Le monstre ? C'est comme ça que tu daignais appeler ce cabot stupide et pathétique qui sautait sur tout ce qui bougeait ? Non, il était indigne d'être nommé comme une créature féroce. Ce qui s'était éveillé, ce qui avait failli faire une connerie, ce qui était déplorable à voir dans son ensemble suintant de déception, ce n'était ni la Bête, ni le Monstre. C'était juste toi, Dante, déception ambulante, enfant pathétique perdu entre ses pulsions primitives, stupide et incapable de faire mieux. Tu avais fuit, pulsion de panique qui t’empoisonne, t’emprisonne, à quel point étais-tu devenu pathétique Dante ? À quel point tu te dégoutais ? Il n’avait fallu qu’un instant, un grain de sablier, une perte de contrôle si risible, pour devenir un homme que tu abhorrais. Et ton bras s’envole, ta main fuit, folle furieuse, vers le mur en face de toi, sans même salir le mur de pierre alors que tes os craquent, que ta peau s’arrache, que tes jointures lâchent. Le sang s’écoule abondamment de cette plaie ouverte et tu pousses un gémissement de douleur et t’effondres au sol. Et le sang pullule, suinte en même temps que cette colère ((mais qu’est-ce qui t’a pris Dante ?)).
Tes jambes t’avaient portées jusqu’à une salle abandonnée de tous, haïe des hommes, là où désirs devenaient folie impertinente et où la magie défiait l’esprit. Tes yeux carmins avaient détaillés ce vieux miroir, à la glace marquée par le temps, presque flou, comme s’il n’avait jamais fini d’être polit. Tu avais passé des heures, le temps d’une valse entre la lune et le soleil à contempler, t’imprégner de ce miroir, sans jamais ne voir apparaître ni ton reflet ni quoi que ce soit. Il n’y avait rien sauf un vide douloureux, qui te faisait te sentir plus mort que vif Dante, car rien n’apparaissait sur ce miroir magique sauf la salle poussiéreuse. Tu ne désirais rien, Dante, et ton cœur serti de ronces se serrait. Rien, pas de rêves fous, d’espoirs insensés, pas d’enfantillages ni d’utopies qui pourtant rendaient si humains tous les autres. Il n’y avait rien d’autre que cette salle poussiéreuse, que ces toiles d’araignées et cette couverture rongée par la moisissure.
Je ne montre pas ton visage mais de ton cœur le désir. Cela te tuait.
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Re: Bloodlust {Lisbeth} Lun 31 Juil - 22:36
i'll give you my blood
Dante Hohenwald
Tes pas résonnent dans les escaliers, puis dans les couloirs, lorsque tu cours sans t'arrêter, rapide et agile, jusque dans la salle que tu as pourtant toujours si attentivement évité. Tu ralentis ton allure jusqu'à ce que tu l'aperçoives, aussi grand que le miroir lui-même, ses yeux plantés dans la surface lisse, une main ensanglantée levée à hauteur du cœur. Tu te précipites vers lui sans un mots, ton regard soigneusement rivé sur tes chaussures, et une fois entre la surface réflective et Dante, tu te saisis de sa main délicatement. Ses phalanges sont ouvertes et la chair a cédé place à la blancheur du cartilage mis à nu. Tu prends une profonde inspiration, au bord du dégoût à cette vision désagréable et tu lèves tes yeux nuageux vers lui.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
Tu le tires légèrement sur le côté, là où il ne pourra plus voir son absence de reflet dont il s'est confié à toi auparavant, et tu le fais asseoir, directement au sol. Maintenant que tu es avec lui, que tu le sais en sécurité, tes mains ne tremblent plus et ta baguette est aussi sereine que s'il ne s'était rien passé. La tempête est passée, et les ravages sur les côtes ne sont pas du ressort de la mer désormais. Vulnera Sanentur. Ta voix est si basse que c'en est presque inaudible. La baguette cendrée pointée sur la main blessée, tu la sens vibrer dans ta paume comme étreinte d'une vie sienne. En quelques instants la chair se referme, le sang revient dans la blessure et la peau se coud d'elle même. Bien plus rapide qu'avec un être humain lambda. Après tout, les vampires guérissent vite. Tu remontes ta manche jusqu'au mi-biceps. Au creux de ton coude sont à peine visibles quelques petites cicatrices, vestiges des morsures qu'aucun de vous n'a pu guérir lorsqu'il n'y avait pas de baguette à proximité. Tu tends ton bras vers lui, confiante, pour lui donner de ton sang, le nourrir. Il doit en avoir besoin après avoir perdu du sien, et ça le calmerait. Ça, tu en es certaine. Après tout, vous n'avez pas passé vos vies l'un à côté de l'autre sans apprendre à vous connaître.
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