Le choixpeau a quelques questions pour commencer...
Il est temps que tu apprennes la différence entre la vie et les rêves.
Ce qui compte, ce n’est pas la naissance, mais ce que l’on devient.
5 Juin 2016
« Ne reste pas trop au soleil sinon tu vas attraper une insolation ! »
Elle hocha vivement la tête et sorti de la véranda après avoir remercié et dit au revoir à sa professeur de mathématique.
C’était une journée plutôt éprouvante dans laquelle c’était enchaînés cours d’anglais, de français et de mathématiques. Sa mère tenait à ce qu’elle soit parfaite sur le point de vue scolaire mais avait sans cesse peur qu’il lui arrive du mal. Elle la gardait donc enfermée à la maison et la faisait étudier grâce à des professeurs à domicile. A part ceux-ci et sa mère, elle n’avait jamais vraiment eu de personnes avec qui parler, et le fait même d’y songer la tétanisait.
Tenant fermement le livre de contes qu’elle avait en main, elle vint s’asseoir sur le banc en bois situé sous leur sublime saule pleureur, faisant en sorte de faire attention à la robe qu’elle portait, sous peine de subir le courroux de sa chère et tendre mère. Elle ouvrit la page là où elle en était et commença à lire.
C’était l’une des rares activités qu’elle pouvait se permettre de faire. Lire, étudier, et fabriquer. Dès qu’elle pouvait, elle prenait un fil et des perles et faisait un collier. Une feuille et un crayon, et elle dessinait. De la colle et du carton, et elle construisait une boîte. C’était une chose pour laquelle elle se passionnait réellement et son seul regret était simplement le fait que sa mère soit régulièrement derrière elle pour veiller à ce qu’elle ne se salisse pas.
Son père me diriez vous ? Sa mère a toujours refusé de réellement lui répondre, évitant à chaque fois le sujet. Mais en vérité, ce n’est rien de plus qu’un gros cliché qu’on retrouverait régulièrement dans un film pour ado. Sa mère était avant une femme mariée, quoique toujours frivole. Lors des voyages d’affaires de son mari, il n’était pas rare que cette dernière profite auprès d’autres hommes.
Jusqu’au jour où, après une soirée trop arrosée, les contraceptifs étaient passés aux oubliettes et neuf mois plus tard, une petite bouille a vu le jour. Mais son teint hâlé a fait se poser de grosses questions à son « père » qui, non content d’avoir une telle femme, les a laissé les deux. Il s’était cependant proposé de verser une certaine somme d’argent pour l’enfant, afin que celle-ci n’ait pas à payer les erreurs de sa mère.
Absorbée par son livre, elle ne se rendait pas compte qu’une tête rousse l’observait entre les buisson. Elle remarqua sa présence qu’à partir du moment où un caillou termina son atterrissage sur son crâne.
« Aïe ! »
Elle releva la tête et vit l’air blasé d’un garçon, certainement âgé d’un ou deux ans de plus qu’elle.
« Mais c’est méchant ! Pourquoi t’as fait ça ?
- Parce que. Pour t’apprendre que la vie est moche. Comme ta robe.
- Mais… C’est un cadeau de ma maman…
- Bah elle est moche quand même »
Elle rentra sa tête dans ses épaule, évitant le garçon du regard, comme si elle boudait et était effrayée à la fois.
« Bon, tu veux qu’on aille vo-… acheter des bonbons ? »
Son visage s’illumina soudainement et elle ferma son livre aussitôt pour se redresser.
« T’es gentil en fait ! »
Elle posa son livre sur le banc et se dirigea vers la clôture. Mh. Trop haut pour elle. La petite brune s’empara alors de l’échelle que le jardinier utilisait pour tailler le pommier pour passer par dessus et rejoindre son voisin. Elle était complètement naïve mais ne s’en rendait pas compte. D’autant plus qu’étrangement, sa timidité semblait s’être presque envolée avec lui, alors elle ne prêtait attention à rien d’autre.
Ils n’eurent cependant pas le temps d’aller acheter quoique ce soit que déjà, celle qui semblait être la mère du roux l’intercepta, une mine entre la joie intense et la surprise.
Elle déblatéra des choses étranges, comme quoi il était enfin parvenu à se faire une amie. Ils mangèrent alors des bonbons toutes l’après midi dans son jardin en buvant du jus de fruit. Elle raconta également sa vie, expliquant que sa maman avait eu un meilleur travail à Londres et que c’était la raison pour laquelle ils avaient quitté Aberdeen. Son nouveau travail lui permettait également de travailler à la maison presque chaque jour.
