☾ beaten and bruised (ft. andy)

All the pain and the truth I wear like a battle wound beaten and bruised

Souffle rauque déferlant de ses lippes, muscles crispées ondulant sous la peau, sueur perlant le long de son échine ; Perséphone jouait de ses poings contre la surface du punching ball, fantasmant sur le faciès sanguinolent de sa génitrice. Par instants, l’aigre douleur d’une flamme fleurissant sur sa chair l’hantait à nouveaux ; dégrafant ses vieilles balafres d’une brutalité mesurée. Aricie, Aricie, Aricie. Peut être s’infligeait-elle volontairement cette peine. Peut être creusait-elle ces réminiscences funèbres pour justifier son unique raison d’être, allaitant le carburant de sa carcasse rouillée : le fiel cultivé à son égard, la haine maugréant entre ses côtes. L’abominer de toute ses tripes gorgea ses poings d’une vigueur nouvelle, et leur cadence se fit plus furieuse. Un bleu de plus. Une cicatrice en trop. Perséphone ne s’arrêta pas avant que le tableau brodé par son cerveau ne fut qu’épiderme éraflé par l’animosité ; peau blême d’Aricie souillée par sa rancoeur.

Je te hais je te hais je te hais je te hais.

Le spectacle macabre se freina brusquement. Le rythme cardiaque se tempéra, tout comme ses envies barbares. Un soupir roula au creux de sa gorge. Disjonctée par sa propre rage, Perséphone voila ses pupilles quelques instants, s’accordant une minute de quiétude. Ça ne lui ressemblait pas, de perdre le contrôle ainsi ; poupée de marbre fissurée par ses propres souvenirs, poupée givrée devenue fauve indomptée. Ses dents happèrent sa lèvre inférieure, molestant la chair tendre ; filet d’hémoglobine serpentant le long de son menton, pour finalement s’écraser en misérables gouttes à ses pieds. Get a fucking grip.

Un bruit l’extirpa de sa rêverie.
La porte du club s’ouvrit dans un grincement sonore, alertant ses tympans. Haussant un sourcil, Perséphone se retourna précipitamment ; une tornade de rousseur martela ses prunelles, se précipitant vers elle en de longues enjambées. Une risette malicieuse tordit ses lippes bordeaux. Quelle agréable surprise.

Andy, amalgame de boucles safranés et épiderme albâtre.
Andy, quelle folie anima ta cervelle pour te jeter impunément dans la gueule du loup ?

Mais ne t’en fais pas. Perséphone t’accueillera à crocs ouverts.

Que me vaut donc une visite, mademoiselle Gaunt ?

beaten and bruised

Tu ne sais pas pourquoi tu avais eu cette idée Andy.
Elle n’était peut-être pas si mauvaise. Mais pas excellente non plus.
A quoi tu pensais, en t’inscrivant au club de boxe ? Tu avais du quitter le club de théâtre, car ton planning ne pouvait supporter autant d’activités par semaine. Mais étant donné que les amulettes coutaient cher et que la magie c’était pas vraiment envisageable, toi, la cape grise.
Il te fallait bien un moyen de défense.

Tu n’en avais pas parlé à Felix, tu voulais apprendre à te battre. Depuis le bal tu y réfléchissais, depuis que tu avais vu Raffaello et Felix se battre à sang devant tous le monde, et toi rester en retrait, à les observer sans pouvoir intervenir, la boule au ventre.

Tu avais entendu qu’une amie de Selene gérait le club de boxe, Persephone Blackwell. Décidément, les familles de sang-pur te poursuivaient. Avec assurance, tu lui avais envoyé un sms pour la prévenir que tu viendrais la voir pour lui clamer de l’aide. Demander une entraide.

L’esprit tordu et les trippes tendues, tu avais enfilé ton uniforme sportif, toujours ce gris chiné arborant le logo de gryffondor greffé au tissu. Le badge de préfet attaché sur une des bretelles, tu ne pouvais t’empêcher de sermonner ceux qui osaient te regarder de travers, alors que tu enfonçais tes ongles dans ta serviette.

Tu passes ta tête discrètement à travers l’encadrement de la porte de la salle réservée aux duels. Plusieurs étudiants sont en train de se battre sur des tatamis. Tu aperçois alors Persephone rangée sur le côté et tu traverses rapidement la pièce pour la rejoindre.
Sa beauté t’étourdie un instant, piétine encore plus ta confiance en toi. Le nom de famille qui effleure tes oreilles et ébranle ton âme.. Gaunt. Mademoiselle Gaunt. Tu fronces les sourcils et la dévisages interrogative pendant quelques secondes.

