Finalement tu t'y étais habitué, et les cours que tu enseignais te paraissaient être une bonne façon de juger tes élèves et leur motivation. Tu savais que certains d'entre eux désiraient aller loin, beaucoup pus loin que ça mais ils n'en avaient pas tous l'étoffe. Le Droit et la Politique était l'une des clés pour intégrer les Grands du Ministère et malheureusement pour eux, les places restaient limitées aux meilleurs. C'est une chose que tu n'avais cessé de répéter les premiers jours, le regard dur et les mots tranchants. Ils semblaient avoir compris et la plupart étaient visiblement sérieux, alors ça t'arrangeait. Un sourire étira légèrement tes lèvres tandis que tu les renvoyais à la page 769 de leur bouquin sur les savoirs de base de toute personne normalement constituée. De la culture générale en somme, tu t'étais donné un mois avant de passer aux choses sérieuses, histoire de voir qui avait réellement la carrure pour continuer lorsque tes cours se compliqueraient.
Maintenant que vous avez lu, j'espère attentivement, vous avez gagné une interro orale. Faites pas cette tête, c'est très simple vous verrez.
Bizarrement même toi tu n'en étais pas aussi sûr. À en juger part cette esquisse pleine de mauvaise augure, ça ressemblait plus à de la fourberie. Mais c'était amusant alors évidemment que tu n'avais pas reculé. Il y avait cette fille au troisième rang, l'air de madame je sais tout agrafé au visage, qui avait l'envie impatiente de te répondre. Tu l'avais interrogée, et ton regard plein de sérieux s'était perdu dans le tien. Tu cherchais à la déstabiliser, clairement et ça semblait fonctionner à merveille.
Dieu que tu adorais ça.
Faites-moi donc un bref résumé de ce que vous avez appris cette année. Je veux au moins un élément de chaque cours, sinon c'est la porte.
Elle déglutit, visiblement mal à l'aise, tandis que toi tu ne lâchais pas ce demi-sourire et ce regard acéré avec lequel tu la fixais depuis bientôt deux longues minutes. Toute son assurance envolée, tu soupiras finalement, détournant le regard sur le reste de ta classe en croisant les bras.
Ça, c'est pas bien. Trop de confiance tue la confiance, pensez pas tout savoir et ne soyez jamais trop sûrs de vous parce qu'il y aura toujours quelqu'un pour vous faire comprendre que vous n'êtes qu'une merde parmi les autres. Et vous l'êtes c'est évident.
Les regards s'indignaient et les souffles s'animaient, tu ne cherchais pas à leur cacher la vérité alors tu savais forcément que ces réactions étaient à prévoir. La fille, elle, semblait dépitée et sur le point de pleurer. Non, non Camille, tu n'en demandais pas tant. Maintenant fallait réparer un peu tout ça.
C'est à la seconde où tu t'apprêtas à réclamer le silence que l'on toqua à la porte, et l'effet fut immédiat. Ton visage qui suivit les autres vers le bois de celle-ci pour y scruter la jolie silhouette qui s'infiltra avec tout le sérieux du monde. Cette gamine dégageait quelque chose qui te fendit les lèvres d'un énième et infime sourire carnassier. Tout chez elle te laissait croire, à première vue, que cette classe n'allait en être que plus amusante désormais. Et tu ne demandais rien de plus finalement, qu'un peu d'excitation dans ces cours monotones que tu donnais depuis la rentrée.
Tu l'écoutas à peine, prenant note de ses explications rapidement dans un coin de ta tête pendant que tu te posais nonchalamment contre ton bureau.
Bien. Mademoiselle... ?
Il ne te semblait pas avoir entendu son nom, première erreur.
Mademoiselle Disney, hum. Intéressant. Que voulez-vous faire plus tard, Miss ?
Puis sans même attendre une réponse tu te détournas vers ta classe pour leur donner un exercice à faire histoire de les occuper pour les dix prochaines minutes, avant d'observer à nouveau la jeune fille qui te faisait face.
Alors ?
Pas que ça ait une incidence quelconque sur ton cours, c'était simplement de la pure curiosité. De quoi jauger sa motivation.