Dragon de jade la lance profane son âme, détruit son cœur, le laisse là, las, lassant, allongé sur le sable, il observe le ciel. Cracheur d'amour, aimant des maudits, il était virtuose. Il est si peu. Il s'éteint, et se rallume, il n'est que renouveau. Une cigarette, assit sur le bord d'un lit, il baisse son regard sur votre corps, souffle, se lève, s'en va, il est parti.
Mais toujours, encore, il regarde ce ciel. Jadis, il le faisait aussi. Il se souvient.

Boucles blondes qui s'entremêlaient sous les caprices du vent, deux grands yeux sombres qui se posaient sur ces cotons célestes. Des fleurs venaient se perdre dans tout ces fils dorés, les joues roses, un sourire tendre. Ils étaient deux, une fille et un garçon. Leurs doigts se tortillent, joues, et s'accrochent, dans des rires candides. Cette herbe si rassurante, ces pleines si calmes et tranquilles, donnant vue sur de grandes montagnes, arbres sans racines qui poussent bien plus haut. C'est dans ces paysages magistraux et éloignés de toutes pollution que vécurent deux enfants. Ephraim et Aliana. Étrange comme personne n'arrive à savoir lequel est le petit Pendragon, et l'autre la jeune Stoller. Sûrement parce qu'ils sont tout deux si blonds, si beaux, si doux, et traînent ensembles sans arrêt. L'ombre de l'un est la lumière de l'autre.

Sur le sable, il s'endort. Il fait souvent ce rêve, encore et encore. Traumatisme douloureux, sinistrose de son passé qu'il ne parvint à oublier. Ces termes sont si violents, mais en rien définitifs. Il n'est pas torturé, simple nostalgique à ses heures perdues. Et là, il s'y perd encore. Il s'abandonne au temps, et se laisse dériver et guider par Morphée.

Elle pleurait souvent, assise sur cette petite table de bois. Il lui avait déjà dit plusieurs fois, d'en acheter une plus jolie. Une en verre, comme la famille Stoller ! Ah, la famille Stoller. Il lui en parle beaucoup, à table, avant de dîner sur cette petite table de bois. C'est vrai qu'ils sont si gentils. Il y passe la majeur parti de son temps, et c'est très bien d'ailleurs, car ainsi, il peut oublier et ne pas se rendre compte de ses larmes.
Mains jointes, devant ses lèvres tremblantes, elle récite cette même poésie. Adressée à un unique, une entité qu'elle croit salvatrice, porteur d'une lumière divine. Croyances très puissante, ce village n'a comme roi qu'un prêtre, et ils sont tous partisans de cette sourde adoration. Ses doigts font tourner cette même croix. Elle espère que la religion sera ses médicaments, elle espère qu'il lui pardonnera, elle espère que l'amour fuira son cœur, elle espère. Beaucoup. Espérance devrait être son prénom, car Aimée lui fut mal attribué. Elle n'est aimée de personne, et en aime tant.
Un en particulier. Pendragon, le père. Carte maudite dans le jeu des sept famille, elle osa le piocher. C'est une flamme qui s'empara alors de ces deux êtres, et un amour naissant, fort, chaud et pourtant, il poussait sous un mensonge. Un secret, venimeux, qui s’immisçait peu à peu dans le sang de la dame. Une moldu et un mage. En soit, cela n'a rien de bien anormal de nos jours, c'est même plutôt courant. Sauf dans la famille d'où elle provenait. Rustre, jugement bien cru, mais véridique. Fervents catholiques, ils tenaient en horreur les sorciers, les jugeant trop proches de Satan que de la lumière. Aveugle, elle ne parvenait pas à voir ses fleurs empoissonnées, car l'amour ternissait ses doutes. De nos temps, une situation comme cela est assez grotesque, douloureux alcool qu'on bois simplement pour oublier. La fumée de sa cigarette répare tout, ses mains sur ses joues force les sourires, elle ne sait rien, et elle est bien. Elle se satisfaisait de tout ça, elle n'en demandait pas plus.
La suite est d'une logique folle. Elle tomba enceinte, il l'aimait tant qu'il ne put résister, et lui dit tout. Ses larmes fut abondantes, mais elle n'en pensa rien. Aimée est abandonnée, Aimée est torturée, Aimée est mère.

Sa main vint faiblement rejoindre ses cheveux, et un soupire se perdit entre ses lèvres. La suite, il l'a vécu. La suite, elle est catastrophique, et elle fait encore mal, elle est un piment trop fort qui brûle la langue, et il a du mal à s'en souvenir. Cette douce torture qu'il s'inflige, il y prend plaisir. La suite, ce fut sa naissance. Il se tourne sur le côté, et entre ouvre les yeux sur ses mains, ses doigts, qui sont habitués à tenir une cigarette ou une tasse de café.