Mais de son côté, elle n’apprit pas grand-chose du jeune homme. Il était peu bavard et s’appelait Glenn.
Peu importe, elle avait passé une bonne après-midi, et c’était tout.
Enfin presque.
Elle vit sa mère, de l’autre côté de la clôture, dans son jardin, s’avancer de manière furieuse dans sa direction.
« Deryn ! Sors d’ici immédiatement et rentre à la maison ! Non mais en voilà des manières ! Je ne t’ai pas élevée de la sorte ! »
Soudainement, la gamine perdit son sourire et senti les larmes perler aux coins de ses yeux.
« Surtout pour traîner avec ce type de personne »
Son regard dur se porta sur le roux avant se planter dans celui de sa fille et lui ordonner sèchement de la suivre d’un simple signe de la main. Elle bredouilla alors des excuses et se leva, la tête baissée.
Dos à son nouvel ami, elle ne le vit pas faire un splendide doigt à sa génitrice qui se décomposa sur place en pinçant les lèvres.
« Espèce de petit insolent ! Votre mère a clairement manqué votre éducation »
Elle attrapa sa fille sous les aisselles pour lui permettre de passer par dessus la barrière et l’amena avec elle vers la maison, avant de se retourner de nouveau en ayant senti quelque chose arriver sur sa nuque.
« Plutôt que de lancer des graviers à des personnes bien élevées vous feriez mieux de vous reprendre en main jeune homme. Même si je doute qu’avec une mère pareille vous puissiez y parvenir »
Elles rentrèrent à l’intérieur et la jeune fille n’eut pas le temps de prononcer les moindres excuses que la main de sa mère heurta sa joue. L’espace d’une seconde elle afficha une mine surprise avant d’éclater en sanglot.
« Au coin. Je ne veux pas t’entendre. »
Elle retint ses larmes tant bien que mal et se dirigea vers le coin du salon, laissant les larmes tracer silencieusement leur sillon le long de ses joues.
Elle détestait sa mère.
***27 Septembre 2019
Plus de trois semaines que Glenn a disparu. J’ai beau lui envoyer des mails, aucune réponse. Sa mère non plus ne sait rien. Son vélo n’est plus là, il a prit quelques autres de ses affaires. Il a fugué, m’a laissée, seule…
Il me manque, je m’inquiète pour lui, mais je lui en veux aussi énormément. Il aurait pu me prévenir, je l’aurai aidé. Je sais bien que ça n’allait parfois pas très bien avec sa mère, mais ça ne lui aurait rien coûté de m’en parler.
Je crois que je le hais. Mais je tiens à lui en même temps. C’était devenu comme… mon frère. Et puis… Une larme vint se poser sur son carnet, brouillant son écriture. Elle le referma alors rageusement en serrant les dents. Rah. Elle y était allé trop fort avec sa main.
La jeune fille l’observa rapidement et prit sur elle. Ca commençait à partir, c’était déjà ça.
Voilà ce que ça lui coûtait de faire le mur tard le soir pour rechercher son ami. Sa mère l’avait attendue à son retour, la vielle ceinture en cuir à la main.
Elle était de la vielle école et très stricte avec sa fille. Trop.
Elle avait plus qu’assez.
D’un geste colérique, elle envoya son carnet à l’autre bout de la pièce.
Quoique pas tout à fait.
Une bourrasque traversa la pièce à l’instant où elle effectua son geste, envoyant valser ses figurines et autres objets.
« Qu... »
La brune n’avait aucune idée de ce qui venait de se produire, elle ne comprenait pas. La fenêtre n’était pourtant pas ouverte.
Elle entendit sa mère râler en bas et commencer à monter les escaliers.
La peur la gagna et elle se sentis soudainement étrange, comme si sa peur et sa colère se modélisaient en elle.
La silhouette de sa mère apparu à mesure que celle-ci montait les escaliers, et, dans un réflexe de peur intense, elle mis ses mains devant elle.
« Non ! »
Immédiatement, la porte se ferma dans un bruit assourdissant, avant de se verrouiller.
Non non non. Elle ne comprenait pas.
Sa mère criait à plein poumons avec sa voie de crécelle derrière la porte en la menaçant de toute sortes de choses si elle n’ouvrait pas, ne faisant qu’envenimer la situation.
Fuir. Fuir.
Elle devait fuir.
La gamine ouvrit alors sa fenêtre et n’attendit pas pour passer par dessus, s’accrochant à la rampe puis au lierre afin de terminer son cheminement sur la pelouse. Elle s’est alors mise à courir, loin, longtemps, jusqu’à ce que ses petites jambes ne puissent plus la porter et qu’elle tombe de fatigue.