— « Mademoiselle Ollivander, s’il te plait. »

Tu ne sais pas si tu porteras le nom de Gaunt un jour, tu l’espères. Mais avant que cette période arrive, tu as du chemin. Et du travail à faire.

— « Persephone je.. Je pense que tu te doutes de pourquoi je suis là. »

Tu remercies intérieurement Selene de lui en avoir touché un mot. Tu joues nerveusement avec tes doigts, arrachant la petite peau à côté de ton ongle.

— « J’aimerai m’inscrire au cours de boxe. Je sais que je n’en ai jamais fait mais.. Je fais de l’athlétisme depuis 7 ans, donc je pense avoir un minimum de niveau sportif pour intégrer le club ! »

Tu ne sais pas pourquoi tu te justifies, tu te mords la lèvre. Elle n’oserait pas refuser, si ?

All the pain and the truth I wear like a battle wound beaten and bruised

Persephone je.. Je pense que tu te doutes de pourquoi je suis là.

L’hésitation au creux de ses palabres étira sa risette d’avantage ; malice et facétie ondulant ses lèvres une nouvelle fois. Oui, Perséphone éprouvait une allégresse certaine à la mettre mal à l’aise ; arquant son buste toujours un peu plus, contraignant sa colonne vertébrale dans une rigidité désagréable, imposant sa présence tel un fardeaux. L’astreignant à constater son existence, l’incitant à clouer ses prunelles ambrées sur son faciès ; prédateur drapé de traits éthérés.

J’aimerai m’inscrire au cours de boxe. Je sais que je n’en ai jamais fait mais.. Je fais de l’athlétisme depuis 7 ans, donc je pense avoir un minimum de niveau sportif pour intégrer le club !

Perséphone la toisa silencieusement ; saphir dardant l’ambre, visage durcit par la réflexion. Effectivement, Selene avait glisser de maigres mots à son propos, instillant une curiosité nocive sans pour autant marquer ses pensées. Ainsi, la demoiselle en perpétuelle détresse souhaitait fouler la cours des grands ? Perséphone lui accordait une beauté brulante et une grâce savamment maniée, mais ne soupçonnait point une pincée de mutinerie sous cette emballage satiné. Pourtant, Andy cheminait parmi les lions, dirigeant une meute de crocs sanguinolent ; l’écarlate abordé par les Gryffondors ne résultait pas du hasard. Mais pour l’instant, ses prunelles givrées ne discernait qu’un lionceau égaré.

Une louve parviendrait-elle à dresser une lionne ?

Perséphone ne reculait jamais devant un défi. Mais Andy possédait-elle la férocité nécessaire pour flatter l’épiderme d’autrui de son propre poing ? La rancoeur assez enflée pour semer l’hémoglobine de sa victime ? La témérité indispensable pour seulement défendre sa propre chair ?

Elle conclut qu’il lui fallait passer un test.

Il serait idiot de ma part de refuser une membre si… enthousiaste ?

Doigt échancré agrippant son menton, moue soucieuse semblant cogiter ; prenant délibérément son temps, étirant chaque syllabe, dans une simple tentative de pénétrer les méandres de sa cervelle, monopoliser chacune des ses pensées.

Cela dit, il me faudrait une idée de ton niveau. Tu ne vois pas d’inconvénients à me montrer tes capacités, bien sur ?

Affirmation déguisée en question. Elle pointa du doigt le punching ball usé.

Essaye de lui donner quelques coups.

Patiemment, Perséphone attendit qu’Andy se mette à l’oeuvre, s’adossant contre un mur immaculé. Sa main vint trifouiller dans sa poche, empoignant son zippo et une clope ; bout de cancer se glissant au creux de ses lèvres, volutes opaques ondoyant dans l’air. Interdit de fumer dans l’établissement ? Peut être bien. Mais la Blackwell ne courbait jamais l’échine aux règles imposées.

Son regard la considéra une nouvelle fois, observant la technique et la rapidité. Mais surtout, l’agressivité.

Dis moi Ollivander, à qui penses-tu, là, maintenant, tout de suite ?

Qui est cette personne animant tes fibres de haine ?

beaten and bruised

Les poings usés par des heures d'écriture manuscrite, ta concentration est déjà détruite. Les yeux de Perséphone te jaugent, te jugent. Mais tu restes droite et juste, dans ta manière d'être et de paraitre. Tu relèves tes cheveux pour les attacher en une queue de cheval, tirant sur ta brassière en échauffant tes bras.