Ephraim. Ephraim. Ephraim.
Elle le répétait encore et encore, danse intemporelle qui ne s'arrêtera jamais, elle continue aujourd'hui encore. La prunelle de ses yeux, l'or dans ses mains, il lui ressemblait. A son père, à son amant, à son ex. Des cheveux blonds, de grands yeux sombres, un sourire angélique. Et son nom. Ephraim. Double récompense. Bénit par Jacob, il gît sur son trône, une couronne qu'il ne mérite pas sur sa tête. Enfant roi, il eut pourtant une éducation plus que stricte, forcé de se mettre à genoux devant une croix, de remercier un nom pour être en vie, il ne comprenait pas. Non, lui, il était bien loin de tout ça. Lui, il était dans l'herbe, il riait avec elle, et ne pensait plus vraiment à sa mère, qui pleurait sur sa table en bois.
Aliana était ce qu'il n'était pas. Rieuse, douce, aimante, naïve. Une femme parfaite, en soit, et qui bien vite, devint sa meilleure amie. Ce fut une enfance croisée, ce fut une enfance tumultueuse, ce fut une enfance compliquée. Beaucoup de pression se posèrent sur ses épaules, et la question de couple vint s'enrouler autour de leur gorges.
Ce fut alors d'un accord commun que les deux âmes décidèrent d'ensemble, s'unir, pour ravir les cœurs des mères, et satisfaire les craintes des pères. Sans amour, juste une complicité saine.
Car derrière ce titre de Couple avec un grand c, cela cachait une bisexualité honteuse, et une tendance aux corps un peu trop abusif. Ah, les hommes. Somptueuses créatures qu'il s'offre à goûter sans gêne, encore et encore, il en raffole. Et les femmes ? N'en parlons pas. Muses de ses nuits, il se blottit bien trop souvent dans leurs bras.

Ce problème sera douloureux plus tard, mais ses souvenirs n'en sont pas encore là. Esprit vicieux qui n'en fait qu'à sa tête, trottant autour des astres sans demander son reste, il s'est égaré sur cette immense école qui déchire le ciel en deux. Poudlard.
Un frisson le prit. Ce n'est pas le froid qui fait soulever ce torse somnolant, qui fait trembler ses paupières, non, ce sont les mémoires, folles furieuses, muses tentatrices, il se noie.

Ses années folles, la jeunesse, son cœur juvénile qui ne demandait qu'à apprendre. Comme sa mère l'avait tant redouté, il fut lui aussi bénit par le mauvais œil, et obtint un talent particulier pour la magie. Et c'est à contre cœur, après avoir déménagé, quittant l'Allemagne, qu'Ephraim arriva à Poudlard. C'est ici que sa passion pour les constellations et les étoiles vint charmer ses joues rosies par l'excitation d'apprendre. Sous le signe de l'aigle bleu, il devint virtuose. Et de virtuose, il se trouva génie. Passable dans le reste, pour séduire la lune, il était talentueux.
Il se voulait savant en l'astronomie, il voulait réussir, et c'est ce qu'il aime. Être supérieur aux autres de par son excellence, odieux personnage, ego fleurissant, il dépassait ses propres estimes. Ses vacances, il les passait avec Aliana. Toutes. Collection aux saveurs d'un bonheur doux, il n'y avait pas de questions délirantes à l'époque. Cela laisse un goût amer en bouche, c'est désagréable, c'est l'effet de la nostalgie. Non. N'étalons pas un passé futile, ses années dans cette prestigieuse ne fut pas d'un grand intérêt. Ce qui importe c'est la tristesse, les drames. Tristement, son histoire n'en est que très peu teinté, c'est assez rare de voir des larmes sur ces parchemins.

Les Pendragon s'en sortent toujours. Il eut l'audace. Et elle tomba amoureuse. Bien plus tard, avant de devenir professeur, il retourna en Allemagne, pour s'occuper de sa mère qui n'était qu'une épave de névrose. C'est dans ces années qu'il eut le noble titre d'homme en couple. Avec une femme qu'il n'aimait pas d'amour mais de fraternité, et c'était réciproque. Platonique, pratique. Ça allait de paire. Mais elle tomba amoureuse. La tâche d'encre sur la chemise, l'invité de trop, l'imprévu. Il ignorait, et elle souffrait. Le soir, les mêmes questions. Quels amants étais-tu avec ? Quelle femme peut te réclamer à la porte ? Si au début c'était une plaisanterie, la fin ne l'était pas. La fin, quand on en parle, elle fait mal. Un coup de couteau bien placé sur la joue, puis sur le cou, et vous vous écroulez.  My blood bleed golden. Broken bones. Bang bang.
Oublions.

C'est ce qu'elle lui gémit, c'est ce qu'il fit, ordre divin, sentence irréprochable, terminons le travail. 8 heures 30. Les secondes ne sont pas clémentes aujourd'hui, et le retard ne pardonne pas. Le reste de ses souvenirs glissent entre ses doigts comme de la poussière, il préfère la laisser partir. Il se lève. D'amant à souvenir, de fils à virtuose, d'élève à professeur, il fit tout, et échoua aux plus importants.