***Elle fut réveillée plus tard dans la nuit par un chien qui lui lécha le visage, et un homme en uniforme qui l’aida à se relever en lui parlant d’une voix chaleureuse.
« Alors comme ça on fuit de chez soi Daryn ? »
La gamine ne répondit pas, préférant s’accrocher au chien tout en suivant. Elle monta dans une voiture et le policier la ramena chez elle sans qu’elle ne décroche un seul mot. Elle était encore complètement déboussolée et ne voulait pas subir une nouvelle fois le courroux de sa mère.
Forte heureusement, ce soir-là, elle la laissa tranquille.
Et la vie reprit ainsi son cours.
10 Août 2021
Pour une raison qu’elle-même ignorait, elle s’était levée bien tôt ce matin-là et était descendue pour prendre son petit déjeuner tranquillement avant que sa mère ne sorte de son lit. Une lettre sur le pan de porte avait attiré son attention.
Une jolie lettre soit-dit en passant.
Elle l’ouvrit en décollant la cire et en sortit la feuille pour la lire.
De… quoi ?
C’était une blague ?
Elle la rangea dans la poche de son pyjama et prit son petit déjeuner bien plus rapidement que d’habitude. Cette chose la tracassait.
Mais en même temps… ça pourrait expliquer ce qu’il s’était passé il y a deux ans.
Et elle ne connaissait pas son père. Se pourrait-il que ce dernier soit un sorcier et lui ait transmit son don ?
La jeune adolescente avait toujours été pleine d’imagination et croyait au fait que le surnaturel puisse exister. Mais là… elle avait beau penser cela, c’était tout de même un peu fort tout ça. Elle voulait y croire, y trouver des explications logiques dans la mesure du possible. Et…
Non, elle voulait vraiment que ce soit vrai. Depuis la disparition de son meilleur ami, elle vivait l’enfer auprès de sa mère et était prête à tout pour changer de vie. Et même si l’idée de côtoyer d’un seul coup énormément d’élèves dans une école la terrifiait, cela ne pouvait pas être pire que de rester ici.
Elle remonta alors dans sa chambre et relu la lettre avec attention. Autant essayer d’y aller après tout, maintenant que Glenn n’était plus là, elle n’avait plus rien à perdre. Et pour une fois, elle avait envie de foncer sans réfléchir. C’était un bon défis qu’elle se donnait.
Et puis, quel gamin n’a jamais voulu savoir maîtriser la magie un jour dans sa vie ? Si cette lettre disait vrai, elle pourrait réaliser un rêve de gosse tout en s’extirpant de l’emprise de sa génitrice.
Début Septembre 2021
C’était dur. Très dur. Une journée accablante même dirait-elle. Mais une journée tellement exceptionnelle.
Les rideaux de son lit fermés, elle s’enroula encore plus dans sa couette tout en tenant fermement son lapin en peluche.
Sa première nuit dans sa nouvelle vie.
Avant de rentrer dans ce mur, elle n’aurait jamais oser croire qu’une telle chose aurait put exister.
Mais là, c’était tout bonnement incroyable.
Elle s’était cru dans ses rêves. La magie était présente partout, en chaque objet et dans chaque personne. L’adolescente avait hâte d’être le lendemain pour pouvoir en apprendre plus, elle se demandait même si elle parviendrait à dormir tant l’euphorie la gagnait à mesure qu’elle repensait à cette journée.
Mais s’il y a bien eu une chose qu’elle ne s’attendait vraiment pas à voir aujourd’hui. C’était Glenn.
Elle n’y avait pas cru sur le moment, pensant qu’il s’agissait d’une mauvaise blague magique ou bien son esprit qui lui jouait des tour. Mais il n’y avait qu’une seule personne qui l’appelait « la moche » sans qu’elle ne le prenne mal. Une seule personne avec qui elle se sentait aussi bien. Et c’était son frère de coeur.
Ce n’était aucunement exagérer que de dire qu’elle venait de vivre le plus jour de sa vie. Et tout ce qu’elle venait de découvrir, elle voulait tout simplement être demain pour pouvoir en découvrir d’avantage et tout comprendre. Ce monde, c’était ce qu’il lui fallait. Son esprit bien trop imaginatif et créatif ne demandait que ça. Alors que dans son monde « moldu », elle ne parvenait pas à se projeter, là, c’était comme si une palette complète d’avenirs se peignait sous ses yeux.
