Ice witch - Sybil.

Sybil aurait certainement pu, dans une autre vie, être une jeune femme absolument charmante. Mais un résultat hasardeux, mélange subtil entre un dangereux alignement des astres et une mauvaise volonté à toute épreuve , finit par triompher des évidences pourtant acquises, et la jeune femme est ce qu'on pourrait communément qualifier de bâton merdeux: quel que soit le bout par lequel on la prenne, il en reste toujours sur les doigts. Elle n'est pourtant pas malveillante, dans l'idée. Juste...loin. Terriblement loin de toutes considérations pratiques au sein de Poudlard, et elle ne se gênera pas un seul instant pour vous rappeler que vous la gonflez potentiellement (et d'une façon certaine).Peu émotive, on pourrait la qualifier de solide si elle ne partait pas régulièrement dans des élans de passions peu contrôlés envers certains sujets, touchant toujours aux cultures magiques. Passionnée, mordue, fondue, elle vit, respire, mange, boit et pleure culture magique, et rêve, une fois son diplôme en poche , de s'envoler autre part pour enfin vivre sa vie, la vraie.

En dehors de ce sujet en particulier, elle ne laisse malheureusement rien paraître. Froide, désagréable et solitaire, elle pose son regard sur les autres comme on abattrait une guillotine sur la noblesse de France. Méprisante des basses considérations de ses semblables, elle se plonge dans le travail intellectuel pour apprendre, et, certainement, pour oublier sa solitude. Tout ce qui finit par se dégager d'elle est une aura d'ambitions, de réussites futures et de volonté d'écraser son prochain.

Mais pourtant, il n'en est rien.Au fond d'elle-même, elle ne veut que bien faire, pour ne pas déplaire à sa mère, entre autres. Son plus puissant moteur est ses idéaux de justice, qui sont présents, à l'extrême. Ca la bouffe, tous les jours. Mais dans les faits, elle est tellement sous pression qu'elle en devient une jeune femme que personne n'a envie d'approcher. Et elle en souffre. Mais la tête reste droite.
Ravale les larmes. Regarde droit devant toi. Tant que la famille est là, tu n'as besoin de personne d'autre.

Franche, elle ne passe jamais par quatre chemins, ce qui n'aide pas forcément ses relations sociales, et elle pratique l'aide bienveillante, qui consiste, sommairement, à rentrer dans le lard de la personne aidée pour qu'elle réagisse. Avec des amis comme elle, qui aurait besoin d'ennemis?

Elle apprécie de se joindre à des causes caritatives dont elle se fait régulièrement expulser, à cause de son attitude.

"Henry, avec tout le respect que je vous dois, si vous ne vous magnez pas le fion dans le demi-minute qui suit, je vous promets de vous envoyer une formidable gerbe d'étincelles dedans."

Il pose tendrement les yeux sur sa femme en guise de réponse. Qui aurait pu croire qu'Henry Newford, lui, le petit, le maigrichon à lunettes, le poufsouffle-carpette, aurait pu attirer un jour le regard de celle qui descendait de leur bateau, paquetage sur le dos,
et, comble du bonheur, petite fille solidement sanglée à l'avant?

Dix ans plutôt, la Serdaigle s'était plantée devant lui , Elizabeth "Sinister" Avery, et lui avait adressé la parole pour la première fois de sa vie.

"Il y a un bal, et il est hors de question que j'y aille avec un crétin. Vous êtes intelligent ,
et vous me plaisez physiquement. Vous viendrez me chercher devant mon dortoir à 19h."

Et il avait accepté. Et pendant toutes ces années, il n'avait jamais regretté son choix.
Le regard vert de la petite Sybil âgée de deux ans le confortait largement dans cette opinion. D'une main maladroite, il sortit les derniers sacs, et se prépara à monter le campement.

Brésil. Pérou. Chili. Nicaragua. Mexique. Elizabeth Avery cherchait quelque chose, et avait la ferme intention de le trouver dans tous ces endroits qu'ils explorèrent avec le temps, elle aux cartes, et lui aux reprographies. Sybil voyagea beaucoup, et vit de ses grands yeux une multitude de choses qui la firent babiller de plaisir , puis pousser des petits cris de joie. Les dix premières années de sa vie furent partagées entre voyages,
découvertes, et elle chérit encore aujourd'hui les moments précieux ou son père s'installait près d'elle sous la tente pour lui faire démonstration de sa magie et lui apprendre à lire.

Elle aurait souhaité rester avec eux pour toujours.

Mais la vie, étant ce qu'elle est, ne lui en laissa pas l'opportunité.

Onze ans, et la lettre tant redoutée arrive. "JE NE VEUX PAS Y ALLER", hurle, paniquée,
Sybil. Elle y va quand même.
Ses trois premières années sont un cauchemar, elle qui est si peu habituée au contact régulier avec d'autres humains qui n sont pas de sa famille. Elle est seule, ne se fait pas d'amis, et pleurniche souvent. Charles, le perroquet, n'arrive même pas à la dérider.
Sybil est triste. Sybil veut partir.

"Ce n'est plus possible", lui dit sa mère, alors qu'elle rentrait pour les vacances d'été.
"Tu ne vas pas passer l'intégralité de ta vie à chouiner que tu es seule."

La jeune fille s'étrangle dans ses larmes.

"Que les puissances me viennent en aide, Sybil. Ais-je accouché d'une Avery, ou d'un genre de serpillère? Viens ici."

Sybil pleure de tout son saoul.

"Les gens sont des crétins, Sybil. A part quelques rares exceptions comme ton père, ce sont des crétins. Surtout à ton âge. Tu n'as rien à leur prouver, et l'idée même qu'ils refusent d'avoir des contacts avec toi est symptomatique de leur bêtise crasse. On est d'accord là dessus? Arrête de pleurer. Arrête de pleurer, bon sang! Ecoute-moi. Ce sont des idiots, et il est hors de question qu'une Avery pleure pour des idiots. Tiens toi droite. Relève le menton. Et arrête de renifler comme ça, on lit en toi comme dans un livre ouvert. TU.ES.UNE.AVERY. Et tout ce dont tu as besoin se trouve dans ta famille. Tu n'es pas toute seule, et tu ne le seras jamais. Donc tu arrêtes de pleurer comme une madeleine et tu leur montres. File."

Sybil est perdue, et se demande quoi faire. Visiblement, elle pleure trop, et sa mère n'est pas fière d'elle. Son père à beau lui expliquer que sa mère est un cas très "à part" dans le monde des sorciers et sorcières, rien n'y fait. Elle comprend juste pourquoi sa grand-mère traite son père de "couille molle".
Elle rentre à Poudlard, pour sa quatrième année.

Sa mère qui l'accompagne lui fait signe de se tenir droite.

"Ne me déçois pas."

Six ans plus tard, Sybil jure encore qu'elle ne la décevra pas.