Tu ne sais pas si c'est son unique présence ou celles des autres qui te dévisagent, qui t'intimident. Mais tu ne peux t'empêcher de t'empourprer quand elle t'intime de lui montrer.
Ce que tu sais faire.
Et tu sais en faire des choses Andy. Mais te défendre était bien ta bête noire. Médiocre en défense contre les forces magiques, tu devais au moins performer dans le physique.

Alors que tu jettes des rapides coups d'oeils vers les autres afin de les imiter, tu échauffes ton bras pour envoyer d'un rapide direct du droit dans le punching ball. Ta main mal positionnée, tu fais craquer tes os et plie les genoux automatiquement pour frotter ta paume en gémissement.

— « Dieu que je suis nul, bordel. »

Mais finalement, voyant que Persephone avait à peine sourciller, les bras croisés, tu décides de recommencer. Tu ne savais pas d'ou venait cette force, cette hargne qui te poussaient à maltraiter ce pauvre sac de sable, mais ça faisait un bien fou. Une libération et une adrénaline qui faisait bouillir tes veines jusqu'à ce que l'amie de ton amie refroidisse l'athmosphère automatiquement.
Qui était donc la source de cette haine ?
Tu la savais narquoise.
Isaac Andersen, Orphan Scamander, l'homme du ministère, Raffaello King.. Tant de noms et visages apparurent dans ton esprit. Mais un seul sortit d'entre tes lèvres purpurines.

— « Ramsay Gaunt. »

All the pain and the truth I wear like a battle wound beaten and bruised

Ramsay Gaunt.

Son sourcil se courba perceptiblement. La réponse semblait logique, mais insuffla malgré tout une étincelle de surprise au creux de son regard céruléen. Opalescences la dévisageant avec intérêt, faciès légèrement penché ; combien d’hématomes avais-tu parsemé sur sa peau, Andy ? Ton assaut chimérique l’exemptait t-il de séquelles, ou laissait-il gésir sa carcasse à peine vivante sur le macadam encrassé ? Dans un rare élan de bonté, Perséphone lui épargna ses espiègleries, jugeant avoir suffisamment sonder l’envergure de sa force mentale ; coffrant ses interrogations dans une crevasse nébuleuse de sa cervelle.

Poumons tirant une ultime volute fuligineuse, sa clope vint s'anéantir contre le mur. Se faufilant derrière son échine avec l’adresse d’un serpent, ses doigts longilignes encerclèrent ses poignets d’une fermeté délibérée. D’un geste vif mais succinct, Perséphone s’attela à positionner ses mains, lui intimant silencieusement d’imbiber ses coups d’une certaine solidité. Épiderme givré flattant subtilement la peau bouillante ; Andy et Perséphone, éléments contraires, antithèses personnifiées, s'opposant aux tréfonds même de leurs entrailles. Aussi précipitamment qu’elle jaillis, sa présence s’estompa ; arôme nicotinique et boisé demeurant après son passage.

Tes coups sont fortement semblable à de la guimauve. Ce ne sont pas seulement des poings, mais bien des armes issues de ta propre chair et de tes propres os. Use les avec fermeté.

Pause intentionnelle dans ses palabres. Perséphone la considéra un instant de plus.

Je suis prête à t’entrainer Andy, mais j’abhorre faire les choses à moitié. Je sais qu’une agressivité indispensable sommeille en toi, mais je ne suis pas certaine que tu souhaites véritablement t’en servir. Est-ce là ce que tu désires, Ollivander ?

beaten and bruised

Tu essaies, encore et encore. Mais la rage ne sort pas Andy. Elle reste enfermée en toi comme un animal en cage. Tu voudrais pouvoir faire exploser ta colère, parce que t'en as beaucoup en toi de la colère. De la haine contre ces gens qui te méprisent. Contre ces hypocrites qui médisent.
Et ce Ramsay Gaunt, ce qu'il a osé faire à Felix, ce qu’il compte faire de toi s’il te croisait. Cet homme qui a menacé tant de fois ton père, qui le ridiculise.

Les frissons parcourent ton échine alors que tu fixes du coin de l'oeil la risible Persephone Blackwell. C'était facile pour eux, les sang-purs. Tout leur était dû. En apparence du moins, tu sentais une certaine fissure au sein de son âme, flexible et fragile.
Elle te fait remarquer que tes coups manquent de puissance. Tu te mords la lèvre, prisonnière d'un sentiment de faiblesse intense. Tu baisses les yeux ponalement affronter les siens.

