. Se félicitant de ne pas employer la sienne pour ces expériences, il la lança dans une poubelle et s’appliqua à nettoyer la brûlure sur sa peau et y appliquer quelques gouttes d’une solution à base de dictame. Il aurait pu employer des protections préventives contre ce genre de retours de flammes, mais préférait éviter les risques d’interférences. Un sortilège de nettoyage plus tard, il avait l’air un peu plus présentable pour s’occuper de ce nouvel arrivant des plus bruyants.

« Voilà, voilà. »

Son client du moment était l’un de ses camarades de Poudlard, Castiel, si sa mémoire était bonne. Et elle était excellente. « Tilleul Argenté, Ventricule de dragon, 22 centimètres. » ajoutèrent ses réflexes professionnels. C’était un bois que l’on associait habituellement aux sorciers possédant un don de voyance ou pour la legilimancie et qui avaient été très en vogue à une époque en raison de leur aspect magnifique.
Quant au cœur de la baguette, s’il devait en juger par son attitude impatience et quelque peu emportée du moment, il convenait parfaitement à son propriétaire.

« Que puis-je pour toi ? Ta baguette a besoin d’un entretien ? D’une révision ? Tu cherches des accessoires, peut-être ? »

N’ayant pas entendu la première phrase de Castiel, il n’avait pas la moindre idée de la nature véritable du problème et de l’ampleur de la tâche qui l’attendait. Trouver une baguette appropriée à un client qui semblait particulièrement à cran, ça n’allait probablement pas être de tout repos.

Si ce n’était pas si horrible, Edwyn éclaterait probablement de rire face au jeune homme venu remplacer sa baguette. Pas pour la baguette elle-même, comprenons-nous bien, c’était une perte tragique. Non, ce qu’il trouvait amusant c’était cela mis en perspective avec ses propositions précédentes. Et aussi l’insolence et l’impatience affichée de ce jeune client. Il était déjà venu, pourtant, il devait savoir qu’on achetait pas une baguette comme un chaudron.

« C’est arrivé comment ? »

Simple curiosité de sa part, rien de très important en soi. Il y a d’autres facteurs plus intéressants. Peut-être faut-il lui rappeler comment tout cela fonctionne ?

« Ça risque de prendre du temps, on expédie pas l’achat d’une baguette et en trouver une autre qui corresponde ne va pas être aussi simple que la première fois. Des envies particulières avant de commencer ? »

Une chose semblait certaine au vu de son attitude, on allait rester sur du dragon côté cœur. Probablement éviter le sureau, vu son tempérament du moment, il risquerait de faire exploser tout ce qui passerait un peu trop près de lui. Finalement, la licorne lui apporterait peut-être la modération qu’il fallait. Difficile à dire. De l’épicéa, peut-être ? Du houx serait peut-être bien pour l’apaiser, il avait la tête de quelqu’un ayant besoin d’un bon philtre de paix. Peut-être du saule, selon la source de tout cela...

Un loup-garou ? Il porta sur son client un regard légèrement inquisiteur. Entre ça et son humeur… Avait-il été blessé et subissait-il encore des séquelles, malgré le traitement, ou était-ce son état normal ? Difficile à dire. Il ne l’avait pas vraiment fréquenté à Poudlard. Peut-être était-il devenu lui-même un loup-garou, mais l’école disposait d’un infirmier suffisamment compétent pour traiter ce genre de blessure assez vite pour que la maladie ne se déclare pas, normalement. L’espace d’un instant, il repensa aux paroles de Lisbeth concernant la jeune fille empoisonnée à la potion tue-loup, y avait-il un lien ? Les loups-garous était-ils devenus une menace réelle au sein de l’école ? Quoi qu’il en soit, il était toujours bon d’être prêt au pire et nota de toujours avoir de l’argent sur lui, juste au cas où. Plus tard. Il avait une commande à honorer et il n’était pas bon de rester trop longtemps perdu dans ses pensées face aux clients.