4 Avril 2027
Enroulée dans ta couverture, tu ne tarda pas à sentir ton téléphone vibrer sous ton oreiller. L’instant d’après, tu mis la main dessus et arrêta l’alarme avant de te redresser.
Tu attrapas ta bouteille d’eau pour étancher ta soif et prit de longues minutes pour bien te réveiller et surtout, avoir un esprit et une attitude calme. Tu fis ainsi en sorte de n’avoir aucun conflit avec toi-même et te lança dans une courte méditation.
Dès lors que tu te sentis prête, tu déplaça les rideaux et sortis de ton lit. Toujours silencieusement, tu te dirigea vers la fenêtre et vit bien entendu que le soleil commençait seulement à pointer le bout de son nez. Normal compte tenu de l’heure te dis-tu.
Mais surtout agréable.
Cette courte contemplation terminée, tu pris les vêtements posés en vrac sur ta chaise la veille et les enfila. Tu te fis également une rapide queue de cheval et emporta ta baguette, contenue dans un joli étuis en cuir fait par tes soins.
Tu sortis alors de la chambre et te dirigea vers l’une des portes du château afin de te rendre à l’extérieur, tout particulièrement vers le lac. Tu t’assis en tailleur à quelques mètres de ce dernier et délivra ta fidèle amie de son armure de cuir.
Tu souffla longuement, détendis le moindre tes muscles et pointa ta baguette en direction de ta poitrine. Tes lèvres s’articulèrent pour te permettre de formuler d’une voix claire et décidée « Amato Animo Animato Animagus ».
Tu n’attendis pas longtemps avant de sentir les changements s’opérer en toi. Tes vêtements fusionnèrent avec ta peau pour former peu à peu un plumage allant du crème au brun tandis que ton corps se remodela et perdit de sa grandeur. Ton visage s’affina pour s’orner d’un bec, tes bras changèrent pour balayer l’herbe de tes plumes et des serres tranchantes comme des rasoirs remplacèrent tes pieds et s’agrippèrent à la terre présente sous ton corps.
Ta vue devint également plus aiguisée ainsi que le reste de tes sens. Le vent frais du matin se brisa doucement contre ton plumage et tu ferma un instant les yeux pour l’apprécier.
La jeune femme a la peau ambrée que tu étais avait laissé place à un faucon pèlerin, le dieu des cieux en terme de vitesse.
Tu pris un instant pour apprécier ce moment avant de déployer tes ailes et de les agiter. Tu sentis alors ton corps se détacher du sol et prendre quelques centimètres de hauteur, difficilement. Faire ceci te demandait déjà un effort non négligeable, car peu habituée à le faire. Puis tu redescendis. Et recommença, en cherchant à aller plus haut à chaque fois.
Tu fus alors tentée de renouveler quelque chose que tu avais essayé quelques fois mais qui s’était toujours terminer par un échec. Tu observas l’arbre sur lequel tu avais généralement fait ceci et t’y dirigea. Ses branches basses te permirent de voleter jusqu’à la première, et de faire ainsi pour les suivante, n’ayant qu’à effectuer quelques battements d’ailes à chaque fois.
Alors, tu pus voir le sol, situé à six ou sept mètres.
Tu te déplaça au bout de la branche, agrippant le bois de tes serres noires fermement entre chaque pas.
Ton regard se porta sur l’horizon puis, tu déploya tes ailes puis te lança.
Sans plus de réflexion.
L’espace d’un instant, tu crus que tu allais y arriver, tu te sentis planer un instant.
Mais alors un très court instant.
Car ton absence d’expérience te fis chuter tandis que tu battais des ailes tant bien que mal pour ralentir ta chute, essayant par moment de t’accrocher au feuillage qui te passait sous les serres. Mais rien n’y fait.
Tu tomba lourdement sur le sol, priant pour que l’ossature creuse et fragile de cette forme n’ait rien.
Tu resta ainsi jusqu’à sentir la douleur s’effacer et tes émotions se remettre en ordre.
Encore un échec.
Tu n’aimais pas ça. Vraiment pas.
Tu recommencerais jusqu’à y arriver, même si tu devais passer par des passages à l’infirmerie ou les remarques incessantes de Glenn.
Mais tu y arriverais. C’est certain.
Tu parviens toujours à tes fins.
Et ceci ne sera pas une exception.
Tu te redressa et te concentra sur ta forme humaine pour la retrouver, regagnant tes vêtements désormais humide à cause de la rosée matinale.
Reprenant ta baguette en chemin, tu retourna vers le château pour faire une des choses de la journée que tu apprécies toujours : Manger.