— « Je veux apprendre à me battre. Je veux apprendre à rendre les coups qu'on pourra me donner. »

Les larmes viennent timidement chatouiller les orbites, souillés par le sel qui coulent désormais le long de tes joues. Cascade d'une mer de désespoir qui se déverse sur le tatami.

— « Je voudrais juste pouvoir les protéger à mon tour, je n'en peux plus d'être tout le temps la princesse qu'on vient sauver. »

Alors tu frappes plus fort. Plus précisément. Tu serres le poing pour le laisser s'abattre contre ton adversaire. Pour l'abattre.

All the pain and the truth I wear like a battle wound beaten and bruised

Larmes salées sillonnant ses pommettes rosées ; curieuses, ses prunelles givrées dévisagèrent les traits contorsionnés par les pleurs. Pleurer, verbe incongru dans le dictionnaire Blackwell, gerbe de vulnérabilité intolérable. Perséphone ne connaissait guère la saveur des larmes, si ce n’était celles perlant son acrimonie ; mémoire ressassant distinctement le crépuscule où sa chair carbonisée avait humecté ses joues. Après tout, Aricie creusait volontiers des plaies sur l’épiderme de sa progéniture, et Perséphone ne saura jamais si ses sanglots émanaient d’une affliction lancinante ou de la cruauté crachée à son égard. L’abandon nichant entre ses côtes fut indéniable, tout comme le fiel parasitant ses pensées. Mais tout ceci demeurait dans le passé. Le mécanisme de pleurer fut arrachée de ses opalescences par ses propres mains échancrées.

Mais Perséphone décelait autre chose, tapit sous les larmes, grondant sous sa chair. Émotion bien trop connu de sa carcasse, rage suintant de ses pores en vagues frénétiques ; les poings martelant le punching ball ne se contentaient plus d’asséner, mais bien d’achever. Andy fantasmait sur le faciès sanguinolent de Ramsay Gaunt, résultant en sa colère palpable. Une risette satisfaite vouta ses lippes rubis. The little cub has grown teeth of his own.

D’un haussement de tête, la brune lui intima d’arrêter. La décision s’échafauda au creux de ses pensées, prête à être formulée.

Tu n’as plus à être la princesse, Andy. Il n’en tient qu’à toi de devenir le prédateur à ton tour.

Mais en seras-tu véritablement capable, Andy ? Ta rage ébranlera t-elle la hauteur de ses attentantes, ou te freinera t-elle dans ta lutte contre Ramsay Gaunt ?

J’accepte ton inscription au club de boxe. Mais n’oublie pas, quoi que je puisse t’apprendre, seule ta détermination et ta rage parviendront à te transformer en véritable lionne.

Fight or die.

beaten and bruised

Persephone semblait avoir compris, ce que ton coeur renfermait au fond de lui. Cette rancoeur amer animait tes pulsions meurtrières. Alors que tu te déchainais contre ce punching ball pour faire tes preuves, lui montrer que tu n'étais pas cette fille qui a besoin d'être défendue, qui ne dépendait pas des autres pour être en sécurité. Ni de Felix, ni de Selene, ni de Dave, ni de Maxine, ni de Cain et ni de Fenry. De personne, en fait.

Elle t'intime d'arrêter, tu reprends ta respiration, excédée. Fatiguée. Mais tu as la haine, et la niaque. Tu passes ta main sur ton front, te baissant pour attraper une serviette et t'éponger le visage. Elle te parle de prédateur, ça te remet les pendules à l'heure. Tu sais qu'elle a raison, c'est à toi de chasser ceux qui te chassent, mais voulais vraiment tu devenir le monstre que tu leur sommes d'être ?

— « Merci Persephone. Je m'entrainerai pour rester au niveau de ton club. »

Tu étais plus que motivée, et cela durerait le temps qu'il faudra. Alors tu lui souris timidement, tes joues s'empourprant.
Ses mots résonnaient encore dans l'encephale etourdi, qu'une main s'était renfermé sur ton coeur, l'écrasant d'une poignante vérité, d'une douloureuse lucidité.

— « J'ai une réunion avec Mr. Blane et les autres préfets de Gryffondor, donc je ne peux pas rester. Mais merci Persephone, et tu remercieras également Selene. Je sais que c'est elle qui t'a demandé pour moi. »

Tu ramasses tes affaires et t'éloignes. Le plus vite possible de ce lieu qui n'attendait désormais plus que toi.