« Je ne peux rien garantir, mais on va se servir de ça comme base, on verra.  »

Il sortit sa propre baguette et effectua un geste en direction des étagères où s’entassaient des centaines de modèles conçus au fil des années, amenant trois boites sur le comptoir. Un autre geste les ouvrit, dévoilant trois baguettes différentes. Il pointa la première, à la forme épurée.

« Bois de houx, ventricule de cœur de dragon, flexible. Puissante et pratique en toutes circonstances.  »

L’efficacité du houx dépendait surtout du cœur de la baguette et le dragon donnait des baguettes en général assez puissantes, bien que parfois légèrement impulsives, un défaut que le bois compensait. C’était une bonne baguette, équilibrée et capable de donner d’excellents résultats. Désignant la seconde, plus sombre et travaillée, il annonça :

« Ebène et crin de licorne, puissante et docile, fiable. Excellente pour les duels et la métamorphose.  »

Quant à la troisième, il avait choisit la voie facile.

« Tilleul et ventricule de dragon, similaire à la précédente, juste au cas où cette combinaison conviendrait toujours.  »

Il recula, fit un geste ample de la main en direction des trois boites posées sur le comptoir.

« A ton tour, fais-nous des étincelles et essaye de ne pas mettre le feu à la boutique.  »

Ce n’était pas une possibilité. S’il y avait bien un enchantement parmi les premiers apposés sur cet endroit, c’était de le rendre entièrement ignifugé. Une précaution bienvenue dans un commerce comme celui de sa famille. Néanmoins, ce que le jeune homme qui lui faisait face ne savait pas ne pouvait pas lui faire de mal.

Hm… Client difficile.  Le regard rivé sur les baguettes, comme pour leur offrir une réprimande silencieuse, il resta silencieux un moment. Son esprit analysait les choix précédents et leurs résultats, c’était comme s’il avait quitté la pièce pour se retrouver au centre d’une immense toile d’araignée  de possibilités, mille et un chemins menant à la bonne baguette. Ne restait qu’à suivre le bon en s’orientant sur base des trois précédentes comme points de repère. Suivre un fil, sur la gauche, puis l’embranchement à droite, tout droit, en arrière de deux embranchement. Non, pas du noisetier ! Demi-tour, droite, droite, droite, …

« Je vois... »

Comme s’il avait la réponse à une question universelle, il se leva d’un bond et se dirigea vers une des étagères, attrapa une boite dont il souffla la poussière et l’ouvrit, Après quelques secondes à contempler son contenu, il se décida enfin à l’emporter pour la déposer devant son client.

« Vingt-neuf centimètres, bois de frêne, ventricule de cœur de dragon. »

En toute honnêteté, le coup de la toile d’araignée était absolument bidon et il était allé prendre celle-là au hasard, mais il n’irait pas l’écrire dans ses mémoires. L’essentiel, c’était que cette baguette là, pour la tête de lard qui lui servait de client, ça lui semblait plutôt une bonne idée. Question d’instinct, on va dire.

Il laissa échapper un léger rire, amusé par cette réaction spontanée. Sur le coup, il avait eu la main heureuse en choisissant celle-là. Ou peut-être était-ce le don familial qui s'exprimait ?

« Ce sera sept gallions, comme toujours depuis longtemps. »

Une belle preuve de l'économie figée du monde des sorciers. Une chose qui risquait de changer en conséquence des réformes de Poudlard. Une augmentation de la population de leur petit monde, la tête pleine d'influences moldues, les gobelins allaient devoir batailler ferme.

« Ma dernière chance ? Tu serais allé chercher une baguette où ? Sur le continent ? »

Il y avait bien Gregorovitch qui avait une boutique dans le coin, mais bon... Franchement, il préférait de loin acheter une baguette sur le continent que chez Gregorovitch. Mieux valait des dépenses élevées qu'accepter les baguettes d'un incompétent.

« Par contre, essaye de ne pas casser celle-ci. Pas sûr qu'on en trouve une aussi bien accordée la prochaine fois. »

C'était déjà bien d'en trouver une qui corresponde la seconde fois. Certains sorciers ne trouvaient l'âme-soeur qu'une seule fois dans leur vie et ne parvenaient jamais à la remplacer.